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quila, qui se trouvent dans la basse Latinité pour exprimer cet oiseau, & qui sont des mots faits sur le chant des cailles.

Quoiqu’il soit étonnant, comme Pline l’a remarqué Liv. X, ch. 23, qu’un oiseau si pesant, & qui s’éleve à peine de terre, dans les lieux de séjour, puisse passer la mer, & que quelques-uns aient mieux aimé croire que les cailles ne changeoient point de pays, mais se retiroient en des lieux écartés, & à l’abri pendant l’hiver, & qu’elles y vivoient de leurs plumes, ou de leur propre graisse, & de leur propre substance, le fait est cependant certain. Belon, de la Nature des Ois. Liv. 5, ch. 20, assure qu’il s’est trouvé deux fois sur mer au temps que les cailles passent, une fois en Automne lorsqu’elles s’en retournent, & une fois au Printemps, quand elles reviennent ; & que toutes les deux fois il avoit vu plusieurs cailles se reposer sur le vaisseau. Pline dit Liv. X, ch. 23, qu’elles s’abaissent quelquefois en si grand nombre sur les voiles, que par leur poids, elle ont fait couler à fond des barques & d’autres petits bâtimens. L’on remarque aussi qu’elles se reposent dans les Îles qu’elles rencontrent en mer, sur leur route. Aldrob. Ornithol. Liv. XII, ch. 22. Voyez de la Mare, Traité de la Police, Liv. V, tom. XXIII, ch. 2.

Les cailles arrivent à la fin d’Avril & au commencement de Mai, & s’en retournent à la fin de l’Eté. Lorsqu’elles ont le vent contraire, on dit qu’elles se chargent de sable qu’elles avalent, & qu’elles prennent de petits cailloux à leurs pieds, afin de se rendre plus pesantes, de crainte que le vent ne les emporte. Elles font volontiers leur passage quand le vent de Nord souffle, & elles appréhendent le vent de Midi, qui est chargeant, & les fait périr en mer quand il les surprend, à cause de sa moiteur, qui mouille & appesantit leurs aîles. Belon dit qu’elles ne vont point en troupe quand elles font leur passage, mais qu’elles partent la nuit deux à deux, bien qu’en même temps. La mangeaille des cailles est le millet & le blé.

La caille se plait dans les blés verts : elle y fait aussi sa demeure lorsqu’ils sont murs ; & dans leurs chaumes, quand ils sont coupés. Elles deviennent quelquefois si grasses, qu’elles ne peuvent s’en retourner, & servent de pâture pour l’ordinaire aux oiseaux de proie.

Il n’y a point d’oiseau qui multiplie davantage. Elles font jusqu’à seize œufs au mois de mai. Les femelles qui viennent à éclore en ce temps, s’apparient au mois d’Août, & font jusqu’à dix œufs. Dans les pays où elles retournent, elles font aussi deux pontes ; tellement qu’elles couvent quatre fois par an. Elles conduisent leurs cailleteaux par la campagne, & les retirent sous leurs aîles à la manière des poules.

Les Arabes disent que l’Iémen, ou Arabie-heureuse, a une espèce de cailles que l’on ne voit point ailleurs ; ils les appellent salova, & ils croient que celles que Dieu envoya aux Israélites pour les nourrir dans le désert, furent poussées par un vent du Midi de l’Iémen jusqu’à leur camp. Ils écrivent que ces cailles n’ont point d’os, & qu’elles se mangent toutes entières. D’Herb. Le nom salova, est le même que l’Hébreu שלו, selav, & au pluriel שלוים, salvim, qui est celui que l’Ecriture donne aux oiseaux que Dieu envoya aux Israëlites. M. D’Herbelot, au mot Salva, dit que Houssain Vaez, Comm. de l’Alcoran, remarque la même chose : il ajoute que c’est un oiseau particulier de l’Iémen, qui est plus gros qu’un moineau, & plus petit qu’un pigeon, qui n’a ni nerfs, ni os, ni veines, & dont le chant est fort agréable. Cela ressemble fort à nos becfigues. Quant à ce que disent les Arabes, qu’il n’a ni os, ni nerfs, ni veines, c’est une de ces expressions & hyperboles qui leur sont si communes, aussi-bien qu’à tous les Orientaux, & qui signifie seulement que cet oiseau est fort gras, que ses os, nerfs, &c. sont petits & tendres, & qu’on mange l’oiseau tout entier, comme en effet le becfigue, l’ortolan, &c. se peuvent manger tout entiers. Voyez ce que l’Antiquité a dit des cailles dans Vossius, De Idolol. L. III, c. 86, 88, 93.

Les Phéniciens offroient à Hercule des Cailles en sacrifice, & disoient que cette coutume venoit de ce que ce héros ayant été tué par Typhon, Iolaüs lui rendit la vie avec l’odeur d’une Caille. Fable fondée sur ce que dit Bochard, qu’Hercule étoit sujet au mal caduc, & qu’on le faisoit revenir en lui faisant sentir une Caille, dont l’odeur, au rapport de Galien, est un remède utile à ce mal.

☞ On appelle roi des cailles, un oiseau que l’on prétend servir de guide aux cailles, quand elles passent d’une région dans une autre. Sa chair est très-délicate, & l’on dit proverbialement que c’est un morceau de roi. Son plumage est grivelé comme celui de la Caille.

☞ CAILLEBOT, pour CAILLOT, ne se dit qu’à la place Maubert. Voyez Caillot.

CAILLEBOTTE. s. f. C’est une masse de lait caillé, qui est ferme & épaissi. Concreti lactis grumus, massa. Nous n’avons mangé que des caillebottes.

CAILLEBOTTÉ, ÉE. adj. Réduit en caillots, coagulé. Coagulatus, a, um. L’oreille droite du cœur étoit remplie d’un sang noir, épais & caillebotté. Duverné. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 158.

CAILLEBOTTIS. s. m. Terme de Marine. Espèce de treillis, ou tillac à jour, fait de menu bois, & placé entre deux hiloires, ou bordures pour servir à évaporer la fumée du canon quand on le décharge, & pour donner du jour entre les ponts, quand les sabords sont fermés durant l’agitation de la mer. Tabulatum pervium, ou cacellatum. L’espace qui reste des ponts est couvert de bordages de pareil échantillon que celui qui est attaché sur les membres, ou côtes du navires.

CAILLELAIT. s. m. Terme de Botanique. Gallium. Plante dont les fleurs ou tiges nouvellement fleuries font cailler le lait ; d’où lui vient son nom. Sa racine est menue, noueuse, rampante & traçante, d’un jaune tirant sur le rouge, chargée de quantité de filamens. Ses racines portent plusieurs tiges carrées, menues, hautes d’un pied & demi au plus, noueuses, & un peu velues ; chaque nœud est entouré de six, huit, & jusqu’à neuf feuilles, longues de trois quarts de pouce sur moins d’une ligne de largeur, d’un vert foncé. De la plûpart de ces nœuds sort de chaque côté une branche noueuse, garnie de feuilles, & terminée aussi-bien que les tiges par des bouquets de petites fleurs jaunes d’une seule pièce fendue en quatre quartiers, soutenus par un embryon qui devient, après que la fleur est passée, un fruit menu, brun, sec, composé de deux semences arrondies & aplaties par l’endroit où elles se touchent.

Il y a une espèce de caillelait aussi commun que celui-ci ; mais qui en diffère 1°, par ses fleurs, qui sont tout-à-fait blanches, 2°, par ses feuilles qui sont un peu plus larges, & plus courtes, d’un vert gai, & par ses branches qu’elle répand çà & là ; enfin, par l’odeur de ses fleurs, qui est foible.

Ces deux plantes sont à présent recommandées pour l’épilepsie. On prend l’une & l’autre indifféremment ; on en tire le suc en ajoutant du vin blanc, lorsqu’on les pile, ou bien l’on en fait une décoction, ou on les prend infusées à froid. On joint à l’usage de cette plante des purgatifs plus ou moins forts, & qu’on réitère suivant l’état de la maladie & les forces du malade. La poudre de ses feuilles est astringente, & elle suspend les hémorragies. La première de ces espèces se nomme Gallium luteum, & la seconde Gallium vulgare album. Inst. R. herb.

CAILLEMENT. s. m. ☞ État du lait, du sang