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CAG — CAH

Dieu ; d’où sont venus ces juremens déguisés morguoi, vertuguoi, sanguoi, &c. ☞ On les a aussi appelés Géziatins, comme descendans de Giézi, serviteur d’Elisée, qui fut frapé de la lèpre. Borel le dérive avec peu de vraisemblance de κἀγαθός, qui veut dire, & bonus, & bon, & homme de bien. On n’a jamais dit, κἀγαθός, mais καλοκἀγαθός.

Cagot & Bigot, synomymes. Dans l’usage ordinaire on confond ces mots, & nos Dictionnaires ne les distinguent pas assez. Ils prennent l’un & l’autre le masque de la vertu, & se montrent autres qu’ils ne sont ; mais la bigoterie paroît plus minutieuse : elle est scrupuleusement attachée aux petites pratiques de dévotion : elle convient particulièrement aux femmes. La cagoterie paroît dire quelque chose de plus ; elle s’étend aux actions, aux discours, à la conduite, à la manière de s’habiller, scrupuleusement attachée, comme la bigoterie, aux pratiques extérieures de la religion ; elle ne se fait aucun scrupule d’en violer secrétement les devoirs les plus essentiels. Le cagot est un homme détestable.

CAGOTERIE. s. f. Fausse dévotion, hypocrisie. Pietatis vanæ affectatio, ou affectata pietas, hypocrisis. Voyez Cagot. Il y a bien des gens qui font leur fortune par la cagoterie.

Oui, l’insolent orgueil de sa cagoterie
N’a triomphé que trop de mon juste courroux. Mol.

Cagoterie, secte, cabale de cagots. Hypocritarum turba, secta. Toute la cagoterie est pour lui, brigue pour lui.

CAGOTISME. s. m. Manière d’agir d’un cagot, caractère du cagot. Simulatæ religionis ambitiosior affectatio, pietatis simulatio. La profession du cagotisme efface la mémoire de tous les péchés qu’on a faits. S. Evr.

Dès que du cagotisme on fait profession,
De tout ce qu’on a fait la mémoire s’efface,
C’est sur la réputation
Un excellent vernis qu’on passe. Deshoul.

CAGOU. s. m. Mot du style bas, pour signifier un homme qui vit d’une manière obscure & mesquine, & qui fuit la bonne compagnie. Cet homme est un vrai cagou, il mene une vie de cagou.

CAGOUILLE. s. f. Revers d’éperon. Voluta helix. Quelques-uns appellent ainsi, en termes de Marine, une volute qui sert d’ornement au haut de l’éperon du vaisseau.

CAGUE. s. f. Terme de Marine. Sorte de bâtiment hollandois. Navis Batavica. La cague a quarante-sept pieds de long de l’étrave à l’étambord, douze pieds six pouces de dedans en dedans, & quatre pieds deux pouces de creux. L’étrave a neuf pieds de haut, un pied de large par le haut, & cinq pieds & demi de quête. L’étambord a sept pieds huit pouces de haut, & trois pieds de quête : il a sept pouces d’épais en dedans, & cinq pouces en dehors, & un pied de large par le haut. La sole a huit pieds cinq pouces & demi de large, & quatre pouces d’épais. Les varangues ont trois pouces & demi d’épais, & sont à un pied de distance l’une de l’autre ; les genoux sont à même distance, ayant quatre pouces d’épaisseur vers le haut, & cinq pouces de largeur. Le bordage a un pouce & demi d’épais, & la ceinte en a quatre & demi, & autant de largeur. Le bordage au-dessus de la ceinte a un pied de large. La serre-gouttière qui est au-dessus a un pied sept pouces de large, deux pouces d’épais, & cinq pouces de large en dedans. La couverte de l’avant a quinze pieds de long. La carlingue a un pied deux pouces de large, & trois pouces d’épais. Le cornet du mât s’élève d’un pied sept pouces au-dessus du tillac, & a quatre pouces d’épais : son étendue en dedans est de treize pouces d’épais & de quinze de large. L’écoutille qui est au devant a sept pieds sept pouces de long. La lisse a un pouce & demi d’épais. La couverte de l’arrière a quatre pieds huit pouces de long, & deux écoutilles. Le traversin d’écoutille a deux pouces d’épais, & quatre pouces de large. Les courbatons ont quatre pouces d’épais & cinq de large. La serre-gouttière a un pied neuf pouces de large. Derrèire le mât il y a un banc où les semelles sont attachées, & un autre au bout de la couverte de l’arrière. Les semelles ont onze pieds & demi de long, deux pieds de large par devant, quatre pieds & demi par derrière, & deux pouces & demi d’épaisseur. Le gouvernail a deux pieds & demi de large par le haut, quatre pieds cinq pouces & demi par le bas, & d’épaisseur par-devant autant que l’étambord ; mais il est un peu plus mince par derrière. La barre du gouvernail a huit pieds de long, quatre pouces d’épais, & cinq de large. Le mât a quarante-cinq pieds de long, & neuf palmes de circonférence. Le baleston a cinquante pieds de long. Il y a dans les courcives un taquet au-dessus de chaque courbaton. Les branches supérieures des genoux aboutissent sur la préceinte. On peut augmenter ou diminuer ces mesures de quelque chose, en gardant la même proportion entre les pièces ou les parties du bâtiment, pour faire une cague plus ou moins grande.

CAGUESANGUE. s. f. Terme populaire, flux de sang. Dysenteria. On ne le dit guère que par imprécation. La caguesangue lui puisse venir.

Ce mot vient du latin caco, & de sanguis. Voyez Dyssenterie.

CAH.

CAHAUCON. s. m. Drogue médecinale que les Chinois portent à Siam.

CAHIELLE. Voyez Cahiére.

CAHIER. Quelques-uns écrivent CAIER. s. m. Plusieurs feuillets attachés légèrement, qui ne sont point reliés ensemble, en sorte qu’on les peut ôter ou transposer comme on veut. Charta sæpius in se replicata, codex. Ce Marchand vend le cahier tant, le cahier de parchemin tant. Il faut prononcer caïé.

Ce mot vient de quaternus, qu’on a dit pour quaternio. Ménage.

Cahier se dit aussi des feuilles pliées ou détachées qui composent un livre relié. Folium. Ce volume est de tant de cahiers. Ils sont marqués par des lettres de l’alphabet, qu’on appelle signatures, & en italien registre. Cette relation est comprise en un cahier ; pour dire, n’a qu’une feuille pliée.

On appelle aussi cahiers, les délibérations de certaines assemblées, comme celles du Clergé de France, des Etats & autres, qui contiennent ou des remontrances, ou des propositions qu’elles font au Roi, & qui sont écrites sur du papier : le papier qui contient ces délibérations, s’appelle cahier. Acta. Les Etats de Bretagne, de Languedoc ont fait présenter leurs cahiers par leurs Députés.

Cahier, signifie encore des mémoires qu’on donne séparément. Libelli memoriales. Ces articles sont dans un cahier à part.

Cahier de frais, ou mémoire de frais. Ce terme est en usage parmi les comptables, & se dit d’un état qui contient en détail toutes les dépenses qu’un comptable a faites pendant l’année de son exercice. Le cahier de frai doit être signé du comptable qui le présente avec son compte pour le faire arrêter. Les comptables qui ont droit de cahier de frais payent ordinairement la dépense commune de leurs comptes. On lui a donné un cahier de frais.

Cahiers, sont aussi les écrits que les écoliers écrivent sous leurs Maîtres en Philosophie, Théologie, & en toute autre science qu’on enseigne dans les Ecoles. Codices. Un écolier doit représenter ses cahiers à son Maître, pour en obtenir une attestation de son temps d’étude.

On appelle Fesse-cahier, un écrivain qui écrit à la hâte des cahiers. Scriptor codicum festinus. Ce