Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
CAD

sortie de cadence, n’être point en cadence ; pour dire, suivre ou ne suivre pas les mouvemens du violon, du hautbois, du chant, &c. Intra aut extra numerum movere se, saltare, &c. In numerum canere, ad numerum saltare.

Cadence, dans le discours oratoire & la poësie, se dit de la marche harmonieuse de la prose & des vers, qu’on appelle autrement nombre ; mesure que doit garder l’Orateur, pour former des sons qui contentent l’oreille. Le style périodique & soutenu, gardant un juste milieu entre le style rapide & haché, & le style traînant & languissant, est le plus propre à flater agréablement l’oreille, & conséquemment le plus convenable aux Orateur. Isocrate fut le premier qui reconnut qu’on devoit garder quelque cadence dans la prose même. C’est un vice dans le discours que de faire trop sentir la cadence mesurée des périodes. S. Evr. Une cadence trop harmonieuse, & trop régulière, ennuie enfin l’Auditeur. P. Rap.

☞ La cadence des vers dans la poësie grecque & latine, dépend du nombre & de l’entrelacement des pieds qui entrent dans la composition des vers, des césures. Elle varie suivant les différentes espèces de vers. La cadence des vers saphiques est bien différente de celle des vers héroïques ou ïambique.

☞ Dans la poësie Françoise, la cadence résulte du nombre de syllabes qu’admet chaque vers, de la richesse, de la variété & de la disposition des rimes.

Ayez pour la cadence une oreille sévère. Boil.

Enfin Malherbe vint, & le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence. Id.

Cadence, en termes de Manège, est la mesure égale que le cheval doit garder dans tous ses mouvemens, soit qu’il manie au galop, ou terre à terre, ou dans les airs, en telle sorte qu’un de ses temps n’embrasse pas plus de terrain que l’autre, & qu’il y ait de la justesse dans tous ses mouvemens. Ainsi on dit qu’un cheval manie toujours la même cadence, qu’il suit sa cadence, entretient sa cadence, n’interrompt point sa cadence, ne change point sa cadence ; pour dire, qu’il observe régulièrement son terrain, & que ses mouvemens se soutiennent toujours également.

Cadence, se dit aussi de tous les mouvemens égaux qui se font dans les autres professions. ☞ Les Maréchaux battent le fer en cadence sur l’enclume. Ce que Virgile exprime heureusement dans ces vers, où il parle des Cyclopes :

Illi inter se se magnâ vi brachia tollunt
In numerum, versantque tenaci forcipe ferrum.

CADENCER. v. a. Donner de la cadence, de l’harmonie. Cadencer ses périodes ; pour dire, les rendre nombreuses & agréables à l’oreille. Il n’est guère d’usage que dans cette phrase.

CADENCÉ, ÉE. part. & adj. Qui a de la cadence. Numerosus. Tout cela est bien cadencé. Cette période est bien cadencée.

Un art pour soutenir l’esprit bientôt lassé
Des uniformes sons d’un discours cadencé.

On le dit aussi, en parlant de ce qu’on appelle dans certaines Messes, Séquence, sequentia, qui n’est autre chose qu’une prose rimée & cadencée.

CADÉNE. s. f. Chaîne à laquelle est attaché un galérien. Catena. Les Espagnols en ont fait aussi cadena. Ménage. Il est vieux & synonyme.à chaîne.

On appelle aussi cadéne des haubans, la chaîne de fer, au bout de laquelle il y a un cap de mouton ; qui sert à amarrer & à rider les haubans contre le bordage,

Cadéne se dit figurément en choses morales, pour marquer de grandes incommodités. J’aimerois autant être à la cadéne, que d’avoir à souffrir ces continuelles réprimandes. Ce mot est vieux, on ne s’en sert point.

Cadéne. s. f. C’est une des sortes de tapis que les Européens tirent du levant, par la voie de Smyrne.

CADENET. Ville de France en Provence, près de la Durance, à cinq lieues d’Aix.

CADENETTE. s. f. Poignée de cheveux qu’on laissoit croître autrefois du côté gauche, tandis qu’on tenoit les autres courts. Coma. Ménage dit que c’étoit du côté droit ; que cette mode fut introduite par H. d’Albert, Seigneur de Cadenet, Maréchal de France. La mode des cadenettes a été fort long tems en vogue.

On appelle encore cadenettes les cheveux, lorsqu’ils sont sépares en deux derrière la tête, & chaque partie entortillée d’un ruban, ce qui fait deux queues, ou cadenettes, qui tombent ou descendent sur les épaules.

☞ CADEROUSSE. Petite ville du Comté Vénaissin, à une lieue d’Orange.

CADÈS. Ville de la terre de Chanaan, située au midi, & sur les confins de l’Idumée. Il y avoit assez près une fontaine qui s’appeloit En Cadès, c’est-à-dire, fontaine de Cades, & auparavant En Misphat, fontaine de Jugement. Gen. XIV, 7. Le désert voisin se nommoit le désert de Cadès. Ps. XXVIII, 8. C’étoit le même que celui qu’on appeloit désert de Pharan, ou celui-ci étoit une partie de celui-là. Nombr. XIII, 27. On l’appeloit désert de Sin. Nombr. XIII, 36. Ce désert de Cadès fut une des stations du peuple d’Israël dans les déserts ; c’est la trente-troisième. Jos. V, 13, elle est appelée Cedès, au lieu de Cadès ; mais c’est la même chose.

Cadès étoit aussi le nom d’une ville de la Galilée, dans la Tribu de Nephthali. C’étoit une ville forte, située dans les montagnes, Jos. XIX, 37, XX, 7. Elle avoit été capitale du Royaume des Chananéens, auquel elle donnoit son nom. Jos. XII, 22. Après l’établissement des Israëlites dans la terre de Chanaan, elle fut ville de refuge. Elle est aussi appelée Cedès. Elle fut encore ville Lévitique, donnée aux enfans de Gerson. Jos. XXI, 32, 1.

Ce mot קדש, Cades ou Cedes, & plus proprement Cadesch, ou Cedesch, est hébreu, & signifie Sainteté, lieu saint.

Cadès Barné. Autre ville de la Terre Sainte, au midi, de la tribu de Juda, sut les confins de l’Idumée. Il paroît par le livre des Juges XI, 16, qu’elle est différente de Cadès : c’est le sentiment de Bonfrerins. C’est de-là que Moïse envoya des espions pour reconnoître la terre de Chanaan. Deut. I, 22.

☞ CADESSIA. Cadisia. Ville de Perse, dans la province d’Irach Babylonienne, à 30 lieues de Cufa. Baud.

☞ CADET, ETTE, adj souvent employé substantivement. C’est la même chose que puîné, puînée. Voyez ce mot. Quelquefois il signifie seulement le puîné, qui ne laisse pas d’avoir d’autres freres après lui, mais qui est cadet à l’égard de son aîné. Natu minor, junior.

Cadet se dit aussi, par rapport aux puînés des autres freres qui wont moins âgés que lui. Ainsi le second dit du troisième que c’est son cadet, le troisième du quatrième, &c.

Cadet se dit absolument du dernier de tous les enfans. Minimus. Benjamin étoit le cadet de tous les enfans de Jacob, & le plus chéri.

☞ Mais, par rapport au droit d’aînesse, tous les puînés sont appelés cadets, relativement à leur frere, qui est né avant eux, & à qui seul appartient le droit d’aînesse.

☞ Comme le droit d’aînesse appartient à celui qui se trouve l’aîné lors de la mort de l’ascendant : quelquefois un cadet devient aîné. A Paris, chez les Bourgeois, les cadets ont autant que l’aîné en partage. Les aînés n’ont le préciput que pour les biens nobles. La coutume de Caux, en Normandie, & bien d’autres, donnent tout à l’aîné, & laisse une petite légitime aux cadets. Coutume révoltante,