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CAB

CABAT. s. m. Vieux mot, qui veut dire une certaine mesure de blé. Il vient du grec κάϐας, qui veut dire la même chose ; & qu’Hesychius explique aussi pour une mesure de vin.

☞ CABAY. s. m. Nom que les Indiens & les habitans de l’Île de Ceylan & d’Arracan donnent à des habits faits de soie ou de coton, ornés d’or, que les principaux du pays ont coutume de porter. Encyc.

CABEÇA ou CABESSE. s. f. Les Portugais qui font le commerce des soies dans les Indes Orientales, ses distinguent par les mots de Cabeça, & de Bavillo, c’est-à-dire, tête & ventre. Les soies Cabeça sont les plus fines.

CABEER. f ; m. Monnoie de compte dont on se sert à Mocha.

☞ CABELA. Nom d’un fruit des Indes Occidentales, ressemblant beaucoup à nos prunes.

CABELIAU. s. m. Voyez Cabillaud.

CABESAS. s. m. Espèce de laines qui viennent d’Estramadure.

CABESTAN. s. m. L’s se prononce. Quelques-uns écrivent Capestan. Terme de marine. C’est un cylindre, ou un essieu, posé perpendiculairement, lequel se tourne, par le moyen de quatre leviers, ou barres qui le traversent ; & par le moyen d’un cable, qui est tourné sur ce cylindre, il sert à enlever ou à tirer les plus gros fardeaux qui sont attachés au bout de ce cable. Ergata. C’est : en virant les cabestans qu’on remonte les bateaux, qu’on tire sur terre les vaisseaux pour les calfater, qu’on les décharge des plus grosses marchandises, qu’on leve les ancres & les voiles, &c. Il y a deux cabestans sur les vaisseaux. Le grand cabestan est posé sur le premier pont, & s’éleve jusqu’à quatre ou cinq pieds de hauteur au-dessus du deuxième. On le nomme cabestan double, à cause qu’il sert à deux étages pour lever les ancres, & qu’on peut en doubler les forces, en mettant du monde sur les deux ponts pour le virer, étant garni de barres & d’autres pièces, comme taquets, entremises & languettes, pour le tourner & arrêter.

Le petit cabestan, ou cabestan simple, est posé sur le second pont entre le grand mât & le mât de misaine. Il sert à faire isser les mâts de hune & les grandes voiles, où il faut moins de force que pour élever les ancres. On appelle cabestan à l’angloise, celui où l’on n’emploie que des demi-barres, & qui à cause de cela n’est percé qu’à moitié. Il est plus renflé que les cabestans ordinaires. Il y a aussi un cabestan volant. C’est celui qu’on peut transporter d’un lieu à un autre. On dit, virer le cabestan, pousser au cabestan ; pour dire, faire tourner le cabestan. On dit aussi, envoyer les Pages au cabestan ; pour dire, ordonner que les garçons du vaisseau, qui ont commis quelque faute, aillent au lieu où ils doivent être châtiés. Sur la mer du Levant on l’appelle girel.

CABESTERRE. s. f. Terme de relation. On appelle Cabesterre dans les Antilles, la partie de l’Île qui regarde le levant, & qui est toujours rafraichie par les vents alises. La cabesterre est opposée à la basse-terre. La mer de la cabesterre est bien plus rude que celle de la basse terre, & est ordinairement remplie de roches & de falaises. Le P. Labat. Peut-être qu’il faut prononcer Cap-est-terre ; mais l’usage est pour cabesterre, c’est toujours une corruption de Cap-est-terre, c’est-à-dire, terre qui forme un cap à l’Est.

☞ CABIGIAK & CAPIHAK. Tribu des Turcs orientaux, à laquelle Oghuz-Kan donna ce nom. Ce Prince qui faisoit la guerre à un Prince de la nation des Tartares, fut obligé de reculer. Une femme de son armée pressée d’accoucher se retira dans le creux d’un arbre où elle accoucha d’un fils. Oghuz prit soin de l’enfant, le fit élever comme son fils, & pour marquer la singularité de sa naissance , lui donna le nom de Cabigiak, qui signifie écorce de bois. Cabigiak eut une postérité fort nombreuse, qui se répandit jusqu’au bord de la mer Caspienne. Ces peuples sont encore aujourd’hui connus fous le nom de Deschtkitchatk. C’est d’eux que sortirent les armées qui ravagerent les états que les Mogols possédoient dans la Perse. Ce fut chez eux, que Bajavet, premier Sultan des Turcs, leva des troupes pour les opposer à Tamerlan. D’Herb. bibliot. Orient. cité par Mor.

☞ CABIDOS. Voyez Cavidos.

☞ CABILLAUD ou CABLIAU. Asellus. Grand poisson de mer ainsi nommé par les Hollandois. On le pêche dans tous les ports de mer où il se trouve en abondance. C’est une espèce de morue fraiche Voyez Morue.

CABILLAUX. s. m. pl. C’est le nom d’une faction qui s’éleva en Hollande en 1350, dont parle Jean de Leyden, L. 29, ch. 16. Cabelgenses. Cabeliau, ou Cabilliaux, signifie un poisson de mer, appelé en latin Asellus. Cette faction avoit pris ce nom pour faire entendre qu’elle terrasseroit ses ennemis, avec autant de facilité, que ce poisson dévore les autres poissons. Ceux de la faction opposée s’appeloient Hoekenses, d’un mot qui signifie hameçon, parce qu’ils espéroient surprendre leurs ennemis comme on attrape le poisson.

CABILLE ou CABILAH. s. f. Terme de relation.C’est chez les Arabes une Tribu qui vit sous un Chef qu’ils se choisissent. Ces Tribus Cabilles sont indépendantes, & ne reconnoissent aucun Souverain Ce sont des troupes de vagabonds qui marchent sous un chef qu’ils appellent Cacique. On compte quatre-vingt de ces Tribus parmi les Arabes. D’Herb. Ozanam.

CABILLOTS. s. m. pl. Terme de marine. Petits bouts de bois qu’on met au bout de plusieurs herses qui tiennent aux grands haubans. Leur usage est de tenir certaines poulies dit vaisseau ; On appelle aussi Cabillots, de petite chevilles de bois qui tiennent aux chouquets avec une ligne, & qui servent à tenir la balancine de vergue de hune, quand les perroquets sont serrés.

☞ CABIN. Petite rivière de France, en Gascogne, dans le Tursan.

CABINET. s. m. Le lieu le plus retiré dans le plus bel appartement des palais, des grandes maisons. Conclave, secretius cubiculum. Les Officiers du Cabinet du Roi. Le Secrétaire, l’Huissier du Cabinet. C’est un favori, il a entrée dans le Cabinet.

Ménage dérive ce mot de Cavinettum.

Cabinet, signifie aussi une pièce d’appartement & un lieu retiré dans les maisons ordinaires, où l’on étudie, où l’on se séquestre du reste du monde, & où l’on serre ce qu’on a de plus précieux. Musœum. La place qui contient une bibliothèque, s’appelle aussi un cabinet. Ce Savant est toujours enfermé dans son cabinet. Il y a des gens qui écrivent bien, & qui perlent mal ; la raison est qu’ils ont besoin de tout le calme du cabinet pour bien arranger leurs pensées. S. Evr. On ne perd qua dans le commerce du monde cette contenance embarrassée, & cet air sombre qu’on acquiert dans le cabinet & dans la solitude. Idem.

Cabinet de Glaces. Cabinet dont le principal ornement consiste en un lambris de revêtement fait de miroirs, pour donner plus d’apparence de grandeur au lieu, & pour réfléchir & multiplier les objets. Conclave laminis cristallinis laqueatum.

Cabinet de Tableaux, de Livres, &c. est un cabinet où l’on garde des tableaux, des livres, &c. On dit plus particulièrement cabinet de livres, quand on n’a qu’une petite quantité de livres, qui ne suffit pas pour une bibliothèque : je n’ai point de Bibliothèque, je n’ai qu’un cabinet de livres.

Cabinet de Toilette. Pièce om les Dames se retirent pour faire leur toilette. Voyez Toilette.

Cabinet d’aisance. Lieu où sont placées les commodités connues aujourd’hui sous le nom de lieux à soupape. Molière a dit dans le Misanthrope, en parlant d’un méchant sonnet :

Franchement il n’est bon qu’à mettre au cabinet.

Cabinet, se dit aussi de ce qui est contenu dans un