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CAB

vert de planches dont on se sert sur la rivière de Loire. Cymba.

CABANER. v. n. Ce mot est particulièrement en usage parmi les gens qui voyagent aux Indes Occidentales. Il signifie, être, se mettre sous des cabanes. Cajas construere, ædificare. Quand le mauvais temps vient, on est contraint de cabaner. Les Sauvages cabannent autour de leur Capitaine. Denys, p. 1, c. 7. Il signifie aussi être en cabane, en parlant des oiseaux. Faire cabaner des serins.

CABANUARIA. s. f. C’est une ferme ou métairie, comme dit Salvin en son Traité des droits des fiefs, chap. 97.

☞ CABARER. v. n. Terme de brasserie, qui signifie jeter les métiers, ou l’eau d’un vaisseau dans un autre, soit avec le jet, ou le chapelet. Encyc.

CABARET. s. m. Lieu où l’on vend du vin en détail. Caupona, popina, taberna. On confond aujourd’hui ce mot avec celui de taverne. ☞ Autrefois dans les tavernes on ne vendoit que du vin, sans y donner à manger ; au lieu qu’on donnoit à manger dans les cabarets. De-là les mots tabernæ & popinæ chez les Romains. Maintenant les professions d’Hôtelliers, de Cabaretiers & de Taverniers sont confondues.

☞ Il semble que dans l’usage ordinaire, le mot de taverne dise quelque chose de plus odieux que celui de cabaret.

Ménage croit que ce mot vient de capretum, qui a été fait du grec κάπη, qui signifie lieu où l’on mange. Adrien Scriek dérive ce mot de cabaret de l’hébreu cabar, חבר, assembler, réunir, parce qu’on s’assemble dans les cabarets, sur-tout lorsqu’on est en voyage.

On appelle cabaret borgne, un méchant cabaret qui n’est fréquenté que par de pauvres gens, qui est obscur, mal propre, & mal servi.

On dit proverbialement & populairement qu’il y a du vin au cabaret à tout prix ; pour dire, qu’il faut faire la différence entre les choses, & qu’il y en a de diverse valeur. On dit aussi qu’un homme fait de sa maison un cabaret ; pour dire que tout le monde est bien venu à boire & à manger chez lui.

Cabaret. Espèce de petite table, ou plutôt plateau, dont les bords sont relevés, ordinairement couvert de vernis, sur lequel on met des tasses & des soucoupes, pour prendre du thé, du café, &c. Un cabaret de la Chine, du Japon.

Cabaret. Terme de Botanique. Asarum. s. n. Plante dont les racine est menue, traçante & fibreuse. Son odeur est très-forte, aromatique, tenant de le grande Valeriane & du Nard Indien ; c’est ce qui empêche de la joindre aux fleurs dont on forme des bouquets ; & c’est par cette raison qu’on la nomme Asarum, de l’a privatif, & de σαίρω, orno, ἄσαρος, non ornatus. Ses feuilles naissent des nœuds de la racine ; leur contour est pareil à celui de l’oreille extérieure, d’où vient le nom d’oreille d’homme, que quelques Botanistes ont donné à l’Asarum. Elles sont d’un vert foncé en dessus, plus pales en dessous, & sont portées par des queues qui ont deux à trois pouces de longueur. Ses fleurs naissent du même endroit que les feuilles, mais leur pédicule n’a guère qu’un pouce de longueur. Ces fleurs sont d’une seule pièce à six pans, d’un vert brun, tirant sur le rouge, longues de six lignes environ jusque vers son évasement, où elle se décharge en trois quartiers pointus, longs de quatre lignes ; teintes en dedans d’un rouge brun foncé. Cette fleur renferme plusieurs étamines, & un pistil qui devient, conjointement avec la fleur qui s’y colle, un fruit contenant six ordres de semences, semblables en quelque façon à des pépins de raisins.

Les racines de Cabaret entrent dans la Thériaque : données en substance, ou infusées dans du vin, elle sont vomir ; au lieu qu’étant mises en décoction dans de l’eau, elle deviennent diurétiques. Ses feuilles purgent encore plus violemment que ses racines.

Il y a une espèce de Cabaret qui croît en Canada, & qui n’est guère différent de celui d’Europe que par ses feuilles, qui quoiqu’arrondies se terminent en pointe. Ses racines ne sont pas vomitives, & son odeur n’est pas si désagréable. Le cabaret croît en plusieurs endroits du Royaume.

CABARETIER, IÈRE. s. m. & f. Qui tient un cabaret. Caupo, Tabernarius. Le Maître, la Maîtresse d’un cabaret. Les Cabaretiers n’ont point d’action pour le vin vendu chez eux en détail & par assiette, suivant l’article 128 de la coutume de Paris, & le 535e de la coutume de Normandie. Plutarque témoigne que les Lydiens furent les premiers cabaretiers. Horace les appelle perfides & trompeurs, à cause du mêlange de leurs vins. Perfidus hic caupo. On ne prononce point l’r finale dans le Cabaretier. On dit mal Cabartier & Cabartière.

CABARETIQUE. adj. de cabaret. L’hôtesse dit cela d’un ton si gravement cabarétique, que la rancune jugea qu’elle avoit raison. Rom. Com. Je ne sais s’il y en a des exemples ailleurs.

CABARNE. s. m. Cabarnus. Prêtre de Cérès dans l’Île de Paros. Le Géographe Etienne au mot Πάρος, dit que cette Île fut aussi nommée Κάϐαρνις, Cabarnis, & que ces noms venoient de Κάϐαινος, qui fut celui qui apprit à Cérès l’enlévement de sa fille Proserpine ; mais d’autres traitent cette étymologie de fable, & disent que Cabarne est un mot phénicient, que קרב Kareb, s’est dit dans cette langue aussi bien qu’en hébreu, pou, offrir en sacrifice, & קרבן, Korban, pour, oblation ; que de-là par la transposition du resch, r, & du beth, b, s’est fait קברנן, Kabarnin, pour, Karabnin, qui signifie, ceux qui offrent, qui font des oblations, des Prêtres ; & que c’est de-là que les Cabarnes ont pris leur nom.

☞ CABARRE. s. m. On donne ce nom à toutes sortes de petits bâtimens à fonds plats qui servent à secourir & alléger les gros vaisseaux en mer. Les Suédois & les Danois les appellent Clincar. Encyc.

CABAS. s. m. Panier de jonc où l’on met des figues. Fiscina. Il signifie aussi les figues qui y sont contenues. Ficorum fiscina. Ce Marchand a fait venir deux cens cabas de figues.

Leur Avocat disoit qu’il falloit bel & bien
Recourir aux arrêts : en vain ils les chercherent.
Car en certain cabas, où leurs gens les cacheret,
Les Souris enfin les mangerent. La Font.

Ménage dérive ce mot de l’italien cabaco, qu’il dit avoir été fait de cobacus latin. D’autres disent que c’est un mot hébreu retourné, sabac, qui signifie implexum esse. Il peut venir aussi de cabasset, parce qu’il a la même figure, & ressemble à une coiffe. Ces deux mots viennent de caput.

☞ CABAS, se dit aussi d’un grand coche de messagerie, dont le corps est d’osier clissé.

CABASSER. v. n. Vieux mot. Machiner quelque tromperie. Machinari.

Journellement chacun son cas pourchasse :
Noises y sont : on y trompe & cabasse.

CABASSET. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois une arme défensive qui couvroit la tête, une armure de tête. Cassis, galea.

Ce mot, selon Nicot, vient de l’hébreu coba, qui signifie un casque ou heaume, ou de l’espagnol cabeça, tête. L’Espagnol dit aussi bassinet, parce qu’il approchoit de la figure d’un bassin.

On dit proverbialement qu’un homme a bien du bon sens, ou de la malice, sous son cabasset ; pour dire, dans sa tête.

CABASSON. s. m. Poisson, le même que Lavaret. Lavaronus. Voyez ce mot.

CABAT.