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BOU

☞ BOULONNÉ, ÉE. part.

BOULONOIS. Voyez BOULENOIS.

Boulonois, oise s. m. & f. Bononiensis. Qui est de Boulogne en Italie, ou du pays dont Boulogne est la capitale.

Boulonois, s. m. Bononiensis ager. Petite province des Etats de l’Eglise en Italie, qui a le Ferrarois au nord, la Romagne propre à l’orient, la Toscane au midi, & le duché de Modène à l’occident. Il a pris son nom de Boulogne sa capitale. Les Italiens l’appellent Bolognese. Davity & le grand Atlas le nomment Boulognois ; Maty Boulognois, ou Boulonois ; M. Corneille Boulonois seulement.

Boulonoise. s. f. Terme de Fleuriste. Anémoine dont les grandes feuilles sont blances à font incarnat, sa peluche entremêlée de blanc, d’incarnat, & de citron : elle demeure long-temps en fleur. Sa peluche est fort bien rangée. Anemone Bononiensis. C’est aussi le nom d’une tulipe rouge, pâle & blanc. Morin Cult. des fleurs.

BOULOUBACHI. s. m. Terme de Relation. Capitaine des Janissaires. Janissariorum Centurio. Alloient deux à deux les Bouloubachis, ou les Capitaines des Janissaires, avec leurs grandes plumes sur le turban. P. Dan. Hist. de Barb.

BOULU, UE, adj. Ce mot est du petit peuple de Paris, qui dit châtaigne boulue, pour châtaigne bouillie. Elixus.

BOUNE. s. f. Vieux mot. Borne. Du grec βουνός, Coline, éminence. On a dit aussi Bourne.

BOUQUE. s. f. terme de navigateur des isles de l’Amérique, qui signifie proprement une passe, ou entrée passage étroit, d’où est venu embarquer & débouquer. Voy. ces mots.

BOUQUER. v. n. Baiser par force ce qu’on présente. Ce verbe ne se dit proprement qu’en parlant d’un singe, lorsqu’on le contraint de baiser quelque chose. Ce singe a eu bien de la peine à bouquer. Faire bouquer un singe. On dit aussi à un singe ; Bouquez cela ; & dans cette phrase, Bouquer est employé activement. ☞ On le dit au figuré, mais dans le style familier ou populaire, pour dire faire malgré soi quelque acte de soumission. Invite, œgrè facere. Il a résisté long-temps, mais à la fin il a fallu bouquer, céder à la force.

Ménage dérive ce mot de buccare, qu’on a fait de bucca, qui signifie joue.

BOUQUERAN. s. m. Vieux mot, qui signifie une sorte d’étoffe, qu’on croit avoir été faite de poil de chèvre, comme le camelot est fait de poil de chameau.

BOUQUET. s. m. Assemblage de fleurs arrangées & liées ensemble. Florum fasciculus. Un Bouquet de fleurs d’orange, de roses.

BOUQUET. On dit qu’une Dame a le bouquet ; pour dire, qu’elle est la Dame du Bal, qu’elle en reçoit les honneurs. Acad. Franç.

Ce mot vient de boscetum. Guichard dit de אבק, abak, qui signifie lier, d’où en lisant par transposition בקא, s’est fait bouquet.

Bouquet, se dit aussi des fruits, & d’autres choses liées ensemble. Voilà un beau bouquet de poires, un beau bouquet de plumes. On dit aussi, Bouquet de diamans, bouquet, de pierreries, bouquet de perles. En cuisine, bouquet de fines herbes. ☞ On emploie ce terme en Botanique dans le même sens. On dit que les fleurs de telle plante sont rassemblées par bouquets. On s’en sert aussi à l’égard des feuilles, & l’on dit qu’elles naissent par bouquets, Fasciatim ; pour dire, qu’il y en a plusieurs rassemblées.

Bouquet de cheveux, petite touffe de cheveux. Cette femme n’a qu’un bouquet de cheveux. On dit de même qu’un homme a la barbe par bouquets, quand il n’en a que de petite touffes, par-ci par là.

On appelle aussi Bouquets, les représentations de fleurs liées ensemble, qu’on fait dans des tapisseries, dans des peintures de panneaux de menuiseries, &c.

Bouquet d’émail. Ce sont des fleurs artificielles, que les Emailleurs font avec des émaux de diverses couleurs.

On appelle aussi Bouquet, un petit bois qui est dans un jardin de plaisance. Nemus, silvula.

Bouquet. Terme de Rivière & de Charpenterie. Tigillum. Les deux bouquets d’un bateau sont deux pièces de bois, faisant ensemble cinq pieds de long, servant à lier la matière-feuillie, c’est-à-dire les côtés, avec les deux courbes de devant. Caron.

Bouquet, est aussi un fer dont se servent les Doreurs ou Relieurs pour appliquer le bouquet dont ils ornent le dos d’un livre relié en veau.

Bouquet, se dit aussi parmi les Maquignons, de la paille qu’ils mettent à la queue & aux crins des chevaux qu’ils veulent vendre.

Bouquet, se dit figurément. Le bouquet sacré. Bouquet spirituel, se dit de quelque pensée ou affection, quelque mot court & vif qui renferme ce qui a le plus touché dans l’oraison mentale, & qui sert à nous élever à Dieu pendant la journée, & à nous rappeler le fruit de l’oraison & les saintes vues que Dieu nous y a données. Les Spirituels disent qu’il faut toujours à la fin de l’oraison se faire un bouquet spirituel ; qu’il faut de temps en temps pendant le jour flairer le bouquet spirituel, c’est-à-dire, se rappeler ce mot, cette pensée. Sertum spirituale. Il faut abandonner ce mot aux mystiques.

On dit proverbialement d’une maison, qu’elle a le bouquet sur l’oreille ; pour dire, qu’elle est à vendre : & d’une fille ; pour dire, qu’elle est à marier. On dit aussi, donner le bouquet à quelqu’un, quand on l’engage à donner un bal ou un repas à une compagnie : & rendre le bouquet, régaler à son tour, ceux qui ont régalé. On dit aussi, qu’une femme fait porter le bouquet à son mari, quand elle lui est infidelle.

BOUQUETIER. s. m. Terme de Faïencier. Vase de faïence, où l’on met des fleurs.

Bouquetier. Ouvrier qui fait & vend des fleurs artificielles. Les Maîtres Plumassiers de Paris prennent la qualité de Bouquetiers.

BOUQUETIÈRE. s. f. Celle qui fait des bouquets. Coronaria.

Bouquetière, signifie aussi celle qui a le droit d’exposer & de vendre toutes sortes de bouquets de fleurs naturelles. Elles sont appelées maîtresses Bouquetières, Chapelières en fleurs. Il leur est défendu de se servir de fleurs d’Acacia, & les autres fleurs qu’elles emploient, doivent être nouvellement cueillies.

BOUQUETAIN. s. m. Bouc-etain, Steinbok. Ibex. Voy Bouctein.

BOUQUIN. s. m. Vieux boux. Hircus. On appelle aussi Bouquins, les mâles des lièvres & des lapins.

On appelle figurément un vieux bouquin, un vieux débauché, fort adonné aux femmes.

☞ Dans la fable on donne le nom de Bouquins aux satyres, parce qu’on les représente avec la figure de bouc depuis la ceinture jusqu’en bas.

Cornet à Bouquin. C’étoit autrefois une grande flûte de paysan. Cornu musicum. Elle sert maintenant dans les chœurs de musique des Eglises. Voy. au mot Cornet.

Ménage dérive ce mot de buccinum, qu’on a dit pour buccina.

On appelle aussi de vieux livres dont on fait peu de cas, de vieux bouquins. Vilis & obsoletus codex.

Ce mot vient de l’allemand buck, ou bouc, qui signifie un livre, & parce que les premiers livres imprimés nous sont venus de ce pays-là, on a appelé bouquins les vieux livres. Voyez Naudé dans le Mascura, p. 172. Lipse croit que l’Allemand vient du Latin buxus, parce que le buis servoit à leur reliûre. Le P. Kirker, Œd. Æg. T. 2. p. 6, en rapporte une étymologie plu vraisemblable. Il dit qu’on écrivoit autrefois dans le Septentrion sur des tablettes de hêtre, qui dans les langues septentrionales s’appelle Buch, buchbamub ; que c’est de-là qu’ils ont aussi appelé un livre buech, & bûcher au pluriel.