Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/995

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
971
BOR

serenitas, sérénité ; bor, c’est-à-dire, puritas, pureté ; bar, qui est la même chose que frumentum, blé.

Les Anciens ne faisoient venir le Borée que de la Thrace ; mais c’étoit une erreur dont Cluvier montre les causes. Germ. Ant. L. I, p. 15. Les Athéniens érigèrent un autel à Borée. Voss. de Idol. L. III, c. I. M. Sperlingius a fait un livre sur le Borée & ses louanges, Boreas ejusque laudes, Hasniæ, 1707. Quoiqu’il s’étende souvent en général sur le Septentrion, son principal sujet est le Borée ; il y montre qu’on l’a regardé comme un Dieu dans l’Antiquité ; il parle des sacrifices, des jeux, des festins, des fêtes qu’on faisoit en son honneur, il dit qu’il purifie l’air, & qu’il lui donne la sérénité & la salubrité ; qu’il empêche les édifices de se pourrir ; qu’il chasse la peste & les autres maladies ; qu’il emporte & jette dans la mer les sauterelles qui ravagent les campagnes. Il prétend que les étésies viennent du Nord. On prend communément le borée, dit le P. Pezron, pour le vent du Septentrion ; mais anciennement on le regardoit avec raison comme le vent du Nord-est qui vient du Levant d’été, & qui souffle entre l’Orient & le Septentrion. Il ajoute que ce mot est formé sur le Borée des Celtes, qui veut dire, le matin ; parce que le matin, ou la lumière la plus grande de l’été, venoit d’entre l’Orient & le Septentrion, d’où ce vent ordinairement souffloit vers ce temps-là.


BORGHÈSE. Nom propre d’une famille très-considérable à Rome, qui devient adjectif en notre langue. Borghesius, a, um. Le Palais Borghèse. La Vigne Borghèse, Villa Borghesia, & vulgairement Villa Pinciana. C’est une maison de plaisance des Seigneurs de la maison Borghèse. Il parut à Rome, en 1716, une description de la vigne Borghèse en vers latins. Prononcez comme si l’on écrivoit Borghuèse.

BORGNE, adj. m. & f. Qui n’a qu’un bon œil. Cocles, unoculus, luscus. ☞ Homme borgne. Cheval borgne. Femme borgne. Le mot de borgnesse n’est connu qu’à la Place Maubert. Ménage croit que ce mot vient du bas-breton born qui signifie la même chose. ☞ Il est souvent employé substantivement, au masculin seulement. C’est un méchant borgne. Les borgnes passent pour être méchans. On dit populairement, malin borgne, & malin comme un borgne. Pierre Flotte, homme violent & avare, fit révolter la Flandre par ses concussions sous Philippe le Bel l’an 1502. Mézeray, en la vie de ce Monarque, dit qu’il ne faut pas s’en étonner, parce qu’il étoit borgne. Les borgnes sont de ceux qu’on dit être marqués au B. Voyez B.

Borgne, se dit figurément d’un lieu obscur & mal éclairé. Obscurus, tenebrosus, cæcus. Un cabaret borgne, c’est un méchant cabaret. Une maison borgne, est celle dont on a bouché les vues, qui est sombre, obscure.

Borgne, en termes de Médecine, se dit du premier des trois gros boyaux ou intestins. On l’appelle cæcum, ou sac, parce qu’il n’a qu’un trou ou conduit ouvert. Il est situé entre l’iléon & le colon. Les pourceaux & les animaux gloutons ont un cæcum grand ou double.

On appelle aussi une grenade borgne ou aveugle, celle qui n’a pas besoin d’être allumée pour être jetée avec le mortier, mais qui s’allume en tombant. Voyez Grenade.

On dit proverbialement, faire des contes borgnes ; pour dire, de méchans contes, mal faits. On dit aussi un compte borgne, pour dire, opposé à rond. On m’offre 195 liv. 10 s. de cette dette, c’est un compte borgne, j’en veux cent écus, c’est un compte rond. On le dit aussi d’un compte qui n’est pas clair. On dit aussi, changer son cheval borgne contre un aveugle, pour dire, faire un mauvais troc. On appelle aussi un faux borgne, un homme qui fait le niais, qui feint de n’avoir pas bonne vue, & qui toutefois tâche à tromper. On dit aussi qu’au Royaume des aveugles les borgnes sont Rois. On dit aussi, voilà bien visé pour un borgne, pour se moquer des tireurs mal adroits.

BORGNESSE. s. f. Femme qui n’a qu’un œil. Lusca, altero oculo capta. Il ne se dit que par injure & par mépris. Terme tout-à-fait bas.

☞ BORGO. Borgus, ou burgus. Ville de Suède, en Finlande, dans la province de Nilande, sur le golfe de Finlande.

Borgo-forte. Burgus-fortis. Petite ville d’Italie, dans le Duché de Mantoue, sur le Pô.

Borgo-sans-Donnino. Ville d’Italie, dans le Duché de Parme, avec un Evêché suffragant de Bologne.

Borgo-di-san-Pietro. Partie de la ville de Rome où sont le Palais du Vatican & la Basilique de S. Pierre.

Borgo-di-san-Sepolcro. Burgus sancti Sepulchri. Ville d’Italie, dans les Etats du Grand Duc de Toscane, dans l’Ombrie, près du Tibre, avec un Evêché suffragant de Florence.

Borgo-di-Sesia. Sessites Burgus. Ville d’Italie, proprement du Milanez, quoiqu’elle foit dans les états du Duc de Savoie, fur la rivière de Sesia qui lui donne son nom.

Borgo-di-Val-di-Taro. Burgus vallis Tari. Petite ville d’Italie, au Duché de Parme, capitale de la Principauté de Val-di-Taro.

BORIDIA. s. f. Espèce de mets salés, préparés avec une sorte de petit poisson qu’on mange cru. Ce ragoût, ainsi que tous ceux de la même espèce, sont nuisibles à l’estomac, durs à la digestion, & malfaisans pour le ventre qu’ils relâchent. Dict. de James.

BORIN. s. m. Oiseau. Voyez Bouvier.

☞ BORIQUEN. Boriquena. île de l’Amérique septentrionale, sous la puissance des Espagnols, parmi les Antilles.

☞ BORISSOW, ou BORYSOW. Borellovia. Ville du Duché de Lithuanie, en Pologne, au Palatinat de Minsky, sur la rivière de Berezina.

BORISTÈNE, ou BORYSTÈNE, & BORYSTHÈNE. Grand fleuve d’Europe. Boristhenes. Le Boristhène a sa source dans la Moscovie, au Midi de celle du Volga, & au Couchant de la ville de Moscou. Il traverse une partie de la Moscovie & de la Lithuanie, & toute la basse Volhinie, & se décharge dans la mer Noire, entre la petite Tartarie & la Bessarabie. Jornandez l’appelle Donaster, Ammien Marcellin Danastus, Louis Decius Deniéper, Mercator Niéper, Leunclavius Brisna, Pencer Berezina, Cromer Dnester & Nester. Mais le Niéper est le Neparis d’Hérodote ; pour le Nester, c’est le Tyras, qui coule entre le Boristhène & le Danube ; & la Beresine c’est le Boristhène. Voyez Baudran. Les Géographes conviennent que le Pripèce est le Boristhène méridional des Anciens, & quelques-uns même pensent que la Beresina étoit le Boristhène septentrional. De cette forte le Niéper auquel on donne aujourd’hui le nom de Boristhène, n’auroit été autrefois qu’une des rivières qui se jetoient dans ce fleuve. Le Boristhène a treize sauts ou cascades formées par des rochers qui traversent son lit, & qui en rendent la navigation impossible.

L’Empereur Adrien avoir un cheval de chasse qu’il appeloit Boristhène, & auquel il érigea un tombeau & des colonnes après la mort, avec des inscriptions, ou épitaphes. Voyez Scaliger sur Sparrien, dans la vie d’Adrien.

BORISTHÈNE. Ville ancienne située sur le Boristhène, & habitée par des Grecs, ou plutôt mêlée de Grecs & de Barbares, c’est-à-dire, de Scythes ou de Gètes. Borysthenis, Olbia, Olbiopolis. Strabon dit qu’elle fut bâtie par les Milésiens, qui la nommèrent Olbia, c’est-à-dire, l’Heureuse ; qu’ensuite elle prit le nom du fleuve sur lequel elle étoit située. Le P. Lubin prétend que c’est Oczacow.

BORISTENITE. s. m. & f. Habitant de la ville de Boristhène. Boristenites. Olbiopolites. Plutarque, dans la vie de Cléomène, parle de Sphoerus le Boristénite. Corn.

BORITIS, dans le grand art, signifie le mercure parvenu au noir très-noir, ou le laiton qu’il faut blanchir.

☞ BORMIO ou WORMS. Bormium. Ville du pays des Grisons, avec titre de Comté, fur la rivière d’Adde ; il y a dans son voisinage des bains célèbres, nommés bains de Bormio, Bormiae aquæ.

☞ Elle donne le nom au Comté de Bormio, petit pays des Grisons alliés des Suisses, sur les confins d’Italie &