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BON

BONASUS. s. m. Espèce de bœuf sauvage, un peu plus grand que les bœufs ordinaires. Sa tête & son cou sont couverts de grands crins jaunes, plus longs & plus mous que ceux du cheval. Ses cornes sont contournées en dedans, ensorte qu’elles ne lui servent pas de défense ; elles sont d’un beau noir luisant. Le poil de son corps est gris cendré, tirant sur le roux. Sa peau est fort dure & à l’épreuve des coups. Son cri est semblable à celui du bœuf. Il se trouve entre la Pæonie & la Médie. Il habite les lieux montagneux. Sa chair est fort bonne à manger ; ses cornes sont astringentes, sudorifiques, & résistent au venin. ☞ Les anciens Naturalistes rapportent que cet animal, quand il est chassé, ne pouvant écarter les chiens avec ses cornes recourbées, se défend en lâchant sur eux ses excrémens, à la distance de vingt-quatre pieds. Ces excrémens sont une espèce de caustique assez corrosif pour enlever le poil de l’endroit où il tombe sur le corps des chiens.

BONAVOGLIE. Voyez Bonne voglie.

BONBANC. s. m. Sorte de pierre fort blanche, qui se tire des carrières qui sont aux environs de Paris. Le bonbanc se mouline, & ne résiste pas beaucoup au fardeau ; mais il dure assez long-temps lorsqu’il n’est pas exposé à l’air, ni à l’humidité. Celui qui a un lit coquilleux & quelques molières est le meilleur. Il a depuis 15 pouces jusqu’à 24 de hauteur, & on s’en sert aux façades intérieures des bâtimens, & pour faire des rampes & des appuis. On en tire aussi des colonnes.

Bonbon. s. m. Terme enfantin, qui signifie quelque friandise qu’on donne aux enfants. Crustula, cupedia. Voilà du bonbon. Une nourrice, une gouvernante dit à un enfant : soyez sage, & vous aurez du bonbon. Si vous ne criez point, je vous donnerai du bonbon. Comment ? vous êtes friand, vous aimez les bonbons. C’est le mot bon répété deux fois, pour marquer quelque chose de bien bon.

Au pluriel on dit Bonbons.

Soyez sage, & demain,
Lui disoit-on, vous le verrez ; soudain
Il s’apaisoit, une telle promesse
Plus le flattoit que bonbons & caresse.

P. Du Cerc
.

On se sert aussi de ce mot dans le style burlesque ; pour dire, des rafraîchissemens, des confitures.

Après sur le théâtre même,
Notre cœur en liesse extrême,
Ayant pris la colation
De bonbons en profusion. Loret.

Un Poëte la dit aussi en parlant d’un petit chien.

Pour rendre encor mon malheur plus complet,
Il ne fut pas même jusqu’à Cadet
Qui d’aboyer contre moi ne fît rage,
L’ingrat Cadet à qui dans mon manchon
J’avois tant soin de fourrer du bonbon.

BONCON. s. m. Vieux mot. Balle qu’on jetoit avec l’arc. Il y a dans le Roman de la Rose, en parlant d’une montagne.

Si haute que nulle arbalête,
Tant fut fort, ne détraire prête,
Ne treroit ne boncon ne vire.

☞ BONCONVENTO, ou BONCONVENT. Bonus conventus. Petite ville d’Italie, dans la Toscane, près de Sienne, sur une colline.

BONCORE. s. m. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’un narcisse, qui produit à l’extrémité de sa tige douze fleurs qui ont les feuilles blanches & épaisses, & au milieu de ces feuilles un godet crêpu & plissé. On lui a donné le nom de Boncore, parce que celui qui l’a trouvé le premier, s’appeloit ainsi.

BOND. s. m. Réflexion, rejaillissement que fait un corps dur en tombant à terre, ou sur un autre corps. Saltus ex soli repercussu. Un balon en tombant fait plusieurs bonds. Le boulet rejaillit sur lui d’un bond qu’il fit. Ils se mirent à rouler des pierres du haut de la montagne, qui faisant plusieurs bonds, en tomboient avec plus de violence. Vaug.

Quelques uns tirent ce mot du grec βόμϐος, βομϐεύειν, resonare, strepere, ce qui est le propre des choses qui bondissent.

Bond, se dit particulièrement au jeu de paume, pour marquer le rejaillissement que fait la balle après avoir frappé le carreau. Attendre, prendre la balle au bond, entre bond & volée. La balle prise au premier bon est bonne : prise au second bond, elle est nulle.

☞ On dit figurément & familièrement, prendre la balle au bond, faire une chose précisément dans le temps où elle est faisable. La prendre entre bond & volée, profiter du moment unique, après lequel elle ne seroit plus faisable. La faire tant de bond que de volée, la faire de façon ou d’autre, de la manière qu’on le peut.

Quand on relève une chose après quelqu’un, on dit que ce n’est que du second bond.

On dit qu’une balle fait un faux bond, lorsqu’en rejaillissant elle s’écarte du lieu où vraisemblablement elle devoit tomber ; lorsque le bond ne se fait point selon la règle ordinaire de l’incidence des corps mûs en ligne droite, ce qui trompe le joueur & lui fait manquer la balle. L’angle de réflexion, quand il n’y a point d’obstacle, est légal à angle d’incidence. Cette balle a fait un faux bond qui m’a trompé.

☞ Dans un sens figuré, on dit familièrement, faire faux ’bond à quelqu’un, manquer à ce qu’on lui devoit, à ce qu’on lui avoit promis.

☞ Faire faux bond à son honneur, manquer à ce qu’on lui doit. Cette fille a fait faux bond à son honneur, a manqué à son honneur.

[[sc|Bond}}, se dit aussi des sauts fréquens que font les chevaux, les agneaux, les chèvres, & autres animaux, par gaïeté, ou par emportement. Saltus. Ce cheval ne va que par sauts & par bonds. On le dit aussi d’un jeune homme qui ne fait que sauter & gambader.

☞ La même chose se dit aussi figurément d’une certaine manière d’écrire fougeuse & impétueuse, d’un discours inégal, plein de faillies. inæqualis.

Sa Muse déréglée en ses vers vagadons,
Ne s’éleve jamais que par sauts & par bonds.

Boil.

Bond. Donner le bond. Terme burlesque ; pour dire, jouer d’un bon tour. Gloss. sur Cl. Marot.

☞ BONDA. s. m. Voyez Bonde.

☞ BONDE. s. f. Grosse planche ou pièce de charpente placée à la chaussée d’un étang, qui se hausse ou se baisse pour lâcher ou retenir les eaux. Objectaculum ligneum, obturamentum. On leve, on hausse la bonde pour lâcher les eaux, on la baisse pour les retenir.

Quand on parle d’un trou fait à un tonneau pour verser du vin dedans, & de la cheville de bois qui sert à boucher ce trou, il faut dire bondon pour l’un & pour l’autre, & non pas bonde.

On dit figurément lâcher la bonde à sa colère, à ses larmes, & à ses passions ; pour dire, les laisser couler, ou agir en pleine liberté. Expression populaire.

Bonde, plus communément Bonda, s. m. Arbre d’une grandeur prodigieuse, qui se trouve au Royaume de Quoya, & qui surpasser en hauteur tous les autres arbres des forêts. Il a plus de six ou sept brasses d’épaisseur, & son écorce est toute hérissée d’épines épaisses. Son bois est huileux, & l’on en fait des canots, des cuillers, des plats & des chaises. On fait d’excellent savon avec ses cendres qu’on passe en lessive, & que l’on mêle avec de vieille huile de dattes. Les planches qu’on tire des racines de cet arbres, qui paroissent cinq ou six pieds au-dessus de terre, servent à faire des portes & autres choses semblables. On en coupe des rameaux qu’on plante dans les con-

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