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de vie d’un Saint, de la tirer lui-même des Auteurs qui en auroient parlé, & de la faire. On lui associa en 1635, le P. Goedfroy Enschenius, & en 1641, il donna le mois de Janvier en deux gros volumes in-fol. En 1658, on leur joignit le P. Daneil Papebroch, qui commença aux Saints du mois de Mars. Henschenius étant tombé en paralysie, on joignit au P. Papebroch le F. Fr. Baert, & le P. Conrad Janning, qui commencerent à travailler au premier tome du mois de Mai, aux 2e & 3e de Juin : ils ont eu pour Collégue le P. Nicolas Rayé, & après encore le P. Jean Sollier, qui ne paroît sur les rangs qu’au dernier tome de Juin. Ce grand ouvrage, & les Dissertations ou Notes savantes qu’on y trouve, servent infiniment à éclaircir toute l’Histoire, tant ecclésiastique que civile. C’est du P. Bollandus, ou Bolland, qui commença ce grand Recueil projeté par Rosweid, qu’on appelle ces Auteurs les Bollandistes, c’est-à-dire, ceux qui continuent l’ouvrage commencé par Bollandus.

☞ BOLLI. Ville de Natolie, dans la contrée de Bolli, qui est une partie de la Natolie propre.

BOLLOS. s. m. pl. On nomme ainsi dans les mines du Ptosi, & du reste du Pérou, les lingots ou barres qui se font de l’argent qu’on tire du minéral, par l’opération du feu souvent répétée, ou par le moyen des eaux fortes.

☞ BOLM. Contrée d’Afrique, dans la haute Guinée, au Royaume de Quoja.

☞ BOLOGNE. Voyez Boulogne.

BOLSENA. Petite ville d’Italie, dans le patrimoine de S. Pierre. Volsinium.

BOLUS BASSI. s. m. Terme de relation. Officier de la Porte. Les Bolucs Bassis sont chefs de bande, ou Capitaines de cent Janissaires, ayant état de 60 aspres par jour, montés de cheval & habillés. Nicolay.

☞ BOLUNGO. Terme de relation. Nom d’une espèce de conjuration que pratiquent les Ganges, Prêtres des idoles d’Angola, qui a assez de rapport à l’épreuve que les anciens Allemands faisoient par le feu. Quand une femme est soupçonnée d’adultère, ou quelques personne de l’un ou de l’autre sexe, de larcin, d’homicide, ou de quelque autre crime, tout le village s’assemble, & le Ganga ayant invoqué l’idole à haute voix, fait diverses grimaces, applique un fer chaud sur le bras ou sur la jambe de l’accusé, assurant que s’il n’est pas criminel, le feu ne le brûlera pas. Cette coutume étoit si commune dans ce pays, que les maîtres mettoient leurs esclaves à cette épreuve, sitôt qu’ils les soupçonnoient de mensonge ou de tromperie. La sévérité que l’on exerce contre ces superstitieux, dans les terres qui dépendent du Portugal, fait qu’elle a cessé au moins publiquement.

BOLUS. Voyez Bol.

☞ BOLZANO. Bolzanum. Petite ville d’Italie, dans le Vicentin.

BOLZAS. s. m. Espèce de coutil fait de fil de coton qui vient des Indes. Il y en a de tout blancs, & d’autres rayés de jaune, dont les raies se font avec du fil de coton écrû.

BOM.

☞ BOMARZO. Autrefois ville épiscopale, en latin Polymartium, aujourd’hui château & bourg d’Italie, avec titre de Duché dans l’état de l’Eglise, dans la province du patrimoine.

☞ BOMBAÏM, ou BOMBAÏRA. Ville & Île dans les Indes Orientales, dans l’Océan indien, sur la côte de Decan.

BOMBANCE. s. f. Vieux mot, qui signifioit, grande dépense en bonne chère, repas somptueux, Luxuriosæ epulæ. On a vécu toujours dans cette maison, avec grande bombance ; ce n’est que bombance & que festins.

Ménage le dérive de pompancia, qui a été fait de pompa. Borel le dérive du vieux mot gaulois babance & bobancier, qui signifie vanité, superfluité. Guichard prétend, mais sans apparence, que de אבב, abab, la fleur de la jeunesse, & ce qui en est le signe, pubes, a été fait en grec βουϐὼν, pubes, inflammatio & tumor pubis propriè, deinde alterius étiam partis, que de βουϐὼν, est dérivé boub, en allemand, puer ; & peut-être que de βουϐὼν, bobans a été dit en françois ; luxus, luxuries, prodigalitas, & affluentia deliciarum, tàm in moribus, quàm in cultu ; & bobancier, luxuriosus, dissolutus, lascivus, prodigus, ganeo.

On peut encore se servir de ce mot, pourvu que ce soit dans le style familier ou badin.

BOMBARDE. s. f. Pièce d’artillerie dont on se servoit autrefois, qui étoit grosse & courte, avec une ouverture fort large. Æneum tormentum murale. Quelques-uns l’ont appelée basilic, & d◊autres passe volant. ☞ Il y avoit de ces bombardes qui portoient jusqu’à 300 livres de balles. On s’en servoit aussi pour tirer de gros boulets de pierre, & on leur donnoit une grande charge de poudre.

☞ Avant l’invention de la poudre, on donnoit le nom de bombarde à une machine de guerre dont on se servoit pour lancer de grosses pierres.

Froissart fait mention d’une bombarde qui avoit 50 pieds de long, & faisoit si grande noise au décliquer, qu’on entendoit le bruit des pierres qu’elle jetoit, de cinq lieues durant le jour, & de dix lieues pendant la nuit, & qu’il sembloit que tous les diables fussent en chemin. Elle ne jouoit qu’avec des cordes & des machines. Il parle aussi d’une bombarde portative qu’on tiroit avec la main, & qui lançoit des carreaux de fer & empennés. Casimir, Polonois, dans sa Pyrotechnie, écrit que les Danois ont été les premiers qui se sont servis de cette machine.

Quelques-uns dérivent ce mot par corruption de Lombarde, croyant qu’elle est venue de Lombardie ; & ainsi l’appeloient les Espagnols. Mais Ménage, après Vossius, & autres le dérivent du grec βόμϐος, ou du latin bombus à bombo, & ardeo, à cause du bruit éclatant que font ces terribles machines : car bombus, selon Laurent Valla, qui donne cette étymologie du mot bombarde, se dit non-seulement du bruit que font les abeilles, mais aussi des bruits du tonnerre. D’autres le dérivent de bomba, dont quelques Auteurs se sont servis pour parler de certaines coquilles qui servoient de trompettes. Mais il vient de l’allemand bomberden, qui est le pluriel de bomber, qui signifie balista. Les premiers canons ont été appellés bombardes.

Bombarde. s. f. Nom d’un jeu de l’orgue, l’un de ceux qui ont le tube en cône. Il y a aussi parmi les jeux en pédales, les pédales de bombardes. ☞ La bombarde est placée sur un sommier particulier, parce que, comme elle dépense beaucoup de vent, elle nuiroit aux autres jeux. Voyez M. Sauveur, Acad. des Sc. 1720. Mém. p. 315.

BOMBARDEMENT. s. m. Action de bombarder, de jeter des bombes. Ænei tormenti jactus. Le bombardement d’une Ville, d’une Place de guerre.

BOMBARDER. v. a. Jeter des bombes dans une place. Tormento æneo muros quatere. Le Roi a fait bombarder Alger : on bombarde un Ville, une Place, des Retranchemens. On ne le dit guère que dans ces phrases.

BOMBARDÉ, ÉE. part.

BOMBARDIER. s. m. Celui qui jette les bombes par le moyen des mortiers. M. toinart trouvoit qu’il falloit dire bombier. Ænei tormenti jaculator. Il y a 200 ans qu’il signifioit celui qui servoit les bombardes, qui étoient les principales pièces d’artillerie de ce temps-là. On appeloit aussi Couleuvrinier, celui qui servoir les couleuvrines, comme on appelle aussi Canonnier, celui qui sert le canon. Les Espagnols & les Italiens appellent encore un Canonnier Bombardeco.

BOMBABIN. s. m. Futaie à deux envers, doublement croisée, ou double basin qui vient de Lyon. Bombycinium lanâ mistum.

Ce mot vient de bombasum, mot arabe, qui signifie coton. Mais Ménage le dérive de bombassinum, & de bombyx, ver à soie ; ou de bombax, qui selon Du Cange signifie du coton, qui dit être quelque chose de mitoyen entre la laine & le lin.

BOMBE. s. f. Grosse grenade, ou gros boulet de fer aigre qui est creux & rempli de poudre, & qu’on