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BOI

allumé. Elle est dans les Trans. Phil. n. 32, p. 605, T. III, p. 646.

Bois vert. C’est pour l’ordinaire un buisson comme les grosse épines blanches ; il est fort chargé de petites feuilles vertes & lissées, assez semblables à celles du büis, mais un peu plus grandes : son écorce est grosse & polie. On n’en voit guère de plus gros que la cuisse : il a toujours un pouce ou deux d’aubier blanc, & tout le cœur du bois est vert fort brun, & même plus noir que vert, mêlé de quelques veines jaunes. Il se polit comme l’ébène, & noircit si bien avec le temps, que les Ebénistes le font souvent passer pour de vraie ébène. Les Teinturiers s’en servent pour teindre en vert naissant. Il y en a grande quantité à la Guadeloupe. P. du Tert.

Bois à petites feuilles. Il vient dans les lieux humides & dans les terres grasses de toutes les Îles de l’Amérique. C’est une sorte d’arbre chargé de petites feuilles assez semblables à celles du büis ; elles sont attachées à de petites queues si menues, qu’au moindre vent elles tremblent. L’écorce de l’arbre est jaspée comme celle du bois d’Inde ; mais de temps en temps la petite écorce s’éleve, & se roule comme de la cannelle, & il ne lui en manque que le goût & l’odeur. P. du Tert. Hist. des Ant. Tom. III, ch. 4, §. 7.

Bois de fer. Arbre des Îles de l’Amérique, ainsi nommé à cause de sa dureté. Il croît jusqu’à une pique & demie de hauteur, gros comme le corps d’un homme ; son écorce est presque semblable à celle de l’Erable, mais plus dure & plus grise. Il a quantité de petites feuilles, & porte un grand nombre de beaux bouquets de fleurs, semblables à celles du Lila, même plus belles, mais en si grande abondance, qu’il semble qu’il n’y ait que des fleurs sur l’arbre. Tout l’aubier est jaune & fort dur jusques vers le cœur, qu’il a fort petit, & de couleur de fer rouillé, mais si dur que les haches de la meilleure trempe rebroussent dessus quand on le frappe. P. du Tert. Tom. III, ch. 4, §. 8, & Lonvill. Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 5. C’est l’ébène. L’ébène ou bois de fer. Tournefort. Acad. 1700, Mém. p. 30.

Il y a une arbre au Tunquin qui s’appelle Lim, & que les Portugais nomment Palo ferro, c’est-à-dire, pieu de fer, soit à cause de sa pesanteur, parce que si on le met dans l’eau il va plutôt au fond que l’ébène ; soit à cause de sa couleur, qui a rapport à la rouille, ou de sa dureté, qui est telle que si à coups de marteau on enfonce dedans un clou bien trempé, il n’y a point d’homme, quelque robuste qu’il soit, qui puisse l’arracher, même avec des tenailles ordinaires, au contraire il semble que cd bois s’aigrisse contre le fer ; il le corrode & le consume de telle manière, que dans la structure des galions dont on se sert, il est absolument nécessaire de renouveler les clous dans la partie du dedans du vaisseau, dont l’assemblage est fait de ce bois ; autrement les pièces se détachent. Relat. de Tunq. par le P. Marini.

Bois d’Inde. C’est une espèce de Laurier qui croît excessivement gros quand il est en bonne terre, & dans les lieux humides. Il a l’écorce jaunâtre, déliée, & si douce, si unie, si polie par-tout, qu’il semble que ce soit le bois dépouillé de son écorce. Sa couleur est d’un gris vif & argenté, & en quelques endroits elle tire sur le jaune ; ce qui fait remarquer cet arbre entre tous les autres. Elle est fort sèche & astringente au goût. Ses feuilles sont presque semblables à celles du Laurier, mais un peu plus souples & plus rondes, dit le P. du Tertre, ou à celles du Goyavier, dit M. Lonvillers : elles sentent le clou de girofle, dit celui-là ; & quand on les manie, dit celui-ci, elles parfument les mains d’une senteur plus douce que celle du Laurier. Elles ont, ajoute le premier, un goût de cannelle, picquant, astringent, qui laisse dans la bouche une petite amertume qui n’est pas désagréable. Elles donnent, continue le second, à la viande & aux sauces un goût si relevé, qu’on l’attribueroit plutôt à une composition de plusieurs sortes d’épices, qu’à une simple feuille. Cet arbre fleurit une fois l’an au temps des pluies ; & pour-lors il renouvelle une partie de son feuillage. Son bois est le bois le plus dur, le plus plein, le plus massif & le plus pesant de tous les bois des Îles de l’Amérique, de-là vient qu’il coule à fond comme du plomb, qu’il souffre d’être poli comme du marbre, & que les sauvages en font leurs massues. L’aubier est de couleur de chair, & le cœur de l’arbre est tout violet, extrêmement dur. La décoction de ses feuilles est fort bonne pour fortifier les nerfs, soulage beaucoup les paralytiques, & fait désenfler les hydropiques, & l’enflûre qui reste aux jambes de ceux qui ont eu des fièvres malignes. M. Robin qui en éleva un au jardin Royal, le nommoit Laurier aromatique : c’est en effet un véritable Laurier, & toutes ses baies ou graines, qui sont semblables à celles du Laurier, aussi-bien que ses feuilles, en sont une preuve évidente. Lonvill. Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 4. P. du Tertre. Tr. III, c. 4, §. 2.

Bois Rouge. On appelle ainsi dans les Antilles plusieurs autres espèces d’arbres qui ont le bois rouge, solide, & pesant, qui résiste aux vers, & à la pourriture, & qui sont tous très-propres à bâtir des maisons, & à faire de beaux ouvrages de menuiserie. Tels sont l’Acajou, le bois de fer, le Courrouça. Consultez Lonvillers de Poincy, Hist. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 5 ;& le Pere Du Tertre, Hist. des Ant. Tr. III, ch. 4, §. 8.

Bois Fossile. Il y a des endroits où l’on trouve du bois dans la terre, soit qu’il y ait été enterré autrefois, & dès le déluge, comme quelques-uns le croient ; soit qu’il s’y forme, comme il arrive à celui des mines d’ambre. Voyez au mot Ambre gris, & la Dissertation de M. Hartman qui y est citée. Il me souvient que voyageant par l’Italie, j’eus la curiosité d’aller voir une mine ou carrière de bois fossile, ou estimé tel, qui étoit proche de la ville d’Aquasparta, & de laquelle un des Lyncées nommé Stelluti, avoit fait un livre. Mascur. On a découvert en 1712 dans les marais de Ciiuk, village à une lieue de Douay, un gros chêne avec ses principales branches, lequel, par le long séjour qu’il a fait dans ces lieux humides, enfoncé 15 ou 20 pieds sous terre, a contracté une couleur noire qui fait honte à l’ébène. Il y a quelque temps qu’on trouva en Angleterre à plus de 100 pieds sous terre, des chênes d’une prodigieuse grosseur avec toutes leurs branches, lesquels avoient aussi contracté une couleur parfaitement noire, jointe à une dureté, qui passoit de beaucoup celle qu’ils avoient lorsqu’il végétoient. Ces arbres peuvent-ils s’être trouvés là par une autre cause que par le bouleversement général du globe terrestre pendant le déluge ? Mém. de Trév. 1713, p. 61, 62.

☞ On a aussi trouvé dans le sein de la terre des bois changés en charbon. Ce sont des arbres enterrés convertis en charbon par des feux souterrains, sans leur faire perdre leur figure.

Bois minéralisés. Arbres pénétrés dans le sein de la terre par une vapeur métallique ou minérale. Il y a des bois alumineux, de couleur brune, plus légers que le charbon de terre, & qui s’enflamment d’eux-mêmes, dès qu’on les expose à l’air ; & des bois de la nature des pyrites. Les premiers ont été pénétrés dans la terre par une matière alumineuse ; les seconds, par une substance sulfureuse & ferrugineuse, ou cuivreuse & arsénicale. Ceux qui ont été pénétrés d’une substance martiale, sont appelés ferrugineux.

☞ On a aussi trouvé des arbres changés en terre, qui conservoient leur figure dans le sein de la terre, mais qui tomboient en poussière dès qu’on les exposoit à l’air.

Bois pétrifiés. Voyez Pétrification.

Bois de Vie. Terme de Philosophie Hermétique. On l’appelle autrement le grand arbre des Philosophes, ou des Sages ; c’est le Mercure des Philosophes. Ils lui attribuent des qualités admirables, jusqu’à donner la vie aux substances mortes.

☞ BOIS-BELLE. Boscabellum. Ville & Principauté de France, dans le Berri, entre Bourges & Sancerre. On l’appelle autrement Enrichemont. Cette Principauté appartient à la Maison de Béthune-Sulli.

☞ BOIS-COMMUN. Boscum-commune. Petite ville de France, dans le Gâtinois, aux confins de l’Orléannois.