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BOI

trois sortes ; savoir, l’ébène noir qui est la plus connue, l’ébène rouge ou grénadine, & l’ébène verte.

Le bois d’anis, ainsi nommé à cause qu’il a l’odeur d’anis, est d’une couleur grisâtre : il vient des Indes, & est employé par les Tabletiers &par les Ebénistes.

Le bois de corail est d’une couleur rouge vive, semblable à celle du corail. Les Américains en font divers ouvrages.

Le bois de Santal est en usage dans la médecine, & chez les Parfumeurs. Voyez Santal.

Le bois d’aloès vient des Indes Orientales, de la Chine, de la Cochinchine, du Calécut, de Lao, &c. On en fait des ouvrages dans ce pays-là qui sont fort estimés. Les Ambassadeurs de Siam firent présent au Roi (LOUIS XIV) de plusieurs ouvrages de bois d’aloès, entr’autres d’une aiguière avec une espèce de sous-coupe ou bassin pour laver les mains : cet ouvrage avoit été fait à Siam, & à la mode du pays : les Ambassadeurs l’estimoient plus que s’il eût été d’or.

Le bois de Gaïac sert à plusieurs choses. On en tire du flegme, de l’esprit, de l’huile, de la résine, du sel : on en fait de la poudre : la plûpart de ces choses sont fort en usage dans la médecine.

Le bois de Gaïac de France est le büis, que quelques-uns appellent Gaïac de France, parce qu’ils croient qu’il a les mêmes qualités que le Gaïac, & ils l’emploient à peu-près aux mêmes usages.

Le bois de Brésil est fort en usage pour les teintures rouges : le Brésil, d’où il vient, lui a fait donner son nom : il en croît en différens endroits de l’Amérique : il en vient aussi du Japon ; les Anglois & les Hollandois l’appellent bois de Sapan. Voyez Bresil.

Le bois d’Inde, ou bois de Campêche, ou bois de la Jamaïque, sert pour les teintures en violet & en noir. Voyez Campèche.

Bois Gentil. Les Bourguignons ont donné ce nom au Mézéreon, qu’on appelle autrement auréole femelle. C’est une espèce de Garou, ou de Thymelæa. Voyez Mézéreon.

Bois des Moluques. C’est une sorte de bois qui nous vient des Îles Moluques en Amérique, que ceux du pays nomment Panoma, & qui est très-rare en France. On tire cd bois d’un arbre domestique, grand comme un coignassier. Sa feuille ressemble à celle de la mauve, & son fruit a une aveline ; mais il est plus petit, & son écorce plus molle & plus noirâtre. On cultive cet arbre avec grand soin dans les jardins, & les habitans du pays en sont si jaloux, à cause de ses propriétés, qu’ils ne le laissent voir aux étrangers qu’avec grande peine. Son bois est purgatif, & quand il purge trop, on tempère son action en buvant un verre de décoction d’orge. Il résiste au venin, & remédie à la morsure des bêtes venimeuses, & aux coups empoisonnés. Il est bon pour les fièvres quartes & continuës, pour les coliques, pour l’hydropisie, & pour la gravelle, pour la difficulté d’uriner, pour la douleur des jointures, pour la migraine, pour les squirres, les écrouelles, les vers, & pour exciter l’appétit. Sa dose est depuis quatre grains jusqu’à demi-scrupule dans du bouillon. On l’applique aussi entièrement sur les plaies envenimées.

Bois puant. Anagyris fœtida. Arbre d’une moyenne grandeur, & qui donne dès sa racine plusieurs jets. son bois est pâle, & son écorce est d’un vert brun. Ses branches sont garnies de feuilles qui sont par trois sur une même queue, longue environ d’un pouce. Elles sont oblongues, pointues, vertes par-dessus, & blanchâtres par-dessous, d’une odeur forte & désagréable, sur-tout lorsqu’on les froisse. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles & sont légumineuses, allongées, jaunes, & soutenues par un calice blanchâtre, comme argenté, & à cinq pointes. A ses fleurs succèdent des gousses longues & larges comme le doigt, qui renferment entre leurs cosses des semences taillées en rein, grosses comme des haricots, & qui brunissent en mûrissant.

Bois épineux, est un arbre des Antilles. Lignum spinosum. Il y en a de quatre sortes. Le plus grand croît & grossit si promptement, qu’en trois ou quatre ans il surpasse la hauteur de nos plus gros chênes. Il est fort chargé de branches & de feuilles, qui font une ombre épaisse. Il porte un fruit qui ressemble à une calebasse : on y trouve un coton gris brun. Le bois épineux jaune est plus dur, & bon à bâtir, au lieu que l’autre est trop mou & trop tendre. Il y en a de mâle & de femelle ; mais toute la différence consiste en ce que le mâle est d’un jaune plus clair, & que les femelle est plus pâle. La feuille de l’un & l’autre est ovale, découpée sur les bords, d’un vert pâle, & d’une odeur de vert assez forte quand on la broie dans la main. Son écorce est grise, assez épaisse, adhérente, tachetée de petites marques blanches, rayées, & comme tailladées légèrement. Elle est couverte de beaucoup d’épines, plus à ses branches & à son sommet qu’à son pied, d’où elles tombent à mesure que l’arbre croît. Ce sont ces épines qui l’ont fait nommer bois épineux. Le peu d’aubier qu’il a ne diffère en rien du cœur, le bois est compacte & le grain en est fin, ce qui lui fait prendre un beau poli à la varlope & au tour. Il est bon en terre, dans l’eau, couvert ou à découvert ; mais il est fort sujet à être creux & aux poux de bois. Le P. Labat.

Bois de Rhode. C’est un bois qui ressemble en quelque manière au santal citrin, de couleur jaunâtre, rendant une odeur de rose. On le tire d’un arbre fort haut é fort droit, qui croît en plusieurs lieux du Levant, à la Martinique, & aux Îles de Cypre & de Rhodes. On en tire par distillation une huile très-odorante, dont se servent les parfumeurs. On prétend que cette huile & ce bois servent à fortifier le cerveau. On l’appelle aussi bois de rose. Voyez-en la description sur ce mot.

Bois de Rose, est à la Guadeloupe la même chose que le bois de Cypre à la Martinique. Lignum cyprium. C’est un bois qui croît fort haut, & fort droit. Il a plusieurs branches, accompagnées de fleurs molles, velues d’un côté, & longues à-peu-près comme celles du Noyer. Dans la saison des pluies il porte de gros bouquets de fleurs blanches de bonne odeur. Ces fleurs sont suivies d’une petite graine noirâtre & polie. L’écorce de son tronc est d’un gris blanc. Son bois est au-dedans de couleur de feuille morte, & quand le rabot & le polissoir ont passé par-dessus, on y remarque plusieurs veines de différentes couleurs, qui lui donnent un éclat marbré, & un lustre merveilleux. La douceur de l’odeur qu’il exale lorsqu’on le met en œuvre, & qu’on le manie, est ce qui le fait priser davantage, & qui lui donne le beau nom qu’il porte, & celui de bois de Cypre qu’on lui donne en quelques-unes des Antilles. Lonvill. Hist. nat. des Antil. L. I, c. 7, art. 3. le bois de rose a l’odeur de rose ; quelques-uns l’appellent bois de Rhodes, à cause qu’il en vient de l’Île de Rhodes. On s’en sert pour faire des chapelets : on l’emploie aussi dans la médecine.

Bois de Couleuvre. Plante de la Martinique : on l’appelle ainsi, parce qu’elle s’attache aux arbres en serpentant. Son bois est tortu, & gros d’un pouce ou deux. On assure qu’il est mortel pour les serpens. Le P. du Tertre, qui en parle dans son Hist. des Antil. Traité III, c. 4, §. 9, confirme cela. Selon le Pere Plumier, c’est l’Arum montant à grandes feuilles percées. Voyez Arum.

Bois néphrétique, Arbriseau de la nouvelle Espagne. Son bois teint l’eau en bleu, & cette eau nettoie les reins, & tempère l’acrimonie de l’urine. Cette propriété lui a fait donner le nom de bois néphrétique par les Espagnols. Il produit des fleurs jaunes.

Bois de la Chine, est un bois propre pour faire des ouvrages de marqueterie, que les Hollandois appellent Letterhout, qui ne croît en aucun autre lieu du monde, que dans le continent de Guyane. Lignum Sinense. Le millier pesant ne revient sur les lieux qu’à un écu. On le vend à Paris jusqu’à cent, & jamais moins de cinquante écus.

Bois luisant. Lignum lucidum. C’est du bois qui jette de la lumière, qui luit dans les ténébres, comme un ver luisant. Il y a du bois pourri qui est luisant. M. Boyle a fait la comparaison du bois luisant & du charbon