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BOI

on fait les douves des tonneaux, des cuves. In assercules decisum. On l’appelle aussi bois à baril, bois d’enfonçures, bois à douvin, bois à pipes. Les Menuisiers en font aussi des panneaux ; mais il ne sert point à bâtir, quoiqu’abusivement, quelques-uns l’étendent à tout le bois de charpente, & plusieurs aux perches, échalats, &c. Le mot de merrain vient de materiamen, qu’on disoit dans la basse latinité pour materia ; de materiamen on a fait martein, merrain, marrien. De Laurière.

Les Menuisiers appellent aussi du bois refait, du bois équarri & dressé sur toutes ses faces. Ils appellent corryer le bois, quand ils lui donnent cette façon. Ils disent aussi que les bois sont bien poussés & bien rabotés, quand ils sont bien unis.

Les Charpentiers appellent aussi bois affoiblis, les bois qu’on a taillés en ceintre, qu’on a rendus courbes. Les bois affoiblis exprès sont toisés de la grandeur de leur bossage, & les courbes de la grandeur de leur plein cintre ; c’est-à-dire, qu’il faut comprendre le plus grand vide de la courbe avec sa longueur. Il disent aussi encliner le bois avec une régle ; pour dire, mettre les pièces sur une même ligne. On dit mettre les pièces de bois en leur raison, quand, en mettant en chantier les pièces de bois qui doivent servir à un bâtiment, on met chaque morceau en sa place. On dit encore, piquer les bois suivant le devers qui s’y trouve ; ce qui se fait avec le plomb percé en triangle.

Bois à brûler, est celui qu’on destine à faire du feu, qui se divise en plusieurs espèces.

Bois flotté, est celui qu’on amène en trains, & lié avec des perches & des rouettes sur des rivières. Lignum fluctibus jactatum.

Bois perdu, est celui qu’on jette dans les petites rivières qui n’ont pas assez d’eau pour porter des trains ni des bateaux, & qu’on va recueillir & mettre en trains aux lieux où elles commencent à porter. Il est permis aux Marchands de jeter leurs vois à bois perdu, en avertissant les Seigneurs dix jours auparavant, comme aussi de faire des canaux, & de prendre les eaux des étangs pour faire flotter leurs bois en les dédommageant.

Bois volans, sont les bois qui viennent par le flot droit au port où on les recueille.

Bois échappés, ceux qui par les inondations s’échappent dans les prés & dans les terres.

Bois canards, ceux qui demeurent au fond de l’eau, ou qui s’arrêtent sur les bords des ruisseaux où l’on a jeté un flot de bois à bois perdu. Les Marchands ont quarante jours après que le flot est passé pour faire pêcher leurs bois canards sans rien payer.

Bois neuf, est le bois qui vient dans les bateaux sans tremper dans l’eau. Lignum navibus advectum.

Bois pelard, est du bois menu & rond, dont on a ôté l’écorce pour faire du tan.

Bois de moule, ou de quartier, est du bois qui est mesuré. Il doit avoir au moins dix-huit pouces de grosseur. Caudex annullarius. Les Marchands Ventiers doivent fournir aux Bûcherons des chaînes & mesures de ces longueurs.

Bois de corde, est du bois fait ordinairement de branchage, ou de taillis. Lignum ex consuetâ sylvæ cæsura proveniens. On l’appelle ainsi quand il est au-dessous de 17 pouces de grosseur. Il doit être au moins de six, & se vend à la membrure, qui a quatre pieds de haut sur quatre pieds de large. Il est ainsi appelé, à cause qu’on le mesuroit autresfois à Paris avec des cordes. Tout bois à brûler en général doit avoir trois pieds & demi de long compris la taille. La corde de boies vaut deux voies de Paris. La mesure de la corde de bois, selon l’Ordonnance, est de huit pieds de long & quatre de haut. Du bois en chantier, c’est du bois en pile & en magasin.

Bois de compte, est celui dont les 60 bûches au plus se trouveront remplir les trois anneaux qui composent le voie de bois par les Ordonnances de la Ville ; & ceux qui sont au-dessous de dix-huit pouces de grosseur, doivent être rejetés & renvoyés parmi le bois de corde. Lignorum strues ex stipitibus ac truncis constata.

Bois déchiré, c’est le bois qui revient de quelque ouvrage qu’on met en pièces ; par exemple, un vieux bateau qu’on déchire, c’est-à-dire, qu’on défait.

Mouleur de bois, est un Officier de Ville établi sur les ports pour faire mesurer le bois dans les moules ou membrures. Lignorum mensor.

On appelle à Paris bois de gravier, un bois demi-flotté, qui vient du Nivernois & de Bourgogne dans des endroits pierreux.

On appelle du bois d’Andelle, un bois de deux pieds & demi qui vient par bateaux par la rivière d’Andelle. Il est ordinairement de hêtre.

Bois de brin, est un morceau de bois de belle venue, droit & long, qui n’est point scié, si ce n’est pour l’équarissage, & qui est de toutes le grosseur de l’arbre. Lignariæ fabricæ materiæ. Il est excellent pour faire des planchers.

Bois, est aussi un nom collectif, qui signifie les arbres qui sont plantés fort épais & en grand nombre, soit dans un jardin, soit dans la campagne. Nemus. Un bois épais. Un bois dégradé.

Bois de haute futaie. Arbre de tige. C’est le bois qui est parvenu à sa plus grande hauteur, qui est réputé immeuble, & qui ne peut être abattu par un usufruitier. Alta, ardua, & procera sylva. Bois est réputé de faute futaie, dit Loisel, quand on a demeuré trente ans sans le couper. C’est la définition qu’en donne la Coutume de Blois. Celle de Sens dit qu’un bois est bois de haute futaie, quand il est planté de temps immémorial, & qu’il est propre à bâtir. Dans celle de Nivernois, après 20 ans, en le faisant néanmoins notifier, par affiches & cri public. Il est permis à ceux qui ont le droit d’usages ou pâcages, de mener leurs bestieux dans les bois de haute futaie, en tout temps, excepté la saison de la glandée, ou vive pâture. De la Mare.

On appelle bois de haut revenu, celui qui est de demi-futaie de 40 ou de 60 ans.

Bois sur le retour, est un bois trop vieux, qui commence à diminuer de prix, & à se corrompre, qui a plus de 200 ans à l’égard des chênes. Sylva vetaræscens. Il est différent du bois taillis, qui renaît sur les vieilles souches de la haute futaie coupée, & qu’on peut couper tous les neuf, douze ou quinze ans, qui tourne au profit de l’usufruitier.

Bois sujet à tiers & danger, est un bois dont le propriétaire doit au Roi le tiers & la dixième partie de la vente. Sylva præstationi obnoxia.

Bois taillis, est le bois qu’on met en coupes ordinaires tous les dix ans au moins, & qui est au-dessous de quarantes ans ; car au-delà c’est une futaie sur taillis. Sylva cædua. C’est dont on fait le charbon & le bois à brûler. Les bois taillis sont en pâtures pendant toutes les saisons de l’année que les bestiaux ne peuvent nuire au jeune bois. Les Coutumes de Berri, de Bourdonnois & d’Auvergne, fixent ce temps à trois ans, & au mois de Mai depuis la dernière coupe. Celles de Nivernois & de Bourgogne à 4 ans, que l’on peut proroger. Celles de Poitou à 4 ans, & pour les chèvres 5 ans. Celles de Troyes, de Vitry é de Chaumont jusqu’à 5 ans, & aux chèvres pour toujours. Celles de Sens & d’Auxerre jusquà ce que par jugement le bois ait été déclaré assez fort. De la Mare.

Bois à faucillon, est un petit taillis qu’on peut couper avec une petit ferrement.

Bois en pueil. C’est un bois nouvellement coupé, qui n’a pas encore trois ans. Ce mot se trouve en plusieurs Courumes, & entr’autres en celle d’Auvergne.

On appelle un bois en défends, quand on a défendu de couper un bois qu’on a reconnu de belle venue dans quelque triage, pour le conserver & le laisser croître, jusqu’à ce qu’on en ait besoin : & on dit qu’un bois est jugé défensable, quand le Juge a donné permission d’y faire entrer les bestiaux en panage.

Bois mamrmenteaux, ou bois de touche, sont des bois autour d’une maison, ou d’un parterre, pour leur servir d’ornement, auxquels on ne touche point Nemus

domesticum