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BOB — BOC

pour essuyer les cuirs, tant de chair, que de fleur, quand on les a chargés de bière aigre.

Du Cange dérive de mot de bultellus’, qu’on a dit en même sens dans la basse latinité.

BLUTER. v. a. Séparer la farine d’avec le son, en la passant par le bluteau. Farinam incernere, succernere.

Ménage dérive ce mot du latin volutare, & de volutorium’, blutoir ; mais plusieurs croient qu’il vient de l’allemand beuteln, signifiant la même chose.

BLUTÉ, ÉE. part. Cribratus, incretus, succretus.

BLUTERIE. s. f. Terme de Boulanger. C’est l’endroit de la maison où le Boulanger tient son bluteau pour bluter la farine. J’ai une bluterie fort commode.

BLUTOIR. Voyez Bluteau.

BOA.

BOA, est un serpent aquatique d’une prodigieuse grosseur, qui suit les troupeaux de bœufs, dont il aime beaucoup la chair ; d’où lui vient son nom. Jonston. Il suce, dit-on, les mamelles des vaches, tant il aime le lait. Duncan dit même qu’il ne sauroit vivre d’autre chose. On en trouve quelquefois dans la Calabre. On en tua un sous le règne de l’Empereur Claude, dans lequel on trouva un enfant entier. Quelques Auteurs disent qu’il peut avaler un bœuf ; exagération d’Historien. Voyez Ludolf, Hist. Ath. T. II, p. 166.

BOAGE. s. m. Pretium locationis boum. C’est, en Bresse, le prix dû pour le louage des bœufs. Ragueau.

BOB.

BOBA. s. f. Grimace qui se fait en avançant les lèvres pour se moquer de quelqu’un, de λώϐη, injure, moquerie. Chorier. Ce mot est de Dauphiné ; ailleurs on dit, moue, faire la moue. Labiorum projectio, porrectio.

BOBAN. s. m. Vieux mot. Somptuosité, vanités du monde, selon ces deux vers de l’épitaphe d’Armoise de Lautrec, qui se trouve dans le livre de Borel, des Antiquités de Castres.

Veuillant li Paradis acquerre,
A tos babans fit aspre querre.

On a dit aussu bobancier, pour vain. Ces mots ont fait bobander, qui a été dit pour piaffer.

BOBAQUE. s. m. Animal qui se trouve autour du fleuve Niéper, & qui ressemble un peu au lapin. Le bobaque a quatre dents, deux en haut & deux en bas ; & son poil est de la couleur de celui du blaireau. Le bobaque se terre comme le lapin, & au mois d’Octobre il se retire dans un trou, & n’en sort qu’à la fin d’Avril ; alors il court la campagne, & cherche à faire ses provisions pour l’hiver. Les bobaques sont tous hermaphrodites. Ils sont faciles à apprivoiser. Ils sont jolis dans la maison, & ne sont pas moins amusans qu’un singe. Ils sont si fins, que quand ils sortent pour paître, il y en a un qui fait sentinelle, & qui sifle pour avertir les autres de ce qu’il découvre.

BOBÈCHE. s. f. Partie supérieure d’un flambeau, ou d’un chandelier, qui est creuse, où l’on met la chandelle, ou la bougie.

Bobèche, se dit aussi d’une petite machine d’argent, de fer blanc, ou de cuivre, &c. qu’on met dans les flambeaux, quand la chandelle est trop menue, afin qu’elle ne chancelle pas dans l’embouchure du flambeau ; ou pour empêcher que la chandelle ou la bougie ne le gâte.

BOBELIN. s. m. Ancienne chaussure dont se servoit le commun du peuple. Les Savetiers de Paris, qui ont conservé parmi leurs titres la qualité de Bobelineurs, avoient, exclusivement aux Cordonniers, la permission de faire des bobelins.

BOBELINEURS. s. m. pl. Faiseurs de bobelins. Ce sont ceux que l’on appelle présentement Savetiers. Voyez Bobelin.

☞ BOBENHAUSEN. Bobenhosium. Petite ville & château d’Allemagne, en Vétéravie, sur la petite rivière de Gersbrentz.

☞ BOBER. Rivière de Silésie, qui a sa source dans les montagnes qui séparent la Bohème de la Silésie, & se perd dans l’Oder, en entrant dans la principauté de Grossen. Son nom latin est Hebrus, selon Blaeu.

☞ BOBERSBERG. Lieu de Silésie, dans la principauté de Crossen, non sur la rivière de Bober, comme le disent les Vocabulistes, mais sur une montagne, à l’orient de laquelle coule de Bober : d’où lui vient son nom. Bleau en fait une petite ville.

BOBINE. s. f. Petit morceau de bois tourné en rond, cylindrique, avec des rebords à chaque bout, long d’un demi-pied tout au plus, percé & mobile sur une verge, qui sert à filer au rouet, ou à dévider du fil, de la laine, de la soie, de l’or, &c. Fusus.

Ce mot vient de bombina, qu’on a fait de bombix. Ménage après Saumaise. Etienne Guichard le tire de l’hébreu סבב sabab, en retranchant la première syllabe sa. Sabab en hébreu signifie entourer, circuire, circumdare, vallare, gyrare. Il dérive de βόμϐιξ, & bombix, du même mot.

BOBINER. v. a. Dévider du fil, de la laine, de la soie, de l’or sur la bobine. Torquere fusum. C’est particulièrement un terme de Tireurs d’or.

BOBINEUSES. s. f. pl. Nom que l’on donne dans les manufacture, particulièrement dans celles de lainages, à certaines femmes, dont l’emploi ordinaire est de dévider sur des bobines ou rochets, le fil destiné pour ourdir les chaînes des étoffes.

☞ BOBINIÈRE. s. f. Partie supérieure du moulin ou rouet à filet l’or, ainsi appelé de sa fonction.

☞ BOBO. s. m. Terme enfantin, qui signifie, mal léger. Dolor, vulnus. On s’en est servi agréablement dans une chanson. L’amour est un grand bobo.

BOBONE. s. f. Voyez Bubone.

☞ BOBURES. (les) Boburii. Peuple sauvage de l’Amérique méridionale, dans la province de Vénézuale, près de la ville de Mérida.

BOC.

☞ BOCA, ou BOCALBALBER. Boca, Bocalbeca, & Helia politanus tractus. Contrée de la Turquie, en Asie, dans la Syrie, entre les montagnes du Liban & de l’Antiliban.

BOCAGE. s. m. Petit bois, ou bosquet, ou buisson. Sylvula, nemus. Il se dit des petits bois touffus & agréables pour la promenade.

Que deviendrai-je, hélas ! Au fond de nos bocages,
Moi qui n’ai pour tout avantage,
Qu’une musette & mon amour ? Fonten.

Ce mot vient de bosco.

Bocage. s. m. Nom que l’on donne en général à toutes les espèces de linges ouvrés qui se font en Basse-Normandie, particulièrement aux environs de Caen.

C’est aussi le nom d’un petit pays de Basse-Normandie, dans le Diocèse de Lisieux. Nemorensis tractus. Quoique M. Corneille le fasse singulier, ne seroit-il point mieux de la faire plusieur ? Car on dit Villers aux bocages, & non pas au bocage. Apparemment que ce pays étoit autrefois plein de bocages.

☞ On appelle généralement pays de bocage, dit M. Duhamel, celui qui est coupé de hayes, de Bouqueraux, & même de Landes.

BOCAGER, ÈRE. adj. Qui se plaît dans les bocages, ou qui y demeure. Silvicola, silvicultrix. Il ne se dit que dans les fictions poëtiques, des Nymphes bocagères. Il vieillit.

BOCA. s. m. Vaisseau où l’on met de la boisson ; espèce de grosse bouteille ronde qui a le cou étroit, qui est ordinairement de verre. Lagena vitrea. Un bocal de vin.

Ce mot, selon Scaliger, vient de baucalis latin, qui