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BLO

dérivent du latin buculare, d’où on a fait aussi boucler, qui signifie aussi fermer le passage. Icquez de belocan, ancien mot allemand, formé de be, & de loc, qui veut dire ferrure, clôture.

Bloquer, en termes de Maçonnerie, c’est élever des murs de moillon d’une grande épaisseur, le long des tranchées, sans les aligner au cordeau, comme on fait les murs de pierres sèches. C’est aussi remplir de moillon & de mortier, sans ordre, les vides qui se trouvent entre les pierres, comme on fait pour les ouvrages fondés dans l’eau.

Bloquer, en termes de Marine, c’est mettre de la bourre sur du goudron entre deux bordages.

Bloquer, en termes d’Imprimerie, c’est mettre à dessein dans la forme, en la composant, une lettre renversée pour tenir la place d’une autre qui manque.

Bloquer, en termes de Fauconnerie, se dit lorsque l’oiseau a remis la perdrix, & qu’il la tient à son avantage, gagnant le haut ou quelque arbre prochain ; & il ne faut pas dire en ce cas qu’il l’arrête. On dit aussi, que l’oiseau se bloque ; pour dire, qu’il pend en l’air, & s’y soutient sans battre de l’aile ; ce qui s’appelle planer.

Bloquer, Terme de Billard. C’est pousser de force une bille dans la blouse. Globulum magna vi in cavum detrudere. J’ai bloqué cette bille.

On dit neutralement qu’une blouse bloque, pour dire, qu’une bille poussée de force y est facilement retenue. Cette blouse bloque ; celle-ci ne bloque pas. Globulum recipere, admittere.

BLOQUÉ, ÉE. part.

BLOSIUS. Voyez Blois. On dit cependant toujours Blosius dans l’usage. Le Miroir des Religieux de Blosius.

BLOT. Terme de Fauconnerie. s. m. est le petit chevalet de bois où se repose l’oiseau.

Blot. Terme de Marine. C’est un instrument dont on se sert dans la navigation, pour estimer le chemin du vaisseau. Le blot est une pièce de bois, longue d’un demi pied, large de deux pouces, & coupée par les bouts en forme de nacelle. On y met du plomb pour jetter le blot, & faire qu’il se tienne plus immobile sur la mer. On le jette derrière la poupe attaché à une corde, & à mesure que le vaisseau avance, on file cette corde, & l’on voit combien il en faut filer de toises pendant un certain nombre de minutes ou de secondes. C’est là la mesure de la vîtesse avec laquelle le vaisseau s’éloigne du blot & du chemin qu’il fait. Cinquante toises en une minute donnent pour une heure 3000 toises ou une lieue.

BLOTTIR. (se) v. récip. S’accroupir, se mettre, se ramasser tout en un tas. In breve, in angustias cogere se. Il s’est blotti dans un coin. Il est tout blotti dans son lit.

☞ BLOTTI, IE. part. On le dit proverbialement du gibier, des perdrix, des lièvres. Voilà l’endroit où cette perdrix s’est blottie. Le lièvre s’est blotti dans ce blé.

☞ BLOUSE. s. f. Trou d’un billard fait pour recevoir les billes qu’on y pousse. Fundula, cavum. Il y a six blouses dans un billard, une à chaque coin, & une au milieu de chaque grande bande. Faire une bille à la blouse du coin, à la blouse du milieu, c’est y mettre la bille. On dit de même au coin & au milieu, ces blouses sont attirantes.

Ce mot, en vieux françois, signifie des terres grasses à blé, qui sont molles & marécageuses, qui ont tiré leur nom du blé qu’on y semoit.

On dit aussi proverbialement, qu’on a mis quelqu’un dans la blouse, quand on l’a mis en prison.

BLOUSER. v. a. Pousser une bille dans la blouse. In fundulam trudere. On dit en saxon blosan, qui signifie périr, être submergé, & c’est de ce mot que le P. Thomassin dérive notre verbe blouser.

On dit aussi blouser quelqu’un, mettre dans la blouse la bille de celui contre qui on joue, & se blouser soi-même, y mettre sa propre bille.

Blouser, avec le pronom personnel, signifie figurément, se tromper, se méprendre, prendre mal ses mesures dans ses affaires, ou dans ses marchés ; se tromper en parlant, en discourant. Falli, decipi, allucinari. Mais ce terme n’est que du style familier : voilà mon homme qui se blouse. Il s’est blousé là.

BLOUSÉ, ÉE. part.

BLOUSE. s. f. C’est ainsi qu’on nomme en quelques Manufactures, la laine courte qui ne peut se tenir en rang : elle n’est pas perdue, elle va à la carde.

BLU.

BLUET, ou BLEUET, ou BLAVET. Barbeau, s. m. Terme de Botanique. Cyanus, Cyanus segetum. Noms qu’on a donnés à une plante qui est très-commune dans les blés. La couleur de ses fleurs lui a fait attribuer le nom de Bluet & de Cyanus, comme qui diroit bleuâtre, bleu du ciel. Sa racine est fibreuse, ligneuse & annuelle : elle jette de son collet, qui est épais de quelques lignes, plusieurs feuilles blanches semblables en quelque façon par leurs découpures aux feuilles de corne de cerf. Les tiges qui partent d’entre ces feuilles, sont branchues, anguleuses, blanchâtres, & garnies de quelques feuilles alternes, plus petites & moins découpées que les intérieures. Chaque branche est terminée par une tête écailleuse, grosse comme une petite noisette, & qui est couronnée de quelques fleurons qui débordent & qui sont plus grands que ceux du centre. Les fleurons du centre sont encore distingués de ceux de la circonférence par leur couleur, & ils sont bleus lorsque les autres sont pourpres, & blancs lorsque les autres sont purpurins. Comme ces variétés de couleur plaisent à la vue, on seme aussi les bluets dans les grands jardins, & ils y viennent de plusieurs couleurs : quelquefois même il s’en trouve de doubles. Sa semence est oblongue, pâle, blanchâtre, & chargée d’une aigrette. Le bluet est fort recommandé pour les maladies des yeux : cette propriété lui a fait prendre le nom de casselunette : on s’en sert aussi pour les érysipèles & pour les rougeurs du visage.

Il y a encore une autre espèce de Cyanus qui vient dans les montagnes du côté de Genève : cette espèce est nommée Cyanus vel verbasculum Cyaonides, en françois l’Aubesoin. Elle diffère de la précédente par toutes ses parties : sa racine est vivace, trace beaucoup, & donne plusieurs rejetons. Ses feuilles sont longues, entières, blanches, étoffées : sa tige n’est guère branchue, & ne s’élève qu’à un pied de terre : elle est garnie de feuilles oblongues, & elle est terminée par une tête écailleuse aussi grosse qu’une petite noix. On range parmi les Cyanus ces plantes qu’on cultive dans les jardins, & qu’on nomme Ambrettes à cause de leur odeur. Voyez Ambrette.

BLUETTE. s. f. Petite étincelle. Scintilla. Il ne faut qu’une bluette de feu pour causer un grand incendie. Ménage dérive ce mot de balucetta, diminutif de balux, qui se prend pour ces petits grains luisans qui paroissent dans le sable. M. Huet le dérive de bleu, parce que les étincelles qui sortent des fournaises & du fer rouge quand on le bat, sont ordinairement bleues.

☞ En parlant d’un ouvrage, on dit figurément qu’il y a quelques bluettes d’esprit ; pour dire, qu’on y remarque quelques petits traits d’esprit.

Si toutefois ne sont-ce ces bluettes
Qui vous ont mis en l’estime où vous êtes. R.

Bluette du Rhin. Espèce de laine qui vient d’Allemagne.

BLUTEAU, ou BLUTOIR, s. m. Instrument servant à séparer le son de la farine. Pollinarium cribrum. Il est fait en manière de grand sas, ou tamis long & cylindrique composé de plusieurs cercles qui soutiennent une pièce de toile de soie, ou autre étoffe fine, par où la farine passe, quand on le tourne avec une manivelle.

C’est aussi parmi les Corroyeurs un paquet de laine, fait de quelques vieux bas d’estaine, dont on se sert