Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/948

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
924
BLA

délayés dans un peu de vinaigre. La blanquette est un mets fort commun chez les Bourgeois.

Blanquette à la longue queue. s. f. Espèce de poire. La blanquette à la queue longue, est une poire bien faite, dont l’œil est assez grand & en dehors, le ventre rond, assez alongé vers la queue, qui est un peu charnue, assez longue & un peu courbée, la peau fort liée, blanche, & quelquefois tant soit peu colorée. La chair est entre cassante & tendre, fort fine, ayant beaucoup d’eau fort sucrée & fort agréable. Elle a le défaut de la plupart des poires d’été, qui sont d’avoir un peu de marc, & de devenir pâteuses, quand on les laisse trop mûrir. Elle réussit bien, soit en buisson, soit en arbre de tige. La Quint. Cet Auteur écrit quelquefois blanquet à la longue queue, & le fait masculin ; de même qu’il appelle aussi le blanquet, blanquette au féminin. Voyez Blanquet. C’est une poire du mois de Juillet. Id.

BLANQUILLE. s. f. ou BLANKIL. s. m. Monnoie de Maroc, valant à peu près six blancs ou deux sous & demi, monnoie de France. Asses duo cum quadrante, quadrantes quinque. Il envoya quérir quelques sacs de blanquilles, & les ayant fait compter, il demanda combien chaque Officier & Soldat en auroit. Il se trouva que chacun pouvoir avoir quatre blanquilles, qui font environ dix sous de notre monnoie. Hist. De Mouley Ismael.

BLANZAC. Petite ville de France, en Angoumois, sur la rivière de Nay, aux frontières de la Saintonge, avec un Chapitre dont le Chef a titre d’Abbé. Blanziacum.

BLAQUE. s. f. Vessie où l’on met le tabac pour le tenir frais. Ce mot est en usage en Bretagne.

BLAQUERNES. s. f. & pl. Blaquernæ. Lieu voisin de Constantinople, où l’on bâtit un fauxbourg, dans lequel, entre autres édifices somptueux, étoit le Palais des Blaqueres, qu’on appela Pentapygrion, c’est-à-dire, le château des cinq tours. Héraclius voulut mettre ce fauxbourg à couvert des insultes des Barbares, le fit enfermer dans la ville. Les Blaquernes étoient vers le fond su port de Constantinople, du côté de l’Occident ; ou, comme dit Lambecius, dans ses notes sur Codinus, n. 101, vers l’entrée du Pont-Euxin.

On prétend que ce nom vient d’un Prince Barbare, qui régnoit autrefois dans cette partie de la Thrace, & qui avoit son palais en ce lieu là. Codinus rapporte cette étymologie : Gretzer l’approuve, Gillius la suit, & l’attribue à Denys de Byzance ; ce qui n’empêche pas Lambecius de la rejeter. D’autres le dérivent du grec βλάχνον, qui signifie fougère, & disent que ce lieu fut ainsi appelé, parce qu’il étoit tout plein de fougère, de sorte que selon Codinus βλαχέρνα se dit pour βλαχέρνη. Le même Auteur dit encore que βλαχέρνα est dit pour λακερνα, qui est la même chose que λακκώδης, plein de lacunes, marécageux ; & quoique Lambécius croie ces deux étymologies fausses, il dit qu’elles sont probables à cause de la situation de ce lieu. Codinus en rapporte encore une assez obscurément ; ὅτι βλάχου τινὰς κέρμα ἦν ἐκεῖσε. Lambécius croit que cela veut dire, parce qu’un Valaque avoit été tué là. Junius tire ce nom de la langue Arabe. Gretser rejette cette étymologie de Junius sans la rapporter.

BLARE. s. m. Petite monnoie de cuivre, avec le mélange ou alliage d’un peu d’argent, qui se fabrique à Berne, en Suisse. ☞ Le blare est évalué en France à deux sous un denier.

☞ BLASER. v. a. dont on se sert pour exprimer l’effet des liqueurs fortes, dont l’excès use & desseche. Les excès l’ont blasé.

L’hypothèse consume
Un corps que la nature avoit bien composé,
Mais que le feu qu’il boit sans ressource, a blasé.

Regnier
.

Se Blaser. v. récip. S’user, se dessecher à force de boire. Il a tant bu d’eau de vie, qu’il s’est blasé.

☞ On dit figurément qu’un homme est blasé sur les plaisirs, sur les spectacles.

BLASÉ, ÉE. part. Usé. C’est un homme blasé.

BLASMABLE. Voyez Blâmable.

BLASMER. Voyez Blâmer.

BLASO. s. m. C’est le nom d’un arbre Indien. Le fruit réduit en poudre, & pris intérieurement, tue les vers. On prend aussi l’écorce pulvérisée avec le gingembre réduit en poudre, contre la morsure de la vipère. Ray, Hist. Plant.

BLASON. s. m. Devise & Armes qui sont dépeintes sur un Ecu, telles que les portoient les anciens Chevaliers ; ou, selon quelques autres, l’assemblage de tout ce qui compose l’écu armorial. Scutum Gentilitium. Voilà le blason d’une telle maison. On reconnut ce Chevalier à son blason.

☞ Les Vocabulistes n’ont pas cru devoir parler de cette acception du mot blason, & ne le considérent que comme l’art d’expliquer, en termes propres, toutes sortes d’armoiries. C’est voir la moitié des choses.

Ménage dérive ce mot de latio, à cause que le blason étoit porté par les Chevaliers sur leurs écus. D’autres le dérivent par métathèse de l’hébreu sobal, qui signifie tulit, portavit. Borel le fait venir du mot latin laus, qui signifie louange, & de celui de sonare, qui signifie sonner, en mettant un B devant le mot entier. Mais la plus commune opinion est que le mot blason est venu de l’allemand blasen, qui signifie sonner du cor, parce que ceux qui se présentoient aux lices des anciens Tournois, sonnoient du cor, pour faire savoir leur venue. Les Hérauts après sonnoient de leurs trompettes ; & puis blasonnoient les armoiries de ceux qui se présentoient, & les décrivoient à haute voix, & quelquefois s’étendoient sur les louanges & les exploits de leurs maîtres.

Blason. Ce mot a été pris aussi quelquefois pour l’écu même où sont les armoiries ; ce qui a fait dire à Perceval : Et se couvrent de leurs blasons.

Blason, se dit aussi de la science particulière qui apprend à déchiffrer les armes, ou armoiries des maisons nobles, & à en nommer toutes les parties dans leurs termes propres, & particuliers. Earum, quæ in scuto expressa sunt, figurarum interpretatio, ou interpretandi ars, scientia : ars, ou scientia heraldica. Le blason étoit la science des Hérauts d’armes. Les François sont les premiers qui ont réduit le blason en art, & ce sont eux qui ont les armes les plus régulières. Il y a cette différence entre armes ou armoiries, & blason, qu’armoiries se dit de la devise, ou des figures qu’on porte sur le bouclier, ou sur la cotte d’armes ; au lieu que le blason en est le déchiffrement, ou la description. Tous les termes & jargon du blason étoient de l’usage ordinaire de la langue dans l’onzième siècle où le blason commença à se mettre en vogue ; car alors les fautoirs, les fusées, les girons, les rustres, &c. étoient des pièces du harnois des Chevaliers.

Aussitôt maint esprit fécond en rêveries,
Inventa le blason, avec les armoiries.

Le blason représente en image la naissance, la noblesse, les alliances, les emplois, & les belles actions des hommes illustres. Barthole a écrit du blason & des armoiries en Jurisconsulte, & le Président Chasseneu, dans sont catalogue de la gloire du monde. Plusieurs en ont écrit en Curieux & en Historiens, comme André Favin, Spalman, la Colombière, Bara, Segoin, Geliot, les Peres de Varenne & Ménestrier Jésuites ; Philippe Moreau Avocat Bourdelois, & Scohier Chanoine de Berghes en Hainaut, qui dit que l’étude du blason est un abîme, & que celui qui s’y est appliqué 30 ou 40 ans y trouve toujours matière d’apprendre. Le Pere Ménestrier a fait une bibliothèque de tous les Auteurs qui ont écrit du blason, des armoiries, & des généalogies, & a fait un dénombrement de près de 300 Auteurs qui en ont écrit en diverses langues. On ne voit point avant l’an 1150 d’Auteur qui parle du blason, selon les gens qui ont remonté jusqu’aux sources de cet art ; il n’y a point eu avant ce temps de véritables armoiries. Le Gendre.

Blason, signifie aussi un grand nombre d’armoiries qu’on met en certaines cérémonies, particulièrement aux enterremens, sur les tentures, litres ou ceintures funèbres,