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BIL

quatre fois pardevant, au lieu de trois ; si l’on passe deux fois par derrière, il faut passer cinq fois pardevant, & ainsi du reste.

VII. Ceux qui ne sont point à bille, c’est-à-dire, qui n’ont point passé deux fois par la première passe, une fois pardevant & une fois par derrière, peuvent passer par le derrière de la seconde sans conséquence, c’est-à dire sans en perdre un.

VIII. Quand quelqu’un est à bille, c’est-à-dire, quand un seul des joueurs a passé pardevant & par derrière de la première passe, si l’on blouse, ou si l’on fait sauter quelqu’un, il ne joue plus, sa bille est hors du jeu ; il en est de même s’il se blouse, ou s’il saute de lui-même.

IX. Quand personne n’est encore à bille, si quelqu’un se blouse ou est blousé, s’il saute ou si on le fait sauter, on remet sa bille sur le billard, & il continue de jouer ; mais son adversaire met sa bille sautée où il lui plaît.

X. On peut jouer deux ou quatre. Si l’on joue deux, chacun des joueurs peut avoir deux billes, ou n’en avoir qu’une. L’ordinaire est d’en avoir chacun deux. Le jeu en est plus beau.

Si l’on joue quatre, on est deux de chaque partie, & l’on a chacun une bille. On joue alternativement, le premier d’un parti, puis le premier du parti contraire ; ensuite le second du premier parti, & enfin le second du parti contraire.

XI. Les autres règles sont communes à tout autre jeu de billard. Par exemple, qu’il ne faut point billarder, qu’il ne faut point traîner, &c.

XII. Quand on donne la revanche à celui qui a perdu, le vainqueur, si l’on n’est que deux joueurs, ou l’un des vainqueurs, si l’on est quatre, joue le premier.

Billard de terre. Sorte de jeu. On le joue dans des allées. On fiche un ou deux anneaux en terre, par où l’on fait passer de petites boules ou billes, que l’on fait rouler avec une palette.

Billard, est aussi le bâton recourbé avec lequel on pousse les boules, Clava incurva.

Billard. Mot des paysans & preneurs d’oiseaux, qui veut dire, un bâton recourbé par un de ses bouts, fait de la forme de ceux dont on se sert dans un jeu de billard.

Billard. Terme de Bouvier. Ils appellent un bœuf billard, quand ses cornes s’éloignent beaucoup l’une de l’autre.

BILLARDER. v. n. C’est toucher sa bille deux fois en jouant, ce qui fait un coup perdu, & l’on perd un point. Ictu gemino globulum trudere, ictum iterare. Il a billardé, le coup ne vaut rien. Billarder se dit encore lorsqu’on touche les deux billes avec le billard, utrumque globulum clavâ percutere.

Billarder, se dit aussi en termes de Manège, d’un cheval lorsqu’en marchant, il jette ses jambes de devant en dehors.

BILLE. s. f. est une boule d’ivoire, ou de buis, avec laquelle on joue au billard. Globus eburneus vel buxeus. On dit, faire une bille ; pour dire, la mettre dans une des blouses qui sont autour de la table. Globulum in fundulam trudere.

Ce mot vient du latin pila.

On dit proverbialement que deux homme font billes pareilles, qu’ils sont sortis d’une affaire billes pareilles ; quand ils n’ont point remporté davantage l’un sur l’autre.

Les Chamoiseurs & Marroquiniers appellent bille, un morceau de fer ou de bois, rond, gros & long à volonté, qui leur sert à tordre les peaux, pour en faire sortir toute l’eau, la gomme ou la graisse qui peuvent y être.

On appelle bol en bille, ou brouillamini, du bol lavé, purifié & réduit en pâte, dont on forme ensuite des bâtons plats, de la largeur & grosseur du doigt.

Bille. Terme de Boulanger, particulièrement en usage dans les Boulangeries où l’on fait le biscuit de mer. C’est ce qu’on appelle plus ordinairement un rouleau qui sert à aplatir la pâte.

Bille, est aussi un bâton pointu qui sert aux Embaleurs pour serrer les cordes de leurs ballots, & à serrer les charges des mulets. Sarcinatoris clava.

Autrefois le mot de bille ne signifioit qu’un bâton ; ce que nous témoignent les mots de biller & de débiller, dont on use encore sur les rivières ; pour dire, attacher la corde du bateau aux billes, ou bâtons qui sont au bout des traits des chevaux qui tirent.

Ce mot vient de billus, qu’on a dit dans la basse latinité pour signifier un gros bâton, ou une petite massue. Cependant Borel veut que bille signifiant un bâton, vienne de vilis, c’est-à-dire, chose vile.

Bille, se dit aussi d’une pièce d’étoffe qui lie les deux bouts d’une chappe d’Église, sur le devant.

Bille d’acier, est un morceau carré & marqué d’un fer doux & écumé, qu’on prépare en sorte qu’il lui reste un grain menu. Il vient de l’acier en bille, d’autre en pain.

Bille, terme de Marine. Il se dit d’un bout de menu cordage, où il y a une boucle, & un nœud. Son usage est de tenir le grand écouet aux premiers des grands haubans, lorsqu’il ne sert pas.

Bille, branche d’arbre, ou plutôt verge coupée par les deux bouts pour planter. Talea, clavola, clavula.

BILLEBARRER. v. a. Mettre plusieurs couleurs bisarres & tranchantes sur un habit, sur des meubles. Variare. Le vert & le bleu sont des couleurs qui billebarrent un habit. Cela s’est dit originairement des habits des bouffons & des masques, qui les rendoient extravagans par plusieurs bandes ou barres de couleurs qui choquent la vue. Les anciens Chevaliers mettoient aussi de ces pièces sur leurs habits, pour leur servir d’ornement ; & c’est de-là que sont venus les billettes du Blason. Ce mot est familier, même bas.

BILLEBARÉ, ÉE. part. & adj. Variatus.

BILLEBAUDE. s. f. Mot du style populaire, qui signifie confusion. Cette assemblée est une vraie billebaude. Chasser à la billebaude, c’est-à-dire, chasser sans ordre.

BILLEGOH. s. m. Arbre de la basse Ethiopie, haut & épais, & dont les Médecins du pays se servent. Dapper.

BILLER. v. a. Terme de Navigation. C’est attacher à une courbe de chevaux la corde qui sert à tirer les bateaux sur les rivières. Alligare. Le contraire est débiller, quand on la détache. Au passage des ponts & des pertuits il faut biller & débiller.

Biller, est aussi un terme d’Embaleur, qui signifie, serrer avec la bille. Stringere. Biller un balot.

Biller la pâte. C’est l’aplanir avec la bille. On bille aussi les galettes de biscuits pour les rendre plates.

Biller, se dit aussi chez les Chamoiseurs. Voyez Bille.

Biller, en Charpenterie, c’est faire tourner à droite & à gauche une pièce de bois, ou autre fardeau, après l’avoir mise en balance sur un chantier.

☞ BILLET. s. m. Petite Lettre missive, dans laquelle on se dispense du cérémonial usité dans les lettres ordinaires. Epistolicum, litterule. Aujourd’hui on écrit presque toutes les lettres en billet, pour éviter les cérémonies.

☞ On dit en ce sens un billet doux, pour dire, un billet de galanterie, adressé à une maîtresse. Ce qu’on appeloit autrefois poulet. Schedula amatoria. Ecrire, envoyer, recevoir un billet doux.

Ce mot vient de billetus, diminutif de billus, qui a été fait de l’Allemand & de l’Anglois bill, qui signifie la même chose. Ménage. D’autres le dérivent de libellus. Dans la basse latinité on a dit aussi billa. Du Cange le dérive de pittacium, qui étoit chez les anciens une tablette préparée avec de la poix, que les Grecs appellent πίττα, qui servoit à écrire des cédules ou billets, qu’on a appelés au commencement pillets. Il peut venir du grec, βιϐλίδιον.

Billets d’enterremens. Scheda funebris. Billets de Charlatan. Ce sont des imprimés qu’on donne pour semondre des enterremens, ou pour annoncer le logis & la science d’un Opérateur ; ce qui se dit aussi de ces petits écrits circulaires, par lesquels on fait assembler les gens d’un même corps, ou qui sont intéressés en une même affaire ; ce qui s’appelle faire courir le billet.

Billet, se dit aussi de toute écriture privée, par laquelle on s’oblige à quelque payement, où l’on fait la reconnoissance de quelque chose. Chirographi cautio, syngrapha. D’ordinaire tous les biens, les effets des Marchands, consistent en billets, ils n’ont point d’immeu-