Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/914

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
890
BIC

Elle court d’une très-grande vitesse, & a la vue fort bonne. Un faon de biche. La biche entre en rut au mois d’Août & de Septembre. Elle porte son petit huit mois, & n’en fait qu’un à la fois. Callimaque donne des cornes aux biches comme aux cerfs, Voyez le Callimaque de Mademoiselle le Fèvre, qui fut ensuite Madame Dacier.

Jamais la biche en rut n’a pour fait d’impuissance,
Traîné du fond des bois un cerf à l’audience. Boil.

On dit qu’une biche montra un gué à Clovis, qui y fit passer la Vienne à son armée. Ce gué se nomme encore le pas de la biche. Le P. Jourdan.

Cet animal est le symbole de Junon conservatrice, parce que de cinq biches aux cornes d’or, & plus grandes que des Taureaux, que Diane poursuivit à la chasse dans la Thessalie, elle n’en prit que quatre qu’elle attacha à son char ; la cinquième fut sauvée par Junon.

Saumaise dérive ce mot de bicula ; Ménage de bicca, féminin de biccus, bouc. Guichart de צבי, tsebi, capreu, chèvre, dont se fait צביה, tsebija, qui signifie la même chose, & selon lui cerva, bije, d’où biche s’est formée.

On dit proverbialement, il s’enfuit comme une biche ; pour dire, avec poltronerie & légèreté.

☞ BICHE. s. f. Glaucus primus. Poisson de mer qui a le ventre blanc & le dos bleu, d’où lui vient son nom latin. Sa chair est blanche & de bon goût. On lui donne aussi le nom de derbio.

☞ BICHE. Ville. Voyez Bitche.

BICHENAGE. s. m. Vectigal ex frumento, nucibus, &c, C’est un terme de coutume. On connoît ce que c’est que le bichenage, par un extrait du dénombrement fait au Roi l’an 1522, par le Châtelain de la terre & Seigneurie de Bussi, en Bourgogne. Le droit de bichenage de tous grains, & de toutes autres choses qui se vendent au boesseault au marché dudit lieu, & non à autre jour est tel. C’est à savoir que d’un boesseault l’on ne doit rien:de deux boesseaults l’on doit pour le bichenage une écuelle, de trois boesseaults l’on ne paye qu’une éculée ; de quatre boisseaults, deux éculées ; de cinq boesseaults l’on ne paye que deux éculées ; de six boesseaults l’on paye trois éculées, & ainsi de plus le plus, & du moins le moins, sans rien payer de non pair… Item est à savoir que le dit bichenage se pren & leve audit marches des noix, des oignons, & de toutes autres choses qui se mesurent au boesseault en la forme & manière que dessus… Item est encore à savoir que ceux qui payent ledit bichenage ne doivent rien de vente ni de péage, à cause de ce dont ils auront payé le bichenage. M. Galland.

BICHET. s. m. Mesure de grains qui contient environ un minot de Paris. On le dit tant de la mesure que du blé qui y est mesuré. Le bichet est particulièrement en usage en Bourgogne & dans le Lyonnois. Dans les anciens titres on trouve qu’il en falloit deux pour faire une hémine, ou deux quartaux ; en d’autres qu’il contenoit deux quartes, que chaque quarte contenoit deux boisseaux, & le boisseau vingt écuelles. Bichetus.

Le bichet est encore en usage à Montreau, à Moret, à Sens, à Meaux. A Montreau le bichet de froment pèse 40 livres ; celui de méteil 38 livres, de seigle 36 livres, d’orge 31 livres, de champart 32 livres ; huit bichets font un setier du pays, qui est de seize boisseaux de Paris. Ainsi le bichet est égal à deux boisseaux de Paris. Le muid est de douze setiers; mais on y ajoute toujours quatre bichets pour faire le compte rond de 100 bichets pour un muid. Le bichet de Moret est un peu plus petit que celui de Montreau. A sens il y a huit bichets au setier du pays, & il en faut sept pour faire le setier de Paris. Ainsi il est plus petit d’une sixième que celui de Montreau:car le setier de paris est de douze boisseaux. A Meaux le stier contient quatre minots, ou bichets, & pèse 200 livres ; par conséquent le bichet pèse 50 livres, & est de dix livres plus pesant & plus grand que celui de Montreau.

On dit aussi un bichet de terre, en parlant de la mesure d’une terre qui a besoin d’un bichet de blé pour être semée. On dit à Lyon une bichetée de terre.

BICHO. s. m. On voit au Brésil des vers de différentes espèces, qui causent de cruels maux a ceux qui en sont attaqués. Les Portugais appellent ces vers & les maladies qu’ils causent, bicho ; ce qui en leur langue signifie un ver, ou un petit insecte… Ces bicho s’attachent aux pieds & aux jambes. Les Brésiliens & les Nègres, qui vont pieds nus, en sont fort incommodés ; les Européens y sont moins exposés, parce qu’ils portent des souliers & des bas. Voyag. de Dellon, to. 2, p. 172, & suiv.

BICHON. s. m. Petit chien qui a le nez court, & le poil long, blanc, & fort délié. Catelius. Les bichons ont été longtemps à la mode chez les Dames. On dit bichonne quand on veut parler de la femelle, & alors il est féminin.

Quelques-uns croient que ce nom vient de barbet, & qu’on a dit barbiche, barbichon, puis babiche, babichon, & enfin par abrégé biche & bichon, comme si c’étoit un petit barbet.

BICHOT. s. m. Mesure de grains en usage à Dijon, qui est la charge d’un cheval, & pèse 336 livres. Mensura aridorum pondo 336 librarum. A Dijon l’on y compte par quatranches, quartaux, bichots & hémines. Le quatranche de froment tient 13 pintes & demie de la grande mesure : il pèse 42 livres, & criblé 41 livres : le quartau tient quatre quatranches ; le bichot deux quartaux ; & l’hémine, qui est la charge de deux chevaux, tient deux bichots. De la Mare. Traité de la Pol. L’V, T. VIII, c.3.

BICIA. s. f. Plante qui croit de soi-même aux Indes occidentales. Elle s’élève à la hauteur de sept ou huit pieds. Elle a les branches comme l’arbre du coton ; ses fruits sont enfermés dans des gousses semblables aussi à celles du coton ; excepté qu’en dehors elles sont revêtues d’une petite toile un peu grosse en certaines veines, qui marquent par dehors les compartimens qui se voient au-dedans de la gousse, dans la quelle font renfermés de petits grains rouges, qui s’attachent comme de la cire, & sont encore plus visqueux. Les Sauvages font de ces grains de petites boules, auxquelles ils mêlent de la gomme & dont ils se peignent le visage.

BICLARE. C’est ainsi que nous appelons en François ce que les Catalans nomment Valclara. C’est le nom d’un bourg & d’un Monastère de Girondins, ou de Moines de Biclare, situé au pied du mont Pradès, dans l’Archidiaconé de Tarragone en Catalogne. Velalara. Le Monastère de Biclare fut fondé au VIe siècle. Il y a encore aux environs de cette montagne plusieurs ruines qui peuvent être celles de ce Monastère. Il fut bâti par un Abbé nommé Jean, qui en fut tiré pour être élevé sur le liège épiscopal de Girone, Geronda, Gironde ; & c’est ce qui a donné lieu à quelques Auteurs de le faire Fondateur des Girondins, appelant ainsi les Moines de Biclare, du nom de la ville épiscopale de leur fondateur. Leur habit étoit blanc. Ils portoient sur la poitrine un écusson, qui, selon Adrien Damman, étoient les armes de l’Evêque de Girone ; savoir, d’or à deux pals de gueules, & deux de sinople. Si cela est, ces Girondins auroient subsisté après l’onzième siècle, avant lequel il n’y avoit point d’armoiries. Mariana prétend qu’ils avoient la Règle de S. Benoît ; mais on ne doute point, dit le P. Hélyot, que l’Abbé Jean n’ait dressé une règle pour ses Disciples. Voyez cet Auteur. T. V. C. 4.

☞ BICONGE. s. m. Mesure des Romains, contenant douze setiers. Voyez Conge. Ne croyez passes Vocabulistes qui disent que ce mot est du genre féminin. Biconge, de même que Congé, est masculin.

BICOQ ou PIED DE CHEVRE. s. m. Terme de Mécanique. C’est le troisième pied qu’on ajoute à la chèvre, ou machine qui sert à élever des poutres, ou autres gros fardeaux, quand on n’a point de murailles contre lesquelles on la puisse appuyer.

BICOQUE. s. f. Place peu fortifiée & sans défense. Vile oppidulum. ☞ Cette Bicoque n’arrêtera pas notre Armée.

Ce mot vient d’une place sur le chemin de Lodi à