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BEZ

Le Bézoardique de Jupiter est un régule qui se fait en fondant trois onces de régule d’antimoine avec deux onces d’étain noir, lequel étant pulvérisé se mêle avec six onces de sublimé corrosif, après quoi il se résout dans une espèce de beurre, lequel ensuite on dissout dans le poids de trois fois autant d’esprit de nitre ; puis on distille trois fois cette dissolution. Le bézoard demeure au fond du vase, on le pulvérise, on le lave, & alors on le mêle dans de l’esprit de vin, dans le quel on le laisse se digérer, ou s’infuser jusqu’à ce qu’il devienne insipide. Harris.

Le Bézoardique de la Lune se fait en mêlant 8 onces de beurre rectifié d’antimoine avec une once d’argent fin. On le dissout dans de l’esprit de nitre, qu’il faut verser dessus tout doucement, & continuellement, jusqu’à ce que tous les bouillonnemens soient passés. Ensuite de cette matière on en tire l’esprit à une chaleur modérée, & par trois rectifications. Après quoi le bézoard se fait comme le précédent. Id.

Le bézoardique de Mars est une dissolution du Crocus Martis, dans du beurre d’antimoine, faite, au moins autant qu’on le peut, par réverbération. Puis on verse dessus de l’esprit de nitre, & l’on y procède pour le reste comme aux autres préparations bézoardiques.

☞ BEZOLE. s. f. Nom d’un poisson assez commun dans le lac de Lausane en Suisse, & qui, suivant Rondelet, ne le trouve que là. Il a beaucoup de rapport avec le Lavaret.

☞ BEZZO. s. m. Petite monnoie qui a cours à Venise, valant à peu-près un de nos liards.

BHA.

BHAVANI. s. f. Déesse des Indes. Les peuples de ce pays disent que c’est Xacta, ou La Puissance. Ils appellent son mari Xacteunt, c’est-à-dire, Le Puissant. Tout ce qu’ils racontent de cette Déesse & de son époux, est mystérieux, & signifie la matière & les causes des choses. Kirker, Chin. ill. p. 171, d’après le P. Roth, Missionnaire très-habile dans la langue des Brachmanes.

BIA.

BIA. s. m. Les Siamois nomment ainsi ces petits coquillages blancs qui viennent des Maldives, que l’on nomme Coris presque par toutes les Indes Orientales, & qui y servent même de monnoie. A Siam on donne huit cens bias pour un souang, qui est la huitième partie d’un tical ; ensorte que huit bias ou coris n’y valent pas tout à fait un denier.

☞ BIAFAR. Royaume d’Afique, dans la Nigritie, entre celui de Bénin, le Niger, & les Etats de Congo. On n’en connoit que la capitale qui porte le même nom : encore ne la connoit-on guère.

☞ BIAFARS, ou BIAFARES. Peuples d’Afrique, dans la Nigritie, dont le pays se nomme Guinala. Il ne faut pas les confondre avec les habitans du royaume dont on vient de parler.

BIAIN. s. m. On dit aussi BIAN. Terme de Coutume. Ce sont des corvées, tant d’hommes que de bêtes. Operarum præbitio. M. de Laurière croit que le mot bians, ou biains, vient de ce que ces corvées se bannissoient, c’est à-dire, se proclamoient. M. Hevin le dérive du mot biens, parce que ces corvées étoient dues pour la récolte des biens de la terre. Il en est parlé dans l’Histoire dr Bretagne.

BIAIS. s. m. Terme relatif, qui signifie proprement travers, ligne oblique, irrégularité. Obliquitas. Le biais d’une maison, d’une chambre, d’une cour, d’un jardin, &c. On plante du bois pour cacher le biais, l’irrégularité d’un terrain. Sauver un biais, c’est le faire disparoître par le moyen de l’art.

Couper une étoffe de biais, c’est la couper obliquement. La couper du bon, du mauvais biais, c’est la couper du bon ou du mauvais sens, relativement à l’usage qu’on en veut faire.

Les Maçons appellent biais gras, & biais maigre, ce que les Géomètres appellent angle obtus, & angle aigü. Ils se servent aussi de biais par tête, de biais par dérobement, de biais par équarrissement, pour marquer la coupe de quelque pierre.

Biais, en termes d’Architecture, c’est l’obliquité d’une face à l’égard de la direction d’une voûte, ou d’un jambage à l’égard d’un passage. Frezier.

Biais passé. On appelle ainsi dans une voûte un berceau biaisé par devant & par derrière, dont les joints du lit ne font pas parallèles aux côtés du passage, comme dans les voûtes ordinaires biaises, mais dont la direction tend à des divisions des voussoirs inégaux, en situation inverse du devant au derrière, c’est-à-dire, de l’entrée à la sortie, de sorte que les joints de lit à la droite ne doivent pas être droits, comme les font les Auteurs de la coupe des pierres. Frezier. On dit aussi biais passé, lorsque dans les batimens certaines sujétions obligent à faire des portes ou des fenêtres de biais ; & celà s’appelle ainsi à cause du trait géométrique, qui se fait ou par équarrissement, ou par panneaux. On dit, corne de bœuf, ou corne de vache, quand les ouvertures ou les passages que l’on fait de cette sorte, sont seulement de biais d’un côté.

Ce mot vient de l’ancien Gaulois bihan, c’est-à-dire, de travers.

Biais. Sorte de linge, morceau de toile taillé de biais, que les femmes mettent sur leur gorge. Linteum oblique sectum. Il y a déjà quelque temps que les femmes ne portent plus de biais.

Biais, se dit figurément, des diverses faces dont on peut envisager une chose ; des divers moyens, des divers expédiens dont on peut se servir pour y réussir, des diverses manières de tourner, de regarder une affaire, une entreprise. Ratio, modus. Ce rapporteur a tourné cette affaire de tous les biais pour la faire réussir. Vous avez pris le bon biais, pour toucher son cœur. Mol. Ils l’exclurent par des biais dont on étoit convenu. Rochef, Si vous ne prenez cette affaire d’un autre biais, vous ne réussirez pas. Je ne sais que ce biais là pour vous tirer d’affaire.

De biais, sorte d’adv. qui signifie de travers, de mauvais sens. Obliquè. Il se remue de biais. Ce morceau d’étoffe est coupé de biais. Piqué de biais. Mettre une chose de biais.

On dit en termes de Manège, aller en biais, c’est-à-dire, les épaules avant la croupe. Faire aller un cheval en biais. La leçon du biais au passager. Si les épaules vont avant la croupe, le cheval est en biais, & il a la croupe un peu en dehors. Newc. Mettre le cheval en biais, tantôt à une main, & puis le pousser en avant tantôt à l’autre, & puis le pousser de même en avant, & réitérer cela de main en main & en avant, lui fait obéir la main & le talon, & est une excellente leçon ; mais d’autant qu’il est mis en biais, il faut que les parties de devant aillent toujours avec celles de derrière. Id. Voyez dans le même Auteur, p. 257 & 258, la manière de faire aller un cheval en biais ; faire faire au cheval des courbettes en biais, le mettre au pas en biais, & en courbettes en biais. Id. Pour aller en biais, il faut à toutes mains aider aussi le cheval de la rêne de dehors, & soutenir, c’est-à-dire, le tenir ferme sans lui donner aucun temps ; car le cheval le prend mieux que vous ne lui pouvez donner, & il faut l’aider de la jambe de dehors, c’est-à-dire, qu’il faut que la rêne & la jambe soient du même côté, & toujours en dehors. Id.

BIAISEMENT. s. m. Manière d’aller en biaisant. Le vent de bouline fait par son biaisement pencher le vaisseau. Guillet, Art de nav. Ce mot n’est pas usité au propre, bien moins encore au figuré.

BIAISER. v. n. N’être pas droit, être posé obliquement. Obliquari. L’aile de ce bâtiment biaise du côté gauche. Il ne marchoit pas droit, mais en biaisant, & en suivant le fleuve. Ablanc.

Biaiser, se dit figurément de ceux qui n’agissent pas sincèrement, qui cherchent des biais, des détours, de mauvaises finesses, dans les affaires, ou pour surprendre quelqu’un. Simulare, parum sincerè agere, vel loqui. C’est un homme qui biaise, qui n’agit pas rondement. Il ne faut pas biaiser avec moi.