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BEZ

mercurielle. C’est la femme du Gabrien, ou soufre des Philosophes.

BEYNES. Lieu du Hainaut. Il y a des Lettres de Louis XI, données à Beynes en Haynaut, le 3 Août 1461, par lesquelles il ôte l’Office de Chevalier du Guet à Philippe de la Tour.

BEYUPURA. s. m. Poisson de la mer du Brésil, qui est fort gras, d’un bon goût & sain. Il est long de six ou sept palmes. Il a le dos noir & le ventre blanc, & approche fort de l’éturgeon de Portugal. On le prend avec l’ameçon dans la pleine mer.

BEZ.

BEZA. Nom d’une Divinité. adorée à Abyde. Voyez BEZA.

☞ BEZANITES, ou BEZANIENS. Nom d’une secte imaginaire qui s’éleva, dit Prateolas, & ceux qui l’ont copié, sous l’Empire de Charles V, & sous le Pontificat de Jules III, vers l’an 1550. Lindanus avoit dit la même chose avant lui. Ce qu’il y a de certain, dit Bayle, c’est qu’il n’y a point eu dans le XVI siècle de personnes qui, en qualité de disciples de Théodore de Beze, aient fait secte à part.

BEZANS. s. m. pl. Toiles de coton qui se tirent de Bengale. Il y en a de blanches & de rayées de diverse couleur.

BEVANT. Voyez BEZANT.

☞ BEZAT. Basia, ou Besara. Ville d’Afrique, au royaume de Fez, dans la Province de Habat.

BEZESTIN, ou BEZESTAN. s. m. Terme de relation. Marché, halle, lieu où se vendent différentes marchandises à Andrinople & dans quelques autres villes des Etats du Grand-Seigneur. Forum nundinale, atrium, porticus nundinaria. Au-delà de cette mosquée, (la mosquée neuve à Constantinople) sont les deux Bezestins, le vieux & le neuf, assez près l’un de l’autre. Ce sont deux grandes places carrées & couvertes, dans lesquelles se vendent tous les jours de l’année les choses qui servent plus au luxe qu’à la nécessité. On vend dans le vieux de beaux harnois, les cimeterres enrichis d’or, d’argent & de pierreries, les porcelaines, & enfin toutes les gentillesses de la vanité ; dans le neuf on y vend les tapis & les étoffes d’or, d’argent & de soie. Du Loir, p.50.

BEZET. s. m. Terme de Trictrac, qui signifie deux as, en dez. Lusoriæ tesseræ monas gemina. Ce mot vient de bis, & as. On dit dans le même sens ambesas.

☞ BEZETTA. s. m. Crepon ou Linon très-fin, teint avec de la cochenille dont les femmes se servent pour se farder.

BEZI Voyez Besi.

BEZIER. s. m. Poirier sauvage qui porte beaucoup de fruit fort menu & fort âpre. Les poires s’appellent besies, bezialles. On en peut faire un bon fruit en les cuisant, telles que sont les Besies d’Heri & de l’Echassière. Dict. des Arts 1731. Voyez Besi, & ce qu’en dit M. Huet dans le II Tom. de ses Dissertations recueillies par M. l’Abbé de Tilladet, p. 177.

BEZIERS. Ville épiscopale de France, dans le Languedoc, sur une colline, autour de laquelle passe la rivière d’Orbe. Pline l’appelle Bliterræ Septimanorum. Ptolomée l’appelle Βαιτίραι, Betiræ. Casaubon a cru que c’étoit une faute, & qu’il falloit un L, Βλετίραι ; mais il s’est trompé. Julien de Tolède, Gregoire de Tours, l’Appendix de Frédégaire, la Table de Peutinger & Æthius disent Beterras. Holstenius dit que M. Peyresc lui avoit fait présent d’une médaille, sur Laquelle on lisoit Βητηρράτον, qu’ainsi il faut dire Bæzerra, Βαίτερρα, & que par-tout où il y a Bliterra ou Biterræ, c’est une faute qui consiste en ce qu’on a pris un Α pour un Λ, & qu’au lieu de ΒΑΙΤΕΡΡΑ on a lu ΒΛΙΤΕΡΡΑ. D’autres soutiennent qu’on a dit l’un ou l’autre, Bliterræ, ou Biterræ, ou Bæterræ. Le plus ancien Evêque de Beziers, que l’on connoisse, est S. Aphrodise, que l’on prétend avoir été disciple des Apôtres. Beziers a eu des Vicomtes. T. Cor. Maty. Hoffman donne à Beziers 23° 50′ de longitude, & 24° 42′ de latitude.

Cette ville a 20° 44′ 33″, de longitude, & 43° 20′ 25″ de latitude. Acad. de Bez. Et selon l’Acad. de Montp. 43° 21′ de latitude. La tour de Beziers a 20° 43′ 36″ de longitude, & 43° 20′ 37″ de latitude. Cassini. Voyez sur Beziers Cat. Hist. de Lang. Liv. II, Ch.3 p. 273 ; & Liv. IV, p. 644, 645. Andoque, Hist. de Lang. p. 15, 36, 51.

☞ La charmante situation de Beziers a donné lieu de dire que si Dieu vouloit choisir un séjour sur la terre, il n’en prendroit point d’autre que Beziers. Ce qu’on a exprimé par ce vers latin :

Si Deus in terris, vellet habitare Bitorsis.

Quelqu’un qui croyoit avoir lieu de se plaindre des habitans, ajouta, ut iterùm crucifigeretur. Oui pour être crucifié de nouveau.

BÉZOARD. s. m. Plusieurs écrivent bézoart, bézoars, sans d. Le Bézoard n’est que la pierre du fiel de plusieurs espèces d’animaux des Indes, tant orientales qu’occidentales, comme chèvres, cochons, singes, &c. Cette pierre médicinale est un excellent contrepoison. Lapis bezohar. Quelques-uns disent qu’elle se trouve dans le ventre d’un animal nommé Pazan. C’est une espèce de bouc, ou de chevreuil qui a le poil court, & un bois presque semblable à celui du cerf. Du Renou dit que cet animal est très-agile & fort cruel ; qu’il tue souvent les chasseurs qui se pressent trop ; qu’il a la corne des pieds fendue en deux comme le bouc ; que ses jambes sont assez grosses, sa queue courte & retroussée, son corps velu comme celui d’un bouc, mais couvert d’un poil beaucoup plus court, qui est de couleur cendrée tirant sur le roux ; sa tête est comme celle d’un bouc, armée de deux cornes fort noires, creuses en la partie inférieure, & renversées, & presque comme couchées sur le dos, sur lequel elles font un angle obtus en se réunissant. M. Pomet confirme ceci, & dit qu’il a vu à Coubert, château du Maréchal de Vitri, deux cornes de cet animal tout-à-fait semblables à celles que Du Renou a décrites.

Le bézoard oriental qui est le plus estimé, vient de l’Inde, & sur-tout dans le royaume de Golconde, & de Cananor. Quelques-uns disent, dans une province du royaume de Golconde, tirant au nord-est. Dans la Perse & dans les Indes, il est fort ordinaire de trouver le bézoard dans l’estomac des chèvres, qu’on nourrit en certains pâturages. On ne convient pas néanmoins en quelle partie de l’animal il se forme. Quelques-uns veulent que ce soit dans le coin des yeux, d’autres dans le ventricule ; quelques-autres dans les reins, il y en a qui soutiennent que c’est dans la vésicule du fiel : quelques-uns près du foie ; & enfin les derniers auprès du cœur. Ce que nous avons dit, & ce que nous dirons encore, montre que c’est dans le ventricule, ou estomac.

La figure de ces pierres de bézoard est différente : les unes sont rondes, les autres oblonges, & les autres semblables à un œuf de pigeon, à un rein, ou à une châtaigne. Leur couleur est différente aussi, tantôt noire, & tantôt cendrée, quelquefois tirant sur le jaune, & quelquefois verdâtre ; mais pour l’ordinaire d’un gris obscur, ou d’un vert noirâtre. Elles sont composées de plusieurs couches ou enveloppes, comme les oignons, qui sont les unes sur les autres, polies & luisantes, la seconde plus que la première, & ainsi des autres. Ces couches concentriques prouvent que ces corps ne se forment pas tout d’un coup, mais successivement, en recevant des matières propres à leur formation. Au centre de ces pierres il y a une petite cavité, dans laquelle on trouve un peu de poudre qui est de la même nature que la pierre ; ou bien quelque paille, ou bien quelque brin d’herbe, quelques fruits, des féves, des morceaux, ou petit caillou qui sert d’ame au bézoard, c’est-à-dire, qui a donné lieu à la production de la pierre, & qui en a été la base. Leur grosseur est aussi diverse : il y en a qui ne pèsent qu’une dragme, & d’autres qui en pesent douze & quinze, & même davantage.

Pour les éprouver, on les frotte avec de la chaux

détrempée