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BES

BESOGNER. v. a. enciennement BESONGNER. Travailler, faire sa besogne. Opus facere, exercere, labori incumbere.

Ce mot est vieux ; il a été employé par Amyot, Evêque d’Auxerre, dans les Vies de Plutarque en un sens obscène. Besogne bien ta jeune Chélidonide, & engendre de beaux enfans à Sparte. On ne le dit plus que dans le style burlesque, mais au premier sens que nous avons dit.

☞ BESOGNÉ. part. Compositus, comparatus. Fait, travaillé.

Peine ni soins, rien ne fut épargné,
Et me sembloit regardant mon ouvrage,
Des connoisseurs mériter le suffrage,
Et que le tout étoit bien besogné.

☞ BESOIN. s. m. Alicujus rei necessitas, penuria. C’est un sentiment désagréable, occasionné par l’absence apperçue, & la présence désirée d’un objet. Il s’ensuit de-là que nous avons deux sortes de besoins ; les uns du corps, qu’on nomme appetits ; les autres de l’esprit, qu’on appelle désirs.

☞ Ce mot, considéré comme appetits ou besoin du corps, a moins de rapport à l’état & à la situation habituelle que ces mots, pauvreté, indigence, disette, mais il en a davantage au secours qu’on attend, ou au remède qu’on cherche. M. l’Abbé Girard, Syn. Il faut que nos soins s’étendent, & que notre cœur se dilate à mesure que les besoins du prochain augmentent. Flech. Les hommes sont liés par une chaîne, c’est le besoin qu’ils ont les uns des autres. Quand on est dans le besoin, c’est à ses amis qu’il faut demander de l’aide ; mais il faut aussi s’aider soi-même, de peur de les importuner. M. l’Abbé Girard, Syn.

☞ Cassendre dans sa Trad. de la Rhét. d’Arist. dit que par le mot de nécessité ou de besoin, on doit entendre tous les désirs de l’appetit sensuel ; mais principalement ceux qui donnent de l’impatience, & qui fâchent toujours lorsqu’on n’a pas la chose qu’on voudroit avoir. Mais ces mots ont plus d’étendue dans notre langue.

☞ On dit, qu’est-il besoin de ; qu’est-il besoin que ; pour dire, qu’est-il nécessaire de, ou que ? On dit aussi avoir besoin, non-seulement dans la signification d’avoir faute, mais aussi dans la signification d’avoir affaire. Comme je ne vous puis pas prêter ce que vous me demandez, j’en ai besoin. Ac. Fr.

☞ On dit proverbialement, on connoît le véritable ami dans le besoin. On dit aussi, besoin fait vieille troter.

Sæpè necesse gravem currere cogit anum.

Besoin ou Besoins, au pl. signifie aussi nécessité naturelle. Il est sorti pour un besoin. Il lui a pris un besoin. Ac. Fr. Faire ses besoins. Aller à ses besoins.

BESON. s. m. Mesure des liquides, dont on se sert en quelques lieux d’Allemagne, particulièrement dans la ville d’Ausbourg.

☞ BESONGNER. Voyez Besogner.

☞ BESONGNÉ. Voyez Besogné.

☞ BESONS. Petit village de France, sur la Seine, à deux lieues de Paris, remarquable par une foire qui s’y tient tous les ans, où le plaisir, & la curiosité attirent une infinité de personnes des deux sexes. Voyez dans Dancourt la petite comédie intitulée la foire de Besons.

BESORCH. s. m. Monnoie d’étain, ou de métal d’alliage, qui a cours à Ormus, à-peu-près sur le pied des liards de France.

☞ BESSAN. Ville de France, en Languedoc, près d’Agdes.

BESSANEM. s. m. Avicenne entend par ce mot, une rougeur des parties extérieures, semblable à celle qui précède la lèpre : elle occupe quelquefois le visage et plus souvent les extrémités du corps. Il paroît que c’est ce que nous entendons par mules aux talons, ou bien engelures.

BESSARABIE. Bessarabia. Province de la Turquie, en Europe, bornée au nord par la Podolie, au couchant par la Moldavie, au midi par le Danube, qui la sépare de la Bulgarie, & au levant par la mer Noire. La Bulgarie fut anciennement une partie de la Dace, & la demeure des Arpiens, des Tyrangites, & des Britolages. Corn. & Maty.

☞ BESSE. Petite ville de France, en Auvergne, élection de Clermont.

☞ Il y a dans la même Election une paroisse nommée Bessa en Chandeze, pour la distinguer de cette Ville.

BESSIÈRE. Voyez Baissière.

BESSIN. Nom d’un petit pays de France, dans la basse Normandie. Il a le Lieuvin à l’orient, l’Avranchin au midi, le Cotentin au couchant, & la mer de Bretagne au septentrion. Il y a le haut & le bas Bessin ; le premier au levant, & l’autre au couchant. Bayeux, capitale du Bessin, est dans le bas Bessin. Voyez Du Moulin, Discours sur la Norm.

M. Corneille semble dire que ce nom est venu de Bajocasses ou Biducasses, noms des anciens peuples qui habitoient ce pays. Je crois qu’il vient de Bayeux. On a dit Bayossin, Bayeussin, Bayessin, Bassin, & enfin Bessin. Bajocensis ager, ou Diæcesis. M. Huet dit qu’on l’appelle Bagitrinum dans les Ordonnances de Charles le Chauve. Encore que l’Evêché de Bayeux s’étende depuis la rivière de Vire, jusqu’à la rivière de Dive, il ne faut pas s’imaginer que le nom de Bessin ait toujours marqué cette même étendue. Cenales ne fait commencer le Bessin qu’à Estreham, qui est à l’embouchure de la rivière d’Orne. Huet. Ant. de Caen.

BESSIN, INE. s. m. & f. Habitant du Bessin, pays de Normandie. Bajocencis. Les Bessins, qui sont fins & rusés, s’adonnent au labeur & à la draperie, voire se plaisent assez à trafiquer. G. Du Moulin.

BESSON, ONNE. adj. Vieux mot, qui se disoit autrefois de deux enfans d’une même couche, de deux jumeaux. Geminus, gemellus. Jacob & Esaü étoient des enfans bessons.

Ce mot vient, selon Ménage, de bis simplement. Pasquier, avec plus d’apparence, le dérive de bis homines, parce qu’on disoit autrefois homs pour hommes : c’est comme si on disoit beshoms.

En Astrologie on appelle le signe des bessons, celui qu’on nomme autrement des Gémeaux. Gemini.

Besson. s. m. Rabelais s’est servi de ce mot pour signifier ce qu’on appelle doublet au jeu de trictrac.

Besson. s. m. Terme de Marine. C’est la rondeur des bancs & des tillacs, & proprement tout ce qui est relevé hors d’œuvre, & qui n’est pas uni.

BESTAIL. Voyez Bétail.

BÉTANSARS. Lieu de Flandre, près de la méridienne de Paris du côté du nord, est à 20° 4′ 30″ de longitude, & à 50° 28′ 28″ de latitude. Cassini.

BESTE. Voyez Bête.

BESTIAMAGNA. C’est la même chose qu’Elan. Voy. Elan.

BESTIAIRE. s. m. Celui qui combat contre les bêtes, ou qui y est exposé. Bestiarius. On distinguoit communément deux sortes de bestiaires. Les premiers étoient ceux qui étoient condamnés aux bêtes, ou parce qu’ils avoient été pris en guerre, ou parce qu’ils avoient commis quelques crimes ou parce que c’étoient des esclaves, qui avoient commis quelque faute considérable. Tous ces bestiaires étoient exposés aux bêtes sans armes & sans défenses. Il ne leur servoit de rien de vaincre la bête & de la tuer, on en lâchoit toujours de nouvelles contre eux, jusqu’à ce qu’ils eussent été mis à mort ; mais il étoit rare qu’il fallût en lâcher deux contre un même homme : il étoit bien plus ordinaire qu’une seule bête défit plusieurs hommes. Cicéron, dans l’Oraison pour Sestius, parle d’un lion qui seul avoit suffi contre 200 bestiaires. Ceux qui succédoient aux premiers s’appeloient en grec ἔφεδροι, & les derniers ἔσχατοι, & chez les Romains Meridiani, ceux qui, le combat ayant commencé le matin, n’étoient exposés que l’après midi. Voyez Suétone dans Claude, C. 34, & ceux-ci étoient armés d’une épée. Les Chrétiens étoient bestiaires de cette première espèce ; c’est à-dire, qu’on les condamnoit aux bêtes, même ceux

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