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BES

BESACE. s. m. Bissac, longue pièce de toile cousue en forme de sac, ouvert par le milieu, & fermé par les deux bouts, qui forment chacun une poche. Les Religieux mendians portent la besace. Pera, mantica. On dit figurément réduire quelqu’un à la besace ; c’est-à-dire, à l’aumône, & à la dernière misère. Porter la besace, c’est être gueux & misérable. Expressions familières.

Etre né Gentilhomme, & porter la besace.
Il n’est rien de plus douloureux. S. Evr.

Ce mot vient de bis sacca, qu’on a dit pour bis saccus. Men. & Nicot. Ou trouve le mot de bisacium dans Pétrone. Icquez dérive le mot besace de bedesac, ou betelsac, mot de la langue des Francs, qui signifie la même chose.

On dit proverbialement, qu’une besace bien promenée nourrit son maître. On dit d’un homme qui est extrêmement attaché à quelque chose, qu’il en est jaloux comme un gueux de sa besace.

BESACIER. s. m. Qui porte une besace. Mendicus.

Le fabricateur souverain
Nous créa, besaciers, tous de même manière :
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d’autrui.

La Font.

On le dit quelquefois par mépris de certains Moines. Il est familier.

BESAIGRE. adj. Du vin besaigre. C’est ainsi qu’on appelle du vin qui tourne à l’aigre, parce qu’il est au bas.

BESAIGUË, ou BESIGUË. s. f. Outil de fer servant aux Charpentiers pour unir & tailler le bois. Bipennis. C’est une barre de fer acérée par les deux bouts en forme de ciseau, ayant un manche de fer au milieu, qui sert particulièrement à faire des mortoises & des tenons.

Ce mot vient de bis acuta, à cause de ses deux taillans. Nicot. de bis acutus ; car l’on trouve l’un & l’autre dans la basse latinité, pour signifier un instrument qui a deux taillans. Un Glossaire manuscrit de l’Abbaye de sainte Marie de Cambron, cité par le sçavant Roqweid, le définit ainsi, Bis acuta, ferramentum quoddam utrimque incidens. Dans la vie de saint Antoine, & dans celle de Fontonius, on lit bis acutum & bisacutos. Voyez Rosweid, p. 1018. Bollandus, Act. Sanct. Janu. Tom. II, p. 131 ; dans la vie de S. Antoine le grec, met πελεκεν.

On appelle encore de ce nom un marteau dont les Vitriers se servent.

BESALU. Bisuldunum, petite ville d’Espagne, en Catalogne, dans l’Ampourdan, sur la rivière du Fluvian,

BESANÇON, prononcez Bezanson. Ville capitale du comté de Bourgogne, l’une des plus anciennes de l’Europe, avec Université, Parlement & Archevêché, sur le Doux. Vesontio, ou Besuntio, Vesuntium, ou Bisuntium, Vesunticum, Chrysopolis. César, Lib. I, cap. 9, de Bell. Gall. dit que Besançon étoit la plus grande & la plus forte ville des Séquaniens. Besançon étoit ville libre & Impériale, mais l’an 1631, elle fut cédée aux Espagnols par l’Empereur. Besançon est à la France depuis 1674, qu’il fut pris par le Roi. Il y a plusieurs restes d’antiquités dans Besançon, entr’autres un arc de triomphe élevé en l’honneur de l’Empereur Aurélien. La longitude de Besançon, selon l’Académie, est de 24° d′. Sa latitude est de 47° 20′ d″. Besançon porte de gueule à l’aigle d’or. Jean-Jacq. Chiflet a fait une Histoire latine de Besançon, imprimée en 1618, à Lyon in-4°.

Ce nom purement celtique doit signifier un cimetière, ou des sépulchres dans une vallée. Voyez la Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. 32, & Tom. II, pag. 211.

Besançon. s. m. Terme de Fleuriste. Le Besançon est une renoncule simple de double couleur, d’un jaune pâle marqueté de rouge, sur un fond jaune. Cult. des Fl.

BESANT, ou BESAN. s. m. Nom d’une espèce de monnoie qui a été d’abord battue, du temps des Empereurs, à Constantinople, qu’on appeloit autrefois Byzance : elle étoit d’or pur, ou de 24 carats. On en présentoit treize à la Messe du Sacre des Rois, & Henri II en fit battre treize expressément pour cela, qui furent nommés byzantins. Ceux-là valoient un double ducat la pièce. On ne sait pourquoi nos Princes se servoient d’une monnoie étrangère dans leur Sacre. Quelques-uns ont cru que c’est parce qu’ils n’en faisoient point frapper d’or ; mais on en a plusieurs d’or de Hugues Capet & de Robert, &c. Le Blanc conjecture qu’en ce temps-là on donnoit le nom de besant à toute monnoie d’or, quoiqu’elle ne fût pas frappée à Constantinople, comme dans la suite on donna le nom de florin généralement à toutes les espèces d’or, quoiqu’elles ne fussent pas de Florence, où l’on prétendoit que le florin avoit pris son origine. Et ce qui pourroit appuyer cette conjecture, c’est que les Sarrazins appeloient leur monnoie d’or besant, bien qu’elle ne fût pas fabriquée à Constantinople. Quoiqu’il en soit, les besans ont eu long-temps cours en France, & il en est parlé dans plusieurs anciens titres depuis 1148 jusqu’à 1297. Le Blanc les a cités pag. 170. Le Roman de la Rose en parle plus d’une fois, & de manière à faire voir que c’étoit la monnoie d’or la plus usitée en France. Cependant, comme il n’en est fait mention dans aucune des Ordonnances de Philippe le Bel, le Blanc conjecture encore que besant étoit un terme général que le peuple donnoit à toutes les monnoies d’or.

On est en doute de la valeur du besant ancien. Ragueau & Baquet l’évaluent à 50 livres. Le Sire de Joinville dit qu’on demanda pour la rançon de S. Louis, deux cent mille besans d’or, qui valoient cinq cent mille livres, c’est à raison de 50 sous pour chacun. Dans plusieurs titres d’abonnemens de fief, le besant n’est apprécié qu’à 20 sous. Dans un compte des Baillifs de France de l’an 1297, le besant est évalué a 9 sous. Le denier tournois étoit alors à 1 denier 6 grains de loi, à la taille de 200 au marc ; ainsi il valoit de notre monnoie courante quatre deniers & un quart de denier ; & par conséquent le besant vaudroit 21 sous, 3 deniers de la monnoie d’aujourd’hui. Le Blanc.

Dans un vieux titre du commencement du XIIIe siècle cité dans les Act. Sanct. Maii, Tom. I, p. 64, par le P. Papebrock, on lit besond au lieu de besant. Et promittuntur pro pretio viginti tria scuta in saluts, testarts, & besonds soluenda. Et dans l’Index Onomasticus, on dit que c’est la même chose que besant, besond, byzantinus, genus pecuniæ ; mais à la pag. 65 de l’ouvrage, le P. Papebrock prétend que besons signifie jumeaux, gemelli, & que cette monnoie fut ainsi appelée, parce qu’il y avoit deux têtes ; de même, dit-il, que l’on appelle baisoir la monnoie d’or de l’Archiduc Albert & d’Isabelle, parce que leurs têtes y sont, & qu’elles semblent se baiser.

BESANT. s. m. Terme de Blason. C est une pièce de métal ronde & pleine, dont on charge l’écu, à la différence des tourteaux qui sont de couleur, & des cercles & anneaux qui sont à jour. Byzanti nummi. Messieurs Du Puy portent d’or à la bande d’azur chargée de trois besans d’or. Les Paladins François mirent sur leurs écus de ces sortes de besans, pour faire voir qu’ils avoient fait le voyage de la Terre-Sainte.

On appelle besant-tourteau, celui qui est parti moitié de métal, & moitié de couleur.

Les Espagnols confondent les besans & les tourteaux, & les appellent indifféremment roeles. Plusieurs appellent les besans d’argent plates, ce qui vient du met espagnol plata, qui signifie argent. Upton nomme les besans d’or talens, & ceux d’argent palets. Il y a aussi des besans saracéniques.

BESANTÉ, ÉE. adj. Qui se dit d’un écu orné, ou chargé de besans. Bysantis nummis instructus. Une bordure besantée, chargée de tant de besans.

☞ BESARA. Voyez BEZAT.