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BER

☞ BERNY. Château de France, sur la Bièvre, au midi Paris, sur la route d’Orléans, appartenant aujourd’hui aux Abbés de S. Germain des Prés de Paris.

BÉROÉ. Une des Nymphes que Virgile donne pour compagne à Cyrrène, mère d’Aristée.

☞ BERRE. Petite ville de France, en Provence, près de l’étang de Martigues, que l’on appelle aussi l’étang de Berre.

☞ BERRE. Rivière. Voyez Bera.

BERRETIN. s. m. Nom de Religieux. Berretinus. On nommoit autrefois Berretins de la Pénitence, les Religieux qu’on a depuis appelés les Humiliés ; & on les nommoit ainsi, parce qu’ils portoient un bonnet que les Italiens appellent Barretino, sous l’Empereur Henri V en 1114, tant à cause de l’humilité de la sainte Vierge, qu’ils prirent pour leur protectrice, qu’a cause que l’Empereur, lorsqu’ils se prosternerent à ses pieds, leur avoit dit qu’ils étoient enfin humiliés, ils prirent le nom d’Humiliés, & quittèrent celui de Berretins. P. Hélyot, T. VI, p. 136. Ce furent les Berretins qui introdusirent dans la Lombardie non-seulement les manufactures de laine, mais aussi les fabriques d’étoffes d’or & d’argent. Id, p. 163.

BERRI, ou BERRY. Bituriges, Cubi, Bituricensis Provincia, ou Ducatus. Province de France qui a titre de Duché. Elle a la Sologne au nord, le Nivernois & le Bourbonnois à l’orient, la Marche au midi, le Poitou & la Touraine au couchant. Le Cher divise cette Province en haut & bas Berry. La capitale du Berry est Bourges. Le Berry fut érigé en Duché & Pairie par le Roi Jean, & donné à Jean son fils en Octobre 1560, Du Till. Les laines du Berry sont admirables. Le Berry est fertile en blé, en vin, en pâturages & en bétail. Les habitans du Berry s’appeloient autrefois Bituriges ; & s’appellent aujourd’hui Berruyers. Voyez ces mots. L’Histoire du Berry a été écrite par Chaumeau & par La Thaumassière, qui a fait aussi un Commentaire sur la Coutume de Berry.

M. Catherinot a fait aussi beaucoup de petits Ouvrages sur l’histoire & les antiquités de Berry. Les fondateurs de Berry, les Ducs & les Duchesses de Berry, la Chronologie de Berry, le Bullaire de Berry, le Diplomataire de Berry, les Dominateurs de Berry, le Calvinisme de Berry, les Alliances de Berry, les Philippes du Berry, les Annales ecclésiastiques de Berry, les Annales Thémistiques de Berry, le Sanctuaire de Berrv, les Antiquités Romaines de Berry, les Illustres de Berry, le Droit de Berry, le Nobiliaire de Berry, les Patronages de Berry, les Recherches de Berry, le Nécrologe de Berry ; tout cela est plein d’antiquités & de remarques curieuses. Voyez encore Mézeray dans Philippe 1, Tom. I, p. 409 & 410.

Ce mot s’est formé du latin Bituriges, Beturiges, Betri, Berri. Mézerai croit que la dérivation du mot de Berry n’a rien de certain ; mais il a tort. De Biturige s’est fait Béturige, Bétrige, Bétri, Berri, ou Berry.

On dit proverbialement, c’est un mouton de Berry, ou bien, il est doux comme un mouton de Berry ; pour marquer l’humeur douce de ceux de cette Province, par allusion aux excellens moutons qu’elle produit en abondance. On dit aussi d’une personne qui a quelque tache au visage : il est marqué, ou elle est marquée sur le nez comme les moutons de Berry, parce qu’on marque les moutons de chaque troupeau pour les reconnoître, quand ils s’égarent ou le mêlent, quoique ce ne soit pas souvent sur le nez qu’on les marque.

BERRICHON, ONNE. s. m. & f. Qui est de Berry. Bituricus, Bituricensis. Le peuple dit : c’est un Berrichon, une Berrichonne ; pour dire, un homme ou une femme de Berry ; mais il n’y a que le peuple qui parle ainsi. Il faut dire un Berruyer, une Berruyère. Si les honnêtes gens disent quelquefois Berrichon, ils n’en usent que comme d’un terme populaire, ou d’un diminutif en badinant.

BERRIE. s. f. Vieux mot, C’est une plaine, une campagne, un désert, un lieu uni, tel que les déserts où habitent les Bédouins ou Arabes du désert. Et disoient qu’ils étoient venus nés & concréés d’une grande berrie de sablon, là où il ne croissoit nul bien. Joinville. Bena, locus planus, campestris.

BERRIOIS, ou BERRYOIS, OISE. s. m. & f. De Vigenère appelle ainsi les habitans de Berry, mais ce mot ne le dit point. Il faut dire Berruyer.

BERRUYER, ou BERRUIER, ÈRE. s. m. & f. Biturix, Bituricus. Qui est de Berry, originaire, natif de Berry. Il ne se dit que des personnes. Il n’y a point d’adjectif pour exprimer les choses qui sont de Berry. Ainsi il faut dire, des moutons de Berry, les laines de Berry, les draps de Berry, &c. Berruyers sont ceux de Berry. Ménage. Le P. Labbe, Cathérinot, le P. des Champs, de la Thaumadière, le P. Bourdaloue étoient Berruyers. Quelques uns penserent qu’il n’étoit pas tant coupable de ce crime, comme d’avoir été un des principaux Ministres de la tyrannie du Berruyer. Mezer. C’est à dire, du Duc de Berry.

Quelques-uns disent aussi Berruyers, pour signifier les anciens peuples du Berry. Les Berruyers, peuples anciens, qui ont possédé la Gaule Celtique, & qui formoient une Monarchie très puissante dans les Gaules. T. Corn. J’aimerois mieux imiter M. de Cordemoy & d’autres, & me servir du mot Bituriges, en parlant de ces anciens habitans de Berry. ☞ Le mot de Berruyer ne répond point entièrement à celui de Bituriges, qui s’étendoient bien au delà du Berry.

BERS. s. m. Berceau. Vieux mot. On ne s’en sert plus que dans quelques Provinces. Cunæ.

On a dit Bers par abréviation.

Ce qu’on apprend au ber.
On le retient jusqu’au ver.

Ce proverbe signifie, qu’on conserve toujours les impressions & les habitudes de l’enfance, & qu’on les porte jusqu’au tombeau.

Bers. Espèce d’électuaire dont les Egytiens font usage dans la débauche, pour exciter en eux un désire gai & momentané, dans lequel ils trouvent vraisemblablement la même satistaction monstrueuse que les Européens dans l’ivresse. Dict. de James.

BERSABÉE. Bersabee. Ville de la Palestine, dans la tribu de Siméon, aux extrémités de la Terre Sainte, du côté du midi. Ce nom est composé de deux mots hébreux, באר, Beer, un puits, & שבע, seba, ou saber, sabée ; c’est à-dire, jurement, & signifie, Le puits du jurement. Il fut donné à ce lieu par Abraham, parce que ce fut-là que ce Patriarche & Abimelech Roi de Gérat, jurèrent une alliance ensemble. Abraham y avoir fait creuser un puits ; le Patriarche, aussi bien que son fils Isaac, y demeurèrent long-temps, à cause de la commodité de cette eau. Que le trône de David soit élevé sur Israël & sur Juda, depuis Dan jusqu’à Bersabée. Sacy. C’est une expression fort ordinaire aux Ecrivains sacrés, pour marquer les deux extrémités de la Terre-Sainte, & tout le peuple de Dieu, toute la Terre-Sainte, d’un bout à l’autre.

BERSARIEN. s. m. Bersarius. Nom de certains bas Officiers de la Cour de Charlemagne, qu’on appelle aussi Bévérariens. Beverarii, & dont Hinemar parle, Epitre 3, c. 13. Quelques-uns croient que les Bersariens étoient les gladiateurs qui combattoient avec les bêtes, & qu’on nommoit pour cela Bestiarii ; mais Spelman prétend que les Bersariens étoient les Officiers des chasses, sur-tout de celle du loup ; & par les Bévérariens, il entend les chasseurs du castor, parce que cet animal est appelé presque par-tout Bever ou Beber, comme écrit le Scholiaste de Juvenal.

BERSAULT. s. m. Vieux mot. But.

BERSERKE. s. m. Terme de l’ancienne milice suédoise. Berserkus. Les Berserkes étoient proprement les braves du Roi de Suède, tous gens déterminés, dont la peau, dit un ancien Historien, étoit à l’épreuve du fer, & dont les cris imitoient les rugissemens des lions. Ils combattoient la tête nue, & ils étoient uniquement occupés de meurtres, de vols & de brigandages, du reste entièrement dévoués au service du Prince qui les