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Bergamote, se dit encore du tabac, qu’on appelle tabac de cedra ou à la Bergamote. Tabacum Bergomio succo conditum, perfusum. Ce n’est que le tabac bien pur, sur lequel on verse quelques gouttes d’essence de bergamote, & on les mêle bien,

☞ BERGAS. Bergulæ, Bergula, Bergulum, anciennement Arcadiopolis Pyrgus, ville de la Turquie, dans la Romanie, avec un Archevêché grec, entre Andrinople & Araclea.

BERGE. s. f. Bord d’une rivière élevé ou escarpé ; ripa prærupta, agger. Le rivage, c’est le bord où l’eau arrive ; mais la berge est la terre qui est élevée auprès, qui garantit la campagne des inondations. Une armée a de la peine a passer une rivière quand la berge est escarpée ; il faut auparavant abattre la berge, y faire une pente.

Berge, en agriculture, se dit particulièrement d’une petite élévation de terre escarpée. On dit la berge d’un fossé pour signifier l’ados que forme la terre qu’on a tirée du fossé. Tumulus, moles.

On appelle aussi en termes de mer, berges ou barges, les grands rochers âpres & élevés à pic, comme les berges ou barges d’Olonne : tels sont Scylla & Carybde vers Messine.

Berge, est aussi une sorte de petit bateau fait à-peu-près comme une barque. Cymba.

☞ BERGEN. Ville capitale de Norvège, à 25° 33′ 48″, de longitude, 60° 0′ 0″ de latitude. Harris.

☞ BERGEN, Duché d’Allemagne. Voyez Berg.

Bergen. Petite ville d’Allemagne, dans la Basse-Saxe, au Comté de Danneberg. Berga.

Bergen. Berga, ville d’Allemagne, capitale de l’Île & principauté de Rugen, sur la mer baltique.

☞ BERGENHUS, province de Norvège, la plus occidentale, ainsi nommée de sa capitale Bergen, quelques-uns écrivent Bergerhusen.

BERGER, ÈRE. s. m. & f. Qui garde les moutons. Pastor gregis, ovium custos. Les Poëtes, & les faiseurs de Romans, traitent l’amour sous des personnages de bergers & de bergères. En Poësie pastorale, berger & bergère se disent figurément pour amant & maîtresse. Un berger fidèle, une bergère inconstante. La Poësie pastorale est apparemment la plus ancienne, parce que la condition de berger est la plus ancienne des conditions. Comme les premiers bergers n’avoient personne au-dessus de leur tête, & qu’ils étoient les Rois de leurs troupeaux, il est vraisemblable qu’une certaine joie, qui suit l’abondance & la Liberté, les porta à chanter leurs plaisirs & leurs amours. Fonten. Il est impossible que la vie des bergers, qui est très-grossière, ne leur abaisse l’esprit, & ne les empêche d’être aussi galans, & aussi spirituels qu’on nous les représente dans les Eglogues. L’Astrée n’est peut être pas moins fabuleuse par les agrémens que d’Urfé y donne à ses bergers, qu’Amadis par ses enchantemens. Les viles occupations des bergers ne font envie à personne : mais on a regardé la vie pastorale comme la plus propre à faire naître l’amour, & à le favoriser.

Peignez-donc, j’y consens, des Héros amoureux ;
Mais ne m’en formez pas des bergers doucereux. Boil.

Telle qu’une bergère au plus beau jour de fête,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens. Id.

On appelle communément, l’étoile de Vénus, l’étoile du berger.

Quelques uns dérivent ce mot du celtique & de l’allemand berg, qui signifie montagne, à cause que les bergers mènent paître leurs troupeaux sur les montagnes. Mais Ménage prétend qu’il vient de berbicarius, dont a été fait aussi brebis. Nicot le dérive de vervex.

On dit proverbialement, l’heure du berger ; pour dire, l’heure favorable à un amant : figurément on le dit de toutes les occasions propres pour faire réussir une affaire. Le matin est un temps si favorable aux Muses, que s’il étoit permis de prétendre à la galanterie de ces farouches pucelles, la naissance de l’Aurore seroit pour elles l’heure du berger. Saras.

Il est aisé quand on a tant de charmes.
De trouver l’heure du berger.

BERGERAC. Bergeracum. Ville de France, dans le Haut-Périgord, sur la Dordogne.

BERGÈRE. s. f. Les femmes appellent une bergère, certaine coiffure qui n’a pas tant de façon que leurs coiffures ordinaires de parade. Apparemment qu’elle tire son nom de ce qu’elle a quelque rapport à la coiffure d’une bergère. C’est aussi une espèce de long fauteuil.

☞ BERGERETTE. s. f. Vieux diminutif de bergère, petite fille qui garde les troupeaux. Rab.

BERGERÉTE. s. f. C’est le nom d’une sorte de vin mixtionné avec du miel, que les Médecins nomment œnomeli, du grec οἶνος, vin, & μέλι, miel.

BERGERIE. s. f. Lieu d’une basse-cour où l’on enferme les moutons. Ovile. Voilà une bergerie capable de tenir deux cens moutons. On dit étable pour le lieu où l’on héberge les gros bestiaux. Écurie pour les gros chevaux.

Bergerie, se dit figurément en matière spirituelle du lieu où se retirent les Fidèles qui sont sous la conduite d’un Pasteur. Il faut que le vrai Pasteur entre dans la bergerie par la porte, dit Saint Jean. Il se dit aussi de toute maison qui est sous la conduite de quelqu’un, tant pour le temporel, que pour le spirituel. Elle voit le feu dans sa bergerie. Patr. Les mauvais Pasteurs font périr malheureusement la bergerie du souverain Pasteur, au lieu de la conserver. Abb. de la Tr. La bergerie sacrée de Jésus-Christ. Id. Et qu’y a-t-il à souhaiter davantage que d’être tous rassemblés, selon le désir du Fils de Dieu, dans une même bergerie, & sous un même pasteur. Bourdal. Exh. T. I. pag. 127.

On dit figurément enfermer le loup dans la bergerie, pour dire, laisser fermer une plaie qui n’a pas assez suppuré, ou avant que d’en avoir fait sortir tout ce qui pouvoit être nuisible.

Bergeries, sont aussi des Pastorales, ou Histoires amoureuses décrites sous le nom de bergers. Pastorale Carmen. Les Bergeries de Racan font une très-belle Pastorale. L’illusion, & en même temps l’agrément des Bergeries, consiste à n’offrir aux yeux que la tranquillité de la vie pastorale, à en dissimuler la bassesse, & la misère, & à n’en laisser voir que la simplicité. Fonten.

Avec quelques moutons à peine ramassés,
Retablissons la Bergerie.
Dans l’éclat des siècles passés. Id.

BERGERONNETTE, ou BERGERETTE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois petite bergère. Puella gregis custos.

Bergeronnette, est aussi un petit oiseau qu’on appelle autrement hochequeue, vattemare, lavandière, qui est noir & blanc, & qui fréquente les rivières. Cinclus, Motacilla.

Bergeronnette jaune. Motacilla flava. Elle est de la grandeur de la grande Mésange : elle remue incessamment la queue, qui est fourchue, & beaucoup plus longue que le reste du corps ; elle est composée de huit plumes, desquelles les deux qui sont à l’extrémité de part & d’autre, sont de trois couleurs, beaucoup de blanc, un peu moins de noir, & très-peu de jaune. Les deux du milieu, sont noirâtres avec un peu de jaune, & sont un peu plus courtes que les autres. Elle a le bec long, droit, grêle & noirâtre ; le crâne & la tête fort délicats. Son ventre est blanchâtre, avec un peu de jaune. Cette couleur paroît au commencement de sa queue ; à l’extrémité elle est d’un jaune plus couvert ; proche du croupion ses plumes sont mélangées de jaune & de vert. Sa tête & son dos sont bruns. Les pennes de ses ailes sont noirâtres, & au milieu par le travers blanchâtres, hormis les derrières, qui sont entièrement noires. Ses ailes sont courtes ; sa tête est petite à proportion de son corps ; & ses jambes me-