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BER

Si l’on a dit bers pour berceau, il y a long-temps : dès le VIIIe siècle on disoit berceau, berciolus, ou barciolus, comme il paraît par la vie de S. Pardulphe, Ch. 18. Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, p. 379, 380. Et in agitario quod vulgo berciolum vacant, pannis constrictum imposuit… per se agitari cæpit berciolus. Dans un autre manuscrit barciolus. Ainsi de versus s’est fait versiolus, ou bersiolus, & non pas versellus, & de là berceau. D’autres le dérivent de son primitif bers, qui est un diminutif de l’hébreu rebez, qui signifie cubile.

On dit figurément qu’on a pris quelqu’un au berceau, ou dès le berceau ; pour dire, dès l’enfance, à cunabulis.

Les puissantes faveurs dont Parnasse m’honore,
Non loin de mon berceau commencèrent leur cours,
Je les possedai jeune, & les possede encore
A la fin de mes jours. Malherbe.

Un Poëte a dit, le berceau d’un fleuve, pour sa source. Fons, cunabula. C’est une expression bien placée dans un pur galimatias.

Et bien loin du pays où l’on voit leurs berceaux,
Ils étendent le règne & le bruit de leurs eaux. P. Le M.

On emploie aussi ce mot pour signifier le moment auquel une chose naît, ou paroît. Etouffer l’hérésie dans son berceau. Patr. On le dit des foibles commencemens d’un art, ou d’une science. Il eût fallu marquer le temps où notre langue a commencé à sortir comme d’un cahos, & la représenter comme en son berceau, ne faisant encore que bégayer. Ablanc. On eût dit que cette Province, qui avoit été comme le berceau du Calvinisme, en devoit être le dernier refuge. Flech.

Berceau en termes d’Imprimerie, se dit de la partie de la presse qui roule sur les bras, où est enclavé le marbre.

Berceau, en termes de jardinage, est une espèce de galerie couverte, formée de treillage, & assez souvent garnie de vigne, ou autres plantes sarmenteuses. Vinea arcuata, camerata. Voilà un berceau de vigne. Cette espèce de treillage est ainsi nommé à cause de sa figure, qui représente un berceau renversé. Liger. On dit aussi qu’une allée couverte forme un berceau.

Berceau, en termes d’Architecture, se dit d’une voûte ronde, & en plein cintre. Arcus, apsis. On appelle berceau surbaissé, une voûte plus basse qu’un demi cercle ; & berceau surhaussé, une voûte qui excède en hauteur un demi-cercle. La grande Salle du Palais a deux beaux berceaux. On dit aussi un berceau d’eau, quand il y a sur deux lignes plusieurs rangs de jets d’eau qui s’inclinent les uns vers les autres, & qui par leurs courbures forment des arcades, & représentent un berceau. Arcus aqueus.

Berceau, se dit aussi d’un instrument dont les Graveurs se servent pour faire ce qu’ils appellent le grainage. Voyez ce mot.

BERCELLES. s. f. pl. Petit instrument d’Orfèvre, fait de laiton, qui aboutit d’un côté en petites pincettes, & de l’autre en une petite pelle, qui sert à travailler en diamans, & en d’autres menus ouvrages.

BERCER. v. a. Agiter çà & là, remuer le berceau d’un enfant pour l’endormir. Infantis cunas agitare.

Bercer, se dit figurément des belles promesses, & des belles paroles dont on endort, dont on amuse les gens, sans en exécuter aucunes. Lactare. Il y a long-temps qu’on me berce de l’espérance de me payer. De plaisir mon ame est bercée. Voit. Je sai bien les discours dont il le faut bercer. Mol. Il se berce de ses propres chimères. Boil.

On dit proverbialement, j’ai été bercé de tels contes ; pour dire, il y a long temps que je sai cela, ma nourrice me l’a appris en me berçant.

Se bercer, terme de manége, se dit d’un cheval qui se laisse aller nonchalamment d’un côté & d’autre au pas & au trot, imitant, pour ainsi dire, le mouvement qu’on fait faire au berceau, pour endormir un enfant. Ce dandinement marque très-souvent un cheval mou & sans vigueur.

BERCÉ, ÉE. part.

BERCHE. s. f. terme de Marine. Petite pièce de canon de fonte verte qu’on nomme aussi espoir de fonte. Il y en a aussi de fer fondu qu’on nomme barces. Navale tormentum minus. Elles ne sont plus guère en usage. Borel dit que Berche est une sorte d’Artillerie ancienne, & que l’on s’en sert encore dans les navires.

☞ BERCHEIM. Bercheimum, Berchemium, anciennement Tiberiacum. Petite ville d’Allemagne, sur la rivière d’Esp, dans le Duché de Juliers, entre Cologne & Juliers.

BERCHEROCHT. s. m. Poids dont on se sert à Archangel, & dans tous les Etats du Czar de Moscovie, pour peser les marchandises de grande pesanteur, ou de grand volume.

BERCOWITZ. Poids de Russie, pour charger des navires. Il pèse quatre cens livres du pays.

BERDA. Ville d’Asie, au pays d’Aran, au midi de la Géorgie, & à l’ouest du Schirwan, ou Chirouan.

☞ BERDOA. Ville au milieu d’un désert du même nom, faisant partie du Zaara, dans la Nigritie, en. Afrique.

☞ BERDOÉ. Ville de Perse, à 63°. 15’ de long. & 35°. 30’ de lat.

☞ BERDOUES. Bardum & Berdona. Abbaye de France, ordre de Cîteaux, filiation de Morimond, au diocèse d’Auch.

BÉREBÈRE. s. m. & f. Nom de peuple. Bereberus, a. Les Bérebères sont un peuple de la Barbarie, en Afrique, distingués des Africains naturels, & des Arabes, qui étant entrés dans l’Afrique long-temps après les Bérebères, y ont conservé leur ancien nom. On dit que les Bérebères sont originaires de l’Arabie heureuse, & qu’ils passerent en Afrique avec Melech-Ifiriqui, Roi de l’Arabie heureuse ; que dans le commencement ils peuplèrent la partie orientale de l’Arabie, s’étendirent ensuite, & se rendirent maîtres de la plus grande partie de l’Afrique. Ils étoient divisés en cinq tribus. Les Muçamadins, les Zénétes, les Haoares, les Zinhagiens, & les Gomères. C’est de ces tribus des Bérébères que descendent les Rois qui ont régné à Tunis, à Trémécen, & à Alger, jusqu’à l’invasion des Turcs. Aujourd’hui ils sont sujets des Rois de Fez, ou de Maroc, des Algériens, des Tunétans ou des Turcs ; à la réserve de quelques familles qui ont conservé leur liberté dans les montagnes. Voyez Dapper, p. 20, 203, 205, 215. Marmol. Tom. II, p. 24, & suiv. & p. 183. Tom. III, p. 2. & suiv.

BÉRÉCYNTHIE. s. f. Surnom de Cybèle, qui lui avoit été donné de Bérécynthe, montagne de Phrygie, où elle étoit adorée. Ce nom avoit pénétré dans les Gaules, & la mère des Dieux y étoit aussi honorée sous ce nom. L’Evêque Simplicius détruisit la plus grande idolâtrie qui fut dans l’Autunois de son temps ; car lors les Païens, dont encore la plus grande partie du pays étoit remplie, avoient pour cérémonie, de promener sur un char par les champs une idole qu’ils nommoient Berecynthia, avec cantiques, par lesquels ils prioient cette idole de conserver les fruits de la terre. Parad. Annal. de Bourg.

BÉRÉCYNTHIEN, ENNE. adj. m. & f. Berecinthius. Qui appartient à Bérécynthe. Hésichius parle d’une flûte Bérécinthienne, & Horace, Liv. I, Od. XVIII, d’une trompette ou d’un cor Bérecinthien, ainsi nommés, parce qu’ils étoient en usage dans les fêtes de Bérécinthe. L’Abbé de Marolles a dit Bérécinthe en vers au lieu de Bérécinthien. C’est dans sa traduction de la première Satyre de Perse, v. 93.

Le Bérécinthe Atys,
Le Dauphin qui fendoit le dos bleu de Nérée.

Et le P. Tarteron l’a copié.

BEREDRIAS. s. m. Nom d’un onguent décrit par Aétius. Tetrabib. IV, Serm. cap. 113.

BÉRENGARIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. Berengarianus. Nom de Secte hérétique qui soutient les erreurs