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de suite ; mais en 1367, Urbain V restitua à ce Monastère le titre d’Abbaye, & supprima la dignité épiscopale, en laissant néanmoins à l’Abbé la juridiction comme épiscopale, que les Abbés du Mont Cassin avoient toujours eue, même avant Jean XXII, comme ils l’ont encore aujourd’hui.

La plus ancienne Congrégation de Bénédictins en France, est celle de Marmoutier. Ce célébre Monastère fut fondé près de Tours par S. Martin, Archevêque de cette ville. Au commencement du IXe siécle, ce Monastère reçut la règle de S. Benoît, que S. Maur, à ce que l’on prétend, avoit apportée en France, & que l’Abbaye de Glanfeuil, fondée par ce Saint, avoit suivie. Marmoutier devint le chef de plus de deux cens Prieurs, ce qui fit qu’il fut regardé comme le chef de la première Congrégation de Bénédictins en France, quoique Glanfeuil fût la première Abbaye de cet Ordre qui eût été fondée, & qu’on appelât cette Congrégation la Congrégation de Marmoutier. P. Héliot, T. V. c. 7.

La Congrégation des Bénédictins d’Angleterre a été distinguée par quelques Auteurs en quatre Congrégations différentes, celle de saint Augustin, celle de saint Benoît Biscop, celle de saint Dunstan, & celle de saint Lancfranc. Les Monastères d’Angleterre ne faisoient point de Congrégation ; ils étoient soumis chacun à quelques Monastères de France, & les saints Benoît, Dunstan & Lancfranc, ont été plutôt restaurateurs de la discipline monastique, que fondateurs de différentes Congrégations. C’est pourquoi le P. Clément Reynes, Bénédictin de la Congrégation d’Angleterre, regarde cette Congrégation zn différens âges : le premier sous saint Augustin, Apôtre d’Angleterre, l’an 596 ; le second sous saint Benoît Biscop, vers l’an 703 ; le troisième sous saint Dunstan, vers l’an 900 ; le quatrième sous saint Lancfranc, vers l’an 1077 dans lesquels elle n’avoit point encore la forme de Congrégation ; mais dans le cinquième âge elle peut être appelée véritablement Congrégation, lorsque l’an 1215, dans le Concile général de Latran, il fut ordonné de tenir des Chapitres généraux dans chaque Province. Elle se perfectionna dans le sixième âge, après que Benoît XII ayant renouvelé l’an 1334 le décret du Concile de Latran, fit par sa Bulle appelée Bénédictine, des réglemens pour l’Ordre de S. Benoît. Enfin, elle augmenta toujours jusqu’au schisme d’Henri VIII. Il y a encore quelques Bénédictins de cette Congrégation qu’on appelle Bénédictins Anglois. Ils ont des Monastères hors de leur Île, entr’autres à Paris au fauxbourg S. Jacques. Voyez le P. Hélyot, T. V. c. 9.

Saint Bénigne de Dijon, Abbaye fondée au VIe siècle par Grégoire, Evêque de Langres, fut aussi le chef d’une Congrégation de Bénédictins.

La Congrégation de S. Benoît sur Loire. Floriacensis Congrégatio. La Congrégation de Fleury, parce que saint Benoît sur Loire s’appeloit autrefois Floriacum. L’Abbaye de Fleury, ou de saint Benoît sur Loire, que Léon VII appelle le premier & le chef de tous les Monastères, comme Alexandre II appelle son Abbé le premier des Abbés de France, fut fondée sous le règne de Clovis II.

L’Abbaye de S. Waasr d’Arras, & les autres Monastères qui s’unirent à elle comme à leur Chef au commencement du dernier siècle, prirent le nom de Congrégation des Bénédictins exempts.

L’Abbaye de Lérins fondée en 410 par saint Honorat, ne reçut la règle de saint Benoît qu’au VIIe siècle, & l’observa d’abord avec celle de saint Colomban. Elle eut dans sa dépendance non-seulement plusieurs Abbayes & Monastères de France, mais encore celui de saint Barthélemi en Catalogne, & d’autres en Italie dans l’Evêché de Reggio, dans l’Etat de Gènes & dans l’île de Corse, qui tous étoient soumis à la correction de l’Abbé de Lérins. Elle eut même des Monastères de filles sous sa juridiction, comme ceux de saint Harluc & de saint Honorat de Tarascon. Il y eut même un Monastère de Chanoines réguliers vivans sous la règle de saint Augustin, qui lui fut soumis avec les Eglises de saint Mamert & de saint Marie de Fontaine Vineuse. En 1515 Augustin Grimaldi, Evêque de Grasse, & Abbé de Lérins, pour y rétablir la discipline monastique, soumit cette Abbaye à la Congrégation de la réforme des Bénédictins du Mont Cassin, & de sainte Justine de Padoue ; union de Léon X approuva, & que François I confirma par Lettres patentes du 14 Avril de la même année, vérifiées au Parlement d’Aix, & par Henri II l ’an 1547 ; Clément VIII, l’an 1591, & Henri IV, l’an 1597 : ainsi finit la Congrégation de Lérins.

La Congrégation de l’Abbaye de Fuldes, en Allemagne, fondée en 744, par S. Boniface, Archevêque de Mayence, & Apôtre d’Allemagne, étoit composée non-seulement de Monastères d’hommes, mais encore de plusieurs Abbayes de filles.

La Congrégation de saint Claude, anciennement de S. Candat & de saint Oyen, du mont Jura, au Comté de Bourgogne. Cette Abbaye a été une de celles qu’on appeloit dans l’Ordre de saint Benoît Chef d’Ordre, non parce qu’elle a fait avec leurs dépendances un Ordre particulier & séparé, mais parce qu’elles avoient dans leur dépendance plusieurs Maisons & Prieurés conventuels. Elle fut fondées en 425 par saint Romain, & s’appela d’abord Abbaye de S. Oyan & de Candat, c’est-à-dire, du Confluant, parce qu’elle étoit à la jonction des rivières de Bienne & d’Allière. Le nombre des Moines y augmenta considérablement, ils furent obligés d’envoyer une colonie à Lauconne. Ils bâtirent en suite un Monastère de filles, nommé de la Baume, ou de la Roche. Ensuite se bâtit le Monastère de Romon-Moustier, & ainsi se forma la Congrégation de saint Oyan & de Candat, ou de saint Claude, qui augmenta beaucoup dans la suite, comme on le peut voir dans le Ve Tome du P. Helyot, C. 17, sous Innocent III. Elle s’unit au Monastère de S. Benoît de la Province de Lyon, en vertu du décret du IVe Concile de Latran, dont nous avons parlé. L’Abbé de S. Oyan ou de S. Claude, présidoit aux Chapitres généraux ordonnés par ce Concile. Elle avoit pris le nom de S. Oyan d’un saint Abbé de ce nom qui la gouverna, & qui mourut en 510. On ne sait pas précisément le temps qu’elle reçut la règle de Saint Benoît ; il y a de l’apparence que ce fut sous Charlemagne au VIIIe siècle. Benoît XII, en 1336, dans sa Bénédictine, ordonna que les Chapitres auxquels il oblige l’Abbé de S. Claude d’assister, seroient composés des Supérieurs des Monastères de l’Ordre de S. Benoît des provinces ecclésiastiques de Lyon, de Besançon & de Tarentaise. Telle fut donc alors la Congrégation de S. Claude.

La Congrégation de Cluse a pris son nom de son premier Monastère situé en Piémont à l’entrée des Alpes, & qui est redevable de son commencement à Hugues de Scousut, Auvergnat de nation, & Seigneur de Montboissier, qui fonda un Monastère sur le mont Epicare, à quatre lieues de Suze, & près du mont Caprate, au Xe siècle.

La Congrégation de Cluny est encore fort étendue : nous en parlerons au mot Cluny. Il y a une réforme de cette Congrégation, que l’on appelle l’Etroite Observance de Cluny. P. Helyot, T. V. c. 19.

La Congrégation de Fontavellane, dont dur Pierre Damien, & la Congrégation de Cave, sont deux Congrégations de Bénédictins en Italie. La première eut pour Chef le Monastère de Fontavellane, dans l’Apennin, en un lieu solitaire de l’Ombrie, au diocèse de Faenza, entre les monts Carrio & Carno, vers l’an 1000. L’Abbaye de Cave, au diocèse de Salerne, dans le royaume de Naples, fut le chef de la seconde. Il fut bêti par saint Alfère, au commencement du XIe siècle. Il prit le nom de Cave, à cause d’une carrière ou cavée dans laquelle il fut bâti. P. Helyot. T. V. C. 25 & 26.

On peut même regarder les Camaldules comme une Congrégation de l’Ordre de S. Benoît. Car S. Romuald fut un réformateur & un propagateur de l’Ordre de saint Benoît, avant qu’il eût fondé un Ordre nouveau en 1012. P. Helyot.

La Congrégation de Sassovivo, lieu du diocèse de Foligni, au pied d’une grande montagne toute de roche, appelée pour ce sujet Sasso vivo, c’est-à-dire, Roche vie, & d’une autre montagne appelée del Vecchio, ou du Vieillard, commença vers l’an 1060 que le B. Meynard de l’Ordre de S. Benoît s’y retira.