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BEJ — BEL

pliquent par Festeggiare armeggiando & giostrando ; c’est-à-dire, faire ou célébrer une fête par des exercices d’armes & de joutes. Il paroît en effet par les exemples qu’ils citent, que c’étoit une espèce de fêtes ou jeux solennels, dans lesquels les combattans se couronnoient de différentes branches d’arbres. Ils appellent aussi bagordo l’arme offensive dont on se servoit dans les combats, & le combat même.

BEHOUCT. s. m. Vieux mot. Espèce de balcon. Dict. des Arts 1731. Je ne l’ai vû nulle part en ce sens-là. Behourt, ou Bouhourd, ne signifie que Tournoi dans Nicot, qui en donne une explication fort ample, & qui n’a pas oublié le verbe bouhourder, dont Jean de Neum s’est servi au figuré, v. 22543 du Roman de la rose.

BEJ.

☞ BEI. Voyez Beg.

☞ BEJA, ou BEXA. En latin Beja & Baxa. Ville de Portugal, dans la Province de l’Alentejo. C’est la Pax-julia des anciens.

☞ BEJAR de Melena. Petite ville d’Espagne, dans l’Andalousie, vers la côte du détroit de Gibraltar.

BÉJAUNE. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit des oiseaux niais, & tout jeunes, qui ne savent encore rien faire, parce que la plûpart de ces oiseaux ont le bec jaune avant que d’avoir des plumes. Pullus recentior.

Béjaune, signifie figurément, ignorance, bévue. Ignorantia, stupor. Il se dit en cette phrase proverbiale : on lui a fait voir son béjaune ; pour dire, son ignorance & sa méprise.

Ce mot a été dit par corruption de bec jaune, par la métaphore des oisons & autres oiseaux niais qui ont le bec jaune ; ce qu’on a appliqué aux apprentis en tous les arts & sciences. Rudis, tiro, imperitus. Et ainsi on faisoit payer autrefois aux écoliers de Droit leur béjaune ; pour dire, leur bien-venue : & les Clercs de la Basoche de Paris appellent encore les lettres de béjaune, celles qu’on leur donne pour attestation du service qu’ils ont fait chez les Procureurs, quand ils veulent être reçus à une telle charge. On a appelé aussi béjaune, le festin que faisoient les Clercs, ou les Apprentis, lorsqu’ils étoient reçus en charge, ou passés maîtres. Tironis epulum tirocinio excedentis. On dit encore payer son béjaune, du repas que donne un Officier à ses camarades en entrant dans un Régiment. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a appelé béjaunus un jeune écolier de l’Université, & bejaunium le festin qu’il faisoit pour sa bien-venue.

☞ BEICHLINGEN (le Comté de) Beichlingensis comitatus. Pays d’Allemagne, dans la Thuringe, partie du cercle de la haute Saxe. Beicklingeu à sept lieues d’Erfurt, est le lieu le plus considérable.

BEID. s. m. Plante d’Egypte. Ses feuilles sont deux à deux, larges & fort épaisses ; il en coule une liqueur blanche. Ses fleurs sont de couleur de safran, tirant sur le rouge.

☞ BEIDHAH. Ville de la Province de Perse proprement dite, à quinze ou seize lieues de Schiratz.

BEIGE. adj. f. Serge beige. C’est le nom que les Poitevins donnent à une sorte de serge noire, grise ou tannée, ou serge naturelle, parce que la laine dont elle est fabriquée n’a reçu aucune teinture, ayant été employée, soit la chaîne soit pour la trame, telle qu’elle a été levée de dessus le mouton ou la brebis.

BEIGNET. s. m. Certaine pâte qui se fait au Carnaval avec de la farine, des œufs & des pommes, le tout avec du saindoux. Artolaganus. Quelques-uns dérivent ce mot par métathèse, de l’hébreu pinneq, qui signifie faire bonne chère à quelqu’un. D’autres le font venir du vieux mot beigne, qui signifie enflure ou tumeur, parce que les beignets sont enflés. Faire des beignets, manger des beignets.

☞ BEILSTEIN. Bilistinum & {(lang|la|Beilstinum}}. Petite ville d’Allemagne, dans la Vétéravie, dans les états de la maison de Nassau, chef-lieu d’un Comté de même nom.

☞ BEILSTEIN. Beilsteinium. Petite ville ou bourg de l’Archevêché de Trèsve, sur la Moselle.

☞ BEINFELD. Voyez Benfeld.

☞ BEINHEIM. Petite ville d’Allemagne, dans la basse-Alsace, sur la rivière de Sur.

BEIRA. s. f. Province du Royaume de Portugal, bornée au Nord par celle de Tra-los-Montes, & d’Entre-Douro & Minho ; au Midi par l’Estramadoure de Portugal ; au Levant par l’Estramadoure d’Espagne, & au Couchant par l’Océan Atlantique. Beira. On prétend que c’est le pays des anciens Transcadani. Conimbre est capitale de la Province de Beira.

BEIRAM, BAIRAM, ou BAYRAM. s. m. Terme de Relation. Mot turc, qui signifie fête solennelle. Festum, dies festus, dies solemnis. Les Musulmans n’ont que deux Betrams. Le premier tombe au deuxième jour du dernier mois de l’année arabique, & s’appelle Beiram buink. Grand Beiram. Le second finit le jeûne du mois Ramazan, & tombe au premier jour du mois Scheval ; on le nomme Beiram Kutschuk, ou Kitchi-Beiram, petit Beiram. On l’appelle communément la Pâque des Turcs ; & dans l’opinion du vulgaire, elle passe pour leur plus grande fête, & pour le grand Beiram. D’Herb. L. P. Roger écrit Behiram ; mais mal. Du Loir dit Bayram, parce qu’en effet ce mot en turc a un fatha à la première syllabe, & que le fatha se prononce comme un a ou comme un e. Le premier jour de leur Pâque qu’ils appellent Bayram, ils font une reconciliation générale, & à la rencontre de l’un & l’autre ils se donnent tous la main, & se la portant à la tête après l’avoir baisée, ils se souhaitent les bonnes fêtes par ces paroles ; Bayram Koutla olsun, que les Pâques soient bonnes.

Le Bayram se célèbre avec des réjouissances & des désordres infâmes. Dans les grandes rues il y a des machines rondes comme une meule de moulin, sur lesquelles ils mettent des enfans pour tourner, les jeunes garçons se brandillent à des cordes qui sont attachées à d’autres plus petites roues, qui tournent pareillement. On y dresse aussi des jeux d’escarpolettes, ornés de festons, de verdures & chacun pour un aspres ou deux peut prendre ces divertissemens, qui sont animés d’une musique aussi agréable que ces exercices, & qui est faite avec des voix, des tambours de biscaye, des luths & des violons à leur mode, qui s’accordent toujours mal pour le ton, & quelquefois passablement bien pour la cadence. Il y a des amphithéâtres à l’entour, pour ceux qui ne veulent être que spectateurs, comme sont les femmes & les hommes, qui ont plus d’âge & de retenue. De temps en temps, quand l’escarpolette chome, ceux qui en sont les maîtres, pour ne pas laisser ennuyer toute la compagnie, font quelque farce, dont la représentation est toujours mauvaise pour l’action, mais souvent abominable pour le sujet.

En même temps les enfans & les femmes qui peuvent avoir des gens pour acheter les choses nécessaires, ne sortent que rarement de leurs maisons, & n’oseroient le faire sans nécessité ; mais durant celui-ci, & de jour & de nuit, tout le monde court librement les rues pour prendre part à ces beaux divertissemens. Du Loir, L. VI, p. 194, 195.

Les peintures de toutes sortes d’animaux leur sont défendues par un commandement exprès de l’Alcoran ; & néanmoins pendant ces jours, dont la sainteté devroit donner de la retenue pour les choses qui sont innocentes de soi, ils étalent en public, sous les galleries des chambres des Janassaires, des représentations abominables de divers accouplemens infames & monstrueux, peints sur du papier ; & une foule incroyable de toute sorte de personnes vont les voir, & les considérer ; & comme si cette abomination étoit aussi bien une marque de la fête que les prières, ils y vont avec autant d’empressement qu’aux mosquées. Id. p. 195, 196.

☞ BEISTY. Voyez Bisti.

☞ BEIZA. Voyez Biza.

☞ BEKAVA. Petite ville de Pologne, dans le Palatinat de Lublin.

BEL.

BEL. Viex adj. On disoit communément autrefois bel pour beau. Nous ne l’avons plus retenu que dans le mot