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BEG

fleurs stériles, composées de quatre pétales, grands & étroits ; & d’autres en rose, composées de plusieurs pétales disposés en rond sur un calice garni de feuilles qui devient dans la suite un fruit à trois angles, aile, divisé en trois loges, & rempli de petites semences.

BEGOUM. Terme de relation. Voyez Begum.

☞ BEGRAS. Ville de Turquie, en Asie, en Syrie au pied du mont noir, entre Alexandrie & Antioche.

BEGU, ou BAIGU, UE. adj. Ce mot ne se dit que des chevaux. Un cheval bégu est celui qui depuis cinq ans jusqu’à sa vieillesse marque naturellement, & sans artifice, à toutes les dents de devant, & y conserve un petit creux & une marque noire qu’on appelle germe de féve. Equus cujus in dentibus semper ætatis inaicium remanet. Les chevaux bégus ont les dents plus dures que les autres chevaux, ce qui fait que quand ils ont une fois marqué, ils marquent toujours quoiqu’ils aient passé l’âge. Les cavales sont plus sujettes à être bégues que les chevaux.

BEGUARD. s. m. Nom de Secte. Beguardus. Les Beguards, ou, comme quelques-uns écrivent, Berguards, ou Begghars & Beguins, sont des Hérétiques qui s’éleverent en Allemagne vers la fin du XIIIe siècle. Le chef de cette secte fut un certain Dulcinus. Leurs principales erreurs étoient que l’homme en cette vie pouvoit être impeccable, & acquérir un degré de perfection si élevé qu’il ne pourroit plus croître ; qu’en cet état il n’étoit plus obligé ni aux jeûnes de l’Eglise, ni à obéir aux supérieurs ; qu’il étoit heureux comme dans le Ciel ; que toute créature intellectuelle est de soi heureuse ; qu’elle n’a que faire de la lumière de gloire pour l’élever à la vision & à la possession de Dieu ; qu’il n’y avoit que les imparfaits qui s’exerçassent à pratiquer des actes de vertu ; qu’on ne devoit point adorer Jesus-Christ quand on élevoit l’Hostie, ni s’occuper des mystères de son humanité sainte. Ils blâmoient les bonnes œuvres, & débitoient des maximes d’impuretés. Ces fanatiques, qui portoient l’habit monastique sans garder aucune règle, & sans observer le célibat, furent condamnés sous Clément V. au Concile de Vienne, l’an 1311. Pratéole, Sanderus, hæres. 160 & 161. Antonin, Chron. P. iii. T. 21. c. 3. §. 2. Turre-Crem. Summ. de Eccles. P. ii. L. 14. c. 36. Sponde, Bzovius & Rainaldi à l’an 1310, & 1311 ont parlé des Begguars. Pierre Coëns en a fait l’histoire, intitulée, De origine Begauradorum. Alex. Rossæus in Πανσεβεία, Christ. Urstisius, dans son Histoire de Bale, d’où ils furent chassés en 1411. & Phil. de Limborh, en ont aussi parlé. Voyez BEGUIN.

☞ BEGGUARS. Voyez Begghars.

BEGUE. adj. m. & f. Celui qui a peine à parler, qui ne sauroit prononcer sans répéter plusieurs fois la même syllabe avant que d’articuler celle qui suit. Balbus linguâ hesitans. Il se dit aussi substantivement. C’est un Bégue.

Ménage dérive ce mot de balbus, qui signifie bégue. Borel le dérive de beccus qui est un vieux mot Gaulois qui signifioit bec.

BEGUEULE. s. f. Terme de mépris, qui s’applique dans le style familier, à une femme sotte, impertinente, ridiculement avantageuse. Fatua insulsa. C’est une bégueule, une franche bégueule. Ce mot vient de gueule bée, béante.

BEGUILL. s. m. Fruit de la grosseur d’une pomme avec une écorce rude & noueuse, dans laquelle est renfermée une pulpe semblable au fruit de l’Arbousir. Ray, Hist. Plant.

BEGUIN. s. m. Coiffe de linge qu’on met aux enfans sous leur bonnet, & qu’on leur attache sous le menton, avec une petite bride. Lintea puerorum calantica.

On dit proverbialement que les ânes ont les oreilles bien longues, parce que leurs meres ne leur ont point mis de béguin.


Beguin. s. m. Nom de Secte. Beguinus. C’est un nom que l’on donna au XIVe siècle à des hérétiques nommés autrement Béguards. Voyez ce nom. Ils se disoient pauvres Freres du Tiers-Ordre de S. François, & furent aussi nommés Fratricelles. Cette secte étoit particulièrement répandue en Provence, dit l’Historien de cette Province. Ils disoient qu’il n’étoit point permis non-seulement aux particuliers, mais même aux communautés, de posséder des fonds, ni rien en proriété, & ils traitoient le Pape d’Antechrist, parce qu’il le permettoit à l’Odre de S. François. Le Pape condamna cette secte par une Bulle du mois de Décembre 1317, dans laquelle il l’appelle la secte des Frérots, Beguins, Begghards, & Bisoches. Voyez Frerot.

Quelques savans dérivent les noms de cette secte du Saxon, ou Anglo-Saxon, beggen, mendicare, mendier.

Le nom de Béguins & de Béguines, ou Béchins & Béchines, fut donné à Toulouse aux Religieux & aux Religieuses du Tiers-Ordre de S. François, à cause de leurs Fondateur nommé Béchin. P. Helyot, T. VIII, p. 222. Barthélemy Béchin étoit un des plus qualifiés de Toulouse qui leur donna sa maison de plaisance avec un grand clos proche les murs de cette ville, dans laquelle, par l’agrandissement qu’on y a fait, il se trouve maintenant enfermé, & est occupé par les Religieux du même Ordre de l’étroite Observance. Id. p. 223.

BÉGUINAGE. s. m. Communauté de Béguines, habitation, logement d’une communauté de Béguines. Collegium Beguinarum, habitatio, domiciliom Beguinarum. Ces Béginages comprennent plusieurs maisons renfermées dans un même enclos avec une ou plusieurs Eglises, selon le nombre des Béguines. Il y a dans chaque maison une Prieure ou Maîtresse. Le Curé de la Paroisse est Supérieur du Béguinage. Le Béguinage d’Anvers est très-grand & spacieux : il a deux Eglises. Le Béguinage d’Amsterdam est aussi fort beau, & s’est conservé malgré le changement de religion. Voyez le P. Héliot, T. VIII, C. 1. Ce mot se dit non-seulement en Flandre, mais aussi en Picardie. Messieurs de ville jouissent de la dépouille des Béguines d’Amiens, que l’on nomme encore aujourd’hui le Béguinage. De la Morlière, Antiq. d’Amiens, p. 102. Le Béguinage de Malines est le plus beau de toute la Flandre. Il est grand comme une petite ville, & l’on dit qu’il y a dans ce Béguinage quinze ou seize cens Béguines, sans comprendre les Pensionnaires, dont le nombre est trois fois plus grand. Il y en a eu en France & au rapport de Thomas de Chantpré, Philippe de Montmiral en assembla cinq cens en plusieurs Béguinages. S. Louis établit des Béguines à Paris, & leur Béguinage, ou principale demeure étoit où est présentement le Monastère de l’Ave-Maria.

BÉGUINE. s. f. Nom qui se donne aux filles d’une ancienne Congrégation séculière établie en plusieurs lieux de Flandre, de Picardie & de Lorraine. Beguina. Il y a des Auteurs au nombre desquels est le P. Thomassin, qui ont regardé les Béguines comme des espèces de Chanoinesses ou de Bénéficières. Quelques Ecrivains ont prétendu qu’elles avoient eu pour Fondatrice sainte Begghe, Fondatrice des Chanoinesses d’Ardennes. D’autres prétendent plus vraisemblablement qu’elles ont commencé à Liégé, par les libéralités d’un homme riche de cette ville, nommé Lambert le Bégue, qui fonda dans cette ville deux Communautés, l’une d’hommes l’an 1150, l’autre de Béguines l’an 1172. De-là les Béguinages se répandirent non-seulement à Nivelle, & en plusieurs autres lieux des Pays-Bas, mais encore en France & en Allemagne. Caons, Chanoine de la Cathédrale d’Anvers, dans une dissertation qu’il donna en 1620 sur l’origine de ces Béguines, apporte plusieurs raisons pour prouver qu’elles n’ont point eu sainte Begghe pour Fondatrice, & que bien loin de pouvoir être regardées comme Chanoinesses, elles ont des observances toutes opposées à la vie canoniale. Elles ne font que des vœux simples entre les mains du Curé de la paroisse où elles sont situées ; ce Curé est Supérieur du Béguinage, & il ne se fait aucune affaire sans le conseil de huit Béguines. Elles étoient autrefois habillées de différentes manières & de différentes couleurs ; elles sont aujourd’hui presque toutes habillées de noir. Lorsqu’elles sortent, elles portent une certaine toque noire & plate sur la tête, avec un toupet de soie au sommet. Elles ont aussi un manteau noir, qui leur couvre la tête,