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pleine de montagnes, ou de basses, ou lieux marécageux : à cet endroit seul il y avoit un port par où l’on pouvoit entrer en Egypte, ou en sortir ; que c’est pour-cela que ce Béeltséphon, c’est à-dire, Bel Gardien, y avoit été placé. Il n’est point du sentiment de ceux qui croient que Béeltséphon avoit la figure d’un chien. Cependant parce que les Egyptiens avoient la coutume de mettre Mercure sur les chemins, comme le Gardien des chemins, il soupçonne que Béeltséphon pourroit bien être ce Mercure ; & si ceux qui lui donnent la figure de chien, entendent par la Hermanubis, il est assez de leur sentiment ; il ne le croit pas néanmoins tout-à-fait certain. Quelques-uns écrivent Béelzéphon, & d’autres Béelséphon ; c’est un tsadé en hébreu, Béeltséphon. Voyez sur ce Dieu, Fagius sur l’Exode, ch. 14, v. 1. Godwin, Moses and Aaron, Liv. IV, Ch. 3, & sur-tout le P. Kirker, Œdip. Æg. T. I. Synt. IV, C. 7.

BÉELZEBUT. s. m. Nom d’une idole des Philistins. Beelzebub. Il faut écrire & prononcer beelzébut en françois, ou Béelsébut. C’est l’usage. Quelques-uns écrivent Belzébut. Ochosias étant tombé d’une fenêtre de son Palais, envoya consulter Belzébut dans Accaron. God. Or si c’est par le moyen de Béelzébut que je chasse les Démons, par le moyen de qui vos enfans les chassent-ils ? Bouh. Et s’ils ont appelé le Père de famille Béelzébut, ne feront-ils pas encore plutôt le même traitement à ses domestiques ? Port-R. Il ne chasse les Démons qu’au nom de Béelzébut, prince des Démons. Et si je chasse les Démons par Béelzébut, vos enfans par qui les chassent-ils ? Simon. Ainsi il ne faut point imiter les traducteurs de Genève & ceux de Louvain, qui disent Béelzébub, suivant en cela les traducteurs latins, & l’hébreu, car le texte hébreu 4e Liv. des Rois, 1, 2, 3, 6, 16, dit toujours בעל זבוב, Baal-Zébub, qui signifie le Dieu de la mouche, ou le Dieu des mouches, en prenant ce singulier pour signifier l’espèce, comme ont traduit les Septante à l’endroit que j’ai cité, & quelques exemplaires dans le Nouveau Testament. D’autres exemplaires manuscrits, les éditions du N. T. Aquila à l’endroit des Rois que j’ai cité, & en général tous les Grecs selon Capperonnier sur Nicéphore, pag. 707. mettent Béelzébul, aussi-bien que les versions arabes, cophtes, & éthiopiennes du N. T. que quelques Auteurs entreprennent de justifier. Le P. Kirker & Godwin disent que ce sont les traducteurs qui l’ont mis exprès, & pour donner à cette idole un nom méprisable ; que Baal-Zebul veut dire Dieu du fumier, parce qu’en chaldéen c’est la signification de Zebul, זבוב. J’aimerois autant dire, que les Philistins eux-mêmes l’appeloient le Dieu de l’Habitation, ou le Dieu du Ciel ; car זבוב, en hébreu signifie Habitation, & il se dit par excellence du Ciel qui est l’habitation de Dieu. Mais ni l’un ni l’autre ne sont bien ; parce que Béelzébul est une corruption ou changement que les Copistes ou que l’usage a fait en grec dans ce nom, qui se dit dans la langue originale Béelzébub. Drusius & Capperonnier ne croient pas qu’il faille réformer ce mot en grec, à moins qu’on ne prouve que c’est une faute de copiste, & non pas l’usage qui l’a introduit. Il y a aussi des gens qui prétendent que l’on a dit Béelzébut en hébreu ; que l’on a dit בעל זבבות Baal Zébuboth, au pluriel, Dieu des mouches, qu’ensuite de zébubot, on a fait zebboth, & de zebboth, zebot, ou zebut. Mais on ne trouve que בעל זבות, Béelzébut, au singulier, & jamais Béelzébubott au pluriel. Ainsi il est clair que c’est un changement que nous avons fait dans notre langue du b en t ; car nous ne mettons jamais le b à la fin des mots. Il n’y en a qu’un seul où il se trouve, qui est plomb, mais nous ne l’y prononçons pas. Il n’est donc point étonnant que nous l’ayons changé en t dans Béelzébut. Béelzébut étoit le Dieu d’Accaron, & on alloit l’y consulter comme un oracle, 4e. Liv. des R. Ch. I, v. 2, 3, 6, 16. On ne sait pas trop pourquoi on l’appelle Dieu de la mouche, ou Dieu mouche ; ni qui lui donna ce nom, si ce furent les Accaronites, ou les Juifs par mépris. Quelques-uns disent qu’il fut ainsi appelé à cause des mouches, qui se mettent ordinairement sur les victimes ; d’autres parce que son idole toute grasse de la fumée des victimes qu’on lui sacrifioit, étoit toujours couverte de mouches. Le P. Kirker croît avec raison que ce nom lui fut donné par les Accaronites, & non point par mépris ; car, dit-il, Ocholias ne prétendoit point lui donner un nom méprisable, 4e. des R. Ch. l, v. 2, lorsqu’il l’envoyoit consulter ; & que c’est le même Dieu que les Grecs adoroient sous le nom de Myagre, & dont parlent Pausanias & Solin ; & Pline dit qu’à Cyrène on invoquoit le Dieu Achor contre la multitude des mouches, qui engendroient la peste. Il a voulu dire le Dieu d’Accaron. Beelzébut, ou Miagre est donc le Dieu qu’on invoquoit contre les mouches. Les Grecs ont encore honoré une pareille divinité sous le nom de Ζεὺς ἀπόμυιος, Jupiter Chasse-mouche. Voy. Godwin, Moses and Aaron, Liv. IV, c. 6. Selden, de Diis Syris, synt. II, c. 6, & sur-tout le P. Kirker, Œdip. Æg. T. I. Synt. IV, cap. 6. Capperonnier croit que c’est par mépris pour ce Dieu, que les Juifs dans la suite donnèrent son nom au Prince des Démons. Matth. X. & XII. Voss. de Idol. L. II, c. 4, croit que c’est le même que Béelsamen ou le Soleil.

BEENEL. s. m. Arbrisseau toujours vert qui croît dans le Malabar. On fait avec la racine de cet arbrisseau bouillie dans l’huile de Sésame, un liniment qui passe pour être bon dans les maux de tête & dans les douleurs invétérées des membres

☞ BÉER.Nom d’une ville de la Palestine, à quatre lieues de Jérusalem.

☞ BÉER. v. n. C’est la même chose que Bayer qui est seul en usage. Voyez ce mot.

☞ BEER. v. a. Vieux mot, du latin beare, rendre heureux.

☞ BEEROTH. Ville de la Palestine, dans la tribu de Benjamin, à sept lieues de Jérusalem.

BEESHA. s. f. Espèce de bambou qui croit dans le Malabar : on se sert de sa décoction dans la suppression des règles, & on en fait un gargarisme dans les érosions des gencives & dans les maux de dents. Dict. de James.

BEF.

☞ BE-FA-SI. Terme de musique par lequel on distingue le ton de Si. Cet air est en Be-fa-si.

BEFFLER. v. a. Mener un homme par le nez comme un buffle, le tourner en ridicule, se moquer de lui, le tromper. Illudere, os alicui fublinere. Quand on vient dans le monde, il ne faut pas se laisser beffler, on n’en revient point. Ce mari a toujours été befflé par sa femme, & par tout le monde. Ce mot est vieux, & ne peut plus entrer que dans le comique & le burlesque.

BEFFLÉ, ÉE. part. Illusus, irrisus.

BEFFROI. s. m. Tour, clocher, lieu élevé où il y a une cloche dans une ville de guerre, ou dans une place à portée de l’ennemi, où l’on fait le guet, & d’où l’on sonne l’allarme, quand les ennemis paroissent. Specula. Du Cange dérive ce mot du Saxon ou Allemand bell, qui signifie cloche, & freid, qui signifie Paix. On l’appelle diversement dans la basse latinité, belfredus, berfridus, berefridus, verfredus, bilfredus, balfredus, belfreit, belfragium, beaufroy & belfroy. Nicot dérive ce mot de bée & de effroi, parce qu’il est fait pour béer & regarder ; & ensuite donner l’effroi. Pasquier croit que c’est un mot corrompu ; qu’il est dit simplement pour effroy, & que sonner le beffroi n’est autre chose que sonner l’effroi. Rec. Liv. VIII. chap. 62.

Beffroi, dans les Coutumes d’Amiens & d’Artois, est une tour où l’on met la ban-cloque. Campana bannalis, c’est-à-dire, la cloche à ban, ou la cloche destinée à convoquer les habitans d’une ville. La Charte de l’affranchissement de S. Vallery accordée en 1376, par Jean Comte d’Artois porte ceci : Item ; « Nous avons ordonné & accordé eschevinage, ban-cloque grande & petite, pilori, scel & banlieue aux Maires, Eschevins & Commune de S. Vallery. » De Laurière sur Ragueau. Ainsi le droit de beffroi étoit un privilège, & Charles le Bel en 1322, l’ôta à la ville de Laon avec plusieurs autres, pour la punir d’un sacrilège que les habitans commirent dans l’Eglise.

Beffroi, est aussi la charpenterie qui soutient les cloches dans un clocher. Canterii.