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BED

BECULO. s. m. Plante médicinale : c’est l’Ipecacuanha. Voyez ce mot.

BÉCUNE. s. f. Poisson qui se pêche sur les cotes de l’Amérique. Il ressemble à un brochet par sa figure, & par le goût. On en prend qui ont huit pieds de longueur. Il y a une sorte de bécune que les François appellent en ce pays-là bécasse de mer, parce qu’elle a un bec assez semblable à celui de la bécasse. Ce poisson est gourmand, carnassier, & autant ou plus dangereux que le requin : il ne s’étonne nullement du bruit, ni des mouvemens qu’on peut faire dans l’eau ; au contraire, c’est alors qu’il se lance sur les personnes pour les dévorer. Sa chair a le même goût que celle du brochet ; & s’il a les dents bien blanches & le foie doux, on en peut manger, mais s’il les a tant soit peu noircies & le foie amer, ou âcre, sa chair est un poison aussi dangereux que l’arsenic. On dit dans les Îles que cela vient de ce que ce poisson mange de la mancenille, qui tombe des arbres dans la mer. P. Du Tert. Hist. des Ant. Tr. IV, ch. I, §. 5. Voyez aussi Lonvill. Hist. nat. des Ant, p. 181, ou Liv. I, ch. 17., Art. 8.

BED.

BEDAINE. s. f. Terme populaire qui signifie un gros ventre. Abdomen, obesus venter.

Molière fait dire au Cocu imaginaire,

Quand j’aurai fait le brave, & qu’un fer pour ma peine
M’aura d’un vilain coup transpercé la bedaine,
Que par la ville ira le bruit de mon trépas,
Dites-moi, mon honneur, en ferez-vous plus gras ?

Bedaine. Vieux mot. Boulet ; d’où vient que l’on disoit autrefois jeter bedaines. C’étoient certains instrumens gros & courts qu’on appeloit aussi bedondaines.

Ce mot vient de bis & dondaine. Or dondaine étoit un certain instrument de guerre à jeter des pierres, qui étoit gros & court, qui a fait qu’on a appelé de gros ventres des dondaines, & ensuite bedaines ; & grosse dondon, une femme courte & grosse. Menage. D’autres le dérivent de l’hébreu בטן. Cette étymologie a plus d’apparence. Elle est de Guichard.

☞ BÉDARIEUX, ou BEC D’ARIEUX, ou BEDERIEUX. Ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Besiers, sur l’Orbe.

☞ BEDAS. Peuple d’Asie, dans l’île de Ceylan, toujours caché dans les bois, n’ayant ni commerce, ni communication avec personne.

☞ BEDAT, (le) ou BEDART. Rivière de France, dans l’Auvergne, qui se perd dans l’Allier.

BEDATS. s. m. & pl. Terme de coutume. Ce sont des garennes & des bois prohibés, ou défendus. Ce mot vient de vetare, défendre. On dit aussi bois vétés, du même mot vetare. Voyez de Laurière sur Ragueau.

BEDEAU. s. m. C’étoit autrefois un Sergent dans les Justices subalternes ; & les Sergens Royaux, quand ils plaident contre eux, les qualifient encore de ce nom. Accensus, Apparitor. En effet, ils servent de Porte-verges dans les Eglises des Juridictions ecclésiastiques, comme on voit encore à S. Germain des Prez. On les appelle en latin Bidelli, qu’en croit avoir été fait par corruption de pedellus, comme servant à pied. Fauchet dit qu’on les appeloit autrefois Bidaux, & que c’étoient des soldats paysans.

Ce mot, selon quelques-uns, vient de l’hébreu בטן, badale, ordinare, arranger, ce qui regarde la fonction des Bedeaux. D’autres le tirent de pedo, seu baculo, quia virgâ utebantur. On a dit Pedellus de pedum, qui est cette sorte de verge ou bâton dont les Huissiers se servent ; & de Pedellus on a fait Bidellus. Cela paroît plus vraisemblable. L’hébreu ברל, signifie dividere, diviser, séparer, plutôt qu’ordonner.

Spelmannus, Vossius & Somnerus, le dérivent du mot Saxon Bidel, qui signifie Crieur public, Sergent ou Héraut. C’est ainsi que dans les vieux manuscrits Saxons les Evêques sont appelés Dei Bedelli, les Bedeaux de Dieu, c’est-à-dire, Præcones, les Hérauts de Dieu ; & dans Ingulfe, Hist. Croyl. Egdar Roi d’Angleterre défend à tous ses ministres, bedeaux & baillifs &c. Ce mot Saxon Bidel ou, bydel, vient du verbe Saxon bydde qui signifie demander, prier. L’interprète Saxon du nouveau Testament en S. Luc XII, 58, traduit Exactor par bydele ; dans les lois d’Ecosse bedellus est pris au même sens, ch. 112. Quelquefois au lieu de Bedellus on trouve Pedellus, d’où vient que Skenæus a dit qu’il ne pouvoit venir de bydel, mais de pedum. Dans les lois d’Angleterre Beadle, c’est-à-dire Bédeau, est un Huissier de la Cour qui cite les personnes que la Cour appelle pour y comparoître, & pour y répondre. Harris. Dans le vieux Coutumier de Normandie on fait différence entre les Sergens à l’épée, & les Bédeaux ; ceux-ci etoient destinés aux moindres services : Li bedel, dit-il, sont li mineur Sergeant, qui doivent faire les meneurs semonces. Voyez Spelman. Glossar. Archæol. & les Macri dans leur Hierolexicon.

Bedeaux, se dit aussi de ceux qui servent d’Huissiers & de Porte-masses dans les Universités, qui marchent devant le Recteur & les Facultés. Il y a dans l’Université de Paris quatorze Bedeaux, deux en chaque Nation, & deux en chaque Faculté. On divise les Bedeaux en grands & petits Bedeaux. Les grands ont le double de gages des petits ; & les petits, qu’on nomme sous-Bedeaux, sont comme les serviteurs des grands. Entre ces Bedeaux il y en a un qu’on appelle le grand Bedeau de France, qui est le premier Bedeau de la nation de France. On ne sait positivement le temps de l’institution des Bedeaux ; mais il est constant que l’Université n’a jamais fait corps qu’elle n’ait eu des Bedeaux pour porter ses ordres. Les Bedeaux des Nations sont plus anciens que les Bedeaux des Facultés, lesquels n’ont commencé que lorsque les Nations ont commencé à faire corps. Les Bedeaux de la Faculté des Arts s’élisent par les Nations. Les Bedeaux à leur réception prêtent serment, & lorsqu’ils ont bien servi, on leur promet de résigner leur Office. Les grands Bedeaux ont quatre livres pour chaque écolier qu’on reçoit Maître-ès-Arts, & les petits Bedeaux ont quatre sols.

Bedeau, est aussi un porte-verge, qui sert à l’Eglise & aux Confréries pour les quêtes, pour la conduite des personnes de qualité aux offrandes, aux processions, &c. Voyez les Recherches de Pasquier, Liv. IV. ch. 30, où il traite des Sergens & Bedeaux.

Naudé, dans son Mascurat, a dit Bedeau en parlant des Académies d’Italie. Tu peux facilement t’imaginer, ensuite de ce que M. Gassendi a déjà remarqué des Humoristes, que ces assemblées se font à jour nommé & intimé par le Bedeau à tous les Académistes. Masc. En France nos Académies n’ont point de Bedeaux.

BÉDÉGAR. s. m. Plante. C’est la même chose que l’Epine sauvage. Gaspar Bauhin dit que c’est le faux bédégar que le rosier sauvage. Ce rosier est l’églantier, dont la tisane sert pour dégager les sables des reins.

Bédegar. s. m. Eponge qui se forme sur l’églantier à l’occasion des piqûres d’insectes. Voyez Rosier.

BEDEGUA. s. f. C’est dans les Auteurs Arabes le nom d’une espèce de chardon. Ray, Hist. Plant. Blancard dit que Bedegua est synonyme à spina alba.

☞ BEDER. Ville d’Asie, dans l’Indoustan au royaume de Décan, dans la Province de Telenga dont elle est capitale : elle l’étoit autrefois de tout le Décan.

☞ BEDFORD. Voyez Befort.

☞ BEDFORD. Ville de la grande Bretagne, au royaume d’Angleterre, en Bedfordshire, avec titre de Comté.

☞ BEDFORDSHIRE. Province mediterranée, au royaume d’Angleterre, dans le Diocèse de Lincoln.

☞ BEDHAH. Ville d’Asie, dans le Fars, ou Perse proprement dite.

BEDIER. adj. m. Âne, ignorant. Beda, pour détourner le Roi François premier de sa très-noble & très-vertueuse délibération touchant l’établissement des professeurs des langues, lui allégua contre la Grecque en présence de feu M. Budé (qui au contraire par tous