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fort étendues, à cause que ce pays est fort uni & sans arbres.

BEAUCOUP. ☞ Multùm. Adverbe relatif à la quantité des choses, soit qu’il s’agisse de calcul, de mesure ou d’estimation. Plusieurs n’est jamais employé que pour les choses qui se calculent. Il y a dans le monde beaucoup de fous qu’on estime, beaucoup de terrain qu’on néglige, & beaucoup de mérite qu’on ne connoît pas. Syn. Fr.

☞ L’opposé de beaucoup est peu. L’opposé de plusieurs est un, parce que plusieurs n’a rapport qu’à la quantité qui se compte.

☞ Pour qu’un état soit bien gouverné, il faut beaucoup de subalternes pour l’exécution, peu de chefs pour le commandement, plusieurs Ministres pour le détail, & un seul Prince pour le Général, Voyez Plusieurs.

☞ Quand beaucoup est employé pour signifier plusieurs, il faut ajouter personnes ou gens, ou quelque substantif. On diroit mal : il donnoit peu à beaucoup, il faut dire, à beaucoup de personnes ou de gens.

☞ On dit pourtant bien, nous sommes, ils sont beaucoup ; mais cela n’a lieu que dans les cas où le pronom personnel qui précède, fait voir que ce beaucoup qui suit, se rapporte au même pronom. De même quand on dit, il y en a beaucoup, cet en emporte avec soi la signification de gens, comme on le voit par cette phrase, il y en a, qui signifie, il y a des gens.

☞ Nous sommes beaucoup, & nous sommes plusieurs ne signifient pas précisément la même chose. Beaucoup désigne un plus grand nombre que plusieurs.

Beaucoup, sert aussi à marquer quelque chose d’avantageux, & alors il s’emploie comme un substantif. C’est beaucoup que de savoir commander. Acad. Fr.

Ménage dérive ce mot de beau & coup. D’autres le dérivent de bella copia. Ce mot ne vient pas de bella copia, qui n’est qu’une allusion, mais simplement de beau & de coup, en prenant coup pour fois, parce que ramasser en un seul coup une grande quantité de quelque chose qu’on souhaite, c’est un beau coup. Ainsi le pêcheur, qui du coup qu’il jette son filet, prend quantité de poissons, fait, dit-on, un beau coup de filet, ce qui a même passé en proverbe pour la capture qu’un Prévôt fait d’une compagnie de voleurs. A Dijon, en voici une bellefois, est la même chose qu’en voici beaucoup, ce qui ne sert pas peu à confirmer l’étymologie que j’ai donnée. Ménage qui l’avoit d’abord proposée dans la première édition de ses Origines Françoises, s’en est assez mal-à-propos rétracté dans la seconde, où il a mieux aimé dire qu’il ne savoit d’où venoit ce mot. Glossaire Bourguignon.

Beaucoup. Quand ce mot est mis après un comparatif, il veut être immédiatement précédé de la particule de. L’esprit de qui la promptitude est plus diligente de beaucoup que celle des autres. Vaug. Rem. ☞ Quand beaucoup est devant le comparatif, on peut mettre la particule de ou la supprimer. Gassendi & Descartes sont beaucoup, ou sont de beaucoup plus éclairés que les autres Philosophes. Il y a plusieurs autres façons de parler analogues à ces deux exemples, & qui suivent la même règle.

☞ On dit il s’en faut beaucoup, pour dire, qu’il y a une grande différence. Le cadet n’est pas si sage que l’aîné, il s’en faut beaucoup. Et on dit, il s’en faut de beaucoup, pour dire, que la quantité qui devroit y être, n’y est pas. Vous croyez m’avoir tout vendu, il s’en faut de beaucoup. Ac. Fr.

BEAU-FILS. s. m. Gendre, qui a épousé la fille d’un autre. Gener. Les beaux-fils & les belles-filles ne s’accordent pas long-temps avec les beaux-peres, & les belles-meres. Un beau-fils est considéré comme propre fils de celui dont il a épousé la fille ; c’est pour cela que les Lois l’ont obligé de nourrir son beau-pere en cas de nécessité : Quia sunt loco parentum. Louet, Arrest 29. Lettre F. Rochef.

On appelle aussi beau-fils, & belle-fille, des enfans qui sont nés d’un premier mariage à l’égard des mariés en secondes nôces. Privignus. Les enfans du mari sont beaux-fils, & belles-filles à l’égard de la seconde femme, & les enfans de la femme sont la même chose à l’égard du second mari.

On dit qu’un garçon fait le beau-fils ; pour dire, qu’il se pare, qu’il affecte de paroître beau, qu’il fait l’agréable. ☞ C’est un petit maître commencé. Politus, ad unguem factus.

Un de ce dernier ordre
Passoit dans la maison pour être des amis ;
Propre, toujours rusé, bien-disant, & beau-fils.

La Font.

Pasquier, Rech. Liv. VIII, ch. 50, croit que les mots de belle-mere, beau-fils, belle-fille, sont venus par erreur de ce que l’on disoit beau-pere, pour béat pere.

BEAUFORT. Nom de lieu. Bellofordia, ou Befordia. Il y a Beaufort, Petite ville d’Anjou. Beaufort, village & château en Champagne, qui a titre de Duché. Beaufort, petite ville, ou bourg du duché de Savoie. ☞ Il y a encore Beaufort, Baronie en Dauphiné, dans l’Embrunois.

BEAU-FRERE. s. m. Terme relatif entre deux personnes qui ont épousé le frère, ou la sœur l’une de l’autre. Mariti vel uxoris frater. Les Nations étrangères établissent une grande alliance entre les beaux-freres ; les Espagnols les appellent cunados, les Italiens cognati, les Gascons & les Languedociens Cognados, qui sont des mots qui équivalent aux premiers degrés de consanguinité. Rochef.

BEAUGE. s. f. Voyez Bauge.

☞ BEAUGENCI. Voyez Baugenci.

BEAUJEU. Bellojovium, Bellijovium. Petite ville de France, à huit lieues au Nord de Lyon. Beaujeu est situé sur l’Ardière, & fut autrefois capitale du Beaujolois, avant que Ville-franche fût bâtie. Pierre Maurice, dans une lettre, l’appelle Bellus jocus, & quelques Modernes Baujovium.

BEAUJOLOIS. Bellojoviensis, ou Bellojocensis ager. Quelques-uns disent aussi Baujoviensis, mais il n’est pas si bien. Le Beaujolois est une contrée de France comprise dans le gouvernement général de Lyon. Le Beaujolois est borné au Midi par le Lyonnois propre, au Couchant par le Forêt, au Nord par la Bourgogne, au Levant par la Principauté de Dombes. Il ne faut prononcer ni écrire Beaujeulois, comme quelques Auteurs, mais Beaujolois.

BEAULIEU. Nom de plusieurs lieux en France, ainsi nommés à cause de la beauté du pays dans lequel ils sont situés. Bellus locus.

Beaulieu. Petite ville & Abbaye de France, en Touraine, sur la rivière d’Indre. Agnès Sorel, maîtresse de Charles VII, étoit Dame de Beaulieu, qui est présentement une Baronnie. L’Abbaye est de l’ordre de S. Benoît, Congrégation de S. Maur.

Beaulieu. Autre ville & Abbaye de France, dans le Limosin, ou plutôt dans le Vicomté de Turenne, au diocèse de Tulles.

Beaulieu. Bourg de France, Dans le Gâtinois, Election de Gieu.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Châlons, de l’Ordre de S. Benoit, Congrégation de S. Vanne.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Troyes, Ordre de Prémontré.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Langres, Ordre de Cîteaux.

Beaulieu. Terme de manége. On dit qu’un cheval porte en beaulieu, lorsqu’il porte bien sa tête.

☞ BEAUMARCHEZ. Ville de France, en Gascogne, au confluent des rivières de Bouès & d’Arros.

☞ BEAUMARISH, BEAUMARICH, ou BEAUMAIS. Ville de l’Île d’Anglesey, sous la Couronne de la Grande Bretagne, & dans les annexes du pays de Galles, présentement capitale de l’Île.

☞ BEAUMESNIL. Bourg de France, dans la haute Normandie, diocèse d’Evreux, avec titre de Baronnie.

BEAUMONT. Nom de plusieurs lieux différens, ainsi nommés apparemment, ou parce qu’ils sont situés sur