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BAU

à-fait cuite, qui est molette. L’omelette baveuse est plus délicate.

BAUFRER. v. n. Manger avidement. Helluari. Ce mot est bas. Il vient à bis faucibus, comme qui diroit, avoir deux bouches. D’autres le dérivent de vorare, ou valivorare. Baffrer est plus usité dans le style populaire.

BAUFREUR. s. m. Grand mangeur. Helluo. Baffreur est plus en usage.

BAUGE. s. f. Terme de Chasse, lieu où reposent les sangliers, ou autres bêtes noires. C’est ordinairement un endroit sale & bourbeux. Apri volutabrum. Le sanglier fait sa bauge dans des lieux fourrés & des épiniers.

Bauge, se dit aussi des murs qui ne sont bâtis que de cailloux, dont la liaison est faite de terre grasse humectée, & mélée avec de la paille & du foin. Presque toutes les cabanes des paysans n’ont que des murs de bauge. On dit quelquefois bauche. Lutamentum, lutum palearum.

Bauge, est aussi l’enduit qu’on met sur les murs de terre pour les conserver : cet enduit est de terre & de paille. Incrustamentum ex sectis paleis & dilutâ terrâ.

Bauge. Droguet qui se fabrique en Bourgogne, avec du fil filé bien gros, & de la laine grossière.

Bauge, se dit proverbialement & populairement en cette phrase. Avoir tout à bauge, pour signifier, avoir en abondance ; & se dit particulièrement des valets à la discrétion desquels on a abandonné les provisions d’une maison.

☞ BAUGÉ. Balgiacum, Baugeium, baugium & balgium. Petite ville de France, en Anjou, sur la rivière de Coesnon, à quatre lieues de la Flèche.

Baugé le vieux. Bourg de France dans l’Anjou, à un quart de lieue de Baugé, aussi sur le Coesnon, fameux par la défaite du Duc de Clarence, frère du Roi d’Angleterre.

☞ BAUGENCI. Balgeniacum. Ville de France, dans l’Orléannois proprement dit, sur un côteau, au bas duquel coule la Loire, sous un pont de vingt-deux arches.

☞ BAUGUE. s. f. Voyez Bauque.

BAVIÈRE. Pays d’Allemagne. Boïaria, Bavaria. La Bavière a été anciennement appelée Norique. Noricum. Des Boïens, peuple de la Gaule, qui habitoient ce que nous appelons aujourd’hui le Bourbonnois, s’y établirent ainsi que dit César, L. I, de la guerre des Gaules, C. 5, & on appela ce pays qu’ils occupèrent le pays des Boïens ; & parce que dans la suite ils furent appelés Bojarii, on forma de-là le nom Bajoria, qui fut donné à ce pays, & d’où s’est formé Beyeru, qui est son nom allemand, & peut-être le mot latin Bavaria d’où nous avons fait Bavière. Voyez d’autres étymologies au nom Bavarois. La Bavière a eu titre de Royaume ; & quelques-uns prétendent qu’elle a eu ses Rois particuliers jusqu’au temps de l’Empereur Arnulphe. C’est pour cela que Louis le Débonnaire déclara son fils Louis, Roi de Bavière. Dans la suite la Bavière n’a eu que le droit de Duché, qu’elle conserve encore. Le premier Duc de Bavière est Arnulphe, qui fut tué par les Normands en 891. Ce nom Bavière se donne aujourd’hui à un des cercles de l’Empire, à un Duché qui est aussi Electorat, & à un Palatinat.

Le Cercle de Bavière est une des neuf grandes Provinces qui composent l’Empire d’Allemagne, sous le nom de Cercles, & tient le second rang parmi les Cercles. Il a au Couchant les Cercles de Suabe & de Franconie ; au Midi le Tirol, & la Carinthie ; au Levant une petite partie de la Stirie avec l’archiduché d’Autriche ; & au Nord le Royaume de Bohème. Les Directeurs du Cercle de Bavière sont l’Electeur de Bavière, & l’Archevêque de Saltzbourg.

Le Duché de Bavière, ou l’Electorat de Bavière, est la plus grande & la plus considérable partie du Cercle de Bavière. Il est borné au Nord par le Palatinat de Bavière, la Bohème & le Duché de Neubourg ; au Couchant par le même Duché & la Suabe ; au Midi par le Tirol, avec l’Archevêché de Saltzbourg ; & par l’Autriche & l’Evêché de Passau au Levant. Ce Duché n’a la dignité Electorale que depuis le 5 Mars 1623, que Ferdinand II en dépouilla Frédéric V Electeur Palatin, élû Roi de Bohème, pour en revêtir Maximilien I Duc de Bavière, ce qui fut conformé par la paix de Westphalie. On divise le Duché de Bavière en haute & basse Bavière. La haute Bavière est la partie Occidentale de ce Duché, la basse Bavière en est la partie Orientale. Consultez Imhoff, Not. Imp. Proc. L. II. C. 6.

On a sur l’Histoire de Bavière, Joannes Aventins, Annales Boïorum, L. VII. Imprimé à Ingolstad en 1554. in-fol. & à Leipsic en 1710. Marc. Velserus, De Rebus Boïcis in-4o. à Ausbourg en 1602. Joannes Aldzreiter, Annales Boïæ Gentiis, & Annales Boïci, du P. And. Bruner Jéf. Joachin Meïer De Boïorum Migrationibus, in-4°. à Gotinga en 1702.

☞ BAULT, BAUDE. Vieux mots. Joyeux, joyeuse.

BAUME. s. m. Plante médicinale étrangère. Cette plante se nomme en latin balsamum ; son bois, xylobalsamum ; sa liqueur opobalsamum ; son fruit carpobalsamum. Le baume est un arbrisseau qui croît en Arabie, & qui ne s’élève guère plus haut que nos grenadiers : quelques-uns lui donnent la hauteur du violier blanc. Daper dit qu’il est de la forme de l’agnus castus, & de la hauteur du troëne ; qu’il a peu de feuilles. Il jette beaucoup de branches garnies de petites feuilles arrondies, que Prosper Alpin compare à celle de rue ; mais elles ne sont pas si blanches, & elles sont toujours vertes. Son bois est gommeux, & de couleur rougeâtre. Ses branches sont de la même couleur, longues, minces, & garnies de peu de feuilles. Ses fleurs sont petites, blanches & fort odoriférantes. Son fruit est un noyau couvert d’une peau séche & brune ; il renferme quelquefois une petite amande ; quelquefois, la semence étant avortée, la cavité de ce fruit est remplie d’une liqueur jaune, semblable à du miel, d’un goût amer, & qui pique la langue. Marmol, qui le décrit dans son XIe Livre Chap. 12, dit que c’est un arbrisseau de trois pieds de haut, dont les branches sont comme le sarment de la vigne, & de même couleur ; & que la graine en est rouge.

On en tire une liqueur pendant les mois de Juin, de Juillet & d’Août par le moyen des incisions qu’on fait à l’écorce ; il en sort aussi naturellement. Théophraste veut que ces incisions se fassent avec des griffes de fer, & Pline avec du verre, ou de la pierre ; parce que le fer, dit-il, le feroit mourir, ce qu’on ne remarque pourtant pas. Tacite dit, Hist. L. V. C. 6. que quand la séve fait enfler les branches du baume, il semble que ses veines appréhendent le fer, & s’arrêtent quand on y fait incision avec ce métal ; mais qu’on les ouvre avec quelque morceau de pierre, ou de pot cassé. Marmol dit qu’on le fait avec un couteau d’ivoire, ou de verre, parce que le fer feroit sécher les branches. Ce suc est blanc au commencement ; peu après il devient vert, ensuite de couleur d’or ; & enfin quand il vieillit, il est de couleur de miel : il est trouble d’abord, après il s’éclaircit, & a la consistance de la térébenthine. Son odeur est agréable, & fort pénétrante, son goût amer, âcre & astringent. Il est fort léger quand il est nouveau ; si on en verse dans l’eau, il ne va pas fort avant mais s’élevant tout-aussitôt, il se répand sur toute la surface de l’eau, se mêle avec elle, & s’y dissout promptement ; mais peu après il se coagule, & devint blanc comme du lait ; & c’est alors qu’on le tire de l’eau.

On a crû que le Baume croissoit en Egypte & en Judée ; cependant Dapper dans sa Descript. d’Egypte, pag. 62, dit que le baume n’est point originaire d’Egypte ou de Syrie, comme l’ont crû Théophraste, Dioscoride, Pline, Justin, Strabon, & plusieurs autres Anciens ; que bien loin qu’il croisse de lui-même en Egypte, on n’en trouve que dans le seul jardin d’Elmatharea, d’où les Pèlerins de la Mecque l’apportent ; que tous les Pèlerins conviennent unanimement qu’auprès de la Mecque & de Médine, sur la montagne & dans la plaine, dans les terres cultivées & les incultes, & même sur les sablons, il y croît une infinité d’arbres de baume ; mais ceux qui croissent dans ces lieux stériles, ne rendent que fort peu de gomme ; ils portent beaucoup de graine, qu’on envoie vendre en Europe. Les habitans pour tirer plus de profit de ces arbres, les transplantent de ces lieux arides dans