Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/832

Cette page a été validée par deux contributeurs.
808
BAU

autres l’on dise S. Baudille, comme dans presque tout le reste du Royaume. Bail. Il faut encore ajouter Baudelle, qui est de la façon de M. Baillet, mais qu’on ne dit nulle part, & que par conséquent il ne faut pas dire.

BAUDIR. Vieux verbe qui signifioit autrefois, se réjouir, qui n’est en usage que dans son composé ébaudir. Gaudere, lætari. Il signifoit encore garantir. Je baudis, à dire d’Experts, mon noel aussi délicat que l’autre. Il vient du bas latin, ou de l’italien bandire dans la signification de publier, proclamer, notifier, en changeant l’n en u, comme de montone, mouton ; de Conventus, Couvent ; de Constantia, Coutance, ville épiscopale de Basse-Normandie. Gloss. Bourg.

Baudir, en termes de Chasse, se dit lorsqu’on parle aux chiens, ou qu’on les excite du cor & de la voix à la course. Excitare, stimulare, incendere. Il faut qu’un chasseur sache baudir & rebaudir les chiens à propos. On le dit aussi des oiseaux. Baudir un faucon après un héron ; pour dire, l’exciter & l’encourager au combat.

BAUDOSE. s. f. C’est une espèce d’instrument de musique à plusieurs cordes, dont Aimeri de Peytaro, Abbé de Moirac, fait mention dans la vie manuscrite de Charlemagne. Voyez le grand Dictionnaire historique.

BAUDOUIN. s. m. Nom d’homme. Balduinus. Il s’est formé du latin. On a dit Baldewinus, puis Baldwinus, & enfin Balduinus.

BAUDOUINAGE. s. m. Accouplement des baudets. Quel baudouinage me dis-tu, baudet, demandoit le cheval à un âne. Rabel.

BAUDOUINER. Vieux verbe. Qui se dit des baudets qui travaillent à la conservation de l’espèce. Asinum gignere, edere. Rabelais fait dire à un baudet, quand nous sommes en foire, nous baudouinons à gogo.

BAUDOUR. s. f. Nom de femme. Bathildis, Baldechildis. Sainte Bathilde, ou Baldechilde, que les peuples ont appelée par corruption sainte Bauteur; & sainte Baudour, étoit issue de l’ancienne Maison de Saxe en Allemagne, d’où les premiers Rois de France avoient tiré leur origine. Baillet. Sainte Baudour fut Reine de France, femme de Clovis II, Régente du Royaume, puis Religieuse à Chelles, où elle mourut. Voyez Baillet 30 Janv. Jumieges, jadis Monastère de S. Pierre, fondé par sainte Baudour, femme de Clovis II. G. Du Moulin, Hist. de Norm. p. 7. Paradin n’est pas le seul qui ait mis des impostures sur la bonne Reine sainte Baudour. De Rubis. Du Tillet, Rec. des Rois de France, p. 28, dit qu’elle est vulgairement appelée sainte Bautour, l’écrivant par un t, qui dans la suite s’est changé en d.

BAUDOUR. s. m. Vieux mot. Réjouissance, gayeté.

BAUDRIER. s. m. Echarpe de cuir ou d’étoffe qu’on porte sur l’épaule droite, & qui descend sur le côté gauche, servant à tenir l’épée. Balteus, balteum. Un baudrier à frange. Il reprit les ornemens impériaux, le baudrier militaire, & l’épée, marques de noblesse & de commandement, dont il avoit été dégradé. Mézer.

Baudrier, est aussi une valise faite de drap, pour porter ce que l’on veut en campagne. Hippopera, pannea.

On se sert aussi de ce mot dans les termes d’Astronomie : une des plus belles étoilles est celle qui est au milieu du baudrier d’Orion.

Ce mot vient de Baudroyeur, qui est un homme qui endurcit le cuir en le maniant : d’où vient que les Corroyeurs prennent encore dans leurs Lettres le titre de Baudroyeurs, quoiqu’ils ne fassent plus de baudriers. Du Cange le dérive de baldrellus, mot de la basse latinité, signifiant la même chose, & M. Huet de baltenrius.

☞ BAUDROYE. s. f. Rana piscatrix. Poisson de mer ainsi nommé, parce que sa bouche est si grande, qu’on l’a comparé à un baudrier. On lui a donné le nom de rana, parce qu’il ressemble au têtard, & on a ajouté celui de piscatrix, parce qu’il est bon pêcheur. Sa chair est de mauvais goût.

BAUDROYER. v. a. Vieux mot qui signifie corroyer, préparer les cuirs tannés à recevoir la couleur. Coria persicere, concinnare.

BAUDROYEUR. s. m. C’est une qualité que prennent les Corroyeurs qui préparent le cuir, & qui faisoient autrefois des baudriers. Coriarius, alutarius.

BAUDRUCHE. s. m. Certain boyau de bœufs, bien dégraissé & préparé, dont les Batteurs d’or se servent pour faire leurs deux plus grands moules. Boiz. Voyez Moule.

BAUDT. s. m. Voyez Baudille.

BAUDUFLE. s. f. Toupie. Turbo. Ce mot n’est en usage qu’en Provence & en Languedoc.

BAVE. s. f. ☞ Salive qui découle de la bouche. Saliva ex ore fluens, salivæ profluvium ; ou écume que jettent certains animaux. La bave d’un enfant, d’un vieilard. La bave d’un chien enragé.

Ce mot vient de l’Italien bava.

On appelle bave d’un limaçon, cette humeur visqueuse & gluante qu’il jette, avec laquelle il s’attache aux arbres, aux parois. Spumidus humor, lentor.

On appelle aussi bave, le venin que jette la salamandre.

Bave. Vieux mot. Parole inutile ou hors de propos, d’où nous avons fait bavarderie & bavard. Gerræ, nugæ. Ce mot se trouve dans Marot.

Bave a signifié aussi moquerie.

Qui savez si bien les manières,
En disant mainte bonne bave.

On a dit aussi bavernes ; & baver a été dit, pour, se moquer, tenir des discours de raillerie.

Bave, (la) Rivière de France qui a sa source dans le Querci, élection de Figeat, reçoit plusieurs ruisseaux, arrose S. Seré, & se jette dans la Dordogne un peu au-dessous de l’embouchure de la Serre dans cette rivière.

BAVER. v. n. Jeter de la bave ou de la salive, soit naturellement, comme font les enfans, soit par l’action & la violence des remèdes. Salivam ex ore emittere,

Baver, se dit en termes de Plombier, des tuyaux qui ne jettent pas l’eau droit ; & il signifie, ne pas couler droit. Diffluere. Ce tuyau bave, il faut le rajuster.

BAVESTIER, IÈRE s. m. & f. Ce terme est injurieux, & n’est en usage que dans la province du Maine, où ceux du haut Maine appellent par mépris bavestiers ceux qui sont du bas Maine. Cenomanesis inferior.

BAVETTE. s. f. Linge qu’on met aux petits enfans au devant de l’estomac, de peur qu’ils ne salissent leurs robes. Linteum pectorale. Cette fille est jeune, il n’y a pas long-temps qu’elle étoit encore à la bavette.

Le bon Roi Priam en mangeant,
Avoit attaché en bavette
Dessous le menton sa serviette. Scar.

On dit dans le style populaire, bas & familier, à la bavette ; pour dire, dans l’enfance, dès la bavette, pour dès l’enfance. Pour le Cardinal j’ai lu d’un homme de Chambre, qui en pouvoit parler assurément, puisqu’il l’avoit connu dès la bavette, qu’il étoit né à Rome. Mascur.

Bavette, se dit aussi d’une espèce de plastron composé de vieux chiffons, que les Boyaudiers mettent devant eux pour garantir leur poitrine, & empêcher que leurs habits ne soient gâtés.

Bavette, en Architecture, se dit d’une baude de plomb blanchi qui couvre les bois, & le devant des chénaux sur les maisons couvertes d’ardoises.

On dit proverbialement & populairement, que des femmes vont tailler des bavettes, quand elles s’assemblent pour caqueter.

BAVEUSE. s. f. Poisson de mer, brun sur le dos & moucheté. Salivaria. Il est appelé baveuse, parce qu’il est toujours couvert d’une bave gluante. Sa chair est molle & de mauvais goût.

BAVEUR. s. m. Vieux mot. Grand parleur, grand diseur de riens. Loquax, nugator. Marot se sert de ce mot.

BAVEUX, EUSE. adj. Qui jette de la bave. Saliva fluens. On le dit d’un enfant, d’un limaçon. On appelle une omelette baveuse, celle qui n’est pas tout-