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BAT

de sel. Navicula primaria. L’Ordonnance des Gabelles veut que le péage du sel soit levé sur le bateau-maire seulement, & non sur les alléges, tirots, & soutirots.

☞ On appelle ais, planches de bateau, celles qui proviennent des bateaux qu’on déchire, c’est-à-dire, qu’on dépece, qu’on desassemble. Les Vocabulistes disent, les ais qui proviennent du déchirement des vieux bateaux. Mais outre que le mot de déchivrement ne se dit guère au propre, en termes de rivière, on dit déchirage, & non pas déchirement. Bois de déchirage. Déchirage d’un bateau.

Bateau de cuivre, ou Ponton, est une nouvelle invention de bateaux faits de lames d’airain avec une bordure de bois. Ponto. Ils sont de grand usage à l’armée pour faire des ponts de bateaux, c’est-à-dire, faits avec des bateaux attachés l’un à l’autre.

Bateau, est aussi le bois de menuiserie assemblé pour faire le corps d’un carrosse, sur lequel on met les garnitures de cuir & d’étoffe par dehors & par dedans. On dit proverbialement, qu’un homme est étourdi du bateau ; pour dire qu’il n’est pas encore remis des fatigues d’un long voyage, ou du trouble que lui a causé quelque accident fâcheux. On dit ironiquement à ceux qui vantent trop quelque personne, il n’en vient que deux en trois bateaux.

Un bateau, avec ce mot, Quò me cumque trahes, ou trahet, ou trahent, est une devise naturelle de la dépendance dans laquelle on veut être de quelqu’un, de l’obéissance qu’on lui voue, &c.

☞ BATECALO. Ville de l’Île de Ceylan, au Royaume dont elle est capitale, sur la rivière de Paligam. On la nomme aussi Matecalo. Le royaume est sur la côte orientale de l’Île, à l’occident du royaume de Candi.

☞ Il y a aussi une rivière de même nom.

BÂTELAGE. s. m. Droit qu’on paye au Batelier, pour être voituré dans son bateau. Naulus. Payer son batelage. Avez-vous payé votre batelage ?

BÂTELAGE. s. f. Métier, ou tour de Bâteleur & de Charlatan. Ludus mimicus, ludionum præstigiæ. Ils amasserent beaucoup d’argent par ce bâtelage.

BÂTELÉ, ÉE. adj. Terme de Blâson, qui se dit d’un timbre ou d’une cloche garnis de leur batail, Clavatus. On dit mieux bataillé.

BÂTELÉE. s. f. Charge d’un bateau, qui se dit plus particulièrement des personnes, que des marchandises. Navigli vectura.

On dit proverbialement & figurément, une batelée de gens ; pour dire, une quantité de gens ramassés.

BÂTELÉE. Terme d’ancienne Poësie françoise. Nos vieux Poëtes François affectoient de faire rimer le milieu du vers, ou le premier hémistiche, avec la fin du vers précédent, & c’est de ces sortes de rimes qu’ils faisoient leurs bâtelées ; mais il y a long-temps que la mode des bâtelées est passée. M. Morgues. Jean Moline est l’inventeur de ces sortes de vers.

BATELER. v. a. Terme de pêche. On dit bateler du maquereau, bateler du hareng ; c’est aller prendre avec des chaloupes le hareng & le maquereau des autres bateaux qui l’ont pêché.

Bateler. v. n. Vieux. Faire le bâteleur. Il se trouve dans Montagne.

BATELET. s. m. Diminutif de bateau, petit bateau. Cymba. Ce mot est d’usage sur la Seine, sur-tout du côté de Poissi.

BÂTELEUR, EUSE. s. m. & f. Charlatan, danseur de corde, bouffon. Histrio, minus, ludio, ludius. Il se dit de toute autre sorte de gens qui amassent le peuple pour le divertir, en faisant des sauts, des danses & des tours de passe-passe. Les Bâteleurs & Comédiens ne pouvoient être enrôlés dans les armées romaines. Vigen.

On te siffle par-tout, on connoît tes finesses ;
On se moque de tes souplesses ;
On rit de ton style trompeur,
Et de ton air de Bâteleur.

☞ On dit d’un homme qui s’amuse à faire de petits tours de souplesse, qu’il fait le Bâteleur.

Un de nos Ecrivains a appelé les Romans, des Bâteleurs en papier. Outre que ces sortes de pensées sont basses, & un peu burlesques, elles tiennent fort de l’énigme. Bouh.

Ce mot, selon Saumaise, vient de balator, qui signifie, celui qui en public fait plusieurs tours surprenans avec les armes. Guyet le dérive de bastel, qui a été dit de bastum, pour un échafaud de bois ; comme qui diroit, qui monte sur le théâtre. D’autres le dérivent de baste, vieux mot gaulois, fignifiant tromperie. Nicot le dérive du grec βαλλόλογος, qui signifie hableur, qui dit des choses vaines & frivoles. On le peut faire venir de balatro.

BATELIER, IÈRE. s. m. & f. Celui qui conduit un bateau sur les rivières. Navicularius, naviculator, nauta. Il se dit plus particulièrement de ceux qui mènent les bateaux pour passer les rivières : les autres s’appelent Mariniers. A Lyon ce sont des femmes qui sont batelières. Comme il y avoit un corps de Pilotes pour la mer, il y avoit aussi à Rome une Communauté de bateliers pour la navigation du Tibre. L’on appeloit ceux-là naucleri, du grec ναοκλήροι, & plus communément navicularii, de navis, navire ou vaisseau de mer ; & l’on nommoit ceux-ci caudicarii, conducteurs de bateaux ou nacelles ; ces petits vaisseaux des rivières ayant été ainsi nommés de caudices, assemblages de plusieurs planches de bois. Voyez Varron dans Nonnius au mot Caudicarii. On les nomma aussi Nautæ Tiberis. De la Mare. Il y en avoit aussi à Paris sur la Seine ; & sur un des monumens trouvés en creusant les fondemens de l’Autel magnifique que le Roi a érigé dans N. Dame de Paris, les Bateliers de la Seine sont appelés Nautæ Parisiaci. Ce monument est du temps de l’Empereur Tibère.

BÂTER. v. a. Mettre un bât sur une bête de somme. Clitellas imponere. Bâter un cheval, un mulet.

BÂTÉ, ÉE. part. Clitellatus. ☞ On dit figurément & proverbialement d’un lourdaut, que c’est un âne bâté.

A le voir on l’eût pris pour un homme parfait,
Tout âne bâté qu’il étoit.

On dit proverbialement, que l’âne du commun est toujours le plus mal bâté ; pour dire, qu’une affaire est toujours mal conduite, quand plusieurs personnes s’en mêlent, parce que chacun rejette ce soin sur un autre.

BATEUIL. s. m. Partie du harnois des ânes & des mulets, ou autres bêtes de somme, qui leur bat sur la crouppe.

BATH. s. m. Nom de mesure des choses liquides chez les Hébreux ; c’étoit la dixième partie du chomer. Le bath étoit pour les liquides une mesure égale à l’épha pour les choses arides. R. David. Menochius dit que le bath étoit égal à la métrète, & à l’amphore romaine. Leusden croit qu’il y avoit deux baths, l’un plus grand d’un tiers que l’autre ; que le plus grand étoit à l’usage des Prêtres & pour le temple, & le plus petit à l’usage commun de tout le monde. M. de Chambetland a prouvé que le cub du Derac, ou coudée du Caire, contenoit précisément six baths. Pelet. Vign. Mar.

Le Bath, étoit aussi une mesure d’Egypte, que les Auteurs Cophtes appellent pibatos. Les Arabes disent qu’elle contenoit 60 koft, & que ce que le koft étoit, c’est-à-dire, contenoit, pesoit une livre romaine plus les deux tiers, c’est à-dire, 20 onces romaines. Kirker. Œdip. Æg. T. II, p. 286.

Bath. Quelques-uns écrivent bathe. Ville d’Angleterre, en Sommersetshire, sur l’Avon, à dix milles de Bristol, & à 94 de Londres. On croit que ce nom lui a été donné à cause de ses bains, de l’ancien bade qui signifie un bain ; d’où l’on a fait Buthonia ou Bathonia. On la nomme aussi Aquæ folis.

Les eaux de Bath, Bathonenses thermæ, dans la province de Sommerset en Angleterre, sont les eaux minérales les plus estimées de ce Royaume. Elles sont chaudes & sulfureuses, ☞ salutaires dans les paralysies, rhumatismes, foiblesses de nerfs & autres mala-