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grandes, larges, lisses, découpées assez profondément en plusieurs segmens, qui sont encore recoupés en de plus petits lobes, charnues, d’un vert obscur & luisant en dessus, & plus pâle en dessous. Entre ses feuilles s’élève une tige haute de trois à quatre pieds, de la grosseur du doigt, garnie vers la partie moyenne de quelques petites feuilles, au dessus desquelles se forme un bel épi de fleurs, mais très-piquant ; chaque fleur est d’une seule pièce aplatie & découpée par le haut en trois, retrécie & terminée par le bas en un tuyau court & en forme d’anneau. Quatre étamines chargées de leurs sommets tiennent lieu de la lèvre supérieure de la fleur. Le calice est formé par quelques feuilles, dont la supérieure est voûtée, & semble suppléer au défaut de la lèvre supérieure de la fleur, soit par sa situation, soit par une teinte de pourpre dont elle est colorée, & que les autres n’ont point. Le pistil qui s’élève du fond du calice & de la fleur, devient un fruit de figure d’un gland, & partagé en deux cellules, qui contiennent chacune quelques semences aplaties & jaunâtres.

L’Acanthe épineuse se distingue de la molle par ses feuilles plus finement découpées, & dont chaque segment se termine par un piquant assez roide & fort aigu ; le vert est aussi plus obscur. Ces deux espèces ne changent point par la culture, & l’une ne dégénère jamais en l’autre. On doit donc être très-assuré que ces deux espèces sont très-distinctes & très-constantes.

On appelle l’Acanthe, Branca ursina, branche ou branque ursine, à cause de la prétendue ressemblance de ses feuilles avec la patte d’un ours, & Branca hircina, à cause que ces mêmes feuilles se contournent en quelque façon comme les cornes d’un bouc ; mais ces dénominations sont assez mal fondées. Le rapport qu’ont les feuilles de certaines plantes à celles de l’Acanthe, a aussi donné lieu à quelques Botanistes d’attribuer le nom d’Acanthium à plusieurs chardons, ou plantes épineuses, & celui de Branca ursina Germanica à la Berce, en latin Sphondylium, Plantes souvent de différens genres. On dit que plus l’Acanthe est pressée, mieux elle pousse. C’est ce qui a donné lieu d’en faire une devise, qui a pour mot : Depressa resurgit, pour exprimer que la vertu tire des forces de l’affliction. L’Abbé Picinelli en fait aussi le symbole de la pénitence, avec ce mot : Tabida curat : Elle guérit la corruption.

Acanthe. Terme d’Architecture. Ornement dont on embellit les chapiteaux des colonnes. Acanthina folia. Un chapiteau taillé à feuilles d’Acanthe. Felibien. La feuille d’Acanthe, qui a été le sujet de l’invention du chapiteau Corinthien, a aussi donné le nom à cet ouvrage d’Architecture. Il y en a de deux espèces : la cultivée & l’épineuse ou sauvage. C’est de cette dernière, qui est la moins belle, que se sont servis les Sculpteurs Gothiques, qui l’ont mal imitée. Pour l’Acanthe cultivée, qui est plus refendue, & plus découpée, & assez semblable au persil, elle est la plus parfaite. C’est ainsi qu’elle a été taillée aux chapiteaux Composites des arcs de Titus & de Septime Sévère à Rome, & au Corinthien de la cour du Louvre.

Acanthe. s. f. Acantha. C’est, selon quelques Anatomistes, l’avance de derrière des vertèbres, appelée autrement Epine du dos. Spina dorsi. Harris. Ce nom est Grec, & signifie épine.

Acanthe. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une Nymphe, qui fut aimée d’Apollon. Acanthe. ce Dieu en récompense la changea en la plante nommée Acanthe.

ACAPATHI. s. m. Plante de la nouvelle Espagne, qui porte le poivre long. Elle a son tronc contourné à la façon des sarmens ; & le tronc a des feuilles qui ressemblent à celles du poivre blanc, mais plus longues & aiguës. Son fruit est rond & long ; sa graine n’acquiert jamais une parfaite maturité sur la plante : c’est pourquoi on la cueille dès qu’elle commence à rougir. On la met sécher au soleil, où elle achève de mûrir, & on la seme. On la mange séche, & verte ; & elle donne un bon goût aux viandes. Voyez Poivre. On lit Acapalti dans le Dictionnaire de Corneille ; mais Acapathi est meilleur.

☞ ACAPTE. s. m. Terme de Coutume, tiré du latin captare, signifie un droit d’entrée qui est dû en quelques endroits au Seigneur à la mort du tenancier à rente, cens, ou autre charge, par son héritier, à cause de l’investiture emphitéotique que le Seigneur lui fait.

ACAPULCO. Ville de l’Amérique septentrionale. Acapulcum. Elle est dans l’Audience de Mexique, à cent lieues environ & au midi de la ville de Mexique, dont elle est comme le port.

La différence du méridien d’Acapulco à celui de Paris, est, selon M. Harris, 7° 14′ 11″. occid. ou 85° 35′ 15″. Sa latitude 17° 30′ 5″. D’autres le mettent à 18° 4′. Lat. mérid.

ACARADI. Province de la Nigritie, en Afrique. Acaradia. Elle a au couchant Caunnanah, à l’occident Quahoé, au midi Ningo & Latabi : elle est abondante en fort bon or.

☞ ACARAGA. Rivière de l’Amérique méridionale, dans le Paraguai. Elle a sa source dans la province de Parana, & après trente lieues de chemin, elle se jette dans l’Urvaig. La ville de l’Assomption est au confluent de ces rivières.

ACARAÏG, ACARAI ou ACARA. Ville de l’Amérique méridionale. Acaraga. Elle est dans le Paraguai, sur la rivière de Parana. On la nomme autrement la ville de la Nativité. Elle fut bâtie par les Jésuites, en 1624. long. 26° 55′. lat. mérid. 26.

ACARE. s. m. Mot dérivé du Grec κειρᾷν, couper, & de α privatif, comme qui diroit Animal qu’on ne peut couper à cause de sa petitesse, Ciron. C’est un petit animal qui a huit pieds, & qui est engendré de l’œuf d’une mouche ordinaire, en laquelle il se change ensuite, conservant toujours une petitesse qui est telle qu’on ne peut l’appercevoir, ou du moins que très-difficilement, sans le secours du microscope. Voyez le Dictionnaire de James.

ACARER. Voyez Accarer.

ACARIÂTRE. adj. m. & f. Qui est d’une humeur fâcheuse, aigre & criarde. Morosus, acerbus, pertinax. Je ne puis traiter avec cet homme-là, c’est un esprit, une humeur acariâtre. C’est une femme acariâtre, qui crie jour & nuit contre son mari & ses domestiques. Il a aussi autrefois signifié fou.

Sylvius dérive ce mot de saint Acaire, parce qu’il guérit les acariâtres. Ménage veut qu’il vienne du mot Latin acariasser, & Nicod du mot Grec Κάρη, signifiant caput, comme si on disoit acaris, un homme sans tête & écervelé ; ou plutôt un homme têtu & opiniâtre. Capito, ou, comme dit Prudence, capitosus. D’autres le tirent du Grec ἀκαριέστερος, qui signifie, Opiniâtre, ennemi de la complaisance, dont les mœurs & les paroles sont désagréables, & tirent vers la folie. Borel le dérive de cara, vieux mot François venu d’Espagne, qui signifioit un visage refrogné.

ACARIÇOBA. Plante du Japon, que les Portugais appellent Erva do Capitaon, herbe du Capitan. Elle vient dans les lieux humides, & le long des ruisseaux & des fontaines. Sa feuille est ronde, lisse & assez épaisse ; sa fleur est d’un gris blanchâtre. Elle a beaucoup de racines qui sont blanches, & serpentent à terre. Elles sont longues, distinguées par des nœuds, bulbeuses, & pleines de suc. Elle est chaude & aromatique, & très-agréable au goût. Ses principales qualités sont dans ses racines. Elles sont apéritives, & guérissent les obstructions du foie & des reins. Pison, L. iv. C. 50.

ACARNA, ou ACORNA. s. m. Chardon à fleur large & jaune : ses têtes sont oblongues, garnies d’épines ; sa semence ressemble à celle du Carthame. L’étymologie est ἄκορνα, plante épineuse.

ACARNAN, ou ACARNE. s. m. Acarnus, Acarnanus. Poisson de mer qui, par sa figure & par sa taille ressemble au rouget, mais il est blanc & couvert d’écailles argentines : sa tête est grosse ; son museau est aquilin, sa gueule petite, ses dents menues. Sa chair est fort blanche, bonne à manger & de facile digestion. Il contient beaucoup d’huile & de sel volatil, & les Méde-