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BAS

marche, selon la manière du travail. Supremi & infimi licii aulæum.

Basse-lissier, s. m. Ouvrier qui travaille à la basse-lisse. On le dit aussi du Marchand qui en vend.

BASSEMENT. adv. D’une manière basse. Humiliter. Demissè. Il ne se dit qu’au figuré. Il a été nourri & élevé bassement. Tout ce que fait un avare, c’est bassement.

Bassement, se dit aussi du style, & signifie d’une manière rampante, qui n’a rien d’élevé, rien de noble. Il parle bassement. Il écrit bassement.

☞ BASSEMPOI. Petite ville de France, en Gascogne, à deux lieues de Castel-Sarrasin.

A BASSE-NOTE. Façon de parler adv. pour dire, sans élever la voix. Chanter à basse note. Dire des injures à quelqu’un à basse note. Acad. Fr.

BASSER. v. a. Terme de Manufacture de lainage. On dit, basser la chaîne, ou la détremper d’une colle propre à rendre les fils glissans au travail.

BASSES, en termes de Marine, ce sont des lieux sur la mer où il n’y a pas assez d’eau pour naviger, qui sont pleins de bancs ou de rochers. Locus aquæ depressioris. L’entrée du port est étroite & dangereuse, à cause des bancs & des basses qui s’y rencontrent. Sar. On les appelle aussi battures, ou brisans.

☞ BASSESSE. s. f. Ce mot ne se dit point au propre. On ne dit point la bassesse d’un siége, d’une maison. Dans le figuré ce mot est relatif à l’état où l’on est, ou à la manière de penser. La bassesse d’état, ignobilitas, vilitas se trouve dans le peu de naissance, de mérite, de fortune & de condition. La nature a placé des êtres dans l’élévation, & d’autres dans la bassesse. Il faut tâcher de se retirer de la bassesse ; l’on n’en vient pas à bout sans peine. Il n’y a que la vertu la plus pure qui puisse faire goûter à une ame noble la bassesse de l’état. Ils ne cessoient de ravaler ce Prince à cause de sa bassesse & de sa pauvreté. Vaug. Il lui reprocha la bassesse de sa condition. J’ai trop de sincérité pour nier la bassesse de ma naissance. Scar. Voyez encore Abjection.

Bassesse, se prend encore pour lâcheté ; pour tout ce que l’on fait de bas, de lâche & d’indigne d’une ame noble, d’une personne d’honneur, pour parvenir à quelque but. Ignavia, dedecus. On peut quelquefois s’abaisser sans bassesse. S. Evr. Vous ne voyez que bassesses dans ses actions, dans sa conduite. Quelquefois pour un servile attachement à sa famille, un cœur noble est entraîné dans les bassesses, & dans les importunités des âmes intéressées. P. Gail. Un favori qui a de l’élévation, se trouve souvent confus & déconcerté par les bassesses & la flatterie de ceux qui s’attachent à lui. La Bruy.

Mais enfin l’indigence amenant la bassesse,
Le Parnasse oublia sa première noblesse. Boil.

Bassesse, se prend aussi pour tout ce qui est opposé à grandeur, à élévation. Bassesse de courage. Bassesse d’ame. Abjectio animi. Le vers se sent toujours des bassesses d’un cœur. Boil.

Bassesse, se dit encore du langage, & signifie, qui n’a nulle beauté, nulle noblesse ; manière de s’exprimer basse & rampante, populaire, triviale. Stylus demissus, humilis oratio. Quoi que vous écriviez, évitez la bassesse. Boil.

BASSET. s. m. Terme de chasse. C’est ainsi qu’on appelle des chiens de petite taille qui ont les jambes courtes & cambrées, tortues, & les oreilles longues. Canis brevioribus tibiis animalium sub terraneorum indagator. On chasse le blereau avec les bassets. Ce sont des chiens pour aller en terre.

Basset, se dit aussi dans la conversation, d’un homme qui est de petite taille, dont les jambes & les cuisses sont trop petites par rapport à sa taille. Homo staturæ brevioris. Cet homme a bonne mine, mais il est un peu basset.

☞ BASSE-TAILLE. s. f. Terme de musique. C’est la partie de basse qui se chante, ou qui se joue sur un instrument.

☞ On le dit également d’une voix d’un certain caractère qui chante cette partie. Voce subgravi canere. La basse-taille est une voix qui va de haut en bas. Ceux qui peuvent chanter cette partie, peuvent servir de taille & de basse dans le besoin.

Basse-Taille, en Sculpture. Voyez Bas-Relief, au mot Bas.

BASSETTE. s. f. Jeu de cartes qui a été fort à la mode, aujourd’hui défendu. Voici comment il se joue. Celui qui taille, qu’on nomme Banquier, ou Tailleur, a un jeu entier de 52 cartes, & ceux qui jouent contre lui, ont en main chacun 13 cartes d’une couleur. On les appelle le livre. Après que le Tailleur a battu les cartes, les Joueurs découvrent devant eux telles cartes de leur livre qu’ils veulent, sur lesquelles ils couchent de l’argent à discrétion ; ensuite le Tailleur tourne son jeu de cartes, ensorte qu’il voit la première qui étoit dessous. Après cela il tire ses cartes deux à deux jusqu’à la fin du jeu, la première de chaque couple ou main est toujours pour lui, & la seconde ordinairement pour le Joueur, de sorte que si la première est, par exemple, un roi, le Banquier gagne tout ce qui a été couché sur les rois, mais si la seconde est un roi, le Banquier donne aux Joueurs autant qu’ils ont couché sur les rois. Si les deux cartes d’une main sont semblables, par exemple, deux rois, ce qu’on appelle doublets, le Banquier gagne encore ce qui a été couché sur les rois. Chaque Joueur a la liberté de coucher de l’argent sur telle carte qu’il veut, lorsque le jeu est commencé ; mais le couple, ou la main, dont il voit la première ou la seconde carte, lorsqu’il couche, est nulle à l’égard de la carte sur laquelle il vient de coucher ; & si la carte sur laquelle on a couché, se rencontre dans la seconde de la main qui est nulle, le jeu est fini pour cette carte ; c’est pourquoi il faut coucher de nouveau ; mais si elle ne s’y rencontre point, le Banquier face dans la première de la main suivante lorsqu’il gagne, c’est-à-dire, qu’il ne prend que les deux tiers de ce qui est couché sur la carte. Lorsqu’il ne reste plus qu’une carte semblable à celle sur laquelle on a couché, la dernière carte est nulle. Lorsque le Banquier gagne à la première main, dans laquelle il peut gagner une carte découverte, il face pour lors. Quand on couche sur une carte lorsqu’on ne voit que la première d’une main, on dit que la seconde de cette main est trop jeune, c’est-à-dire, qu’elle est nulle. Ces règles ont été inventées pour balancer les avantages & les désavantages du Tailleur & des Joueurs. Quelques années après que ce funeste jeu eut été introduit en France, M. Sauveur fit par les règles d’algèbre une supputation & une table, où il montre, non pas comme quelques-uns le crurent, qu’il y a des coups sûrs pour les Joueurs, mais seulement qu’il y a des coups moins désavantageux les uns que les autres pour les Joueurs, Voyez les Ordonnances de Police, & les Arrêts qui défendent la bassette, dans le Tr. de la Police de M. de la Mare, Liv. III, T. IV, c. 6. Pour éluder ces défenses, on déguisa la bassette sous le nom de pour & contre ; ce qui attira de nouveaux Arrêts du Conseil rapportés par le même Auteur. Ib. & ci-dessus au mot Barbacole.

On prétend que c’est un noble Vénitien qui a inventé ce jeu, & pour cela a été banni de Venise. Il a été introduit en France par M. Justiniani, Ambassadeur de la République, l’an 1674, ou 1675.

BASSEUR. s. f. Vieux mot. Etat, qualité de ce qui est de peu de prix. Vilitas.

Ceci pour vrai n’ha mérité le tiltre
D’envoy, de Lay, d’Elégie, ou d’Epître ;
Mais s’il te plaist, nonobstant sa basseur,
Le recevoir en gré sous la douceur
Qui est en toy. Marot.

BASSI. s. m. Arbre d’Afrique de deux ou trois brasses d’épaisseur, d’une hauteur proportionnée, & dont l’écorce est roussâtre. Dapper.

BASSI COLICA. s. m. Nom d’un médicament dont il est fait mention dans Scribonius Largus : il est composé