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meurt lui-même, s’il est regardé le premier : enfin que la salive d’un homme à jeun, ou qui a communié, le fait mourir. Le basilic, selon l’opinion commune, naît de l’œuf d’un vieux coq. Toutes ces particularités dont on n’a jamais pu s’assurer, à moins qu’on n’en ait nourri & élevé quelqu’un, & tous les contes qu’on a débités à ce sujet, absurdes ou peu vraisemblables, font regarder le basilic comme un animal fabuleux, qui n’a jamais existé que dans l’imagination de quelques hommes prévenus ou entraînés par l’amour du merveilleux.

☞ Ce mot vient du grec βάσιλευς, Roi.

Un basilic, avec ce mot, aut perit, aut perimit, peut faire une devise assez juste pour bien des choses. Un Italien a remarqué par-là qu’il faut étouffer une passion naissante, ou qu’elle donnera la mort.

Basilic, en termes de Philosophie hermétique, c’est la pierre au blanc ou au rouge parfait, qui tue le mercure ; c’est-à-dire, qui le fixe, comme le basilic tue de sa vue, & rend immobiles ceux qu’il regarde.

Basilic, en termes d’Artillerie, est le plus gros des canons, qui porte jusqu’à 160 livres de balle mais il n’est plus de service. De la Font. Hanzelet l’appelle double coulevrine, & lui donne 26 calibres de long, & 28 livres de balle.

Basilic, s. f. Terme d’Astronomie. Voyez Basilique.

Basilic. Terme de Botanique, s. m. Ocimum basilacum. Plante annuelle qu’on seme dans les jardins, & qu’on a nommée ainsi, ou parce que son odeur la rendoit digne d’être présentée aux Rois, ou parce qu’on prétendoit qu’elle engendroit les basilics, les scorpions & autres insectes venimeux. On a cru qu’ocimum venoit du mot grec ὠκὺς, celer, velox ; c’est-à-dire, vite, prompt, à cause que sa semence ne demeure pas long-temps en terre, & qu’elle leve assez vite. Il y a plusieurs espèces de basilic. On les distingue ordinairement en grands, ocimum majus ; en moyens, ocimum medium ; en petits, ocimum minus ; & en très-petits, ocimum minimum. Le grand basilic s’éleve environ à la hauteur d’un demi-pied, & est branchu garni de grandes feuilles, & pareilles à-peu près à celles du citronier, ocimum majus citrii folio : elles sont quelquefois bosselées & godronnées, ocimum majus bullatum ; d’autrefois dentelées profondément, & on le nomme pour lors basilic à feuilles de chêne. Ces grandes espèces sont vertes le plus souvent, teinte quelquefois d’un pourpre noirâtre, ou d’un violet. Leurs épis sont longs dans certaines espèces, courts & ramassés dans d’autres. Leur odeur varie, les uns sentent très fort le clou de girofle, les autres ont quelque chose d’approchant du storax liquide, & quelques-uns une odeur mêlée & désagréable.

Le moyen basilic est plus petit dans toutes ses parties que le précédent : ses feuilles sont beaucoup moins grandes : elles sont arrondies, velues ou glabres, vertes, ou entièrement teintes de pourpre, ou mêlées de pourpre, de jaune & de vert, ce qui forme le basilic tricolor.

Le petit basilic approche du moyen ; il en diffère néanmoins par sa petitesse, & parce qu’il est plus branchu : ses feuilles ressemblent à celles de la marjolaine : c’est cette espèce qu’on met sur les fenêtres, & qui s’arrondit si bien. La plus petite espèce est plus basse & plus menue, & ses feuilles se peuvent comparer à celles du serpolet.

Toutes ces espèces ont leurs fleurs en gueule, blanches, ou purpurines, suivant que leurs tiges & leurs feuilles sont teintes. Chaque fleur est un tuyau découpé par le haut en deux lèvres, dont la supérieure est arrondie, relevée, crénelée, & plus grande que l’inférieure, qui est ordinairement frisée, ou légèrement crénelée. Son pistil est composé à la base de quatre embryons, qui deviennent ensuite autant de semences oblongues, menues & brunes, ou noirâtres, enfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Cette capsule est découpée en deux lèvres, dont la supérieure est relevée & échancrée, l’inférieure est dentelée. Le basilic a une odeur aromatique, très-forte, & qui entête lorsqu’on le sent trop long-temps, ou de trop près, ou qu’il est vert. Le basilic aime l’humide, & une terre un peu légère, ce qui convient assez aux scorpions ; c’est pourquoi il n’est pas étonnant de voir sous des pots de basilic de ces insectes. Les histoires qu’on rapporte de quelques personnes qui avoient fait usage du basilic en poudre en guise de tabac, & dans le cerveau desquels on a trouvé des scorpions, doivent être regardées comme fausses, quoiqu’en disent ceux qui croient que les scorpions aiment l’odeur de cette plante, s’en approchent, & font leurs œufs sous ses feuilles, qui dans la suite viennent à éclorre dans les endroits où ils ont pu pénétrer. Le basilic sec sert aux Cuisiniers, qui le mêlent dans les sausses avec les autres aromates, pour donner bon goût aux viandes. La semence du basilic entre dans quelques compositions de Pharmacie. Le basilic est du nombre des plantes aromatiques.

Le basilic, tant celui de la grande espèce que celui de la petite, ne se multiplie que de graine, qui est d’un minime noirâtre, & fort menue, un peu ovale & lisse. La Quint. Part. VI, pag. 279. On n’en sème guère que sur des couches, & cela en plein champ, comme le pourpier & les laitues. On le sème dès le mois de Février, & l’on peut continuer toute l’année. On recueille sa graine dans le mois d’Août, & d’ordinaire pour le faire grainer, on en replante au mois de Mai, soit en pot, soit en planche. La Quint. pag. 373.

BASILICAIRE. s. m. Basilicarius. Nom d’un Officier ecclésiastique. On appeloit autrefois certains Clercs du nom de Basilicaires, parce qu’ils assistoient le Pape, l’Evêque, ou le Prêtre, lorsqu’ils disoient la Messe.

BASILICATE. Basilicata. Province du royaume de Naples, qui a au nord une partie de la Capitanate, la terre de Barri, & une partie de la terre d’Otrante, au midi la Calabre citérieure, au couchant la Principauté citérieure, & au levant le golfe de Tarente.

BASILICON. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un certain onguent qu’on appelle basilicon, c’est-a dire, royal, à cause de ses propriétés & de ses fréquens usages. On l’appelle aussi Tetrapharmacum, parce qu’il est composé de quatre médicamens, qui sont la poix, la résine, la cire & l’huile. Les Chirurgiens l’appellent ordinairement suppuratif, parce qu’ils s’en servent pour faire supurer les plaies.

☞ BASILICUM. Espèce de vêtement des Anciens dont nous ne connoissons que le nom. Le nom paroît désigner un vêtement royal.

BASILIDIENS. Nom d’anciens Hérétiques sectateurs de Basilide, qui vivoit presque dès le commencement du deuxième siècle. Ce Basilide étoit sorti de l’école des Gnostiques, dont le Chef étoit Simon le Magicien. Il croyoit avec lui que Jésus-Christ n’avoit été homme qu’en apparence, & que son corps n’étoit qu’un fantôme ; qu’il avoit donné sa figure à Simon le Cyrénéen, qui avoit été crucifié à sa place. Il permettoit à ses disciples de renoncer à la foi pour éviter le martyre, parce que Jésus-Christ, disoit-il, n’avoit souffert la mort que par feinte. Il avoit plusieurs opinions qui lui étoient communes avec les autres sectaires Gnostiques, touchant le Pere, qui seul étoit Dieu, touchant le νοῦς, ou entendement, le λόγος, ou verbe, & les autres émanations. Le premier des Dieux, ou des vertus & des intelligences, que Basilide admettoit, il l’appeloit Abraxas, ou Abrasax, parce qu’il renfermoit la force & la puissance des trois cent soixante & cinq intelligences, dont le nombre est exprimé par les lettres grecques du mot Αϐαξας, ou Αϐρασαξ ; car les lettres, comme l’on sait, servent de chiffres en grec : en voici la valeur dans le mot dont il s’agit :

Α. Β. Ρ. Α. Ξ. Α. Σ.
1. 2. 100. 1. 60. 1. 200.

En joignant ensemble tous les chiffres qui répondent à chaque lettre, & qui sont séparés d’un point, on trouve 365.

Ces Basilidiens prétendoient trouver plusieurs secrets ou mystères dans les lettres du nom de Dieu, &