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BAR

ment de notre barque avec assurance. Abb. de la Tr. Conduire la barque, conduire une entreprise, une affaire.

On dit proverbialement, qu’un homme conduit bien sa barque, quand il sait ménager sagement sa fortune.

Une barque qui range la terre, avec ce mot de Virgile, Altum alii teneant, marque la modération dans une fortune médiocre ; & l’inconstance, la légéreté, avec ce mot Italien, Ad ognivento.

Barque de Brasseurs. Espèce de bassin de bois, de figure carrée, servant aux brasseurs à mettre leurs métiers, lorsqu’ils les retirent des chaudières ou des cuves.

BARQUEROLE. s. f. Diminutif de Barque. Cymbula.

BARQUEROLE, est aussi un s. m. Celui qui conduit une barque. Il vient de l’Italien Barcaruolo, qui signifie la même chose.

☞ BARQUETTE. s. f. La même chose que Barquerole.

Barquette. Sorte de pâtisserie venue de Languedoc. Elle s’appelle barquette, parce qu’elle est faite en forme de petite barque. Elle est faite de fine fleur de farine, de sucre, &c. On en vend chez les Limonadiers de Paris.

Barquette, petite armoire portative & légère, où il y a plusieurs étages. Elle sert à porter les mets chez les Officiers de la Maison du Roi, dont la cuisine est éloignée du Château.

BARRA, que l’on appelle quelquefois Barro. s. m. Mesure de longueur dont on se sert en Portugal & en Espagne, pour mesurer les corps étendus, comme draps, serges, toiles, &c.

☞ BARRA. Royaume d’Afrique, dans la Nigritie, à l’embouchure de la rivière de Gambie. Quelques uns la nomment Bar. Bara. Les habitans s’appellent Mandnigues.

BARRACAN. Voyez Bouracan.

BARRAGE. s. m. Droit établi sur les bêtes de somme & sur les charriots pour la réfection des ponts & passages, & principalement du pavé. Jus exigendi vectigalis pro transitu. Il a été originairement de cinq deniers pour charrette, huit deniers pour charriot, & pour chaque charge de mulet à proportion. C’étoit une ferme particulière qui est maintenant comprise dans le Bail général des Aides. On a nommé ce droit barrage, à cause de la barre qui traverse le chemin pour empêcher le passage jusqu’à ce qu’on l’ait payé. On entend encore par ce mot un droit seigneurial, par lequel il est permis à quelques Seigneurs de lever certaine somme de deniers sur les marchandises qui passent dans leurs seigneuries. Portorium.

☞ Ce droit reçoit différens noms, selon les différens endroits où il se perçoit. On le nomme barrage aux entrées des bourgs & des villes. Voyez Péage, Pontenage, &c.

Barrage. s. m. Sorte de linge ouvré qui se manufacture à Caen, & aux environs de cette capitale de la basse Normandie. Il y a du grand barrage fin, du grand barrage commun, & du petit barrage.

☞ BARRAGER. s. m. Fermier, ou Commis établi pour recevoir le droit de barrage. Portitor, portorii conductor. Les barragers ont arrêté toutes les voitures qui refusoient de payer le droit.

BARRAGOUIN. Vieux mot. Barbare, étranger.

BARRAQUE. Voyez Baraque.

BARRAS. s. m. Chrysocolla. On l’appelle aussi borax. C’est un minéral qui se trouve dans les mines d’or & d’argent, de cuivre ou de plomb. Il est ordinairement blanchâtre, jaune, vert, noirâtre. Il est appelé chrysocolle, à cause qu’il sert à souder l’or, & même l’argent & le cuivre. On en fait d’artificiel avec de l’alun & du salpêtre. Perr.

Barras, est aussi une espèce d’encens ; on en distingue de deux sortes, l’un qu’on appelle galipot, ou encens blanc, & l’autre qu’on appelle encens marbré. Pomet.

BARRADE. s. f. Terme d’Architecture en Anjou. On appelle ainsi une pierre de tuf double. Olivier Barraut, Trésorier de Bretagne, est le premier qui en ait employé dans le bel hôtel qu’il fit bâtir à Angers en 1497, aujourd’hui occupé par le Séminaire de cette ville.

BARRAULT. s. m. Nom d’une mesure de choses liquides. Cadus. Le barrault est de divers calibres, mais communément de 36 pintes, autant qu’il y a de septiers au muid. Vigen.

BARRAUT, ou BARRAUX. Forteresse de Dauphiné en France. Elle est sur l’Iser, dans le Graisivaudan dont elle défend l’entrée du côté de la Savoie. Il y a gouvernement, Lieutenant de Roi & Major.

BARRE. Dans la prononciation de ce nom faites l’a long, & ne prononcez qu’un r. s. f. Menue & longue pièce de bois, ou de métal, qui sert à assembler, ou à fermer quelque chose. Vectis. Cette porte est composée de trois ais cloués sur deux ou trois barres. Ces fenêtres ferment bien, il y a des barres de fer par-tout.

Ce mot vient du latin vara, qui signifie un pieu, une perche, d’où l’on a fait aussi barreau. Ménag. Nicot & Guichard le dérivent de בריה, beria, mot hébreu, qui signifie levior, ou barre. Le P. Pezron prétend qu’il vient de baar, mot celtique, qui signifie la même chose.

Barre de trémie, est une barre de fer plate, & qui sert à soutenir un âtre, ou la hutte d’une cheminée de cuisine. Barre d’appui, est dans une rampe d’escalier, ou dans un balcon de fer, la barre de fer aplatie sur laquelle on s’appuie, & dont les arrêtes doivent être abattues. Barre de croisée, se dit de toutes les barres de fer, ou de bois, qu’on met aux volets, ou contrevent de croisées.

Barre, en termes de Marine, est un port où on n’entre que quand la mer est haute, parce que les bancs ou les rochers en défendent l’entrée. Portus nisi alto mari invius. Goa est un port de barre où l’on n’entre pas en tout temps. On appelle une des portes de Dieppe la porte de la barre, parce que ce lieu là étoit autrefois l’entrèe du port qui a changé de situation.

Barre, est aussi une longue pièce de bois, qui par un des bouts entre dans la tête du gouvernail, pour le faire mouvoir ; & tout le reste entre dans le navire au-dessous du deuxième pont. Clavus. Ce timonier tient la barre à la main devant l’habitacle. Elle est supportée par un traversin qui traverse le vaisseau. On l’appelle aussi timon du gouvernail. Pousser la barre du gouvernail à bord, c’est la pousser aussi loin qu’elle peut aller vers l’un des côtés du vaisseau.

Barre d’arcasse, autrement, lisse de hourdi, est la pièce que l’on place de travers sur l’étambot, & qui fait la largeur de la poupe à la hauteur du premier pont, ou franc tillac, qui est environ des deux tiers du même bau. Il y a d’autres barres qui sont parallèles, & posées au-dessous, nommées sous barres d’arcasse ; mais qui sont moindres en longueur, à cause de la diminution de la largeur du vaisseau.

Barres de cabestan, sont les barres qui servent à faire tourner & virer le cabestan. Il y a des demi-barres à l’angloise, qui n’entrent qu’à moitié dans le cabestan.

Barres d’écoutilles, sont les barres avec lesquelles on ferme les écoutilles du vaisseau.

Barre de pont, est une autre barre d’arcasse, presque pareille à la lisse de hourdi, & qui lui est parallèle, sur laquelle on pose le bout du pont du vaisseau.

Barres de hune. Ce sont des pièces de bois mises en saillie, & enclavées au haut des mâts, qui supportent les hunes. On les appelle aussi barreaux & tasseaux. On les appelle sur la méditerranée ganterias.

Barres ou traversins de cuisine, sont les barres de fer mises de travers ou de long dans les cuisines, pour soutenir les chaudières sur le feu.

Barre, se dit aussi des lingots ou pièces de métal étendues en longueur. On a apporté à la Monnoie 2000 barres d’argent. Le fer se met en barres à la fonderie. On purifie l’argent tiré des mines & on l’affine, puis on le jette en barres. Il y a ordinairement quatre marques sur chaque barre, celle du poids, celle du titre, celle du millésime, & celle de la douane où les droits ont été acquittés. Boizard. On dit d’une chose précieuse & de bon débit, que c’est de l’or en barre.

On appelle aussi barre une traverse à fermer un passage d’un pont, d’une avenue, &c. d’où sont venus

Tome I.
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