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BAR

venimeux & dangereux, à ce que dit Matthiole : & en effet ils dévoient l’estomac par haut & par bas. Sa chair est blanche, molle & flegmatique, & il n’est bon que quand il est de moyen âge. On l’appeloit autrefois ; bar d’où vient que les armes de Bar se blasonnent encore par deux bars adossés, qui sont des barbeaux. Il est ainsi nommé à cause de ses barbes ou moustaches qu’il a à chacun des côtés de la gueule. A Bordeaux on l’appelle surmulet.

Barbeau, est aussi une petite fleur bleue qui croît dans les blés. On l’appelle aussi bluet. Cyanus. Voyez Bluet.

BARBÉCIAN, ANE. Nom de peuple. Je trouve dans quelques Auteurs ce nom donné aux Nègres d’Afrique ; mais il est peu en usage.

☞ BARBECINS. Peuples qui habitent un petit royaume qui porte leur nom sur la côte qui est au midi du Cap-vert, entre les rivières de Sénégal & de Gambie.

☞ BARBÉIER. Voyez Barbeyr.

BARBELÉ, ÉE. Adj. qui se dit des traits ou flèches qui ont des dents ou des pointes dans leur ferrure. Barbatus. Une flèche barbelée est plus dangereuse qu’une autre.

Barbelé, en botanique : poils chargés d’autres poils, comme une plume. Voyez Aigrette.

BARBELIOTE, BARBELIOT ou BARBELIONITE. s. m. Barbeliota. C’est le nom qu’on donne à une secte de Gnostiques dont parle Theodoret. s. Epiphane dit que c’est un des noms qu’on donnoit aux Gnostiques. Les Barbéliotes disoient qu’un des Æons qui étoit exempt de la mort, avait eu commerce avec un esprit vierge appelé Barbéloth ; que cette Barbéloth lui avoit demandé la prescience, puis l’incorruptibilité, & enfin la vie éternelle, qu’elle avoit eues successivement, à mesure qu’elle les avoit demandées : que Barbéloth étant un jour plus gaie qu’à l’ordinaire, avoit conçu, & ensuite enfanté la lumière, maquelle étant perfectionnée par l’onction de l’esprit, fut appelée Christ. Christ témoigna qu’il vouloit avoir l’intelligence (νοῦν & il l’obtins. Ensuite, l’intelligence, la raison, l’incorruptibilité & le Christ s’unirent : puis de l’union, de l’intelligence & de la raison naquît Autogène (Αυτογένης. A ces fables ils en ajoutoient cent autres aussi impies & aussi ridicules. Autogène produisit l’homme parfait, qu’ils appellent Adamas, & sa femme la connoissance parfaite, qui produisient le bois (ξύλον) qu’on appelle aussi Connoissance. Le premier Ange produisit le Saint-Esprit, qu’ils appellent Sagesse & Prunic (σοφία καὶ προυνικος). La Sagesse ayant désiré la compagnie d’un mari, elle fit un ouvrage appelé Protarchonte, (premier Prince) en qui il se trouva de l’ignorance & de l’arrogance. Protarchonte est l’auteur des créatures, & c’est de son union avec l’arrogance qu’est né le vice avec ses parties, ou ses branches. Les Barbéliotes, en expliquant leurs dogmes, emploioient des mots hébreux, afin d’étonner les simples. Pour ce qui est de leurs cérémonies, elles sont remplies de tant d’abominations, que cela passe tout ce qu’on en peut imaginer ; & elles leur ont fait donner le nom de Borborien. Voyez Théodoret.

BARBÉLITE. s. m. & f. Barbelita. On donna ce nom dans les premiers siècles de l’Eglise aux hérétiques Nicolaïtes, parce qu’ils adoroient une certaine divinité nommée Barbelo.

BARBELO. Espèce de divinité des Nicolaïtes. Barbelo. Ces hérétiques, dit Philastrius, adoroient une femme qu’ils nommoient Barbelo. S. Epiphane attribue le culte de cette divinité aux Gnostiques, qu’il appelle les successeurs des Nicolaïtes. Il l’appelle Barbelo ou Barbero, & il dit que c’est de-là qu’ils ont été appelés Barberites, & selon d’autres Barbelites. Ils disoient que cette Barbelo habitoit le huitième ciel. Elle étoit sortie du père, & étoit mère de Jaldabaoth, ou, selon d’autres, Sabaoth, qui s’étoit emparé par force du VIIe ciel, & disoit à ceux d’en-bas : Je suis le premier & le dernier, & il n’y a point d’autre Dieu que moi. Philastrius ni saint Epiphane ne disent point que Barbelo fût mère de Jaldabaoth. Philastrius dit seulement que quelques-uns des Nicolaïtes adoroient Barbelo, & d’autres Jaldabaoth. Voyez cet Auteur, C. 33. S. Epiphane, Hær. XX, c. V. S. Irénée, L. I. C. 33. S. Jean Damascene, De Heres. c. 26.

Fabricius, après Crojus, tire ce nom de בר fils, & בעלה Dame, comme qui diroit le fils de la Dame. Ainsi il semble faire un homme de Barbelo, plutôt qu’une femme ; mais, comme on l’a dit, ce mot est constamment féminin dans S. Epiphane. Voyez les Notes de Fabricius sur Philastrius, pag. 71.

BARBELOTE. s. f. Vieux mot qui signifie une grenouille, ou une sorte d’insecte qui se trouve dans les fontaines.

Par lieux y eut claires fontaines
Sans barbelotes & sans raines. Rom de la Rose

BARBELOTH. Voyez Barbelo, & Barbéliote. La Barbeloth de quelques Gnostiques étoit apparemment la même que la Barbelodes Nicolaïtes.

☞ BARBENTANE. Bourg de France, dans la Provence, à l’embouchure de la Durance, dans le Rhône. C’est peut-être, dit Baudrand, le lieu appel& anciennement Beluntio.

☞ BARBERANO. Petite ville d’Italie, dans l’Etat de l’Eglise, dans la province du Patrimoine, sur le torrent de Bieda.

BARBERIE. s. f. Mot, qui signifie dans les statuts des Maîtres Chirurgiens jurés de Paris, & dans ceux des Maîtres Perruquiers, l’art de raser & de faire les cheveux. Il y a des Communautés d’hommes où ce mot signifie le lieu où l’on rase.

BARBERINE. s. f. Qui se dit à Rome des Religieuses de sainte Thérèse, fondées apparemment par le Cardinal Barberin. Barberiana.

☞ BARBERINO. Petite ville d’Italie, en Toscane, dans le Florentin, à seize milles de Florence.

☞ Il y a encore une autre petite ville de ce nom, dans le Florentin, au pied du Mont Apennin.

☞ BARBERINS. Quelques-uns nomment ainsi le peuple qui habite le royaume de Fungi. Voyez Fungi.

☞ BARBERY, Abbaye de France, dans la Basse-Normandie, Diocèse de Bayeux, Ordre de Cîteaux, Fille de Savigni.

BARBEROT. s. m. Mot burlesque & satirique pour signifier un méchant petit Barbier, qui ne fait pas son métier. Tonsor rudis & imperitus.

BARBET, ETTE, s. m. & f. Chien à gros poil & frisé qui va à l’eau, & qu’on dresse à la chasse des canards. Longioris atque crispi villi canis, cirratus canis. On tond les barbets. Beau barbet. Jolie barbette.

Dans le discours familier, en parlant d’un homme soupçonné de rapporter tout ce qu’in fait, tout ce qu’on dit, on dit que c’est un barbet. Ac. Fr. ☞ On dit aussi d’un homme crotté, qu’il est crotté comme un barbet, & de celui qui suit quelqu’un par-tout, qu’il le suit comme un barbet.

Barbet. Les hérétiques Vaudois, ainsi appelés de Valdo leur chef, qui commença son hérésie dans Lyon l’an 1170, ont pris dans la suite le nom de barbets, du nom de Barbes, qu’ils avoient donné à leurs Ministres, par un respect semblable à celui que nous portons aux Religieux, lorsque nous les appelons pères. P. Benoît.

Barbet, poisson. Voyez Barbeau.

BARBETTE. s. f. Sorte de guimpe dont les Religieuses se couvrent le sein. Fascia pectoralis, mamillare linteum.

Barbette. s. f. C’est ainsi que les Dames Chanoinesses de Remiremont appellent un petit morceau de quintin qu’elles mettent devant elles le jour de leur apprébandement. Cette barbette leur est donnée le jour de leur réception comme un reste de leur ancien habit, & une marque qu’elles ont été autrefois Religieuses, puisque ce morceau de linge est une espèce de guimpe. Et tous les Dimanches il y a une des ces Dames qui communiant pour les besoins spirituels & temporels de leur Abbaye, est obligée de porter cette barbette. On appelle cette cérémonie le Beau-Sire-Dieu, & toutes les autres Dames vont faire à celle qui a cette barbette, une civilité à sa place, pendant la lecture du Martyrologe. P. Hélyot. T. VI. C. LI.

BARBETTE. Terme de Fortification. C’est une espèce de plate-forme ou petite élévation de terre sans épaulement, qu’on pratique ordinairement dans les an-