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BAR

Peuple de la Tartarie, au royaume de Sibérie, dont il occupe une province autoure du Lac de Baraba.

☞ BARACAN. Voyez Bouracan.

BARACAQUE. s. m. Terme de Relation. Nom de secte & de Religieux Japonois. Les Baracaques s’occupent continuellement de saintes méditations. Ambass. de Holl. au Jap. I, p. 127.

☞ BARACOA. Ville de l’Amérique, dans l’île de Cuba, sur la côte Septentrionale.

BARADAS. s. m. Terme de Fleuriste. C’est un œillet d’un beau rouge brun, dont la fleur est fort large, grosse, & garnie de quantité de petites feuilles qui lui font faire un dôme au milieu de sa fleur : ses panaches sont gros, mais non pas fort détachés : son blanc n’est ni carré, ni fin. Il est sujet au blanc. Il ne faut lui laisser que quatre ou cinq boutons.

BARADAT. s. m. Nom d’homme. On dit aussi Varadat. Voyez Baillet 22 Févr.

BARAGE. Voyez Barrage.

BARAGOUIN. s. m. Langage corrompu, qu’on n’entend pas, jargon composé de mots barbares, ou si mal prononcés qu’on ne les entend pas. Sermo barbarus. Je ne puis rien comprendre à ce baragouin. Mol. Le discours de cet homme est un vrai bargouin, tant il parle mal.

☞ On le dit abusivement des langues qu’on n’entend pas. Sermo peregrinus. Le Bas-Breton, l’Allemand, &c. est pour nous un vrai baragouin. Il n’est que du style familier.

Ménage a cru autrefois que bargouin venoit de bara, qui signifie pain en bas-Breton, & qui vient de bar, hébreu, qui signifie la même chose ; & de guin, qui signifie vin aussi en bas-Breton, & qui apparemment vient de vinum, parce que ces mots de pain & de vin sont les premiers qu’on apprend des langues étrangères. Le P. Thomassin est aussi de ce sentiment ; mais Ménage a changé depuis ; il fait descendre baragouin de barbarus, barbaracus, baracuinus, & ainsi par degrés. Il n’est pas possible que ce mot vienne de baracuinus. Pour le croire, il faudroit que ce fût un mot commun à l’Italien, & à l’espagnol, qui viennent du latin ; mais puisqu’il est propre à la langue françoise, on ne peut pas douter qu’il ne vienne du bas-Breton, bara & gouin.

BARAGOUINAGE, s. m. signifie la même chose que baragouin. Un Suisse, en écorchant le françois, réduit dans son bargouinage, presque tout à l’infinitif. P. Du Cerc.

BARAGOUINER. v. n. Parler un langage étranger & inconnu, ou parler si mal, qu’on ne peut se faire en tendre à ceux d’un pays. Peregrino ac barbaro uti sermone. Il ne fait que baragouiner : Molière l’a employé activement. Je ne me souviens plus comme ils baragouinent ces mots.

BARAGOUINEUR. s. m. Se dit bien mieux que baragouineux.

BARAGOUINEUX, s. m. EUSE, s. f. Celui ou celle qui baragouïne, qui parle un langage qu’on n’entend pas, qui prononce de manière qu’on a de la peine à entendre. Qui peregrinum ad barbarum sermonem adhibet. Quel baragouineux est-ce là ? Mol. Deux baragouineuses me sont venu accuser de les avoir épousées toutes deux. Id. Ces mots ne sont d’usage que dans le style burlesque.

BARAL. s. m. Mesure de choses liquides, d’usage en Languedoc, en Provence, &c. Le baral contient 45 pichets.

BARALIPTON. Terme de Logique. Mot technique qui se dit du premier mode de la quatrième figure du syllogisme. Dans les mots techniques que l’on a formés pour désigner les modes du syllogisme, A signifie une proposition universelle affirmative, & E une proposition universelle négative, I une proposition particulière affirmative, & O une proposition particulière négative, suivant ces deux vers :

Asserit A, negat E, verùm generaliter ambo :
Asserit I, negat O, sed particulariter ambo.

Et comme il n’y a que trois proposition dans un syllogisme, il ne faut avoir égard qu’aux trois premières voyelles du mot technique, quand il en a davantage, comme baralipton qui en a quatre. Cela supposé, un syllogisme en baralipton est un syllogisme dont la première proposition est universelle affirmative, BA. La seconde de même, RA, & la troisième ou la conclusion affirmative aussi, mais particulière, LI. On n’a point d’égard à la dernière PTON, que l’on n’a ajoutée que pour faire le vers technique :

Barbare, Celarent, Darii, Ferio, baralipton.

De plus le mode baralipton demande que le moyen terme soit l’attribut dans la majeure, & le sujet dans la mineure. Ainsi.

BA Toute créature à des devoirs à remplir à l’égard de son Créateur :
RA Tout homme est créature.
LI Donc quelques hommes a des devoirs à remplir à l’égard de son Créateur.

est un syllogisme en baralipton.

Autre exemple :

BA Tout mal doit être craint :
RA Toute passion violente est un mal :
LI Donc quelque chose qui doit être craint, est une passion violente.

☞ Ne pourroit-on pas apprendre aux jeunes gens l’art de raisonner, sans toutes ces fadaises, qui ne font qu’augmenter la difficulté.

BARALOTTE. s. m. Nom de secte. Baralottus. Les Baralottes sont des Hérétiques de Boulogne en Italie. Parmi eux tout étoit commun, jusqu’aux femmes & aux enfans. Leur facilité à se laisser aller à toutes les débauches les plus affreuses, leur fit aussi donner le nom, d’Obéissans, obedientes. Ferdinand de Cordoue en parle dans son Traité De exig. annonis. C. De Obedientia.

☞ BARAMPOUR. Voyez Brampour.

BARANCA. s. f. Les Espagnols de la Castille d’or & de la Carthagène de l’Amérique, appellent Baranca de Malabo, le Bureau de recette qu’ils ont sur la rivière de la Magedlaine, à six lieues de la mer du Nord, où se déchargent toutes les marchandises d’Europe destinées pour la Nouvelle Grenade.

☞ On donne aussi le nom de Baranca, à une ville de l’Amérique, au Pérou, plus connue sous le nom de Santa-Cruz de la Sierre. Voyez ce nom.

BARANDAGE. s. m. Sorte de pêche qui est défendue par les Ordonnances.

BARANGE. s. m. Barangus. C’est le nom d’un Officier chez les Grecs du bas Empire. Cujas les appelle en latin Protectores, d’autres Securigeri. L’Office des Baranges étoit de garder les clefs des portes de la ville où l’Empereur se trouvoit. Voyez Cantacuzene, L. I, c. 1. codinus, De Off. Constant. c. 5. n. 45. dit que les Baranges sont des Officiers qui sont à la porte de la chambre de l’Empereur, & de la salle où il mange. Codinus, Curopalate, Nicétas, disent que ce mot est anglois ; que les Baranges étoient Anglois de nation, & qu’ils étoient armés d’une hache. Codinus les fait aussi Anglois, & dit qu’ils parloient anglois. Anne Commene dit qu’on les faisoit venir de l’île appelée Thule. Le P. Goar doute si le mot de Thule n’est point corrompu, ou changé. Jean Scylitzes dit qu’ils étoient Celtes. Nicétas dans Alexis dit qu’ils étoient Allemands. Dès le temps de Michel de Paphlagonie il y avoit des Baranges, comme il paroît par Cedrenus ; mais ils n’étoient encore que simples soldats, & non Gardes du Corps. Leur Chef s’appeloit ἀκολουθος, comme qui diroit celui qui suit toujours l’Empereur. il étoit aussi chef des Francs. Vers l’an 1035 un Barange ayant voulu faire violence à une femme Thrace, elle lui arracha son coutelas & lui en perça le cœur ; tous les Baranges la louèrent fort, & lui mirent une couronne sur la tête, &