Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/769

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
745
BAP

toutes les maladies chaudes, les fièvres putrides, surtout contre celles qui sont d’une nature pestilentielle. Voyez le Dict. de James.

☞ BAOL. Royaume d’Afrique, dans le pays des Nègres.

☞ BAORUCO. Contrée de l’Amérique, dans l’île Espagnole, ou Hispaniola.

BAP.

BAPAUME. Ville des Pays-Bas, dans l’Artois. Bapalma, Palma. Les François prirent Bapaume en 1641, & elle leur fut cédée par le 45e article de la paix des Pyrénées en 1659. Elle a de longitude 19° 20′ 36″ ; de latitude, 50° 6′ 8″. Cassini.

Bapaume. Petite rivière de France, en Normandie, qui prend sa source à Cailly, dans le pays de Caux, passe à Bapaume, Hameau, & se jette dans la Seine, une demi-lieue au-dessous du Château de Rouen.

BAPTE. s. m. Bapta. Les Baptes étoient à Athènes les Prêtres de Cottito, Déesse de l’impureté. Ils faisoient les sacrifices de cette divinité abominable pendant la nuit, en s’abandonnant à des danses lascives, & à toutes sortes de débauches. Ils furent appelés Baptes, du mot grec Βαπτειν qui signifie baigner parce qu’auparavant que de commencer leurs cérémonies exécrables, ils se baignoient dans de l’eau chaude. Eupolis ayant fait une comédie contre eux, qu’il avoit intitulée Βαπτος les Baptes ; pour s’en venger, le plongerent dans la mer. On dit que la même chose arriva aussi) Cratinus, qui avoit aussi fait une comédie contre les Baptes, & à laquelle il avoit donné le même nom. Voyez Scaliger dans sa Poëtique, Liv. I, ch. 8.

BAPTÊME. s. m. On ne prononce pas le p. Le premier des sacremens de l’église qu’on donne à celui qu’on veut faire chrétien. Baptismus, baptisma, prima christianæ religionis initiamenta. Le catéchisme romain définit le baptême, le sacrement de la régénération qui se confere avec de l’eau & des paroles de vie. On peut encore le définir le premier sacrement de la loi chrétienne, institué par Jésus-Christ, pour effacer le péché originel dans les enfans, & les péchés actuels dans les adultes qui le reçoivent, & pour nous faire membres de l’église chrétienne, enfans adoptifs de Dieu, & cohéritiers de Jésus-Christ. Le baptême se donne avec de l’eau au nom des trois Personnes de la Trinité. Toute eau naturelle est bonne pour le baptême. Tertullien, dans son Traité du baptême, dit qu’il n’y a point de différence d’être baptisé dans la mer, ou dans un étang, dans une rivière, ou une fontaine, une mare, un bassin, ni entre l’eau du Tibre, ou celle du Jourdain.

Tenir un enfans sur les fonts de baptême, c’est être son parrain ou sa marraine ; c’est-à-dire, celui ou celle qui lui impose le nom.

Quelques Théologiens ont crû que le baptême administré au nom de Jésus-Christ seul étoit valable ; mais ce sentiment est rejeté : le baptême au nom de Jésus-Christ, est le baptême que Jésus-Christ a institué, & qui comme les autres sacremens, tire sa vertu & son efficace des mérites de Jésus-Christ.

Avant la venue de Jésus-Christ, la cérémonie du baptême se pratiquoit déjà chez les Juifs, qui baptisoient leurs prosélytes, c’est-à-dire, ceux qui embrassoient leur religion. Voici ce que dit Léon de Modène, Rabbin de Venise, dans son Livre des Cérémonies é Coutumes des Juifs, part. 5, ch. 3. Celui qui veut se faire Juif, on le circoncit ; & quand il est guéri, on le baigne tout entier dans l’eau en présence des trois Rabbins qui l’ont examiné, après quoi il est censé Juif comme les autres.

On dit, la matière du baptême, la forme du baptême, le ministre du baptême. La matière du baptême, c’est ce qui fait l’ablution extérieure du corps de celui qu’on baptise. Il y a la matière prochaine & la matière éloignée du baptême. Celle-ci est la matière que l’on applique au corps de celui qu’on baptise, & c’est l’eau : celle-là est l’application de l’eau au corps de celui qu’on baptise ; application que se peut faire en plusieurs manières. Le baptême ne peut être donné qu’avec de l’eau ; c’est pourquoi le Pape Etienne II déclara excommunié un Prêtre qui avoit baptisé un enfant avec du vain, parce qu’il avoit péché contre les canons de l’Eglise. Le Pape Grégoire IX ayant été consulté par un Evêque de Norwège, si au défaut d’eau l’on ne pouvoit pas baptiser les enfans avec de la bière, il lui fit réponse que les paroles de Jésus-Christ étoient si expresses dans l’évangile : si quelqu’un ne renaît de l’eau, &c. que le baptême donné avec de la bière étoit nul.

Dans la primitive Eglise, le baptême se faisoit par immersion, & même encore aujourd’hui dans toute l’Eglise orientale, il ne se fait point autrement : en effet, le mot grec βαπτιζειν, signifie plonger, comme Henri Etienne, Casaubon, & quelques autres personnes savantes dans la langue grecque, l’ont remarqué. Les Eglises d’Occident, qui ont changé cet ancien usage, ne l’ont fait que parce que c’est une chose de discipline, & qui ne regarde nullement l’essence du baptême. On ne peut pas même dire proprement que les Eglises d’Occident aient changé sur ce point ; car quoique communément on donnât dans les premiers siècles le baptême par immersion, cependant on reconnoissoit que cela n’étoit point nécessaire, qu’on le pouvoit donner par aspersion ; & on le donnoit en effet souvent ainsi ; par exemple, à tous ceux que l’on appeloit Cliniques, c’est-à-dire, qui étoient baptisés dans leur lit, étant dangereusement malades. Voyez S. Cyprien, Lett. à Magnus, où il prouve que l’aspersion suffit. En 754, l’assemblée que Pepin tint à Quiercy sur l’Oise, approuve le baptême donné en cas de nécessité par infusion, en versant de l’eau sur la tête avec une coquille, ou avec les mains ; ce qui montre que, quoiqu’on baptisât encore par immersion, on ne croyoit pas que cette manière de baptiser fût nécessaire, ou de l’essence du Sacrement. Les Protestant ont suivi en cela l’Eglise Romaine ; en sorte que dans tout l’Occident on ne donne plus le baptême que par infusion, en versant de l’eau sur la tête de l’enfant ; il en faut néanmoins excepter l’Eglise de Milan, qui marque dans son Rituel qu’on plongera trois fois dans l’eau la tête de l’enfant.

Pendant très-long-temps on a fait trois immersions, pour marquer les trois jours de la sépulture de Jésus-Christ, ou les trois personnes de la très-sainte Trinité, ainsi que S. Grégoire le dit dans sa Lettre à Léandre, qui est la 41e du I Livre ; & cet usage duroit encore en ce temps-là. On ne le regardoit pas cependant comme nécessaire, puisque ce Pere dit à ce S. Evêque qui le consultoit là-dessus, que puisque les Ariens plongent trois fois, il est d’avis que les Catholiques ne le fassent qu’une fois, de peur qu’il ne semble aux hérétiques que l’on divise, comme eux, la Divinité. Et il paroît que c’est par-là, & pour cette raison, que cet usage se changea dans la suite. Nous apprenons de la vie de S. Otton, Apôtre de Poméranie, de quelle manière ce Saint donnoit le baptême par immersion ; & l’on ne doit point douter que dans les autres Eglises, on ne prît des précautions semblables, pour empêcher que la pudeur ne fut blessée dans une si sainte cérémonie. Ce Saint avoit fait enfoncer dans la terre des cuves ou tonneaux, qui ne s’élevoient de terre que jusqu’à hauteur du genou : il y en avoit pour les femmes au côté gauche du baptistère, & du côté droit pour les hommes. Ces tonneaux étoient entourés de rideaux, qui en formoient autant de loges différentes. Lorsque le Catéchumène étoit descendu dans le tonneau qui étoit plein d’eau, le Prêtre levant doucement le rideau, lui plongeoit trois fois la tête dans l’eau, que l’on tenoit chaude en hiver. Martene.

Quelques-uns ont cru que le baptême par infusion avoit commencé à s’introduire par les pays froids. Il paroît qu’en Angleterre le baptême par infusion s’introduisoit fort au commencement du IXe siècle ; car le concile de Calchyt, ou Calchut, en 816, ordonne dans son IIe canon, que les Prêtres en baptisant ne répandront pas seulement l’eau sainte sur la tête des enfans, mais les plongeront toujours dans le bassin.