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BAN

Il est ainsi appelé parce qu’on est obligé de faire des renversés avec la bande, quand la partie n’est pas d’une égale grosseur par-tout. Les bandages composés sont ceux qui se font avec plusieurs bandes cousues ensemble, ou avec une bande coupée à plusieurs chefs. Les bandages prennent encore le nom de contentifs, lorsqu’ils ne servent qu’à contenir les médicamens sur la partie malade ; d’unissans ou incarnatifs, quand on les fait pour réunie les plaies simples ; é de divisifs, lorsqu’ils en empêchent la réunion.

Bandage à dix-huit chefs. C’est un bandage composé d’un linge plié en trois, & coupé par les côtés en trois endroits, pour faire dix-huit chefs, d’où vient son nom : on l’emploie aux fractures compliquées. Col de Villars.

Bandage de Galien ou des pauvres. Espèce de couvre-chef à six chefs, dont on peut se servir pour toutes les grandes blessures de la tête. Voyez le Dict. de M. Col de Villars.

On appelle plus particulièrement bandages, les brayets, qu’on est obligé de porter quand on a des hernies, ou descentes ; ou quelqu’autre maladie su scrotum. Fascia herniæ coercendæ.

Bandage, se dit aussi des ferremens qui lient, ou qui fortifient des roues, ou des pièces d’une machine. vincula, ligamina. Bandage de roue ; ce sont des bandes de fer courbées & percées de distance en distance pour les attacher avec de gros clous autour des jantes des roues. Liger. Ces roues ne valent rien, mais le bandage en est encore bon.

Bandage, terme de Fonderie. Les Fondeurs donnent ce nom à un assemblage de bandes de fer plat qu’ils appliquent sur les moules des ouvrages qu’on veut jeter en fonte, pour empêcher qu’ils ne s’écrasent, & ne s’éboulent par leur propre pesanteur.

Bandage, se dit aussi des pièces qui servent à bander une arbalète, un pistolet, & autres choses qui font ressort. Il y avoit autrefois bien plus de pièces pour le bandage d’une arquebuse, qu’il n’en faut à présent.

Bandage. Espèce de caractère magique ou de sortilège. Apollonius fut mené devant l’Empereur : en entrant on le fouilla, de peur qu’il ne portât quelque bandage, quelque billet, ou quelqu’autre sorte de caractère. Fleury.

BANDAGISTE. s. m. C’est un faiseur de bandages. Fasciarum ad coercendam herniam artifex. Il est du Corps des Chirurgiens ; c’est à S. Côme qu’on le reçoit.

BANDE. s. f. Pièce d’étoffe coupée en longueur, & qui a peu de largeur. Tænia. Les Suisses portent des habits découpés par bandes. Il y a des bandes de velours sur les habits du train de cet Ambassadeur. Dans les guerres civiles des maisons d’Orléans & de bourgogne sous Charles VI, l’Orléanois portoit des écharpes, que le peuple appeloit, comme il fait encore maintenant, bandes. Pasq. Recherch. Liv. VIII, Ch. 51. Le Comte d’Armagnac Connétable avoit pour devise une bande ; c’est pour cela qu’ayant été tué dans la prise de Paris par les Bourguignons, on lui leva une bande de sa peau de la largeur de trois ou quatre doigts depuis les épaules jusqu’au genouil, & on la lui mit en écharpe. Parad.

Bande, est aussi un lien large & plat, servant à lier, serrer ou contenir quelque chose. Fascia. Les bandes d’un enfant en maillot, d’une femme en couche, d’un cautère.

Ménage, après Lipse & Saumaise sur Solin 1130, dérive ce mot de l’allemand bande, qu’ils disent être aussi un mot persan & arabes ; mais que les Persans & les François l’on pris du bas grec bandon, ou du latin bandum, signifiant une enseigne d’une pièce d’étoffe ou de linge, plus longue que large. Bandum se trouve dans la vie de saint Anastase Persan, qui vivoit au commencement du VIIe siècle, & dont la vie a été écrite au même siècle par un Auteur témoin oculaire ; bandum s’y trouve, dis-je, pour signifier un étendard, un drapeau, une enseigne militaire. Voyez Bollandus. Acta SS. Jan Tom. II, p. 439. Un vieux Glossaire grec manuscrit de la Bibliothèque de M. Séguier, cité dans le Glossaire qui est à la tête de l’histoire de Théophilacte Sinéocartes, dit qu’il se tire du latin, & que les Italiens appellent Βάνδα les étendards. Nous ne l’avons donc pas pris du grec moderne bandon, mais plutôt les Grecs ont pris bandon du bas latin bandum, qui probablement s’est formé selon les étymologies qui sont suivre.

Du Cange dit qu’il vient du Saxon bend, dont la basse latinité a fait bende & bendellus, bandeau ; d’où sont venus aussi les mots de banderolle & de bannière, les bandes des gens de guerre, parce qu’ils étoient distingués par bandes & par enseignes. Dans la vie de saint Zite, on trouve Binda dans le même sens ; sur quoi le P. Papebrock remarque qu’il vient de l’allemand Binden, qui signifie lier. Act. Sanct. April. T. III, p. 519. Voyez encore Maii T. IV., p. 389. A. & dans Anastase, sur le retour de Léon III à Rome, on lit, cum signis & bandis, avec les étendards & bannières ; la lettre du Pape Hadrien à Charlemagne ; Procope, de Bello Vand. 2, p. 123, qui appelle Βανδόφοροι, ceux qui portoient les étendards, ou bannières, Liv. II, p. 134. Voyez le Glossaire de Pabretti, qui est à la tête de Cédrenus de l’édit. du Louvre, & celui de Meursius. Ce mot néanmoins ne vient point du grec, comme on l’a déjà dit. Du Cange croit que bande s’est fait de ban, banum, parce que ceux qui mettoient le ban à quelque chose, ou qui mettoient quelque chose au ban, y attachoient un voile, ou un morceau d’étoffe. Enfin d’autres le dérivent de bannar, ancien mot britannique, ou cambrobritannique, qui signifie étendard, & qui a été formé de bann, élévation ; car bann, comme on le peut voir dans Boxhornius, signifie être haut, être élevé.

On appelle aussi des bandes de broderie, ou de tapisserie, les ornemens faits à l’aiguille, qui sont étendus en long & avec peu de largeur sur des lits, sur des paremens d’Autels, sur des habits, &c. Instita opere Phrygio texta.

Bande, se dit aussi du fer battu en long, qui sert à lier ou contenir quelque chose. Ferrea lamina. Il faut trois bandes de fer pour attacher une flèche de carrosse. Il faut mettre deux bandes à cette roue. Voyez Bandage.

On appelle bandes flamandes, une espèce de peinteures.

Bande d’une selle, se dit de deux pièces de fer plattes, larges de trois doigts, clouées aux arçons pour la tenir en état.

Bande, est aussi un terme de Pâtissier, qui se dit d’un morceau de pâte étendue, qu’on coupe en long, pour mettre sur des tourtes de godiveaux & autres ouvrages de pâtisserie.

Bande, en Chirurgie. On appelle bande roulée à un chef, une bande roulée par un bout, & bande roulée à deux chefs, celle qui est roulée par les deux bouts.

Bande d’Héliodore. Fascia Heliodori. Espèce de bandage ou suspendoir pour les mammelles. Voyez-en la description dans le Dict. de M. Col. de Villars.

Bande, en terme d’Anatomie. Dans la Planète de Jupiter, outre les taches, nous voyons plusieurs bandes parallèles qui traversent son disque apparent. Elles ne sont cependant par toujours de même grandeur, ni à même distance ; il semble qu’elles augmentent ou diminuent alternativement. Tantôt elles sont fort éloignées l’une de l’autre, tantôt elles paroissent se rapprocher ; mais c’est toujours avec quelque nouveau changement. Institut. Astronomiq. p. 54.

Bande, en Architecture, se dit de plusieurs membres plats & unis, qui représentent en effet des bandes, ou lisières ; comme les frises, qu’on appelle autrement plates-bandes en fasces, les architraves, & autres pièces moindres, dont quelques-unes sont susceptibles d’ornemens. Fascia. Il y a aussi des bandes de trémie, qui sont des barres de fer qui servent à soutenir les atres, les manteaux & les languettes des cheminées. Vectis. Les bandes de colonnes sont une espèce de bossage, dont on orne le fût des colonnes. Fascia. Il y en a de diverses sortes, selon les divers ordres d’Architecture.

Bandes, chez les Imprimeurs, se dit des pièces de fer sur lesquelles roule le train de la presse.