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BAN

hommes qui s’ sont trouvés. Les François ont servi leurs Rois dans leurs armées par manière de ban et d’arrière-ban dès le commencement de la Monarchie ; mais on peut dire que ces convocations n’ont été bien réglées que dans le temps qu’il s’est fait des investitures des fiefs. Dès-lors les Laïques, Seigneurs de fiefs, ont rendu un service personnel dans les armées. Les Ecclésiastiques mêmes qui en possédoient, étoient contraints de s’y trouver avec leurs vassaux ; ce qui a donné lieu à l’institution des Vidames, & des Avoués, pour la défense des évêchés & des abbayes. Ces Avouées en temps de guerre conduisoient les vassaux des églises ou abbayes, à la place des Seigneurs Ecclésiastiques. Mais parce que pendant les guerres saintes, ou contre les Anglois & les Flamands, la plupart des Gentilshommes qui alloient à ces expéditions, manquoient d’argent pour les frais de leur voyage, ils furent contraints de supplier les Rois de permettre aux Roturier & aux gens de main-morte d’acheter des fiefs, lesquels étant ainsi tombés entre les mains de personnes peu propres pour les armes, on vit bientôt les bans & les arrière-bans peu fournis d’hommes capables des exercices militaires. C’est pourquoi les Rois ordonnerent d’abord la levée du droit des franc-fiefs sur les Roturiers, pour subvenir au payement des gens de guerre, & pour confirmer la permission de tenir des fiefs & arrière-fiefs à la manière des Nobles. Outre ce droit ils furent encore obligés à servir de leurs personnes ; ce qui s’exécute encore aujourd’hui.

Ban, se dit aussi des assignations qui se font à cri public aux vassaux pour comparoir devant leurs souverains en certaines occasions, & pour rendre compte de leurs actions. Edictum Principis beneficiaros clientes evocantis. Les Princes d’Allemagne sont souvent assignés, sont mis au ban de l’Empire, & on confisque leurs fiefs, faute de rendre l’hommage & le service dont ils sont tenus.

Ban, signifie aussi, bannissement. Exilium. Et on dit en termes de Palais, il lui est enjoint de garder son ban, à peine de la hart. Il a obtenu un rappel de ban.

Petit Ban. Il étoit en usage en Dauphiné, & les petits bans étoient différens des condamnations de justice. Celles-ci ne sont que les amendes ordinaires portées par les sentences des Juges, au lieur que par les autres on entend les peines pécuniaires imposées par les status des lieux pour des contraventions. Valbon. p. 120.

Ban, signifie encore, un endroit & un lieu public qu’ont les Seigneurs des grands fiefs, pour obliger tous les Habitans d’une Seigneurie de venir cuire au four du Seigneur, de moudre à son moulin, ou d’apporter leur vendange à son pressoir. Jus indictivæ moletrinæ, jus indictivi furni, jus indictivi torculi vinarii. Ainsi on dit un four à ban, un pressoir à ban ; & on appelle sujets banniers, & droits de bannée, ceux qui sont obligés à ce droit. En quelques Coutumes on appelle four bandier, moulin bandier, ce qu’on appelle ailleurs bannal.

Ban à vin. Jus prælationis in vendendo vino. C’est le droit que quelques Seigneurs ont de vendre leur vin à l’exclusion des habitans qui sont dans leur territoire : ce droit n’est que pour quarante jours au plus, & en quelques endroits pour un mois seulement. Le droit de ban de vin ne peut être transporté au Fermier, pour jouir par lui de l’exemption du huitième. Ce droit de ban de vin est appelé quelquefois ban de Mai, ou ban d’Août. Le Roi, par un Edit du mois d’Avril 1702, a établi un droit de ban de vin dans tous les lieux où les droit d’Aides n’ont point de coutume : il permet à toutes personnes d’acquérir ce droit, & leur donne de grands priviléges.

On dit proverbialement d’un homme qui a la bouche trop fendue, qu’elle est grande comme un four à ban.

Ban, est quelquefois une dignité ; c’est ainsi qu’on appelle le Gouverneur de Croatie. Banus, Gubernator, Præfectus. M. Du Cange remarque que les Hongrois l’appelent Isban en leur langue : il ajoute que ce nom de dignité vient du mot band, pris pour étendard, parce que c’est sous le band (bandum) ou sous les enseignes de cet Officier, que les Peuples de la Provinces doivent se ranger pour combattre.

M. d’Herbelot, Bibl. Orient. p. 183, prétend que ban est un mot esclavon, dont les Turcs se servent aussi, & qu’il signifie, celui qui commande des troupes ou des milices dans les Provinces dépendantes du royaume de Hongrie. Il est aussi, selon d’autres, en usage en Dalmatie. C’est ce que les Grecs modernes appellent Βοονος, & Μπάνος, dont l’un se trouve dans Constantin de Administ. Imper. cap. 30 & 31, & l’autre dans Cinname. On croit même que c’est ce que Hésychius appelle Βάννας, & qu’il dit signifier Roi, ou bien Grand Prince. Voyez J. Selden, de Titul. honorar. P. II, ch. 2, n. 5. Joan. Lucius, de Regno Dalmat. Lib. VI, cap. 1, les Décrets d’André roi de Hongrie, ch. 5, & Du Cange. Le Lieutenant ou Vicaire du ban s’appelle Viceban, Vicebannus ; & l’on trouve Bannatus, Bannat, pour signifier la dignité de Ban.

Ban. s. m. Est le nom d’une plante d’Egypte, que l’on appelle aussi Calaf.

Ban. Sorte de mousseline unie & fine que les Anglois rapportent des Indes orientales.

Ban, ou Bon. voyez Bon.

Bans, au pluriel, en termes de chasse, sont les lits des chiens. Salnove.

BANAL, ALE. adj. Voyez Bannal, ale.

BANALITÉ. s. f. Voyez Bannalité.

BANANE. s. f. C’est le fruit du bananier.

BANANIER. s. m. Musa arbor. Plante qui est fort commune dans les Indes Orientales & Occidentales. C’est un gros roseau spongieux au-dedans, qui vient dans les terres grasses, près des ruisseaux, ou dans des vallées qui sont à l’abri des vents. Il croît de la hauteur de douze ou quinze pieds. Sa tige est verte, luisante, spongieuse, & remplie d’eau : elle sort d’un gros oignon en forme d’une poire, qui a plusieurs petites racines blanches, qui le lient avec la terre. Ses feuilles viennent au haut de la tige au nombre de huit, de neuf & même de douze : elles sont longues d’environ quatre, cinq ou huit pieds, & larges de quinze ou dix-huit pouces : elles peuvent servir de napes & de serviettes, & étant sèches tenir lieu de matelats & de lits pour coucher mollement . Le nerf qui est tout le long de la feuille, est gros comme le petit doigt. Son fruit est au sommet de la tige en forme de grosse grappe, ou de gros bouquet : il est gros comme le bras, long de douze à treize pouces, un peu courbé vers l’extrémité : sa chair est ferme & solide, propre à être cuite ou sous la cendre, ou au por avec la viande, ou à être confite é séchée au four, ou au soleil pour être gardée plus facilement. Dans chaque bouquet il n’ a que vingt cinq ou trente bananes au plus, qui ne sont point trop serrées les unes près des autres. Ses fleurs sont d’un jaune blanc, d’une odeur douce, & longues d’environ deux travers de doigt. Lorsque les fruits sont mûrs, on coupe toute la plante ; car elle ne porte qu’une fois du fruit, & ne vit qu’une année ; mais avant qu’elle vieillisse il sort de la racine un ou deux rejetons qui lui succèdent, & qui par ce moyen la perpétuent.

Dans la province de Machicore, en Afrique, il y a des bananes aussi longs & aussi gros que le bras, que l’on appelle Outsi, & dans la province de Mangabei foutsi ; il y en a d’autres qui portent des fruits gros comme la moitié du bras, d’autres qui ne sont pas plus gros que le pouce ; & d’autres qui sont plus petits, & sont nommés acoudres, dont il y en a bien cent à chaque grappe, qui sont de couleur verte, soit qu’ils soient récens, soit qu’ils soient gardés. Les bananes sont un bon manger dans ce pays-là, & fort nourrissantes : on les fait rôtir comme des pommes, quand elles sont mûres. On cueille bien souvent les grappes qui ne sont pas mûres, & on les pend au plancher, où elles mûrissent en moins de quinze jours. On file dans le province d’Eringrane, l’écorce de cet arbre, & l’on en fait des habits. Dapper. Cet Auteur fait bananes masculin, nom du fruit du bananier. Mais il se trompe, c’est un Hollandois qui ne sait pas le Fran-