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BAN

BÂME, pour BAUME. Voyez Ambroise.

☞ BAMFÉ. Petite province de l’Ecosse Septentrionale, dans le province de Buchan.

☞ BAMFÉ. Capitale de la province de même nom, à l’embouchure de la Doverne.

BAMIA, ou Kermia d’Egypte. C’est une plante haute comme la guimauve : ses feuilles sont larges & semblables à la vigne, découpées & dentelées, attachées à la tige par des queues longues : ses fleurs sont petites, semblables à celles de la mauve, de couleur jaune. Il leur succède des fruits longs, pointus, qui s’ouvrent en plusieurs loges, garnies de semences presque rondes & noirâtres, contenant une pulpe douce. Les Egyptiens la cultivent & la mangent. Dapper écrit Bammia, & dit que cette plante a quatre ou cinq coudées de haut ; que ses fleurs & ses feuilles ressemblent à peu-près à celles de mauve, si ce n’est que ses feuilles ne sont pas si petites ni si douces au toucher, mais rudes & tant soit peu velues, pendantes à de longues tiges, & presque aussi grosses que celles de la courge ; que la fleur est de cinq feuilles d’un jaune pâle ; que le fruit a cinq & quelquefois dix angles, & qu’il ne ressemble pas mal aux concombres sauvages.

Bamia-Moschata, est une plante presque semblable. Sa graine est gris-brun, d’une odeur de musc. On en fait de petits chapelets. On la met dans la bouche pour donner une odeur agréable. Elle vient de l’Amérique.

☞ BAMIAN. Ville d’Asie, dans le province de Khorassan, ruinée par Gengizkhan.

☞ BAMOTH. Ville des Moabites, sur l’Amon.

☞ BAMOTH-BAAL. Ville de la Tribu de Ruben, au-delà du Jourdain.

BAN.

BAN. s. m. Publication à haute voix, au son du tambour, ou de la trompette, ou des tymbales, par l’ordre d’un Supérieur, ou de la part du Roi & de la Justice. Rei cujuspiam præconis voce denunciatio. On a fait un ban portant défenses de sortir du camp, d’aller à la petite guerre. Pasquier a observé que ce mot est fort ancien dans la langue pour signifier une proclamation publique. Aussi trouve-t-on ces phrases dans les Coutumes, crier au ban ; cas de ban ; a peine de ban ; procéder à ban, &c. On appelle aussi ban, la publication & le cri que fait faire le Seigneur féodal pour se faire rendre les hommages, ou lui payer les redevances, & le venir reconnoître. De Hauteserren Orig. feud. c. 9, observe qu’anciennement on appeloit Herbanum l’obligation des vassaux d’aller à la guerre, que leur Seigneur levoit des troupes, ou d’y envoyer quelqu’un à leur place, ou de lui payer une certaine somme, & que ce mot venoit de here, qui en allemand signifie armée ; que depuis on l’a nommé bannum, ban, & retrobannum, arrière ban. Il définit le ban, un Edit, une levée de gens d’armes qui tiennent des fiefs sujets au service noble des armes. Il remarque encore que le ban, ou service du ban, ne duroit que 40 jours, ou comme comptoient les François, 40 nuits. C’étoit autrefois privilége des Ducs d’Autriche de ne servir qu’un mois. Il ajoute qu’aujourd’hui le service du ban ne dure encore que 40 jours, quand c’est dans le Royaume, & trois mois quand on sert hors du Royaume. Voyez encore les remarques du même Auteur sur le Ve L. de Grégoire de Tours, p. 184, 185, & sur le XIe Liv. p. 386.

On dit aussi ban de vendanges, ouverture de ban, &c. pour dire, la publication de la permission des vendanges. Le Duc Odes en 1210, se trouvant à Beaune environ le temps des vendanges, fit présent aux Maires & Echevins de la Ville du ban des vendanges, qui étoit un de ses principaux droits. Parad.

Du Cange dit qu’on a appelé aussi l’Excommunication, le ban de l’Evêque. Voyez encore dans les Acta Sanct. Mart. Tom. I, p. 217, F.

Ménage dérive ce mot de l’allemand ban, qui signifie proprement publication, & ensuite proscription, parce qu’elle se faisoit à son de trompe ; d’où sont venus les mots de bannir, ban, bannissement, de bandi, de ban, & arrière-ban, banlieue, bannière, bannal, abandonner, &c. Nicot le dérive d’un autre mot allemand ban, qui signifie champ, & territoire, d’autant que c’est en vertu de ce qu’on tient des fiefs, champs & héritages qu’on est obligé au ban & arrière-ban ; & que le four à ban est le four du territoire de la Seigneurie. Borel le dérive du grec πἄν, qui signifie tout, parce que la convocation est générale. Les Châtellenies ou Prévôtés de Lorraine ont sous elles certain nombre de bans ; & chaque ban a sous soi un certain nombre de bourgs. Le Duché de Limbourg est divisé par bans. Le mot de banlieue a sans doute pris son origine du ban. P. Lubin dans son Merc. Géogr.

Ban, se dit aussi des publications qui se font aux prônes des Paroisses des noms de ceux qui veulent se marier, ou prendre les Ordres. Solemnis futurarum nuptiarum proclamatio. La publication des bans n’est pas de nécessité du Sacrement, mais de nécessité de précepte. Elle a été mise en usage par la Police Ecclésiastique de France, & confirmée par les Ordonnances de Blois, de Melun, & de Louis XIII, en 1639. Le Concile de Latran a rendu cet usage général. C’étoit pour prévenir les abus, & les inconvéniens qui résultent des mariages clandestins. Le Concile de Trente a ordonné la publication de trois bans pour empêcher les mariages clandestins. Par l’Ordonnance de Blois, nul ne pouvoit valablement contracter mariage sans proclamation précédente des trois bans ; & aucun ne pouvoit être dispensé que des deux derniers, & seulement pour cause légitime, ou pour urgente nécessité. Mais on s’est fort relâché là-dessus. Il n’y a que les mineurs qui soient soumis nécessairement à cette formalité, quoique le défaut de la publication des bans ne rende pas leurs mariages nuls : car le défaut de la publication des bans ne rend par le mariage clandestin, s’il a d’ailleurs tout ce que l’Eglise demande. A l’égard des majeurs, on en dispense plus aisément, & même le défaut de bans n’emporte point de nullité. On achète les deux derniers bans, quand le premier a été publié. Quand un mineur veut se marier, les bans doient être publiés à la Paroisse du domicile de son pere, ou de son tuteur, ou de son curateur.

Le Conseiller Argant eut la même furie :
Il vit Cloris, l’aima ; pressé de son amour,
On publia ses bans & sa honte en un jour. Vill.

On prétend que la publication des bans est très-ancienne dans l’Eglise ; il y avoit du moins quelque chose de semblable dès le commencement de l’Eglise, & c’est des bans de mariage qu’on entend ce que Tertulien appelle trinundina promulgatio. Ces publications de bans ont été établies pour prévenir les abus qui pourroient se commettre dans le mariage à cause des empêchemens. Il est vrai qu’avant que ces sortes de publications fussent en usage, on prévenoit les inconvéniens autrement. Les hommes s’adressoient aux Diacres, & les veuves ou les filles aux Diaconesses, & proposoient le dessein de se marier : si les parties étoient sortables, les Diacres & les Diaconesses avertissoient l’Evêque, lequel après en avoir communiqué au Clergé, faisoit la bénédiction du mariage. Fevret.

Ban, se dit aussi de la publication qui se fait pour convoquer tous les Nobles d’une Province, pour servir le Roi dans ses armées, suivant qu’ils y sont obligés par la loi des fiefs. Principis edictum primariæ clientelæ nobilitatem ad militaria munera convocantis. On a publié le ban & l’arrière-ban. Ban en ce sens signifie la convocation des vassaux qui tiennent du Roi immédiatement, & arière-ban de ceux qui tiennent médiatement. On confond aujourd’hui ces deux mots ; desorte que ban & arière-ban, est un mandement à tous Gentilshommes & autres tenans fiefs & arrière-fiefs de venir à la guerre pour le service du Prince.

Ban, est aussi l’assemblée de ces Nobles en corps d’armée. Primariæ clientelæ nobilitas armata. Le ban & arière-ban est long-temps à se mettre en campagne. L’Abbé de la Roque a fait un Traité du ban & de l’arière-ban, avec plusieurs anciens rôles, où sont les noms & qualités des princes, Seigneurs & Gentils-