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BAL

A la capriole il rue, ou noue l’aiguillette ; à la croupade, il retire les pieds de derrière sous lui, au lieu de montrer ses fers. C’est ce qui fait la différence. La ballotade est un saut, où le cheval semble vouloir ruer, mais il ne le fait pas pourtant, ce n’est qu’une demi-ruade, faisant seulement voir les fers des jambes de derrière, comme s’il avoit envie de rue. Newc.

☞ BALLOTAGE. s. m. Action de balloter, de donner son suffrage par bulletins, petite boules, ou ballotes. Plusieurs élections se font par le ballotage.

BALLOTE, ou BALLOTTE. s. f. Petit bulletin, ou pois, ou petite balle de diverses couleurs, qui sert à tirer au sort dans les élections qu’on remet au hasard. Calculus. On met dans une urne des ballots de la grosseur d’une fève, & dont le nom répond à celui des combattans. Burette. Acad. des B. L. T. I., Mém. p. 246.

Ballote. Plante. Voyez Marrube ; c’est la même chose.

☞ BALLOTER, ou BALLOTTER. v. n. Il ne se dit point en parlant des joueurs de paume qui ne font que se renvoyer la balle l’un à l’autre, reciprocare pilam : on dit pesotter. Mais on s’en sert, pour dire, se servir de ballotes pour donner les suffrages, ou pour tirer au sort. Pilarum suffragiis uti. Il y a des élections qui se font en ballotant. Dans ce sens il est peu en usage.

☞ BALLOTER, dans le sens figuré, est actif, & s’applique aux personnes & aux choses. Dans le premier cas, balloter quelqu’un, c’est le tenir long-temps en haleine, l’amuser par de vaines promesses, le renvoyer de l’un à l’autre, sans avoir envie de l’obliger. Voyez ces mots. On l’a balloté pendant long-temps.

☞ Appliqué aux choses, il signifie, examiner de part & d’autre, discuter. Voyez Discuter. Cette affaire a été long-temps ballotée.

☞ BALLOTER. Terme de fonderies de fer. C’est mettre la verge fondue en paquets.

BALLOTÉ, ÉE. Part. Il a les signification de son verbe, en latin comme en françois.

BALLOTIN. s. m. Ce mot se trouve dans l’Histoire du Gouvernement de Venise. On appelle ballotins, les enfans dont on se sert pour recevoir les petite boules qu’on emploie pour donner son suffrage lorsqu’on fait l’élection du Doge.

Ballotin, signifie encore un petit ballot.

☞ BALLUCHES (les). Voyez Bulloques.

☞ BALME. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois Grotte. Grotte de Notre-Dame de la Balme. Elle est en Dauphiné, auprès de Grenoble. elle s’ouvre par une voûte assez haute, & mene à un lac renfermé sous la montagne, & qui paroît large d’une lieur. François I étant en Dauphiné, y envoya des gens en bateau, qui allerent plus de deux lieues dans le lac ; mais un grand bruit leur fit peur, & ils n’allerent pas plus en avant, ils mirent sur des planches des flambeaux allumés, qu’ils virent disparoître tout d’un coup en un certain endroit, qui apparemment étoit un gouffre. Un Curé de ce pays-là y est allé depuis, ne vit que des chutes d’eau ; il trouva quelques endroits où l’on étoit à sec, d’autres où la voûte étoit très-basse. M. Dieulamant l’a encore examinée depuis, & il diminue beaucoup le merveilleux. Cette grotte est creusée irrégulièrement dans le rocher, & son entrée peut avoir 4 à 5 toises de largeur, sur 5 à 8 de hauteur. Au bas de cette entrée est un petit ruisseau qui s’écoule dans le Rhône. Il étoit à sec au mois d’Août, & son lit fait juger qu’il est toujours fort petit. La grotte se fourche. Dans la partie qui est à droite, on voit beaucoup de congélations d’eaux, qui se distillent au travers des rochers. Dans la partie qui est à gauche, il se distille des eaux qui font une partie du ruisseau. Elles tombent d’abord dans un assez grand bassin naturel, au-dessous duquel il y en a plusieurs autres petits, qui font une cascade assez agréable. Au fond de cette grotte est une espèce d’ouverture, creusée aussi dans le rocher, au bas de laquelle est l’eau qui forme la plus grande partie du ruisseau. C’est ce qu’on appelle le lac, parce que l’eau est dormante. Il a un demi-pied, ou un pied tout au plus de profondeur. L’allée où est cette espèce de lac parut n’avoir pas plus de 20 toises, & les gens du pays assurent qu’il n’y avoit rien au-delà. Acad. des Sc. 1700. Hist. p. 3, 4, 5.

BALNÉABLE. Adj. f. Epithète que l’on donne aux eaux qui sont propres pour les bains. Balneabilis.

BALOCHE. s. & adj. C’est un nom qu’on donne dans l’Ordre des Capucins & autres Religieux, à ceux qui ne prêchent ni ne confessent. Les Baloches sont dans les Couvens ce que certaines abeilles sont dans les ruches ; elles n’y font ni cire ni miel. Communément les autres Religieux haïssent les Baloches, parce qu’ils consument la substance de la Communauté, sans y avoir contribué. Il y a des Baloches qui se rendent recommandables dans leur Couvent par leur naissance. Ils voient tout ce qu’il y a de bon & de Grands, & par leurs visites & leur manége, ils attirent autant & plus de libéralités, que les autres n’y apportent de profit par leurs sermons ou leurs confessions.

BALOIRE. s. f. Terme de Marine. C’est ainsi que l’on appelle de longues pièces de bois, qui dans la construction donnent au vaisseau la forme qu’il doit avoir. La baloire, selon le P. Hoste, se dit aussi du contour extérieur du vaisseau représenté dans un de ses plans horizontaux.

BALOIRE. Terme de Fleuriste. Tulipe de trois couleurs, rouge, colombin & blanc. Cult. des Fl.

BALONNÉ. Voyez Contretemps Balonné.

BALOTIN. s. m. espèce d’oranger, qui différe des orangers ordinaires, par ses feuilles qui sont plus grandes, plus larges que celles des orangers communs, & dentelées tout à l’entour, & par ses fruits ou ses oranges qui ressemblent presque à des citrons ; c’est-à-dire, qu’elles sont grosses & longues. En certains climats les branches d’orangers, & sur-tout de balotins, reprennsent de bouture ou de marcote, aussi facilement que font ici les groseilers, figuiers, coignassiers, &v. La Quint.

BALOTTES. s. f. pl. Ce sont des vaisseaux de bois dans lesquels on met la vendange, & qu’on charge sur des chevaux. Il y en a qui sont percées vers le haut, pour y passer des cordes & les attacher à d’autres. Il y a des anneaux de fer, dans lesquelles passent des cordes. Les vignerons les portent aussi quelquefois sur leur dos en guise de hottes.

☞ BALOWA. Grande ville de l’Indoustan, au royaume de Decan, à trois lieues de la ville d’Asta, & à pareille distance de celle d’Oeren.

BALOURD, DE. adj. & s. m. & f. Qui est stupide, & grossier. Stupidus, plumbeus. ☞ C’est un franc balourd, une vraie balourde.

Ce mot n’est d’usage que dans le style simple & comique. Il vient de l’italien balordo, qui signifie la même chose.

☞ BALOURDISE. s. f. Ce mot qui n’est que du style familier, signifie une chose dite ou faite sans jugement, ou le caractère de l’homme balourd. Ingenium hebes, naris obesæ homo. Voilà une grande balourdise. Il est d’une balourdise qui ne se conçoit point. Trivelin fait connoître par un à parte qu’il a dessein de se servir de la balourdise d’Arlequin & de son ignorance, pour confirmer tout-à-fait Pantalon dans l’opinion que Lelio est le vrai Mario. Merc. Février 1718.

BALSAME. s. m. Nom d’homme. S. Pierre Balsame, né en Palestine dans le village d’Anée, s’appeloit Abselame, d’où l’on a fait Absalme, & puis par transposition Balsame. Voyez Baillet, T. I ; p. 47.

BALSAMINE. s. f. Balsamina. Plante annuelle qu’on seme dans les jardins, & qui donne des racines fibreuses & chevelues, d’où s’élève une tiche branchue, haute d’un pied, charnue, épaisse, noueuse, couverte d’une écorce verdâtre, quelquefois rougeâtre & pleine de suc d’un goût fade. Ses branches sont garnies de feuilles semblables à celles du pêcher, plus molles, plus succulentes, plus dentelées sur leurs bords, & d’un goût très-amer. De leurs aisselles naissent une ou plusieurs fleurs portées par des pédicules longs de demi-pouce. Elles sont à quatre pétales inégales, dont la supérieurs est voûtée ; l’inférieure est creuse & terminée par un