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BAL

On le dit figurément des boutons rouges qui viennent sur le visage des yvrognes. Regnier a dit du nez de son pédant,

Où maints rubis balais tout rougissans de vin
montroient un hac itur à la Pomme de pin.

☞ BALAMBUAN, PALAMBUAN, PALIMBAN, & PALEMBAN. Contrée dans la partie orientale de l’Île de Gava, & qui a pour capitale une ville de même nom. Il y a aussi dans l’Île de Gava un détroit & une rivière qui portent le même nom.

BALANCE. s. f. Instrument qui sert à connoître l’égalité, ou la différence de pesanteur des corps graves. Trutina. Ce mot est fait du latin bilanx. Il y a deux sortes de balances. L’ancienne ou la Romaine est composée d’un levier ou fléeau mobile sur un centre suspendu vers une de ses extrémités. On attache du côté gauche les corps graves, & leur pesanteur se mesure par les points marqués sur le fléau, à l’endroit où s’arrête en équilibre un poids mobile qu’on fait courir sur la branche ou le long du plus grand côté vers la droite. Cette balance est encore en usage dans les boucheries, & autres lieux où il faut peser de grands fardeaux, ou qui sont en grand volume. On l’appelle autrement peson. Statera.

La seconde sorte se fait est un fléau suspendu également par le milieu, aux extrémités duquel il y a des plats ou bassins attachés avec des cordes. Libra. Les parties de cette balance sont les deux bassins, lances ; le fléau, Scapus ; la languette, Examen ; l’ance, Ensa ; & la chasse, au haut de laquelle il y a un anneau pour la suspendre. On appelle les cornes du fléau de la balance, ses deux extrémités. Capita. Paul Petau a donné la figure des balances anciennes dans son livre des Meubles antiques.

☞ La balance ordinaire est un levier de la première espèce. (Voyez Levier.) La puissance est représentée par le poids du métal que l’on met dans un des bassins ; le poids, par la marchandise que l’on met dans l’autre ; & le point d’appui, par cette espèce de clou autour duquel se meut le fléau de la balance. Comme cette machine ne doit servir qu’à mettre en équilibre deux quantités égales de matière, le fléau doit être partagé en deux parties égales : les deux bras doivent être parfaitement égaux ; les cordes qui servent à les suspendre, ne doivent pas être plus pesantes les unes que les autres : en un mot la balance vide doit être, lorsqu’elle est suspendue, dans un parfait équilibre.

☞ La romaine est encore un levier de la première espèce. La puissance est représentée par le poids mobile que l’on peut avancer ou réculer à volonté : le poids, par la marchandise que l’on attache au crochet ; & le point d’appui, par cette espèce de clou autour duquel la romaine se meut. Cette machine composée de deux bras inégaux sert à mettre en équilibre deux quantités inégales de matière. En effet si le poids mobile pese 10 livres, & que vous le placiez à 10 pouces du point d’appui, il sera en équilibre avec un quintal de marchandises, que vous attacherez à un crochet éloigné du point d’appui d’un pouce seulement ; parce que la force d’un corps se connoît en multipliant sa masse par sa vitesse. Le poids mobile a 10 de masse & 10 de vîtesse. Il a donc 100 de force. Le quintal de marchandise a 10 de masse & 1 de vîtesse. Il a donc 100 de force : & par conséquent ces deux poids doivent être en équilibre.

Roberval, Professeur royal des Mathématiques à Paris, a donné une nouvelle manière de balance très-différente des autres, dont on voit la description dans le Journal des Savans 1669, 10 Février. Dans le même Journal en 1676, pag. 263, M. de Cassini donna l’idée d’une balance arithmétique, dont l’usage est de connoître le poids & le prix des marchandises, & de faire les règles de multiplication, de division, & la règle de trois en tout nombre donné.

Les balances fines, qu’on appelle autrement trébuchets, sont de petites balances avec lesquelles on pese l’or, & qui servent aux Essayeurs. Nummaria trutina. Elles sont si justes, qu’on en a vu trébucher pour la 4096e partie d’un grain : Boizard dit seulement pour la 1000e partie d’un grain. Ces sortes de balances sont suspendues dans une grande lanterne afin que l’air ne les agite pas, & que les pesées puissent être plus justes. Boizard.

Les balances sourdes sont des balances dont on se sert dans les monnoies, qui ont les deux bouts de leur fléau plus bas que leur clou, & leur chapse, ou chasse, qui est soutenue en l’air par le moyen d’une guindole, que les ouvriers appellent guignole.

On dit que le poids emporte la balance, pour dire, qu’il est plus pesant que la chose qu’on pese contre. Acad. Fr.

Ce mot a été dit de bis lancia, pour bis lanx. Ménage, après Pasquier. Etienne Guichart va plus loin, & fait venir bilanx de l’hébreu פלס, palas, qui signifie librare, ponderare, dirigere, c’est-à-dire, Peser, rendre droit. Il n’y a point d’apparence à cette étymologie. פלס signifie une manière de peser différente de la balance, qui s’appelle en hébreu מאזנים moznaim. Bis & lanx, bilanx, à cause des deux plats de la balance, est une étymologie trop naturelle & trop évidente pour en chercher une autre. On trouve plusieurs belles démonstrations touchant les balances chez Guy Ubalde, Galilée, Simon Stevin, Jean Butéon, Casimir Polonois, & autres.

Balance, en termes de Négoce, se dit de la clôture de l’inventaire d’un Marchand, où il met à gauche en debet la somme de ce qu’il a de fonds en argent, marchandises, dettes actives, meubles & immeubles ; & à la droite il met avoir, qui sont ses dettes passives, & l’argent qu’il doit payer : & quand on a déduit ce qu’il doit d’un côté, de ce qu’il a de bien d’un autre, on voit, tout étant compensé & balancé, ce qui lui reste de clair & de net, ou ce qu’il a perdu ou gagné.

Balance, chez les teneurs de livres a parties doubles, signifie l’état final, ou la solde d’un grand livre, ou livre de raison, ou d’un compte particulier.

Balance, signifie encore la déclaration que font les maîtres des vaisseaux des effets & marchandises dont ils sont chargés. Ce terme est en usage parmi les Marchands qui trafiquent en Hollande par les rivières du Rhin & de la Meuse. Encyc.

Balance, se dit figurément des raisonnemens contraires qui agissent sur notre esprit, & qui le font pencher tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Tibère a tenu la balance égale entre son fils & Germanicus. Abi. La plus ardente des affections humaines n’a pu emporter la balance en faveur du légataire. Patru. On peint la Justice avec une balance à la main, pour figurer qu’un Juge doit peser & mettre en balance les raisons de l’une & de l’autre des parties. Quand il s’agit de choisir entre la vertu & le vice, il ne faut point être en balance pour prendre parti. Il n’est plus question d’entrer dans le détail, ni de peser à la fausse balance des subtilités humaines toutes les expressions des Peres. Peliss.

☞ Mettre dans le balance, examiner en comparant. Mettre dans la balance les actions de deux grands hommes, c’est en faire le parallèle. Faire pencher la balance, faire qu’une personne, qu’une chose, qu’une considération l’emporte sur l’autre : tenir l’esprit en balance, le tenir en suspens, irrésolu, en équilibre.

On dit aussi pendant un combat opiniâtre entre deux armées, que la victoire est en balance, en suspens, qu’elle ne sait pour quel parti se déclarer.

Balance, est aussi un des signes du Zodiaque où le soleil entre au mois de Septembre. Libra. ☞ On l’appelle balance, parce que les jours & les nuits sont d’égale longueur, sont comme dans une espèce d’équilibre, lorsque le soleil entre dans ce signe. Les Poëtes disent que c’est la balance d’Astrée, Déesse de la Justice, qui se retira au ciel pendant le siècle de fer. Quand le soleil arrive au premier degré de la balance, nous avons l’équinoxe d’automne ; ce qui arrive le 23 de Septembre. M. Harris dit le 12, parce qu’étant Anglois, il fait ses calculs suivant le vieux style, & non pas suivant la réformation grégorienne, par laquelle on