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BAI

c’est un donneur de baies, qu’il repaît de baies, lorsqu’il promet beaucoup, & qu’il ne tient rien. L’origine de ce proverbe, selon Pasquier, se rapporte à un berger, qui dans la Farce de Pathelin étant cité en Justice, répondit toujours comme les moutons baie, à toutes les accusations de son maître, & aux interrogatoires du Juge ; depuis lequel temps on a dit, repaître ou payer de baies, en parlant de ceux qui payent de vaines promesses, ou qui ont des entretiens ridicules. Ménage au contraire veut que ce mot vienne de l’Italien baia.

Baie, ou Baies. Baia. Ville ancienne d’Italie, dans ce que nous appelons aujourd’hui la Terre de Labour, proche de Naples, du côté de l’Occident. Strabon, Liv. V, dit qu’elle fut ainsi nommée du nom d’un des compagnons d’Ulysse qui y fut enterré. Il y avoit à Baies des eaux chaudes & minérales ; ces eaux & la beauté du pays, qui est un des plus délicieux de l’Italie, y attiroient une grande quantité de Romains, qui y venoient, ou pour leur santé, ou pour le plaisir, ils avoient même bâti un grand nombre de maisons de plaisance tout autour. Baies a été ruiné par la mer, & par les tremblemens de terre. C’étoit à Baies que les galères romaines passoient l’hiver. On voit encore près de Baies un bâtiment souterrain nommé Le Cento Camarelle, c’est-à-dire, les cent petites chambres, qui étoient, à ce que l’on prétend, des espèces de casernes pour loger la chiourme romaine. Caligula voulut joindre par un pont le golfe qui sépare Baies de Pouzzol ; on en voit encore les restes. Maty. Il ne faut point écrire Bajes, comme a fait cet Auteur ; mais Baies, & le prononcer seulement en deux syllabes, ensorte que ai n’ait que le son d’un è ouvert.

Baie. s. f. Les Anglois donnent ce nom à une étoffe de laine, que l’on appelle en France, Bayette ou baguette.

Baie, se dit, en termes de Marchandise, & de drogues médicinales, des gousses & fruits de plusieurs arbres.

Baie de Grue. s. f. Fruit qu’on apporte de la nouvelle Angleterre, & qu’on dit excellent contre le scorbut. Les Anglois l’emploient aussi dans leurs sausses. Uva gruina.

Baie de toutes les îles. Elle a bien dix-huit lieues de large, & est sur la côte de l’Acadie, à cinq lieues de la rivière de Théodore. Sinus omnium insularum. Avant que d’y entrer, on trouve des rochers le long de la côte, & toutes les îles qui sont dans cette baie, sont des rochers.

La Baie de tous les Saints a 12° 52′ 24″, de latitude méridionale. P. Noel, Jés.

BAIER. Voyez Bayer.

BAÏEUX. s. m. Voyez Bayeux.

☞ BAIGNER. v. a. Mettre dans le bain ; plonger un corps nu dans l’eau, ou dans quelqu’autre fluide, ensorte que les parties de ce fluide soient appliquées immédiatement à la peau. In balneum, in aqua demittere, immergere. On ne baigne point ceux qui sont sujets aux rhumatismes. Il y a des peuples qui baignent dans l’eau froide les enfans nouveaux nés. Ce Médecin a baigné huit jours ce malade avant que de le mettre dans le grand remède. On dit aussi, baigner un chien, un cheval ; pour dire, les tenir quelque temps dans l’eau.

Ce mot vient du latin vaguare, qui a été fait de vagna. Ménage. D’autres le dérivent à balneis, & de baigne.

Baigner, dans le sens figuré, signifie la même chose que mouiller, arroser. rigare, irrigare. Baigner son lit de larmes. Cette mere affligée baignoit son visage de pleurs.

Baigner. v. n. Signifie tremper long-temps dans quelque fluide. Macerari, macerescere. Il faut que ces ingrédiens baignent pendant quelques jours dans cette infusion. On fait baigner la perce-pierre, les concombres dans le vinaigre. Il faut que les olives baignent dans une saumure faite exprès.

On dit hyperboliquement, qu’un homme assassiné baigne dans son sang ; qu’un affligé a le visage baigné de larmes ; pour dire, qu’il a perdu beaucoup de sang, qu’il a versé beaucoup de larmes.

Baigner, avec le pronom personnel, signifie au propre, user du bain. Balneo uti. Les chaleurs ont été si longues cette année, qu’on a pu se baigner pendant plusieurs mois. Se baigner tous les jours dans l’eau froide.

Baigner, avec le même pronom est encore plus en usage dans le sens figuré, & signifie se plaire à quelque chose, y trouver un singulier plaisir. Delectari. Votre cruauté se baigne dans les larmes des malheureux, il prend plaisir à voir couler leurs larmes. Les Tyrans se baignoient dans le sang des Martyrs, ils se plaisoient à le faire couler. Ainsi on peut remarquer la différence qu’il y a entre baigner dans le sang, & se baigner dans le sang. Baigner dans le sang, veut dire simplement perdre tout son sang ; & se baigner dans le sang, veut dire prendre plaisir à le répandre.

Baigner, se dit aussi des rivières qui arrosent une campagne, qui passe auprès d’une ville, qui fournissent des eaux à un pays. Alluere. L’Egypte est baignée par les eaux du Nil. Le Rhône baigne les murs de Lyon.

Baigner, en termes de Fauconnerie, se dit de l’oiseau, lorsque de lui-même il se baigne dans l’eau & qu’il se mouille à la pluie, ou qu’on le plonge dans le bassin quand on le poivre.

BAIGNÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en François.

BAIGNEUR. s. m. Celui qui se baigne. Balneator. On voit dans le Gange des vingt ou trente mille baigneurs en même temps par un principe superstitieux de dévotion.

Baigneur, est aussi celui qui fait profession de baigner les autres, qui tient chez lui des bains pour le public, & qui est d’ordinaire aussi Perruquier, Barbier & Étuviste. Balneator. Balnearius.. Les gens de qualité vont loger chez les baigneurs.

BAIGNEUSE. s. f. Celle qui se baigne.

Baigneuse, celle qui baigne les autres, & qui a soin des bains. Balneator. Balneatrix..

BAIGNOIRE. s. f. Le vaisseau ou la cuve où l’on se baigne. Labrum, balnearium, instrumentum..

☞ Les Hongrieurs appellent aussi baignoire la poële dans laquelle ils font chauffer l’eau d’alun, & le suif qu’ils emploient dans l’apprêt de leurs cuirs. Encyc.

BAIGORRI. Biguria, Baigoria. Petit pays de la Basse-Navarre en France. Il est dans les Pyrénées entre la rivière de Nive, ou d’Orcais, & la Haute-Navarre.

Le Dictionnaire de Moréri fait ce nom pluriel, les Baigorri, puis immédiatement après se corrigeant ou se contredisant lui-même, il dit, saint Etienne de Baigorri, & non pas des Baigorri. Il a raison ; car ce mot est singulier. M. de Marca, dans son Histoire de Béarn, le fait toujours singulier. Oyenhart pense que le Roi Eneco étoit Vicomte de Baigorri, qui est une vallée de la basse-Navarre de deux lieues d’étendue, où il y a six villages, & le titre de Vicomté, qui s’est conservé dans la maison d’Etchaus, le lieu principal étant nommé dans un ancien titre S. Etienne de Harizeta, d’où pourroit être procédé le surnom de Eneco Arista. Mais la qualité de comté, que Roderic donne au pays de Bigorre, d’où vient le roi Eneco, ne peut être donné à la vallée de Baigorri. Marca.

On appelle aussi ce pays Baiguer. Le roi Eneco n’étoit pas le Vicomte de Baiguer, ou Baigorri, d’autant que le quartier de Sise, en basse-Navarre, où est situé le vicomté de Baigorri, étant compris dans le comté des Gascons, le Vicomte étoit vassal du Comte Azénar, qui n’eût pu souffrir que son sujet lui eût été préféré en la Royauté. Marca. Quelques-uns, comme Maty, écrivent Baigory, ou Baygorry ; M. de Marca toujours Baigorri.

BAIGU, ou BÉGU, UE. adj. Ce dernier est seul en usage. Terme de Manège, qui se dit des chevaux, qui depuis l’âge de cinq ans jusqu’à leur vieillesse marquent toujours naturellement & sans artifice à toutes les dents de devant, car il s’y conserve un petit creux avec une marque noire, qu’on appelle germe de féve, qui aux autre chevaux s’efface vers les six ans.

☞ BAIL, au pluriel, baux. s. m. Terme de droit. Contrat par lequel on donne une terre à ferme ou une maison à louage : ou convention par laquelle on transporte à un autre la jouissance d’une chose, d’une terre, d’une