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BAI

le libre arbitre. Quinze touchant les mérites des bonnes œuvres. Dix-neuf touchant les péchés actuels & l’observance des Commandemens. Huit touchant la justification & l’efficace des Sacremens. Cinq touchant les peines dûes au péché.

En 1552, Ruard Tapper, Chancelier de l’université de Louvain, & Inquisiteur de la Foi, qui avoit été Maître de Baïus, se joignit à Jodoque Ravestein pour s’opposer aux erreurs de Baïus. Ces deux Docteurs avoient assisté au Concile de Trente ; mais voyant que Baïus & Hessels ne cessoient de répandre leurs dogmes pernicieux, ils les déférèrent au Conseil souverain de Bruxelles, & à Grandvelle, premier Ministre. Les nouveaux Docteurs furent admonetés, & leur doctrine défendue. Ils promirent de l’abandonner. En 1560, deux Cordeliers, l’un Gardien de Nivelle, & l’autre d’Ath, voyant la nouvelle doctrine, malgré les défenses, se répandre, & pénétrer jusque dans leurs Cloîtres, en déférèrent plusieurs articles à la Sorbonne, qui les censura le 27 Juin 1560. L’année suivante on présenta au Cardinal Grandvelle, alors Archevêque de Malines, plusieurs proposition de Baïus, qu’on lui imputoit : Baïus en désavoua la plûpart, & expliqua les autres ; ainsi le Cardinal, pour appaiser le différent, imposa silence aux deux partis. En 1563, Baïus fut envoyé au Concile de Trente, en qualité de Docteur de Sa Majesté Catholique, & l’année suivante Baïus de retour du Concile de Trente, mit au jour de nouveaux ouvrages qui renouvellerent les troubles. Pie V, par une Bulle du 1 Octobre 1567, condamna la doctrine de Baïus. La Bulle fut présentée à ce Docteur. Après quelques difficultés, il s’y soumit, & abjura toutes les propositions qui y sont condamnées. Les Partisans de Baïus prétendirent que cette Bulle n’avoit pas été suffisamment promulguée. En 1570 le Concile national des Pays-Bas, assemblé à Malines, ordonna qu’elle seroit publiée dans l’Université de Louvain : elle lui fut signifiée le 16 Novembre de cette année, par le Grand-Vicaire de Malines. Tous les Docteurs y souscrivirent unanimement : cependant quelques-uns ne laissoient pas de soutenir les propositions condamnées ; ce qui fit qu’en 1579, Grégoire XIII condamna de nouveau le Baïanisme, & chargea le P. Tolet, Jésuite, de porter cette Bulle à Louvain, & de la faire recevoir. Il y réussit. Toute l’Université assemblée, Baïus reconnut ses erreurs : il les rétracta, & donna un acte de sa rétractation. Fut-elle sincère, ne le fut-elle pas ? c’est un problême. Pallavicin, Hist. du Concile de Trente, Liv. XV, C. 7. Théophile Renaud, de Libris configendis, n. 57, le P. Graveson l’assurent même de sa première rétractation. Au contraire, Morillon, dans une lettre du 26e Juin 1568, se plaint que Baïus n’avoit point change de sentiment : mais il y a tout sujet de croire qu’au moins la seconde que Tolet ménagea, fut sincère, & que Baïus mourut soumis au jugement du S. Siège. Sa mort arriva le 16 Septembre 1589.

Malgré cette seconde condamnation, & quoique l’Université de Louvain l’eût reçue d’un consentement unanime, & que chaque Docteur eût promis avec serment de ne soutenir jamais ces opinions, il se trouva des Docteurs qui continuèrent à les enseigner, & qui même enchérirent beaucoup sur les erreurs de Baïus. Cela fit augmenter les contestations, sur-tout entre les Jésuites & Lessius, qui enseignoit alors la Théologie à Louvain, & les Disciples de Baïus. Octavius, Nonce du Pape, avec pouvoir de Légat à latere, crut que, pour les appaiser, il falloit imposer silence aux deux partis. Il en écrivit à Sixte V, qui lui envoya ordre de le faire. Il se transporta à Louvain en 1588, où il fit publier qu’aucun des deux partis n’eût à noter d’aucune censure ses adversaires, jusqu’à ce que le S. Siège eût prononce, & cela sous peine d’excommunication. Jacques Jansen, Professeur de Théologie à Louvain, continua néanmoins à empoisonner les esprits de ces opinions nouvelles. Tels furent les commencemens du Baïanisme.

Les principales erreurs du Baïanisme sont que la grâce de l’homme dans l’état d’innocence, étoit dûe à la nature. Que dans l’état présent de la nature tombée, ce qui se fait volontairement, quoiqu’il se fasse nécessairement, est cependant fait librement. Qu’il n’y a que la contrainte ou la violence qui soit contraire à la liberté naturelle de l’homme. Que le mérite ne consiste pas en ce qui celui qui agit est en grâce, & possède le Saint-Esprit, mais seulement en ce qu’il obéit à la Loi de Dieu, & que ceux qui disent que pour mériter, il est nécessaire que l’homme soit élevé par la grâce d’adoption à un état divin, sont dans l’erreur de Pélage. Que le péché originel est un véritable péché, quoiqu’on n’ait aucun égard à la volonté de celui qui lui a donné naissance, qu’il est volontaire à l’enfant d’une volonté habituelle, & domine en lui habituellement, dès qu’il n’a point d’acte de volonté contraire. Que tout crime est de telle nature, qu’il peut fouiller son Auteur & toute sa postérité, comme le péché du premier homme a fait. Que toutes les actions des Infidèles sont des péchés, & les vertus des Philosophes des vices. Que tout ce que fait le pécheur est péché. Que tout amour de la créature raisonnable est ou cupidité vicieuse, ou charité louable, &c. Voilà ce que c’est en gros que le Baïanisme.

☞ La plûpart des erreurs de Baïus ont depuis été renouvellées par le fameux Evêque d’Ypres Cornelius Jansenius. Voyez Jansénisme .

Il ne faut point confondre Michel Baïus avec Jacques Baïus, son neveu, dont nous avons un grand catéchisme fort Catholique.

BAÏANISTE. s. m. & f. Disciple, sectateur de Baïus. Celui qui suit les opinions de Baïus. Baïanus, a. Julien autorisoit autrefois le Pélagianisme du suffrage de saint Chrysostome, & S. Augustin sera Calviniste & Baïaniste, si l’on en croit Calvin, Michel de Bay & Jansénius. Davrigny.

BAIBLE. s. m. Nom d’homme. C’est le même que Babylas, dont il a été fait par corruption. Babylas, Bablas, Bable Baible, ou bien Babylas, Babyl, Babel, Babl, Bable, Baible. Voyez Babylas. On dit aussi Babel, pour le même nom.

BAIE. s. f. Petit golfe, ou bras de mer qui s’ouvre entre deux terres, où les vaisseaux sont en sûreté, & qui est beaucoup plus large par le dedans, que par l’entré, à la différence des Anses de mer, qui sont plus larges par l’entrée que par le dedans. Sinus. La Baie de Cadix. La Baie de Gibraltar. La Baie de tous les Saints au Brésil. On l’appelle aussi Sein & Anse.

☞ Ce qui distingue la Baie de l’Anse, c’est que sont entrée est plus large que l’enfoncement, au lieu que l’entrée de l’Anse est plus étroite : mais on ne s’arrête pas toujours à cette différence, & quand il a plu à un Matelot, ou à un Voyageur, de nommer quelqu’un de ces enfoncemens, Anse, Baie ou golfe, le nom lui en est demeuré.

Baie, se dit aussi en Maçonnerie de toutes sortes d’ouvertures qu’on laisse dans les murs qu’on éleve, pour en faire des portes, & des fenêtres. On appelle aussi sur mer, les baies d’un vaisseau, les ouvertures qui sont en sa charpente, comme celles des écoutilles, les trous par où passent les mâts.

Baie, en termes de Botanique, est un fruit mou, charnu, succulent, & qui renferme des pepins ou des noyaux. Bacca. On se sert proprement de ce mot pour exprimer les fruits clairsemés, comme le fruit du genévrier, du laurier, & semblables : mais lorsque les fruits sont ramassés en grappe, ou en bouquet, on les appelle des grains : ainsi on dit un grain de raison, & un grain de sureau. Selon Saumaise Bacca, baie, se dit de tout fruit plus petit que la pomme, tels que sont les cerises, les olives, &c. Voyez cet Auteur sur Solin, p. 531, 598, 609 & suivantes.

Baie. Tromperie qu’on fait pour se divertir, par pure plaisanterie. Mendacium, fraus. Il n’est que du style familier. Donne une baie à quelqu’un, payer d’une baie, verba dare. Le P. Thomassin remarque que les Italiens disent baia dans le même sens, & il croit que ces mots viennent du grec βαιὸς, parvus, modicus, petit, modique : il dérive même βαιὸς, de bohou, mot hébreu, qui signifie inanis, inane, inanitas, res inanis.

On dit proverbialement d’un grand hableur, que