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BAD

plus étendue, & signifie tout ce qui est agréable & délicat dans les manières, dans les ouvrages d’esprit : en ce sens on l’oppose aux sérieux.

 
C’est trop que d’avoir en partage
Et les talens du sérieux,
Et l’agrément du badinage. Div. de Seaux.

Quand de tes vers l’élégant badinage
Sans nul pardon jetta son livre au feu,
Trop tard connut que ce n’étoit un jeu, &c.

On le prend encore dans un sens qui a quelque chose de figuré, pour des mouvemens, des manières agréables qui font plaisir.

Ou chaque Nimphe en sa fontaine
Répand aux environs une douce fraîcheur :
Ou par d’innocens badinages,
Par de tendres gazouillemens,
Toutes font mille amusemens
Au travers de mille boccages. P. Buffier.

Badinage, signifie aussi, manière sotte & ridicule. Ineptia. Je laissai passer tout ce badinage, où l’esprit de l’homme se joue de l’amour de Dieu. Pasc. Et que prétendez-vous avec ce badinage. Mol.

On dit aussi, qu’un valet est fait au badinage de son maître, lorsqu’il sait tous ses petits secrets ; qu’il s’accommode à ses façons de faire, à certaine manière particulière d’agir.

BADINANT. s. m. Quelques-uns appellent ainsi un cheval qu’on mène après un carrosse attelé de six chevaux, afin qu’on le puisse mettre à la place de quelqu’un des autres qui se trouverait hors d’état de servir. On l’appelle aussi le volontaire. Au Parlement de Paris on appelle badinant le Conseiller qui est le neuvième dans sa chambre, & qui n’est des Grands Commissaires que quand l’un des huit plus anciens que lui est absent.

BADINEMENT. adv. D’une manière badine. Jocosè. Cet amoureux tout badinement a découvert sa passion. Pégase s’agenouilloit badinement quand Voiture le montoit. Sar. On ne le dit plus.

☞ BADINER, v. n. Jouer, s’amuser à des jeux d’enfans. Nugari. Les enfans badinent avec tout ce qu’ils trouvent. Cet homme ne fait que badiner.

Badiner, signifie aussi, se jouer agréablement, dire les choses d’un air fin & plaisant. ☞ Mettre une sorte de galanterie & d’agrément dans la conversation, dans la manière d’écrire. Un galant homme sait badiner agréablement. Les gens qui n’ont étudié que le monde savent d’ordinaire l’art de badiner avec esprit, & de railler finement dans les conversations enjouées. Bouh. Pour badiner de bonne grâce, il faut beaucoup de politesse. La Bruy.

Ce n’est pas qu’une Muse un peu fine
Sur un mot en passant ne joue & ne badine. Boil.

Badiner, se dit aussi de plusieurs petits ornemens qu’on attache ; & signifie, avoir un petit mouvement agréable, voltiger. Nutare. Il faut que cela badine un peu. ☞ Cette dentelle, ce ruban badine agréablement.

Badiner, v. a. Terme du style familier. Badiner quelqu’un, disent les Vocabulistes, c’est le railler, s’en moquer. Non, ce n’est pas s’en moquer. La moquerie est offensante, parce qu’elle est le langage & l’expression du mépris : & badiner, non-seulement ne présente point, mais paroît même exclure cette idée. Badiner quelqu’un, c’est le railler d’une manière agréable, capable d’amuser & de faire rire, sans l’offenser. Cavillari, jocari. Nous l’avons bien badiné. Elle a badiné les autres, mais elle a été badinée à son tour.

BADINERIE. s. f. Chose frivole, enjouement, badinage agréable. Jocus, ludus, nugæ. On gagne plutôt une femme avec des badineries, qu’avec des entretiens sérieux. Ce qui n’est qu’une badinerie pour un séculier, est un crime dans un Ecclésiastique. Ménag. La badinerie a des agrémens qui l’emportent sur le sérieux dans la société civile. S. Evr. On dit aussi, qu’un ouvrage ne contient que des badineries, quand il n’y a rien de sérieux, ni de solide. Les génies les plus élevés tombent quelquefois dans la badinerie. Boil. Badinerie a quelque chose de moins bon que badinage, soit pour le sens, soit pour l’élégance.

BADINES. s. f. pl. Pincettes légères qu’on appelle ainsi, parce qu’elles servent à badiner & à s’amuser en arrangeant quelques charbons ou petits tisons.

☞ BADIOU. Rivière de France, en Gascogne. Elle arrose l’Archiprêtré de Thursan, dans le diocèse d’Aire, & se décharge dans la Baux, au-dessous de la ville de Buaves.

☞ BADKEIST. Ville de Perse, petite, mais agréable. Les Géographes du pays lui donnent 85d. 32’ de longitude, & 35d. 20’ de latitude. On la croit la même que Badghis.

☞ BADONWEILLER. Gros bourg du duché de Lorraine, entre la petite ville de Baccara, & celle de Salm.

BADOULAGES, ou BADOLAGES. s. m. pl. Criminationes. On appelle ainsi à Beauvais, des rapports que l’on fait les uns des autres. En Basse-Normandie, on dit un bagoulier ; pour dire, un médisant. Ménage.

BADUHENNE. s. f. Baduhenna. Corn. Tacite, à la fin du IVe Livre de ses Annales, dit qu’un corps de 900 Romains, fut défait dans le pays des Frisons, en un lieu qu’on nommoit le bois de Baduhenne. Cluvier, Germ. Ant. Liv. I, pag. 222, croit que Baduhenne étoit une Déesse des anciens Frisons, & il interprète ce nom principe, parce que Badon en Arabe a cette signification,

BADUKKA. s. m. C’est le nom propre du Capparis arborescens Indica, flore tetræpetalo. Le suc que l’on tire des feuilles, mêlé avec la graisse d’un sanglier, compose un liniment pour la goutte. La décoction des fleurs & des feuilles donne une liqueur purgative, dont la fumée déterge les ulcères de la bouche. Le fruit pris dans du lait rend impuissant. Ray. Hist. Plant.

BÆ.

☞ BAEÇA. Ville d’Espagne, dans l’Andalousie, au royaume de Jaën. C’est la Vitia des anciens. Son Evêché a été transféré à Jaën. Il y a une espèce de petite académie, fondée par Jean d’Avila.

Baeça, est aussi le nom d’une ville assez considérable du Pérou, dans la province de Los-Quixos, à dix-huit lieues de Quito.

BAER. v. n. Vieux mot. Ouvrir la bouche. Il se trouve dans Gilles de Viez-Maisons. Voyez Béer.

☞ BAERIE. s. f. Vieux mot. Air niais.

BAÉTAS. s. m. Les Espagnols & les Portugais appellent ainsi cette espèce d’étoffe de laine non croisée, qui se nomme en France baguette, ou bayette, & qui fait une partie du commerce des François en Espagne & en Portugal.

BÆTIQUE. Grande partie de l’ancienne Espagne. Bætica. Quelques-uns écrivent Bétique, comme on prononce. Les Romains diviserent l’Espagne en Tarraconoise, en Bætique, & en Lusitanique, ou Lusitanie. La Bætique comprenoit les Bastules, les Turdules, & les Turdetans. Elle étoit séparée de la Tarraconoise par les montagnes d’Idubéda & d’Orospéda, qu’on nomme maintenant la Sierra d’Alcaraz. La Guadiane la séparoit de la Lusitanie, & elle avoit au midi l’Océan, la mer Méditerranée, & le détroit de Gibraltar. Les Turdetans, occupant la plus grande partie de la Bætique, lui donnoient quelquefois le nom de Turdetanie, Turdetania. La Bætique étoit divisée en quatre Juridictions, qu’on nommoit Conventus Juridici, & comprenoit l’Andalousie & le royaume de Grenade. Maty. Aben Joseph, roi de Maroc, dépouilla Alphonse, roi de Castille, de la Bætique, en 1195, & les Maures l’ont possédée jusqu’à Ferdinand & Isabelle. Quelques Auteurs font ce nom adjectif, & disent l’Espagne Bétique. Les laines Bétiques étoient célébres dans l’anti-