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BAC — BAD

Et met sous ses drapeaux avec la Sythonie
Les Sauvages de Bactre, & ceux de l’Hircanie. Bréb.

BACTRÉOLE. s. f. Terme de Batteurs d’or. On appelle de ce nom les rognures de feuilles d’or. Auri ramenta, laciniæ, tæniæ. On broie avec du miel ces bactréoles, ou rognures, & ensuite on les met dans de petites coquilles de moules ; & cet or ainsi préparé, s’appelle or en poudre, ou en coquille : on s’en sert pour peindre en miniature.

BACTRES. Bracta, orum. Nom d’une ancienne ville d’Asie, capitale d’une province de l’Empire des Perses, nommée Bactriane. Samson & quelques autres disent que c’est Termend, ville peu considérable, au pied du mont Caucase, à 360 milles d’Alexandrie, & à 630 d’Antioche. D’autres croient que c’est Bag-Dasan. Elle a aussi été nommée Zariaspe, Zariaspa. Voyez Saumaise sur Solin, p. 985, & p. 1173.

BACTRIANE. Bactriana. Province de l’ancienne Perse, qui répond à ce que nous appelons aujourd’hui Corasan, ou Carrassan, entre la Perse, les États du Mogol, le royaume de Thibet, & la Tartarie, dont proprement elle fait partie. Elle tiroit son nom de Bactres sa capitale. On disoit au temps de Pline que la Bactriane portoit du blé, dont chaque grain étoit aussi gros que l’est ailleurs un épi entier. Zoroastre, Roi de la Bactriane, passe pour l’inventeur de la Magie & de l’Astrologie. C’est pour cela qu’on le nomme aussi Astrothéates ; c’est-à-dire, Contemplateur des Astres.

BACTRIEN, ENNE. s. m. & f. Peuples qui habitoient autrefois la Bactriane. Bactrius, Bactronus. Mercerus dit que les Cares, les Arcananiens & les Bactriens descendoient de Gether, comme si ces peuples eussent été voisins. Les Bactriens étoient, dit Q. Curce, les meilleurs soldats du monde ; mais ils étoient brutaux, & n’avoient rien de la politesse des Perses.

BACTROPÉRATE, ou BACTROPÉRÈTE. s. m. C’est un nom que l’on donnoit autrefois aux Philosophes par mépris. Il signifie un homme à bâton & à besace ; de βάκτρον, bâton ; & πήρα, poche, besace. C’est S. Jérôme sur le ch. X de S. Matthieu, qui nous apprend qu’on donnoit autrefois ce nom aux Philosophes. Du Cange croit qu’il faut dire Bractopérite, & que c’étoient des voyageurs qui portoient un bâton & du vin dans des outres, ainsi que l’explique Papias, qui les appelle Bactroperitæ. Voyez encore Hérodien, Liv. I, Martial Liv. IV, épigr. 53, & Laërce à l’entrée des vies des Philosophes. Savaron & le P. Sirmond ont aussi parlé du bâton Philosophique sur l’épître II du Liv. IV de Sidonius Apollinaris, & sur la neuvième du Livre neuvième.

☞ BACU. Voyez Baku.

BACUL. s. m. Vieux mot. Ample croupière de bête de voiture, battant sur les cuisses. Bacul de mulet, en latin postilena, à batuendo culo. Ménage. Le cheval dit à l’âne : Pauvre & chétif baudet, j’ai de toi pitié & compassion, tu travailles journellement beaucoup, je l’apperçois à l’usure de ton bacul. Rabelais.

☞ BACULAIRES. Nom qu’on donna à certains Anabaptistes du seizième siècle, qui ajoutoient aux erreurs de ces hérétiques, que c’étoit un crime de porter d’autres armes qu’un bâton, & qu’il n’étoit pas permis de repousser la force par la force, ni de poursuivre quelqu’un en justice pour quelque cause que ce fut.

BACULE. Voyez Bascule.

BACULER. C’est frapper à coups de bâton : de Baculare, qui se trouve en plusieurs endroits, & qu’on peut voir dans le Glossaire de M. Du Cange. Ménage. Le bon Chevalier se print aux cornes de ce diable, & lui en arracha une, dont il le bacula trop bien, & maulgré lui comme victorieux, se départit du lieu, & le laissa comme recreu. Nouvelle nouvelle. On ne le dit plus.

BACULOMÉTRIE. s. f. Science par laquelle on mesure des hauteurs accessibles & inaccessibles avec des bâtons. Ce mot est composé de baculus, bâton, & μετρεῖν, mesurer,

BACUNE. Bacuneus, L’Abbé Serenus appelle un Démon bacuné, un Démon qui tente les hommes de vanité.

BACURDE, ou BACURDUS. Nom d’un faux Dieu, qui ne se trouve que dans deux inscriptions rapportées par Gruter, p. LXXXVI, n.9 & 10.

La première est,
BACVRDO
SACRVM
M. ALBANUS
PATERNVS
OPTIO
V. S. L. M.
TT. SIL. CONS.

Et la seconde,
BACVRDO
SACRVM
T. JVL. FORTVNATVS
PRO SE ET SVIS
V. S. L. M.

Comme ces deux inscriptions ont été prises à Cologne sur deux petits autels, & que ce nom ne se trouve point ailleurs, il est à croire que ce Bacurdus étoit un Dieu particulier de ce pays.

BAD.

BADAGE. s. m. & f. Nom de peuple. Badaga. Les Badages sont un grand peuple de voleurs dans le royaume de Bisnagar, idolâtres & ennemis du nom Chrétien, naturellement féroces, toujours en querelle les uns avec les autres, & toujours en guerre avec leurs voisins. Bouh. Vie de Xav. Liv. II.

BADAJOX. s. m. Ville d’Espagne dans l’Estramadoure, sur le Guadiane, à huit ou dix lieues de Mérida. ☞ Aujourd’hui Badajocium, autrefois Pax Augusta, selon quelques Géographes, & Colonia pacentis, selon d’autres. Quelques-uns écrivent Badajoz, & c’est ainsi qu’on le prononce plus ordinairement. Ce mot s’est formé par corruption du nom latin, qui en Espagnol se dit Paz de Augusto ; d’où l’on a fait Padaugusto, Padajust, Padajos, Badajox. Il ne faut donc pas dire que ce sont les Maures qui lui ont donné ce nom moderne, comme ont fait les Auteurs du Moreri. Badajox a un évêché suffragant de Compostelle. Maty. Badajox est très-bien fortifié, & défendu par le fort de S. Christophle, & par une citadelle. Le Roi (Jean I.) donna à Martin Alphonse la conduite de quelques troupes pour aller former le siége de Badajox. De la Neuv.

☞ BADARA, ou BAGARA, comme écrit Dellon dans son voyage aux Indes orientales. Petite ville des Indes, capitale du pays ou Royaume de même nom, dans la presqu’ile de l’Inde, de çà le Gange, ou Malabar, proche Calicut.

☞ BADASCHIAN, BADACHXAN, ou BUDASCAN, en latin Badachxium. Ville d’Asie, dans le Maurenahar, capitale de la province du même nom. Quelques Géographes la prennent pour l’ancienne Bactres.

BADAUD, AUDE. s. m. & f. Sot, niais, qui s’amuse à tout, & admire tout. Stolidus, stupidus, bardus. C’est un sobriquet injurieux qu’on a donné aux habitans de Paris, à cause qu’ils s’attroupent, & s’amusent à voir, & admirer tout ce qui se rencontre en leur chemin, pour peu qu’il leur semble extraordinaire. Un Charlatan a bientôt amassé autour de lui plusieurs badauds.

Il est un lieu de Mimes habité.
Et de badauds en tout temps fréquenté. R.

Ce moc vient apparemment du moc latin barbare badaldus, fait de badare, qui signifie béer, ou de l’italien badar, qui ne signifie autre chose que regarder ; comme le mot de hâbleur qui vient de l’espagnol hablar, qui ne signifie que parler. On disoit autrefois en françois, bader ; pour dire, tenir la bouche ou la gueule ouverte & béante. Quelques Auteurs dérivent ce mot à bagaudis, qui étoient des rebelles qui firent bien des désordres en France du temps de Dioclétien. M. Huet dit que badaud se dit par corruption pour bidaut, & que bidaut est le même que bedeau.

BADAUDAGE. s. m. Entretien & action, manière de badaud. Stoliditas, stupor. Il a dit, il a fait cela par pur badaudage. On peut voir dans Marot l’épître du Biau fy de Pazy avec la réponse de la Dame, où le