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BAC

licentia. Ils ont fait une bacchanale qui a duré toute la nuit. Il est du style familier. Acad. Fr.

BACCHANALISER. v. n. Liberiùs luxuriari vel compotare. Terme bas, qui signifie faire la débauche, se divertir, se rejoüir, se donner du bon temps, s’adonner à la joie & aux plaissrs. Dict. com. & Cotgrave.

BACCHANTE. s. f. Prononcez Baccante. Femme qui célébroit autrefois les fêtes de Bacchus. Baccha. C’étoit d’abord le nom des femmes qui suivoient Bacchus à la conquête des Indes, portant à la main un thyrse, c’est-à-dire, une petite lance couverte de lierre & de pampre, & chantant par-tout les victoires & les triomphes. Ensuite elles instituerent en l’honneur de Bacchus des fêtes qu’on appela Bacchanales. Ces Bacchantes, ou ces Prêtresses du dieu du vin, pendant la cérémonie, couroient vêtues de peaux de tigres, toutes échevelées, avec leur thyrse, & avec des torches & des flambeaux, criant comme des furieuses, & avec des hurlemens effroyables, evohe Evan, evohe Bacche. Ce furent les Bacchantes qui déchirèrent Orphée.

Bacchante, Bacchans. Se dit figurément d’une femme en fureur, emportée de colère, de rage, ou d’amour.

BACCHARIS. s. f. Plante qui est fort commune aux environs de Montpellier, d’où vient qu’on l’appelle Baccharis de Montpellier. En latin, Coniza major vulgaris. C’est une espère de Conise. Voyez Conise.

BACCHAS. s. f. Lie qui se trouve au fond des tonneaux où l’on a mis reposer le suc ou jus de citron.

☞ BACCHE. s. m. Terme de Poësie grecque & latine. Voyez Bacchique, c’est la même chose.

☞ BACCHILIONE, ou BACCHIGLIONE. Meduacus, ou Medocus minor. Rivière d’Italie, dans l’Etat de la République de Venise. Elle passe dans le Vicentin, où elle arrose Vicenze, passe dans le Padouan, & se rend dans le Golfe de Venise.

BACCHIONITES. s. m. Bacchionitæ. Paschase Radbert dit que c’étoient des Philosophes, qui méprisoient tellement toutes les choses du monde, qu’ils ne gardoient que des vaisseaux pour boire : il rapporte aussi qu’un d’entr’eux ayant vu quelqu’un qui bûvoit dans le creux de sa main, jeta comme une chose inutile la tasse dont il s’étoit servi jusqu’alors. Quelques-uns prétendent que ce Philosophe étoit Diogène. On appelle quelquefois les Bacchionites du nom de Baccroperites, Baccroperitæ.

BACCHIQUE, ou comme il faut prononcer BACQUIQUE, ou BACCHE. s. m. Bacchius. Terme de Poësie grecque & latine. C’est le nom d’un pied de vers, qui est composé d’une brève & de deux longues, comme egestas. Il se nommoit ainsi du nom du dieu Bacchus, parce qu’il entroit souvent dans les hymnes que l’on faisoit à son honneur. M. Harris dit que le Bacquique est le contraire du Dactyle, parce qu’en effet l’un est composé d’une longue & de deux brèves, & l’autre d’une brève & de deux longues.

BACCHUS. s. m. Dieu du Paganisme. Bacchus. Bacchus étoit fils de Jupiter & de Proserpine, selon une hymne attribuée à Orphée : mais selon Homère, dans l’hymne qu’il a faite à l’honneur de Bacchus, selon Hésiode, Théogon, v. 941, selon une autre hymne attribuée à Orphée, & selon le sentiment général des Poëtes, il étoit fils de Jupiter & de Sémélé. Les Poëtes disent qu’il naquit deux fois, & qu’il eut deux mères, parce que Sémélé, qui vouloir voir Jupiter avec tout l’appareil de la Divinité, ayant été consumée par la foudre, on tira de son sein l’enfant qu’elle portoit, & Jupiter se fit ouvrir la cuisse par un certain Sabazius, & y fit enfermer Bacchus, afin qu’il achevât de s’y former jusqu’à ce que les neuf mois qu’il devoit être dans le sein de la mère fussent accomplis, auquel temps il naquit une seconde fois. C’est le Dieu de la vigne & du vin chez les Païens. Il étoit invoqué par les débauchés, à cause qu’on le croyoit inventeur du vin. On dit du moins qu’il en apprit l’usage aux Indiens. On distingue plusieurs Bacchus. Un Arabique, que Vossius, de Idol. Lib. I, cap. 30, croit être Moyse. Un Bacchus Indien, que le même croit être Noé. Ib. cap. 25, 19. Un autre, Thébain surnommé Denys. Dionysius. Un quatrième Egyptien plus ancien que le Thébain, selon Vossius, Ib. cap. 19. Bacchus, au sentiment du même Auteur n’est autre chose que le Soleil, & Osiris, Liv. II, ch. 14. Voyez encore le même Auteur, Liv. III, ch. 70 & 71. Bacchus étoit pris par les Egyptiens pour la vertu, la sève & la substance de tous les arbres, plantes & fruits, selon Phurnutus & Plutarque, Liv. V. Sympos. Tristan, qui dans ses Comment. hist. a remarqué bien des choses curieuses touchant ce Dieu.

Bacchus a plusieurs noms différens chez les Poëtes Grecs & Latins. Les principaux sont Dionysius, Bromius, Liæus, Lenæus, Evan, Evius, Evoë, Iachus, Eleutherius, ou Liber. Les peuples de Lucanie l’appeloient Pantheus, tout Dieu. Ses Sacrificateurs le nommoient Phanaces. On l’a quelquefois appelé Phleo. On ne l’a représenté d’abord que sous la figure d’une pierre brute. Voyez Clem. Alex. Strom. Lib. I. Ensuite on le représenta sous la forme d’un jeune homme fort délicat & fort beau. On lui donne un char tiré par des tigres, ou des panthères, & un thyrse en main. Quelques-uns disent que Bacchus est l’Osiris des Egyptiens. D’autres veulent que ce soit Noé. D’autres Nemrod fils de Chus. Bochart tâche de le prouver dans son Phaleg. Liv. 1, ch. 2, parce que 1°. Bacchus est la même chose que בר כוש, Barchus, fils de Chus, de même que Darmesek est la même chose que Dammesek, Damas, 2°. Bacchus est le fils de Jupiter ; & Nemrod, s’il n’est pas fils, est au moins petit-fils de Cham, qu’il croit être Jupiter. 3°. On donne des Tigres à Bacchus, & on le revêt d’une peau de Tigre. Tigre en Chaldéen, c’est נמרה, Nimra, nom approchant de celui de Nemrod. 4°. D’autres l’habillent d’une peau de Chevreau, appelé en grec νεϐρὶς, Nebride, & pour cela ils l’appellent lui-même Νεϐράδης, Nebrod, sans savoir que c’est le nom que les Septante donnent à Nemrod. 5°. On l’appelle Ζαγρεὺς, c’est-à-dire, Chasseur fort & robuste, comme l’Ecriture dit de Nemrod. 6°. Bacchus étoit né dans l’Arabie en un lieu nommé Nysa. Nemrod, fils de Chus, étoit de l’Arabie. 7°. On le fait Dieu des vignes ; Nemrod étoit le premier Roi de Babylone, où il croît d’excellens vins. 8°. Les victoires de Bacchus dans les Indes sont celles de Nemrod & de ses Successeurs.

Quinte-Curce, Liv. VIII, ch. 10, croit que la fable des Poëtes qui disent que Bacchus sortit de la cuisse de Jupiter, vient d’une montagne des Indes, sur laquelle Bacchus avoit bâti une ville, nommée Nysa. Le nom de la montagne étoit Μηρὸς, qui signifie cuisse.

Quant au nom Bacchus, Bochart, comme nous avons dit, croit qu’il est formé de Bar-Chus, qui veut dire, en chaldéen, fils de Chus. D’autres pensent qu’il vient des Bacchantes, femmes furieuses qui le suivirent aux Indes. D’autres le tirent de βακχεύειν, qui signifie vociferari, crier, hurler. Heinsius ne doute point que ce ne soit là son étymologie, & qu’il ne soit dérivé de בכה, baccha, qui signifie la même chose en hébreu.

Quoi qu’on prononce le s final dans Bacchus, comme dans tous les mots latins en us, nos Poëtes le retranchent quelquefois, comme on fait dans les mots françois, & font rimer Bacchus avec jus, vaincus, plus, &c.

On appelle enfans de Bacchus, des ivrognes, de bons buveurs.

Bacchus, se prend aussi pour le vin, comme Cérès, pour le blé. On dit en ce sens, que l’Amour languit sans Bacchus & Cérès, Des-Houl. Sine Cerere & Baccho friget Venus. Ce proverbe est pris des Anciens ; on le trouve dans Cicéron.

On dit aussi, que Bacchus & Vénus vont de compagnie ; pour dire, que la débauche du vin mène à celle de l’amour.

Saint Amant a appelé du fromage pourri, du cotignac de Bacchus, parce qu’il fait boire.

Bacchus. C’est encore une espère de poisson qui ne diffère point du mulet. Castelli cité par James.